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Tournées du Bolchoï et du Mariinsky
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NEOPHYTE



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 10:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Florestiano a écrit:
Je ne sais pas si Lopatkina a, elle, besoin d'un "fan club" et n'ai aucune raison de douter de votre sincérité ou de vos goûts, NEOPHYTE.
Je dis simplement qu'il me semble que Skorik a encore quelques années avant de s'imposer comme une Odette pour l'Histoire. Libre à chacun de penser et de proclamer qu'elle l'est déjà.


Ouliana Lopatkina n'a plus rien à prouver, elle est rentrée dans l'histoire et "son" Lac est à nul autre pareil.

Oxana Skorik, elle, est (ou a été) confrontée à un acharnement à la limite de la malveillance (pas sur ce forum bien sûr, Haydn veille au grain).
Lorsque je l'ai vue danser pour la première fois à Baden-Baden je n'avais rien lu sur elle et j'ai été médusée par la virulence des attaques dont elle était victime sur le net.
Je la trouve exceptionnelle et heureusement je ne suis pas la seule. Buddy semble lui aussi apprécier ses talents de ballerine, au moins on est deux.


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Florestiano



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 11:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, l'intensité des éloges qu'on lit ici à l'endroit de Skorik est largement à la hauteur de la virulence des attaques qu'on a pu lire par ailleurs (mais attention, un certain type de balletomanes russes sont spécialistes des cabales en la matière...). Personnellement, je n'ai jamais compris ni l'une ni l'autre, mais bon, "chacun ses goûts".

***

Sarah Crompton a sorti son papier sur les Lac de Stepanova et Lopatkina :
http://www.telegraph.co.uk/culture/theatre/dance/11012697/Swan-Lake-Mariinsky-Ballet-Royal-Opera-House-review-a-delight.html


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sophia



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 11:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Et ce sont souvent les mêmes personnes, qui ne représentent qu'elles-mêmes, qui envahissent le net de leurs propos excessifs - balleto-maniaques pour tout dire - dans un sens comme dans un autre. On avait eu droit exactement à la même chose avec Somova précédemment. Stepanova, la pauvre, semble bénéficier à l'inverse d'une promotion web aussi délirante que démesurée qui ne la sert vraiment pas. Rolling Eyes Soyons honnête, à une échelle évidemment bien moindre et avec un retentissement youtubesque sans comparaison, nous retrouvons ces mêmes phénomènes psychopathologiques à Paris et sans doute ailleurs... Wink
Mais que je sache, la critique "sérieuse" (après, chacun a ses parti-pris, c'est bien normal) ne rentre pas là-dedans.




Dernière édition par sophia le Mer Aoû 06, 2014 3:54 pm; édité 1 fois
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sophia



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 11:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.telegraph.co.uk/culture/theatre/dance/11011335/WATCH-the-Mariinsky-Ballet-in-class.html


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sophia



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 8:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A la même adresse, la classe diffusée ce matin reste en ligne, pour quelques jours semble-t-il, et apparemment dans son intégralité.
On a un peu de mal à saisir l'intérêt d'un découpage en trois parties cela dit.


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alila



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MessagePosté le: Mer Aoû 06, 2014 8:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois que le découpage est fait pour des raisons techniques d'hébergement de la vidéo. Ceci dit, pour ceux qui s'ennuieraient en regardant que la barre, on peut passer directement à la troisième vidéo avec pirouettes et grands sauts, impressionnants par ailleurs!


