Nouvelles du Théâtre des Champs-Élysées

[sophia]

Life in Progress a beau se terminer sur Bye, pièce de Mats Ek chorégraphiée sur la sonate "Les Adieux" de Beethoven, il ne ressemble pas vraiment à un spectacle d'adieu. La vie continue... nostalgique, mais pas tragique. Dans la droite ligne de 6000 Miles Away, avec ses pièces courtes signées de chorégraphes fétiche, Life in Progress nous propose un programme "sur-mesure", intimiste, sombre, peu spectaculaire au fond, sans tambour ni trompette, sans fleur ni couronne - volonté de Dame Sylvie, protectrice de la nature. Pour le côté cocasse, le public, très "génération Sylvie", est accueilli - après les fouilles d'usage (que se passait-il hier? Je n'ai jamais vécu une telle attente. Une seule entrée pour filtrer les spectateurs - engorgement garanti) - par les stands de Sea Shepherd et Kokopelli (association oeuvrant pour la libération de la semence et de l'humus - sic!), témoignage de l'engagement écolo de la danseuse. A la fin, ovations (quelques huées entendues, vite couvertes de là où j'étais) et standing ovation de rigueur, sans excès toutefois.
Sans doute fallait-il être Sylvie Guillem pour se permettre cette liberté-là, car au fond, faute d'authentiques chefs-d'oeuvre à se mettre sous la dent, c'est cela que l'on retient de ce spectacle : plus que l'émotion, cette infinie liberté, à l'image de sa carrière, et cette jeunesse éternelle (non mais quel âge a-t-elle en vrai? c'est indécent!).
Le solo d'Akram Khan et le duo de Russell Maliphant m'ont relativement déçue, alors que j'aime plutôt bien ce qu'ils font d'habitude. Techne d'Akram Khan déploie pourtant une gestuelle au sol fascinante, montrant une Guillem animale, tour à tour ou simultanément araignée ou reptile. Here & After ressemble à un Maliphant ordinaire, avec sa dramaturgie de lumières, ses montées en puissance chorégraphiques, sa gestuelle inspirée de la capoeira ou du tai-chi, mais en version, ai-je trouvé, pas très inspirée. Il se peut aussi que j'ai été gênée par la différence de charisme entre les deux danseuses - l'une semblant constamment suivre l'autre -, ce qui n'est pas le cas dans les spectacles de Maliphant avec ses propres danseurs, où la spécularité est essentielle et admirablement mise en scène. Duo2015, laissé à deux danseurs de la Forsythe Company, est là comme un hommage à un chorégraphe qui a particulièrement compté, non seulement dans sa carrière, mais aussi dans l'histoire du ballet telle que l'a transformée Guillem. Présence - absente - en creux de ce formidable exercice de géométrie forsythienne, c'est la pièce que j'ai préférée.
Bien sûr, pour terminer, il y a Bye, sans doute pas le chef d'oeuvre de Mats Ek, mais une merveilleuse pièce de circonstance, où Sylvie redevient brièvement petite fille, un chant du Cygne d'aujourd'hui pour une danseuse intemporelle.

[haydn]

On me fait observer, avec justesse, et je suis rouge de honte (mais Paco ne s'est pas aperçu de la boulette non plus, ce qui me rassure un peu sur l'état d'avancement de ma sénilité) que la sonate de Beethoven utilisée par Mats Ek pour Bye n'est pas l'opus 26 (Les Adieux, ce qui eut été logique d'ailleurs vu le programme de l’œuvre) mais l'Opus 111. Cela nous apprendra à lire le programme correctement...

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[jeandesimon]

