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haydn Site Admin
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Posté le: Lun Mar 07, 2005 1:03 am Sujet du message: Comédies-Ballets de Molière au Théâtre Français |
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La Comédie Française représentera du 9 avril au 24 juillet 2005 en alternance deux ouvrages de Molière et Lully, L'Amour médecin et Le Sicilien ou l'Amour peintre. L'accompagnement musical sera assuré par les Arts florissants placés sous la direction de William Christie, tandis que les chorégraphies seront réglées par deux anciens danseurs-étoiles de l'Opéra de Paris, Jean Guizerix et Wilfride Piollet.
Pour plus de renseigments, cliquez ICI
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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Posté le: Mer Mar 30, 2005 8:07 am Sujet du message: |
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L'AFP présente ce spectacle aujourd'hui dans une dépêche :
Citation: |
Deux anciennes étoiles de l'Opéra de Paris, Wilfride Piollet et Jean Guizerix, signent la chorégraphie qui sera du "faux-vrai-baroque" avec la nécessité de deux styles différents. "Avec L'amour médecin, déclarent-ils, nous sommes dans une forme d'expressionnisme sans époque repérable, alors que la mise en scène du Sicilien va situer l'action dans les années 50, l'âge d'or des comédies musicales qui sont la continuation des comédies-ballets". |
La dépêche de l'AFP reprise par Le Figaro est ICI
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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Posté le: Mer Avr 06, 2005 7:00 am Sujet du message: |
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Le Figaro de ce mercredi 6 avril présente aussi cette série de spectacles, dont la première aura lieu le 9 :
Citation: |
Le luxe de cette production tient à la présence d'un orchestre en scène, dix musiciens qui, sous la direction de William Christie, jouent les compositions de Lully. Trois actes rythmés par un prologue, des intermèdes et un épilogue, chantés et dansés. Jean-Marie Villégier a fait appel à Jean Guizerix et Wilfride Piolet, deux anciens danseurs étoiles de l'Opéra, tournés vers la chorégraphie dans les années 70. Guizerix avait déjà participé avec Francine Lancelot au travail baroque d'Atys. Ici on n'est pas dans le domaine de la reconstitution. Il s'agit d'inventer, de s'amuser «L'intérêt, reprend Jean-Marie Villégier, est d'explorer un genre plastique. Il s'agit de renouveler le mélange ballet et musique.» |
L'article de Marion Thébaud est ICI
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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Posté le: Mer Avr 06, 2005 3:34 pm Sujet du message: |
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Je voudrais préciser, car il pourrait y avoir des confusions sémantiques, que les deux pièces de Molière ne sont pas représentées en alternance (sinon avec le reste du répertoire de la saison), elles figurent toutes deux au programme d'une même soirée. En effet, ce sont deux pièces très brèves, d'une cinquantaine de minutes chacune.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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Posté le: Dim Avr 10, 2005 5:51 pm Sujet du message: |
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S'il y a parfois des raisons de se lamenter sur les diverses programmations des théâtres parisiens, voilà en tout cas avec ce spectacle une vraie raison de se réjouir, une fois n'est pas coutume.
D'abord, il permet de voir deux courtes pièces de Molière méconnues et rarement représentées, deux pièces à l'écriture extraordinairement concise et concentrée où se mêlent, -comme presque toujours chez Molière-, sans qu'on puisse jamais vraiment les séparer, tradition savante et tradition populaire dans l'art d'écrire le théâtre. Ensuite, ces farces où s'exprime tout autant que dans les grandes comédies sérieuses le génie absolu de Molière dans la satire des moeurs et des caractères -un génie qui n'a absolument pas vieilli- sont aussi des comédies-ballets, c'est-à-dire des pièces constituées d'intermèdes, à l'origine des divertissements de cour, chantés et dansés. Ceux du "Bourgeois gentilhomme" et du "Malade imaginaire" sont notamment restés particulièrement célèbres: pièces souvent représentées, musique gravée sur disque et ballets objets de reconstitutions baroques.
Ici, le parti-pris du metteur en scène Jean-Marie Villégier et des chorégraphes, les danseurs étoiles Wilfride Piollet et Jean Guizerix, ne réside pas dans une reconstitution baroque que ce soit dans la dramaturgie ou dans la chorégraphie. Et c'est peut-être grâce à ce refus délibéré de restituer une authenticité supposée de la danse et du jeu que le spectacle s'avère une véritable réussite comique, recréant une sorte d'essence intemporelle de la farce, cette forme de comique par laquelle s'exprime le plus naturellement et le plus spontanément le génie de Molière.
Dans les deux courtes pièces, on est clairement dans le deuxième (au minimum) degré, la parodie, le jeu des références et des allusions à divers ouvrages chorégraphiques ou cinématographiques. Dans "Le Sicilien ou l'Amour peintre", la pièce qui comporte le plus de parties chantées et dansées, le cadre sort ainsi tout droit d'une production hollywoodienne des années 50 avec une héroïne prenant les traits d'une femme fatale ressemblant étrangement à Rita Hayworth. Cette héroïne nommée Isidore (bravo à la splendide et très drôle Elsa Lepoivre) est l'esclave affranchie du jaloux Dom Pèdre (formidablement interprété par Laurent Natrella, un "ancien" du Français), caricature de Sicilien macho et violent. La chorégraphie parodie alors allègrement les comédies musicales des années 50 en même temps que certaines productions balanchiniennes comme "Fancy free". Parmi les nombreux rebondissements que présente l'action de la pièce, le spectateur a aussi droit à un divertissement oriental très amusant assez clairement inspiré de "Shéhérazade". Les Ballets russes sont aussi présents dans la première pièce, "L'Amour médecin", avec un médecin charlatan portant chapeau et longue robe décorée de lunes et d'étoiles ressemblant étrangement à un costume créé par Alexandre Benois pour "Petrouchka". On y voit aussi un pas de deux particulièrement savoureux mêlant références au cirque et à l'"Après-midi d'un faune". Ces diverses références ne sont pas non plus exhaustives et l'on pourrait s'amuser en revoyant le spectacle à en repèrer bien d'autres.