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NEOPHYTE



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MessagePosté le: Jeu Aoû 07, 2014 12:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

Petit article du NY times sur les chefs d'orchestre et le ballet:
www.nytimes.com/2014/08/03/arts/dance/dance-conductors-keep-watch-while-they-keep-tempo.html?ref=dance&_r=0


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sophia



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MessagePosté le: Dim Aoû 10, 2014 10:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviendrai plus en détails ce soir sur la tournée "sold-out" du Mariinsky à Londres, puisque j'ai vu le programme Balanchine de ces deux derniers jours (remarquable et même un peu plus que cela... et il y a beaucoup à en dire), mais je signale, notamment parce qu'il met bien en contexte le parcours d'Oxana Skorik au Mariinsky (et, incidemment, ne cède ni à la cabale ni au ravissement excessif), l'article de Luke Jennings dans le Guardian / Observer, qui vient seulement de paraître, sur les Lac de Skorik/Askerov et Stepanova/Parish (gageons que Tereshkina aura sa revue la semaine prochaine).


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Florestiano



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MessagePosté le: Lun Aoû 11, 2014 12:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Alors, sophia ? Razz

Bon, pour patienter, on lira l'hommage vibrant que rend Ismene Brown à La Lopatkina, vue sur ce programme Balanchine...
http://www.theartsdesk.com/dance/apollo-midsummer-nights-dream-mariinsky-ballet-royal-opera-house


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sophia



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MessagePosté le: Lun Aoû 11, 2014 7:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Balanchine Double Bill - Apollo / A Midsummer Night's Dream
8 et 9 août (soirée)


C'est toujours pour moi un choc esthétique de retrouver le Mariinsky, tant cette compagnie ne ressemble à aucune autre - et tellement peu au Bolchoï, universellement célébré (à juste titre, ce n'est pas la question) -, avec son style unique, mélange de rigueur académique, de distance rêveuse et de recherche éperdue d'une beauté d'outre-monde. Si j'en excepte les brèves incursions parisiennes de la troupe, avec Le Petit Cheval Bossu (une soirée unique) et les deux Sacre (trois soirées et une matinée s'il m'en souvient) présentés lors de la soirée du centenaire au TCE, et dont on s'accordera à dire que ce sont là des ballets peu représentatifs de son répertoire et de son style, je n'avais pas dû voir la compagnie au grand complet depuis 2011. Entre temps, beaucoup de polémiques, suivies avec intérêt et tristesse, ont entouré, médiatiquement parlant, le Mariinsky : compagnie au bord de la crise de nerfs malmenée par son chef-tout-puissant-qui-n'aime-pas-le-ballet, compagnie décadente où les départs tonitruants venaient faire écho aux promotions et distributions douteuses, etc, etc..., sans parler, pour couronner le tout, des passions suscitées par la nomination du très controversé Nikolai Tsiskaridze à la tête de l'Académie de Ballet Russe dite Vaganova, certes autonome, mais vivier traditionnel du corps de ballet du Théâtre Mariinsky. Une situation qui, incidemment, nous rappelait parfois "notre" POB, avec le sens russe, bien aiguisé, de l'excès tragique en plus.

Quoi qu'il en soit de tout cela, ce que j'ai vu à l'occasion de ce week-end londonien était pour moi digne du Mariinsky des grands jours : étoiles, solistes, corps de ballet, tout était réuni pour faire de ces soirées dédiées à Balanchine quelque chose d'inoubliable - un authentique hymne à la beauté - seul et unique objet de sa quête. A cela, ajoutez Londres, le ROH, l'ambiance électrique et particulièrement festive des tournées Hochhauser, le plaisir des retrouvailles fut immense.

On nous annonçait un double-bill, mais en réalité, c'est presque à un triple-bill qu'on a eu l'impression d'assister. Apollon en est la mise en bouche – on reste là dans des saveurs familières -, tandis que Le Songe d'une nuit d'été s'impose à la fois comme le "plat de résistance" et comme une découverte enthousiasmante - un vrai bonheur de balletomane. Le premier acte dure soixante-dix minutes et le second acte, d'une quarantaine de minutes, est presque un troisième ballet - un pur divertissement dans le style balanchinien à peu près déconnecté de l'action dramatique. De nombreux spectateurs, sans doute familiers de la version d'Ashton, The Dream, ont d'ailleurs cru, après l'acte I, que la soirée était terminée. Et bien, Mister B. le magicien avait encore une surprise dans son chapeau – le ballet à l'intérieur du ballet!

