haydn Site Admin
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Posté le: Sam Juin 04, 2005 3:50 pm Sujet du message: |
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Le Théâtre Royal du Danemark comprend, dans sa configuration actuelle, une superficie de 6500 m2 au sol, et plus de 12 km de couloirs.
Le bâtiment, inauguré en 1874, est demeuré inchangé jusqu'en 1984, date à laquelle d'importants travaux de modernisation ont éte effectués.
Le Théâtre monte chaque année 35 nouvelles productions (!), et donne environ 700 représentations sur les deux scènes dont il dispose. En tant que Théâtre Royal, il a obligation de donner une représentation tous les soirs de l'année.
Les costumes et les décors sont fabriqués sur place, dans les ateliers du Théâtre Royal. Pour chaque nouveau décor, l'on réalise d'abord une maquette au 1/25ème. Les châssis (panneaux de décors posés au sol, sur les "coulisses"), sont construits en contreplaqué. Les fonds de scène et les fermes (éléments de décor suspendus aux cintres) sont encore confectionnés, comme au 19ème siècle, sous forme de toiles peintes. Les toiles ont les dimensions du cadre de scène, soient 19m de large sur 8m de haut. Les toiles, après usage, sont roulées dans des berceaux métalliques et évacuées de la scène par un ascenceur spécial, le plus long du Danemark, avec sa cabine de 20 mètres. Il y a actuellement environ 3000 toiles en réserve à l'opéra.
Le Théâtre royal conserve la plupart de ses anciens décors, et le plus vieil élément encore en utilisation est un grand crucifix qui date du 18ème siècle.
Certains décors ont voyagé dans le monde entier, comme celui de Napoli (Bournonville). Ce décor, d'une structure assez complexe, a d'ailleurs une petite histoire. A l'occasion d'une tournée, il fut expédié au Japon. Lorsque les machinistes du Ballet Royal du Danemark arrivèrent à Tokyo, ils eurent la surprise de voir leur décor déjà entièrement monté, impeccablement assemblé par leurs collègues nippons qui ne disposaient pourtant même pas des plans. Les machinistes de Tokyo avaient minutieusement repéré chaque élément et étudié les assemblages. En souvenir de cet "exploit", les Danois n'ont jamais retiré les étiquettes de montage en japonais qui avaient éte collées sur les décors à cette occasion.
Les décors font l'objet, tous les 7 ans, d'un test de résistance au feu.
Tous les costumes sont encore coupés et cousus à la main, et font l'objet d'une fabrication spécifique adaptée à la morphologie de chaque danseur. Les costumes de danse nécessitent des précautions particulières, et des produits achetés dans le commerce ne resisteraient jamais aux contraintes particulièrement sévéres auxquelles sont soumis les costumes de scène. L'usure à laquelle est exposée un costume de danse est en effet supérieure à celle d'une combinaison de travail d'un ouvrier sur un chantier. Ainsi, toutes les coutures internes sont doublées par une bande de renfort en toile.
Le théâtre possède actuellement environ 74000 costumes en stock. Certains, dont il n'est plus fait usage, sont vendus aux particuliers dans la boutique de l'opéra.
La fabrication d'un costume peut représenter jusqu'à 1000 heures de travail (comme par exemple la robe de mariage de A folk tale, de Bournonville). Toutes les broderies sont encore faites à la main. Du fait du prix élevé des matériaux utilisés, seules quelques personnes triées sur le volet sont habilités à la coupe des tissus. Une fois taillées, les pièces sont transmises aux couturières chargées de l´assemblage.
La cage de scène a une hauteur de 22 m, pour une ouverture de cadre de 8 m.
Les décors peuvent être suspendus à 63 perches horizontales, qui traversent le plateau de part en part, et qui sont lestées par des contrepoids en fonte de 200 kg. 3 secondes suffisent pour remonter ou descendre (="appuyer", en jargon théâtral) un décor. Un tel système existait au Palais Garnier jusqu'en 1994, date à laquelle il fut replacé par des ancrages point-à-point, manoeuvrés par des treuils électriques.
Le plateau, incliné, à l'origine, à 7 degrés (5 au Palais Garnier), a été remis à l'horizontale en 1932, à la demande des danseurs. Depuis 15 ans, le plancher en chêne a été recouvert d'un balatum (lino), qui amortit mieux les chocs lors des sauts. Les éclairages sont assurés par 300 projecteurs, dont les plus puissants peuvent atteindre 10000 watts.
Comme le Palais Garnier, le Théâtre royal de Copenhague possède une Loge Royale située à l'avant-scène, côté jardin. Derrière la loge se trouve un salon privé réservé à la famille régnante. La Reine Margarete, passionnée de ballet, se rend au spectacle 4 à 5 fois par mois.
Son père, Frederick IX, était un musicien émérite. Un soir, l'orchestre fut particulièrement mauvais. Le roi nota sur la partition toutes les fautes commises, et alla dire son fait au chef d'orchestre. A partir de ce moment là, on installa sur le pupitre du chef une petite lumière que l'on allumait lorsque le roi était présent dans sa loge. Ainsi, les musiciens savaient que ces soirs-là, il fallait faire du zèle!
Un autre soir de 1932, c'est le roi lui-même qui prit la place du chef d'orchestre dans la fosse. Les instrumentistes, qui n'étaient évidemment pas au courant de cette initiative de dernière minute, furent glacés de peur lorsqu'ils se rendirent compte que c'était leur souverain qui tenait la baguette!
Il est vrai que l'on ne s'amuse pas tous les jours au Théâtre Royal du Danemark, ainsi que vient le rappeler la devise toute protestante peinte au-dessus du cadre de scène : "Ei blot til lyst" : "Pas seulement pour le plaisir"!
Dernière édition par haydn le Sam Juin 04, 2005 4:30 pm; édité 4 fois |
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