Ce choix du deuxième degré s'avère particulièrement efficace, puisqu'on rit, on rit beaucoup et on retrouve peut-être ici, à travers les anachronismes délibérés, les transpositions et la stylisation, le rire purgatif de la farce, ce rire qui loin d'être un rire bas et vulgaire, est une arme contre les charlatans de tous les temps que Molière représentait pour sa part de manière récurrente sous les traits inquiétants des noirs médecins (bien présents, et avec quelle force! dans "L'Amour médecin"), image de ceux qui abuseront toujours de l'humaine crédulité: "Car le plus grand faible des hommes, c'est l'amour qu'ils ont pour la vie; et nous en profitons, nous autres, par notre pompeux galimatias, et savons prendre nos avantages de cette vénération que la peur de mourir leur donne pour notre métier." Ainsi s'exprime Filerin, figure de médecin gourou, dans l'acte III de "L'Amour médecin. Le rire, ce rire que seul le théâtre peut offrir, n'est rien d'autre chez Molière que la déconstruction du mal et l'unique remède contre la mort.
Donc, allez, ou plutôt, courez voir ce spectacle, avant qu'il ne soit trop tard... 
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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Posté le: Dim Avr 10, 2005 6:04 pm Sujet du message: |
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Il y a plein de magnifiques photos sur le site www.enguerand.com.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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haydn Site Admin
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Posté le: Mar Avr 12, 2005 2:56 pm Sujet du message: |
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Pour ceux qui voudraient aller plus loin, la partition de l'Amour médecin est disponible sous forme de fac-simile du manuscrit sur le site de la Bibliothèque nationale de France :
L'Amour médecin
Fichiers en format Pdf, assez lourds à charger (ADSL ou Câble indispensable).
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haydn Site Admin
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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Posté le: Mar Avr 19, 2005 1:47 pm Sujet du message: |
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L'Express de cette semaine publie une double interview de Jean-Marie Villégier et de William Christie au sujet de ces comédies-ballets de Molière recréées au Français :
Citation: |
Plus vif que le vif-argent, William Christie règle les réponses comme un agent de la circulation intellectuelle: telle question à Jean-Marie Villégier, telle autre pour lui. On sent le chef d'orchestre dans chacun de ses gestes, nets et précis comme une attaque musicale. A côté de lui, ramassé sur son siège de velours et se confondant presque avec la tranquille solennité de la salle du comité de lecture de la Comédie-Française, Jean-Marie Villégier apparaît plus matou. Sa détente n'en est que plus redoutable. Après la magnifique résurrection, en 1990, du Malade imaginaire sous sa forme originale de comédie-ballet, les deux hommes se tournent vers L'Amour médecin et Le Sicilien ou l'Amour peintre. Ainsi les Arts florissants entrent-ils au Français, tandis que les comédiens retrouvent la vocation de ceux qui les ont précédés: la diction, le chant et la danse. |
L'article de L'Express est ICI
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haydn Site Admin
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Posté le: Ven Avr 22, 2005 9:53 am Sujet du message: |
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Libération, à en croire la critique au vitriol publiée ce vendredi 22 avril, n'a vraiment pas apprécié le spectacle :
Citation: |
Entre le décor atroce de l'Amour médecin (découpages à la Kokkos éclairés sans imagination), les comédiens jouant si moderne qu'on craint par moments qu'ils ne lâchent des «chanmé» intempestifs, les chorégraphies (signées Jean Guizerix et Wilfride Piolet, deux anciens danseurs étoiles de l'Opéra) et les interprétations vocales approximatives, on ne sait plus vraiment où on habite. Dirigés par Christie depuis le clavecin, les dix musiciens des Arts florissants tirent néanmoins leur épingle du jeu, en sonnant magnifiquement. |
L'article d'Eric Dahan est ICI
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haydn Site Admin
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Posté le: Sam Avr 23, 2005 11:05 am Sujet du message: |
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Le Monde est d'un avis diamétralement opposé, et estime que le spectacle proposé par la Comédie française est une vraie réussite :
Citation: |
Cette nouvelle présentation de L'Amour médecin est une réussite. Les comédiens sont vifs et nets, les rôles clairs, bien dessinés. La relève est bonne, au Français, Cécile Brune, Nicolas Lormeau, Laurent Natrella, Christian Cloarec, Guillaume Gallienne, toute la troupe serait à citer.
Même plaisir d'exécution pour Le Sicilien ou l'Amour peintre, autre "crayon" de Molière, plus fouillé, plus combiné, mêlant Grèce, Sicile, esclaves, bandits... avec les mêmes malices de subterfuges ponctuant l'action, mais laissant cette fois les médecins tranquilles : c'est un jeune galant déguisé en artiste peintre, et non en docteur en médecine, qui s'emparera de sa bien-aimée. |
L'article de Michel Cournot est ICI
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