Balanchine, le Mariinsky le danse depuis fort longtemps (les premiers essais balanchiniens remontent, il me semble, à la fin des années 80), mais la direction de Yuri Fateev, qui fut longtemps répétiteur sur ce répertoire, n'a fait que l'approfondir, avec une programmation régulière de ses ouvrages et plusieurs entrées au répertoire notables - dont ce Songe, en 2012. Les puristes peuvent en penser ce qu'ils veulent, mais c'est un répertoire qui, selon moi, lui sied à merveille, ce qui n'empêche pas du reste d'apprécier les meilleures compagnies américaines pour ce qu'elles ont - de très différent - à y offrir. Après tout, Balanchine venait de cette école, de ce théâtre, de cette tradition impériale, qu'on voit se perpétuer dans des ballets choraux comme Symphonie en ut, Ballet impérial, Thème et Variations ou Diamants, que le Mariinsky sait naturellement sublimer. Découvrir ces ballets interprétés par eux reste en tout cas pour moi une expérience esthétique bouleversante - difficile de supporter les autres après cela.

Apollon est d'une autre veine - le tout premier Balanchine, encore sous influence des Ballets Russes, faisant grandiose profession de foi néo-classique. La version que nous propose le Mariinsky est apparemment familière des spectateurs londoniens, elle l'est certainement moins des Parisiens habitués de la version dansée par l'Opéra de Paris actuellement, qui est beaucoup plus tardive (le ballet fut rechorégraphié pour Barychnikov en 1979). La version Mariinsky inclut notamment le court prologue de la naissance d'Apollon - Latone accouchant du dieu du haut d'un escalier - et se termine sur l'ascension au Mont Parnasse, sur ce même escalier inaugural, d'Apollon suivi de ses trois muses - détails disparus dans la version de 1979. Le fameux "soleil" - les arabesques des muses formant une roue derrière le dieu - est bien présent peu avant la fin du ballet, mais n'a pas l'impact visuel qu'il peut avoir dans la version dansée par l'ONP, où il est l'image finale sur laquelle tombe le rideau. Il est un peu délicat de dire que cet Apollon primitif est plus "dramatique" - ce serait évidemment un contre-sens -, mais d'une version à l'autre, on perçoit bien l'évolution du chorégraphe vers davantage d'abstraction, de stylisation.


Renata Shakiirova (Polymnie), Kristina Shapran (Terpsichore), Alexandre Sergueiev (Apollon), Viktoria Krasnokutskaya (Calliope)

