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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Mer Déc 03, 2014 11:52 pm Sujet du message: |
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Mais la danse est injuste! Et c'est cette "injustice" qui fait le prix d'une représentation excitante (au moins dans le ballet classique). Ce que l'on veut voir, ce sont des étoiles ou des solistes qui sont des étoiles ou des solistes et pas des étoiles ou des solistes par défaut (ou parce qu'il y avait un poste à pourvoir une année et que le moins mauvais en a bénéficié). Ce culte de la "médiocrité dorée", c'est tout le problème de l'Opéra actuel, c'est tout ce qui fait que les critiques étrangers (et les spectateurs aussi) remarquent souvent davantage le corps de ballet que ceux qui dansent les rôles principaux.
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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Jeu Déc 04, 2014 12:19 am Sujet du message: |
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Ce n'est pas une honte d'être sujet et même de le rester. En l'occurrence, pour les sujets, il ne s'agit plus de potentiels (comme chez certains quadrilles ou coryphées), la plupart approchent les trente ans et la plupart ont déjà une bonne expérience en tant que solistes. Je n'aime pas cette idée de la progression à l'ancienneté, juste parce qu'on est méritant ou qu'il y a un poste à pourvoir. Evidemment, certains se découvrent sur le tard, souvent grâce à certains rôles (voir le parcours d'une Ciaravola), mais cela reste tout de même un cas exceptionnel. De façon générale, il doit y avoir une certaine évidence (même s'il y a toujours une part de subjectivité) dans une promotion, a fortiori dans l'accès au titre suprême.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Jeu Déc 04, 2014 1:26 am Sujet du message: |
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A mon tour de livrer mes impressions sur cette première journée - pas totalement d'accord sur tout avec Haydn, mais sur beaucoup de choses, oui, quand même...
De cette journée, je dirais, avant que d'évoquer les candidats, qu'il y planait comme un air de dernière fois. A tout le moins, je dirais qu'elle était placée sous le signe manifeste de la désacralisation. Dans le jury, on note d'emblée la présence de deux personnalités extérieures (jusqu'à présent, il n'y en avait qu'une qui l'était véritablement : un directeur de compagnie en règle générale, qu'on avait coutume d'imaginer bien servile à l'égard de la direction du ballet), en l'occurrence deux stars venues d'Amérique, deux danseurs (plus ou moins) de la génération Millepied : Maria Kochetkova et Ethan Stiefel. Croyez-le ou pas, mais certains habitués s'en offusquent à l'entracte. Signe des temps, on remarque aussi la disparition de la fameuse clochette, à la sonorité d'un autre siècle (remplacée par un système de feu vert / feu rouge nettement plus discret). On s'étonne ensuite devant ces résultats lâchés dès midi, dans la plus grande discrétion, sans que personne ou presque s'en rende compte : une formalité en somme, vite vite, passons à autre chose... Quant aux (non-)promotions elles-mêmes, tellement prévisibles et/ou tellement logiques (au moins pour les postes comportant un véritable enjeu de distribution), aurait-on voulu prouver l'obsolescence et la vanité complètes de ce concours, il y a fort à parier que l'on ne s'y serait pas pris autrement. Sans doute ce sentiment - celui qu'une page est en train de se tourner - a-t-il été accentué par le petit nombre de spectateurs présents (il est vrai que l'épreuve a lieu en semaine, le jour du cours de danse, ce qui élimine les élèves des écoles...) et par le petit nombre de candidats (des jeunes presque exclusivement, dans chaque classe). Pour dire vrai, il n'y avait en ce jour ni passion ni excitation, mais plutôt pas mal d'ennui (le matin au moins), comme si la messe était déjà dite.
A propos de la classe des quadrilles, je reste néanmoins beaucoup plus sceptique que Haydn. J'aurais personnellement eu du mal à choisir deux élus incontestables à l'issue de l'épreuve. Et comme on les connaît peu sur le reste... La variation imposée était celle de Lucien à l'acte I de Paquita version Lacotte, de la pure technique française, de la danse d'école assez ingrate, parfaitement adaptée à des danseurs de ce niveau, dont beaucoup sont frais émoulus de l'école de danse. Le résultat s'avère décevant (mais pour rassurer ces jeunes gens, ce peut l'être aussi - décevant - avec des étoiles), avec des prestations sans beaucoup d'ampleur et de brio, appliquées, mais pas toujours très propres. On y attendait Pablo Legasa, qui possède une présence et un panache certains, mais il connaît quelques déboires notables, notamment dans la série de tours en l'air. Antonin Monié est celui, il me semble, qui montre le travail le plus propre et la plus précis. Dès lors, la variation libre permettait seule de départager les candidats. Pablo Legasa, notamment, se montre d'un brio remarquable dans la Mazurka d'Etudes, avec un petit supplément par rapport à ses camarades sur le plan de la personnalité scénique. Florent Mélac donne aussi à voir une personnalité intéressante et un engagement notable dans un extrait de Pas./Parts, auquel il manque toutefois un petit quelque chose pour convaincre complètement (une danse un peu plus souple et relâchée?). Très subjectivement, c'est Antonio Conforti qui a retenu le plus mon attention, avec un choix audacieux - du moins pour un quadrille -, celui de la variation du Danseur en brun de Dances at a Gathering. On le sent un peu essoufflé sur la fin, il n'est pas exempt d'imprécisions, mais il y déploie un lyrisme authentique et une personnalité habitée. Je suis désolée, mais je n'ai pas spécialement remarqué Antoine Kirscher, le premier candidat à passer et le premier promu. Pourquoi pas Kirscher (il est un peu jeune pour que j'ai un quelconque avis définitif sur son potentiel), mais pourquoi lui plutôt que Conforti ou Legasa? Bref, on pourrait penser à un résultat en forme de promotion volontaire d'un duo de Jeunes Danseurs, vus sur un extrait de La Source la saison dernière.