Une partie de l'immense ovation réservée à Sylvie Guillem lors de sa toute dernière représentation avec "Life in Progress" à Paris. Des moments mémorables et si émouvants avec Sylvie visiblement surprise et très émue de voir Claude Bessy qui lui offre un bouquet de fleurs. Ses amis Guillaume Gallienne et Nicolas Le Riche lui ont également rendu hommage avec un très beau texte d'Aragon (assez sombre) brillamment lu par Guillaume.
J'ai vu "Life in Progress" lors de sa création à Modène en Italie et j'ai l'ai assez suivie par la suite et vu son évolution (entre Rome, Londres, Fourvière). Un spectacle à l'image de Sylvie Guillem : sa recherche de nouveauté, de surprises, sa volonté d'aller toujours plus loin, d'amener son public aussi avec elle dans sa quête d'une beauté absolue sans fioritures. Sylvie débordant d'énergie, avec cette incroyable adaptation de son corps dans le rythme du Kathak, mi-femme, mi-insecte, mi-créature mythologique, absolument fascinante. J'ai moins goûté le pas de deux de Forsythe, mais on peut le voir, d'une certaine manière, lié à "Here and after", le très beau et subtil pas de deux de Maliphant avec Sylvie et Montanari. Le premier, une exploration de deux corps masculins dans le temps, l'autre, une exploration sublime et subtile de deux corps féminins dans l'espace avec toujours cette poésie que j'apprécie chez Maliphant, cette étrangeté et cette beauté émanant du geste. "Bye" fut bien sûr bouleversant et Sylvie s'y plonge avec une musicalité et un sens de l'interprétation (à la fois femme-enfant, clown drôle et tragique) uniques. Parmi les spectateurs, ceux du samedi soir, le grand metteur en scène Robert Lepage et Patrick Bruel. Dans la dernière représentation de dimanche, il y a eu Isabelle Adjani, l'autre Isabelle aussi (Huppert), Julie Gayet, Vincent Perez, Laurent Hilaire, et bien sûr Claude Bessy, Nicolas Le Riche, Clairemarie Osta et Guillaume Gallienne, entre autres. Voici la vidéo (ce n'est pas moi qui filmait):
https://www.youtube.com/watch?v=WCTABkCjkeQ

[haydn]

Apparemment les VIP se sont réservés pour le dimanche... Le samedi, Catherine Deneuve était présente, à ce qu'on m'a dit.

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[sophia]

Vendredi!

[Joelle]

Il y avait Laurent Hilaire et Jean-Pierre Elkabbach vendredi dernier ! du moins les seuls "VIP" que j'aie reconnus !

[jeandesimon]

Selon "mes sources" très observatrices, Catherine Deneuve y était pour la représentation de vendredi soir et non pas le samedi. Et toujours selon les mêmes sources, Ghislaine Thesmar et Pierre Lacotte y étaient également le vendredi soir.

[Joelle]

Oui c'est vrai pour P. Lacotte et G. Thesmar ! Je les avais oubliés (honte à moi !). N'ai point vu C. Deneuve en revanche.

[paco]

Puisqu'on est dans la rubrique People, Brigitte Lefèvre était à la représentation de jeudi soir.
A part ça, je suis super content d'apprendre que Nicolas le Riche est venu expressément sur scène rendre hommage à celle qui a été sa partenaire la plus stimulante à la scène. Et comme Sylvie Guillem était elle-même venue danser aux adieux de Nicolas le Riche à l'ONP, comme ça la boucle est bouclée

[Emilie1]

Au rang des personnalités hier après midi, il y avait également Kader Belarbi ainsi que Laure Muret.
Beaucoup de danseurs d'hier venus saluer une dernière fois leur amie mais également quelques jeunes danseurs d'aujourd'hui (Hugo Marchand, Germain Louvert, Antonio Conforti et Alice Catonnet aperçus dans la salle).
Parmi les invités, mention spéciale au "style Adjani": casquette de Gavroche sur la tête ainsi qu'énormes lunettes de soleil pendant tout le spectacle.....

Que Joelle et Paco se rassurent : il y a eu des bouquets hier soir (l'un provenant du public, l'autre offert par une Claude Bessy très émue et absolument radieuse) !

Un mot sur le spectacle maintenant. Je voyais Sylvie Guillem pour la première fois (et la dernière également!!) en vrai et je craignais de voir sur scène la diva arrogante qu'elle a pu être dans certaines interviews télévisées. Et en fait, pas du tout ! Quelle générosité, quelle puissance, quelle forme, quelle énergie !
Je dois tout de même avouer que la première partie du spectacle ne m'a pas enchantée outre mesure. Technê m'a semblé fade, sans profondeur : une entrée en matière plutôt ennuyeuse, même si Sylvie Guillem y déploit des qualités de femme araignée saisissantes.
Here and after s'est avéré, à mes yeux, plus plaisant à regarder (peut être grâce aux effets de lumières?) malgré une chorégraphie pas forcément folichonne. Là encore, Sylvie Guillem rayonne, peut-être même un peu trop au détriment de l'italienne Emanuela Montanari qui semble avoir du mal à exister et à se faire une place aux côtés du monstre sacré !
Bye est, à mes yeux, la meilleure pièce de la soirée. La danseuse ne parait pas avoir d'âge. Comment croire qu'elle a 50 ans ? Le temps s'est suspendu pendant ces 20 minutes comme il semble de pas avoir eu d'emprise sur elle! Qu'elle nous donne son élixir de Jouvence : il est magique !