Dans le rôle d'Apollon, on attend un interprète noble, solaire, dégageant puissance et autorité, mais aussi doté d'un certain humour dans sa danse, car, après tout, il y a de la pochade dans la partition de Stravinsky - le quatuor jazzy d'Apollon et de ses muses vient notamment nous le rappeler à la fin. Vladimir Shklyarov a toute l'élégance académique requise pour le rôle, une apparence juvénile, doublée d'une fougue un peu sauvage, qui sied bien à cette jeune graine de dieu. Ses sauts sont puissants, sa petite batterie impeccable, ses réceptions précises, et sa danse a un mordant très appréciable, qui fait que l'on ne sombre jamais dans l'ennui (comme parfois dans ce ballet). Pourtant, il y a quelque chose qui retient et ne convainc pas tout à fait dans son interprétation. Il paraît un peu trop tenté de "jouer" le dieu plutôt que de l'être, en toute sérénité. L'interprétation d'Alexandre Sergueiev, peut-être un peu moins précis sur certaines réceptions, est beaucoup plus accomplie et intériorisée à mon sens. Sergueiev a une projection fantastique dans ce rôle, s'imposant petit à petit, en conformité avec l'adage du "less is more", agile et séduisant comme un chat, avec un vrai sens du jeu distancié. De plus, l'interaction avec Terpsichore, au cœur du ballet, fonctionne mieux entre lui et Shapran, interprète de Terpsichore sur toutes les représentations, y compris la dernière où était prévue Alina Somova, qu'avec Shklyarov. Kristina Shapran était évidemment l'attraction principale du ballet – et n'a pas déçu les attentes, d'autant qu'elle possède une évidente marge de progression. La jeune danseuse, diplômée de l'Académie Vaganova la même année qu'Olga Smirnova, avait été initialement engagée par le Stanislavsky de Moscou avant de l'être, en début d'année, par... le Mikhailovsky, théâtre secondaire de Saint-Pétersbourg. Ses débuts avec le Mariinsky, finalement, et, l'on espère, définitivement retrouvé, datent seulement de début août où elle dansait le rôle de Medora dans Le Corsaire à Saint-Pétersbourg, avant de rejoindre la troupe à Londres pour cet Apollon. Son visage est rayonnant – sans nul sourire appuyé hors de propos –, et sa danse, d'un contrôle parfait, à la fois musicale et cristalline, donne à admirer la classe unique des ballerines de l'Académie Vaganova telles qu'on les rêve, avec leurs lignes parfaites, leurs épaulements et leurs ports de bras d'un raffinement exquis. C'est elle qui, logiquement, domine, et d'abord par sa personnalité, le trio des muses, bien soutenu par ailleurs par d'autres jeunes pousses de la compagnie : la piquante Nadezhda Batoeva, qui alternait sur le rôle de Polymnie avec Renata Shakirova, encore élève de l'Académie mais déjà distribuée avec la compagnie (difficile de faire la différence ici...), et Viktoria Krasnokutskaya dans celui de Calliope. On remarque bien, ici ou là, quelques petits décalages dans les arabesques, mais qui ne nuisent pourtant pas à la pureté de l'ensemble.

Il y a les Balanchine - un peu sérieux? - en noir et blanc, vêtus en académiques, et il y a les Balanchine – un peu moins sérieux? - en rose pastel, habillés majoritairement de robes fluides et "chiffon", délicieusement éthérées. Le Songe d'une Nuit d'Eté appartient à cette dernière catégorie. Le ballet est, dans sa première partie, narratif – phénomène plutôt rare chez le chorégraphe – et se montre d'ailleurs relativement fidèle à la comédie de Shakespeare, où s'entrecroisent différents mondes - les nobles, les elfes et autres créatures féeriques de la forêt, les comédiens. La deuxième partie se présente comme un divertissement virtuose offert à l'occasion du triple mariage scellé à la fin du premier acte, unissant Hippolyte et Thésée, Hermia et Lysandre, Héléna et Démétrius. Néanmoins, seul le retour de Puck et de sa suite d'elfes et de papillons vient rappeler à la toute fin le récit principal. Titania, qui domine l'acte I (mais qui, étrangement, ne danse jamais avec Obéron, qu'on peine du reste à distinguer du Cavalier sans nom qui l'accompagne lors du pas de deux), disparaît complètement dans cet acte pour laisser place au couple anonyme du divertissement, et aux trois couples de jeunes mariés, chacun étant heureusement identifié par une couleur, les filles ayant troqué leurs costumes à l'antique ou renaissants pour des tutus plats des plus classiques. L'ensemble apparaît donc bizarrement construit, en raison de ses deux volets asymétriques et presque déconnectés l'un de l'autre, y compris musicalement, en raison aussi de sa mise en scène. Les décors sont simples et sans charme particulier - de simples toiles peintes évoquant successivement une forêt nocturne et un univers à l'antique, laissant la scène parfois un peu vide, abandonnée à un corps de ballet inégalement sollicité.

Quoi qu'il en soit de ses petites ou grandes incohérences, cette féerie balanchinienne semble faite idéalement pour le Mariinsky, qui sait, comme avec tous ces joyeux hymnes au non-sens hérités du XIXème siècle, lui insuffler ce qu'il faut de glamour, de rêve, de poésie aérienne et d'humour bon enfant - jusqu'à plus soif. On a beaucoup pensé en le voyant à La Source de Jean-Guillaume Bart (ballet qui gagne clairement en photogénie ce qu'il perd en écriture et en intérêt dramatique par rapport au Balanchine), avec lequel il partage une même atmosphère onirique (et quelques créatures sylvestres), et l'on se dit que le ballet trouverait là aussi, à Saint-Pétersbourg, un écrin formidable.


