Fanfan
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Posté le: Sam Oct 01, 2005 2:28 pm Sujet du message: Souvenirs de Chine |
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Souvenirs de Chine
En allant porter un mot à Aurélie Dupont, avant la première représentation de "Giselle" à Shanghaï, j'ai rencontré par hasard un machiniste de l'Opéra de Paris. Il m'a gentiment invitée sur le plateau pour regarder le spectacle depuis les coulisses. Je n'aurais jamais osé rêver de cela. Je suis arrivée sur le plateau au début du 2ème acte de "Giselle", juste avant que les Willis voilées n'entrent en scène. J'ai été très surprise de voir comment se passait l'arrachage des voiles, par des danseurs tirant sur des fils de canne à pêche. Je croyais qu'il s'agissait d'une machinerie compliquée, et en fait, c'est un système très artisanal. Ca m'a fait beaucoup rire intérieurement. Je regardais le plateau, bien sûr, mais j'étais aussi captivée par ce qui se passait dans les dégagements. Je voyais les danseuses qui se préparaient, et je n'aurais pas cru qu'elles soient aussi stressées avant de monter sur scène. Ce qui m'a beaucoup étonné, c'est la très grande concentration de Stéphanie Romberg, qui faisait Myrtha . On avait l'impression que le monde aurait pu s'écrouler au tour d'elle, rien n'aurait pu la perturber. Ca ma bluffé, d'autant que c'est la première fois que je voyais ce qui se passait en coulisses.
Pour le spectacle proprement dit, Aurélie Dupont a été royale, avec des piétinés en arrière d'une rapidité extrême, une petite batterie impeccable, une présence formidable, avec une grande intensité dans son jeu. Je m'en suis rendu compte déjà le premier soir, des coulisses, mais évidemment encore mieux le second soir, où j'ai pu bénéficier d'une très bonne place grâce à la gentillesse de Marie-Agnès Gillot que j'avais rencontré la veille. J'ai vraiment adoré Aurélie Dupont, qui rendait très bien le caractère juvénile, naïve, de la jeune paysanne. La scène de la folie était magnifiquement rendue, et ont lisait toutes ses pensées tant son visage était expressif ; on y devinait la trahison, l'amour bafoué, l'incompréhension de ce qui allait se passer.
Au second acte de "Giselle", dans la promenade, Aurélie Dupont a tourné à une vitesse hallucinante, et après le spectacle, la danseuse m'a confié qu'elle a pris la pirouette si rapidement qu'elle même ne savait plus où elle en était!
J'ai par ailleurs été surprise par l'attitude froide du public chinois, qui applaudissait très peu.
Benjamin Pech que je n'avais jamais vu danser ? m'a beaucoup impressionnée. Il avait une très grande présence physique, et son jeu de scène était très crédible. Cela fonctionnait très bien avec Aurélie Dupont mais j'insiste, c'est vraiment sa présence physique qui m'a le plus marquée. Sa danse est ample, large. Lui, ne semblait absolument pas tendu, même s'il l'était peut-être en réalité.
Dans le pas de deux des Paysans, j'ai trouvé Emmanuel Thibault divin. Ses cinquièmes sont parfaitement fermées, son ballon est extraordinaire, et il a été ovationné. De plus, il semblait très bien s'entendre avec Mélanie Hurel. On ressent toujours une grande joie de vivre dans sa danse. Pour moi ce qui compte dans la danse, c'est surtout l'émotion, ce que je ressens, plutôt que la technique pure. Dans le second acte, Aurélie Dupont était vraiment magique, et m'a émue jusqu'aux larmes.
Benjamin Pech a été exceptionnel aussi dans sa série d'entrechats six. C'est différent d'Emmanuel Thibault, mais il était vraiment impressionnant, et son style de danse m'a fait penser à Cyril Atanassoff.
J'ai vraiment passé deux soirées merveilleuses. Il a aussi été extraordinaire dans" l'Arlésienne". Il était si expressif que l'on le sentait vraiment basculer progressivement dans la schizophrénie, et c'était merveilleux d'intensité dramatique. Le manège de grand jetés, juste avant le suicide de Frédéri, était époustouflant. On a l'impression que B. Pech ne joue pas, mais vit réellement son rôle. Isabelle Ciaravola était magnifique elle aussi.
Je n'ai pas retrouvé la même intensité dramatique avec Alessio Carbone le lendemain. C'était aussi très bien exécuté, mais l'intensité dramatique était moindre.
J'ai par ailleurs été invitée à assister à une répétition de "Boléro", avec Marie-Agnès Gillot. Même si elle ne s'est pas donnée a fond, comme il s'agissait d'une répétition, ça a été un moment vraiment magique. Pour moi, ces quelques jours ont été un magnifique cadeau.
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