[jeandesimon]

Petit détail. Comme j'étais assis près de la star, j'ai pu observer discrètement Adjani, et elle avait quelques fois enlevé ses immenses lunettes de star pour révéler ses yeux magnifiques.

[jeandesimon]

Pour revenir à ce spectacle d'adieux atypique de Sylvie Guillem, concernant "Bye" je crois que Sophia l'a très bien défini comme "un chant du Cygne d'aujourd'hui". Et en effet les cygnes d'aujourd'hui ne meurent pas sur scène, ils se transforment pour devenir autre chose, franchir une nouvelle étape.
Je crois aussi que les adieux de Guillem sur scène ont été progressifs. Ils ont commencé vraiment en 2011 avec sa dernière Manon, inoubliable, à La Scala. C'est à ce moment par ailleurs que Sylvie avait contacté Mats Ek pour créer une dernière chorégraphie pour elle et ce fut en l'occurrence "Bye" selon Mats Ek un goodbye progressif à la danse de Sylvie Guillem. Par la suite, Guillem avait interprété lors d'une tournée au Japon en 2011 "A month in the country", ainsi que le pas de deux de la chambre de "Manon" et son dernier ballet fut "Marguerite et Armand" à Athènes en Noël 2013 (où elle présentait en même temps "Sacred Monsters" d' A. Khan). Elle a eu aussi un dernier défi à relever en retournant chez l'un de ses chorégraphes fétiches, Forsythe, en réinterprétant magistralement "Steptext" à Florence en 2013. Donc, on peut voir cette tournée d'adieux dans cette continuité. Et maintenant sans tomber dans le sentimentalisme, elle clôture cette brillante et unique carrière d'elle ancrée dans le présent et en sursautant aussi dans l'avenir. Tout Sylvie.

[Entrechat 4]

Pardon de changer de sujet !

Merci à Dansomanie d'avoir relayé l'info à propos du LAAC : grâce à vous, je prends des cours avec Leriche... une chose incroyable que je n'avais même pas imaginé en rêve !

[haydn]

Merci Entrechat 4, pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre expérience et le déroulement de ces cours?

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[haydn]

Cynthia Harvey, ancienne Principal à l'American Ballet Theater, Isabelle Guérin, ancienne étoile de l'Opéra National de Paris et Andrey Klemm, professeur au Ballet de l'Opéra National de Paris seront les prochains invités de Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta dans le cadre de l'académie LAAC qu'ils ont fondé en collaboration avec le Théâtre des Champs-Élysées :

En Avant Foundation, célèbre association dédiée à l'excellence de la danse, dirigée par Cynthia Harvey, étoile de l'American Ballet Theatre, crée l’événement en venant organiser un stage au LAAC, 23, 24 25 Octobre au Théâtre des Champs Elysées-Studios coupole.

Pour nos Master Classes à Paris, nous sommes fiers d’accueillir ces grands noms du ballet que sont Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta au LAAC, et d’avoir l’immense plaisir de retrouver la Danseuse Etoile Isabelle Guérin pour les enseignements étudiants et professionnels. Nous serons ravis de compter également parmi nous Andrey Klemm (Professeur au Ballet de l’Opera de Paris Dimanche 25 Octobre), ainsi que Cynthia Harvey (Ballerine américaine, et professeur international invité) pour compléter cette prestigieuse équipe.

Les inscriptions sont gérées par la fondation En Avant, de Cynthia Harvey


Inscription par mail : info@enavantfoundation.com
Formulaire de pré-inscription à télécharger en ligne : http://www.enavantfoundation.com/downloads/Paris-Masterclass-PreregisForm.docx

Plus d'infos (en anglais) : http://www.enavantfoundation.com/events/

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