Filipp Stepin (Obéron), Ouliana Lopatkina (Titania), Vladislav Shumakov (Puck), Oksana Skorik (divertissement acte II)

Chaque distribution a ses (gros) plus et ses (petits) moins, mais dans l'ensemble, c'est un régal à tous les niveaux – solistes (nombreux), corps de ballet et même petits n'enfants des écoles de Sa Majesté venus en renfort et sérieusement coachés pour l'occasion. Surtout, l'on se réjouit de voir là autant de jeunes danseurs distribués autour des deux divas de la troupe dans des rôles d'importance, montrant ainsi qu'une belle relève existe, même si elle tarde à éclore médiatiquement parlant, ainsi qu'un corps de ballet d'une élégance folle, vraiment digne de la réputation du Mariinsky. Dans le rôle de Titania, Terechkina et Lopatkina sont toutes deux de l'ordre du sublime, tant dans l'image qu'elles projettent d'elles-mêmes que dans leur danse. J'avoue toutefois une préférence ici pour la première, plus perméable à la comédie, irrésistible de charme et de drôlerie conjugués, tout en restant ce qu'elle est - une reine. Lopatkina, elle, s'inscrit davantage dans le registre de la pure féerie, signant au passage une entrée glorieuse, sous les applaudissements du public, à la limite de l'auto-parodie, et d'adorables moments de tendresse partagés avec l'âne Bottom. L'Obéron de Terechkina, Timour Askerov, m'a semblé très bon lors de la première, malgré un côté parfois un peu "mastoc" dans sa danse et ses réceptions, mais c'était avant de découvrir Filipp Stepin, d'un brio extraordinaire, avec des sauts à la fois légers et puissants et une superbe petite batterie. Idem avec Puck, la source de tous les désordres comiques : Vassily Tkachenko, jeune fougueux bondissant de service version playboy (regardez-le dans la classe filmée par le Telegraph...), est drôle et brillant, mais Vladislav Shumakov est à mes yeux une sorte d'elfe idéal, esprit malicieux d'une légèreté inouïe, là où Vassily Tkachenko est plus dans la puissance. Anastasia Matvienko fait quant à elle une brève et spectaculaire apparition à la fin de l'acte I dans le rôle d'Hippolyte, Reine des Amazones et fiancée de Thésée : ses sauts puissants, son élévation, son sens de l'attaque et ses fouettés superbement exécutés suscitent aussitôt des ovations méritées - son expérience des galas internationaux semble n'avoir jamais été aussi bien employée qu'ici. Du côté des couples d'amoureux, la première distribution fonctionne mieux, théâtralement parlant, que la seconde, principalement du fait des garçons - Andrei Ermakov, décidément excellent, dans le rôle de Lysandre, Xander Parish dans celui de Démétrius -, dont le sens de la répartie et de la comédie paraît bien plus aiguisé que celui des interprètes de la soirée de samedi (Yuri Smekalov et Kamil Yangurazov, bien trop sérieux). Dans les rôles d'Hermia et d'Héléna, la rousse Viktoria Krasnokutskaya et la brune Viktoria Brileva (Brileva, Bryliova? Tereshkina, Teriochkina? il faudrait que les distributions soient cohérentes dans leurs graphies...), superbe artiste en devenir, sont également convaincantes. A noter aussi, la prestation, en mode aérien, de l'exquise et blondissime Oksana Marchuk, issue de la même génération de danseuses vaganoviennes, Papillon pétillant, qui ouvre et clôt le ballet avec éclat.

Sur les deux distributions, le divertissement était interprété par Oksana Skorik et Konstantin Zverev (mon seul regret est, à cet égard, d'avoir raté, comme alternative, Nadezhda Batoeva et Kimin Kim lors de la matinée où le rôle de Titania était tenu par Oksana Skorik). Concernant cette danseuse, j'avoue que je suis fatiguée, comme d'autres j'imagine, de cet incessant et ridicule jeu de ping-pong, où l'encensement religieux des uns vient répondre à l'insulte pure et simple des autres. Le surinvestissement balletomaniaque autour de certains danseurs (essentiellement des danseuses du reste) qui n'en méritent souvent pas tant est pour moi quelque chose de totalement contre-productif! Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, Oksana Skorik s'impose d'abord, au-delà de son histoire personnelle, par un physique hors-normes, de ce genre de physique que semble adorer la direction actuelle du Mariinsky, comme s'il cherchait à tout prix à reproduire des ballerines de la forme – à défaut du fond – de Lopatkina : un visage fin, un long cou, des jambes et des bras interminables, des attaches délicates, une silhouette d'une plasticité infinie... On comprend que tout cela puisse fasciner, mais la danse ne s'arrête pas à cela évidemment – et ses manques flagrants sur d'autres plans lui ont souvent été reprochés – à juste titre – par le passé. Pour ce qui est de ce divertissement, qui ne requiert, il est vrai, que peu d'investissement dramatique, elle s'est en tout cas montrée superbe - et peu contestable de fait : une allure et une autorité royales, un lyrisme naturel, un contrôle technique parfait – bref, une sérénité enfin retrouvée, sans rien qui pèse ou qui pose. Elle était accompagnée là par l'impassible Konstantin Zverev, non seulement un partenaire accompli, mais aussi un superbe danseur, dans la plus pure tradition d'élégance et de réserve du Mariinsky.


Konstantin Zverev (divertissement acte II), Viktoria Brileva (Héléna), Kamil Yangurazov (Démétrius)


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Florestiano



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MessagePosté le: Mar Aoû 12, 2014 11:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

Des avalanches d'éloges dans la foulée du papier de sophia :

- Crisp et ses 5 étoiles : http://www.ft.com/intl/cms/s/2/86de8386-2139-11e4-b96e-00144feabdc0.html

- Bachtrack et son enthousiasme : http://bachtrack.com/fr_FR/22/296/view/5899

Pas vraiment le semi-"échec" que d'aucuns prenaient plaisir à anticiper Very Happy


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sophia



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MessagePosté le: Mar Aoû 12, 2014 11:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Roslyn Sulcas, du New York Times, était là elle aussi :

http://www.nytimes.com/2014/08/12/arts/dance/a-taste-of-russian-dance-in-london.html


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haydn
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Messages: 26512

MessagePosté le: Mar Aoû 12, 2014 12:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un échec aurait sans doute fait plaisir à tous les adeptes du "Russia bashing" actuellement en vogue...

En ce qui me concerne, comme Sophia, je n'aurai vu de cette tournée londonienne du Mariinsky que deux représentations, avec le programme Apollo / A Midsummer night's dream (Balanchine).

L'Apollo dansé par le Mariinsky présente des différences assez sensibles avec l'Apollon [musagète] qui figure au répertoire de l'Opéra de Paris, à commencer par le prologue - oubliable - mettant en scène de manière humoristico-lubrique la naissance du bellâtre... Tout le ballet doit d'ailleurs être pris au second degré, et c'est un peu ce qui manquait dans l'interprétation qu'en a donnée le Mariinsky, surtout le soir du 8 août, avec Vladimir Shklyarov dans le rôle-titre. Le lendemain, Alexander Sergeyev m'a paru sensiblement moins compassé. Maria Shevyakova, elle, était une Latone (la génitrice d'Apollon) assez drôle et impertinente lors des deux représentations. Mais c'est surtout au chef d'orchestre, Gavriel Heine, qu'incombe la responsabilité de ce trop grand sérieux dans l'exécution de ce qui devrait être, au fond, une joyeuse pochade. Il donne de la partition de Stravinsky une lecture scolaire, monotone, sans nuances, sans "swing", dépourvue d'esprit, qui n'incite pas les danseurs à se "lâcher", à se dévergonder. Le tempo était par ailleurs souvent d'une lenteur exaspérante.

Le trio des muses (aux levers de jambes à la hauteur parfois approximative) était dominé par Kristina Shapran, qui possède une technique et des lignes superbes.


A Midsummer night's dream était pour moi une quasi-découverte, car je n'avais de la chorégraphie de Balanchine que le vague souvenir d'une vidéo.

Si, le 08/08, la Titania de Viktoria Tereshkina ne manquait pas de qualités, j'avoue lui avoir tout de même nettement préféré Uliana Lopatkina, le lendemain, qui possède absolument tout ce que l'on peut attendre de l'interprète de ce célèbre rôle shakespearien accommodé à la sauce préraphaélite. Sa stature immense, sa chevelure rousse, l'ampleur de ses gestes, son port de tête altier convenaient idéalement à une Reine des Fées ... toute anglaise (l'orchestre fait d'ailleurs entendre une citation explicite de Rule Britannia dans le pas de deux qui la met aux prises avec son cavalier, Andreï Yermakov!).

Si les deux soirs nous avons eu droit à un Puck de très haut niveau, force est néanmoins de constater que celui de Vladislav Shumakov (qui dansait le 09/08) surpassait en virtuosité et en verve celui de Vasily Tkachenko la veille.

Pour ce qui est d'Obéron, le Roi des Elfes, les choses sont plus nettement tranchées encore, avec, le 09/08 un Filipp Stepin (notamment en ce qui concerne les sauts et la batterie) vraiment une pointure au-dessus de Timur Askerov (08/08), moins léger et aux entrechats moins soignés.

On aura aussi apprécié l'Hippolyte d'Anastasia Matvienko, qui campait lors des deux représentations une Reine des Amazones très autoritaire, aux fouettés d'une stabilité et d'une régularité irréprochables.

Les couples secondaires (au sein desquels Puck s'ingénie à semer la pagaille) étaient de très bon niveau les deux soirs, avec un excellent Xander Parish - qui dansait devant "son" public - en Demetrius le vendredi 8 août.

Là encore, dommage que l'orchestre - surtout le 08/08 - nous ait servi un Mendelssohn trop prosaïque (la phalange du Mariinsky est intrinsèquement bonne, comme en témoigne le travail des cordes dans le prélude ou dans le divertissement final, c'est le chef qui est en cause), heureusement illuminé par l'excellent National Youth Choirs GB Chamber Choir (ouf!), dans la meilleure tradition des chœurs britanniques.



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sophia



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MessagePosté le: Mar Aoû 12, 2014 3:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ismene Brown (The Arts Desk) et Louise Levene (FT) à peu près d'accord pour souligner le raté de Marguerite et Armand version Mariinsky (ils ont tué Ashton! Laughing), malgré la présence de Diana Vichneva, et pour tresser des couronnes de laurier à Concerto DSCH de Ratmansky, ballet et interprètes compris, et à Andreï Ermakov, décidément encensé de partout, dans le rôle d'Ivan Tsarévitch de L'Oiseau de feu.




Dernière édition par sophia le Mer Aoû 13, 2014 10:53 am; édité 1 fois
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frederic



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MessagePosté le: Mar Aoû 12, 2014 11:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il est incompréhensible que le Mariinski ait décidé de présenter ce ballet à Londres. Les ballerines russes rêvaient toutes de danser Marguerite et Armand depuis sa représentation à Saint Petersbourg à l'été 2003 lors de la tournée du Royal Ballet pour le tricentenaire de la ville, avec Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche. Mais cette pièce si ténue où toute l'histoire de Marguerite Gautier est montrée en 35 minutes exige des danseurs ET un partenariat d'exception. À l'évidence, on est très loin de cela.


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