La classe des coryphées est souvent la plus intéressante du concours, chez les filles comme chez les garçons, mais elle n'a pas davantage suscité de passion que celle des quadrilles cette année. La variation imposée, si elle a été correctement exécutée par l'ensemble des candidats (avec les mêmes soucis dans les tours et la réception finale), n'a pas provoqué un enthousiasme démesuré. Un niveau d'ensemble honorable et un bon travail de chacun certes, mais sans génie particulier. Germain Louvet et Hugo Marchand, déjà distribués sur des premiers rôles, étaient promis à la promotion et ils l'ont été - à juste titre. Un autre choix eût été un retour aux pires démons du passé, ce passé que l'on ne veut plus voir. Je ne dirais pourtant pas d'eux qu'ils ont dominé outrageusement le concours, ce serait très exagéré, mais ils possèdent tous deux une présence, une autorité, une assurance technique, une élégance du geste qui les distinguent d'emblée et laissent deviner des tempéraments de solistes. Quand on les voit , le premier dans la variation lente du Prince Siegfried (pour moi, la seule variation purement Noureev vue en ce jour qui soit encore viable), le second dans la Mazurka d'Etudes, il me semble qu'ils n'ont pas à rougir, si l'on laisse de côté la maturité et l'expérience, face aux danseurs étoiles actuels de l'Opéra. Marchand reste celui qui a ma préférence, par son panache et cette espèce de fierté devenue rare à l'Opéra, même si Louvet était sans doute plus irréprochable. En-dehors de ces deux candidats, on a pu également remarquer, bien qu'encore un peu verts et inconstants, Jérémy-Loup Quer, à la danse brillante et bien articulée, Mathieu Contat, léger et doté d'un beau ballon (malheureusement, le choix de la variation de l'Acteur-Vedette de Cendrillon n'était pas très judicieux) ou, dans un tout autre genre, Adrien Couvez, danseur à la mobilité unique, toujours très à l'aise dans le registre contemporain (ici dans du Forsythe).
La classe des sujets a montré à mon sens un tout autre niveau d'ensemble et était, de loin, la plus enthousiasmante de la journée (ce qui n'est pas toujours le cas). Enfin on se réveillait! L'absence de promotion – qui ne me choque pas dans ce qu'elle suggère des idées de Millepied et de ce qu'il pourrait remettre en cause : le culte de la "médiocrité dorée" attachée à la promotion au mérite ou à l'ancienneté – tient selon moi au paradoxe suivant : incontestablement, nous avons vu là des danseurs brillants, dotés d'une vraie personnalité, qui nous tenaient, pour certains, en haleine, mais a-t-on décelé parmi eux le premier danseur, a fortiori l'étoile, indiscutable? On peut toujours se cacher derrière ce qui s'est fait ces dernières années (des promotions pas toujours franchement excitantes ou justifiées), mais quitte à tourner la page, tournons-la franchement, sur ce qui doit l'être... Sans doute le poste était-il réservé à Marc Moreau, déjà bien distribué par Millepied dans ses créations précédentes, mais sans démériter, il ne m'a pas semblé s'imposer non plus de manière évidente. Tous ou presque se tiennent dans l'imposée, avec les mêmes qualités (une variation bien articulée, bien répétée, montrée par Millepied himself il me semble) et les mêmes défaillances dans les tours en l'air-pirouettes et la réception finale, mais aucun ne se détache vraiment. La variation libre donne à voir de très belles choses – à chacun de choisir son préféré. Du côté des chouchous du public, je ne suis pas sûre que Fabien Révillion ait fait un très bon choix avec Raymonda (les raisons ont été évoquées plus haut), a fortiori si l'on tient compte du nouveau contexte. Sébastien Bertaud, avec le magnétisme si particulier qui le distingue, est comme d'habitude très bien, mais Le Rire de la Lyre ressemble plus à une « variation pour se faire plaisir » qu'à une variation pour passer premier danseur. Pourtant, c'est peut-être le seul de cette classe, toutes considérations sur l'âge mises à part, qui en avait - qui en a eu - l'envergure. Allister Madin fait de son côté un concours soigné, à la fois équilibré et investi, mais les espagnolades qu'il semble adorer (Don José cette fois) ne finissent-elles pas par le desservir? Je termine par mon coup de cœur personnel, qui va sans hésitation à Axel Ibot, non pas tant pour son Tchaïkovsky Pas de deux, qui n'était pas sans défaut, que pour son interprétation pleine de fougue et de flamme de la variation du Danseur en brun de Dances at a Gathering (le seul vrai moment d'émotion et d'excitation du concours pour moi) et à Florimond Lorieux dans Marco Spada (variation de l'acte III en rouge, immortalisée par David Hallberg) à la petite batterie époustouflante. Peut-être le candidat qu'on n'attendait pas... expliquant l'impasse finale.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Jeu Déc 04, 2014 12:20 pm Sujet du message: |
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Maria Kochetkova lève le voile sur le Saint des Saints, caché jusque-là aux yeux des profanes. Décidément tout fout l'camp!
http://instagram.com/p/wKU5jyEUSZ/
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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Ven Déc 05, 2014 5:24 pm Sujet du message: |
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Ethan Stiefel, qui est membre du jury du concours de promotion interne, est également le prof invité du Ballet de l'Opéra cette semaine. Il est interviewé par Marina Harss sur Dance Tabs.
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Alexis29
Inscrit le: 22 Avr 2014 Messages: 1248
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26523
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Posté le: Ven Déc 05, 2014 6:35 pm Sujet du message: |
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Contrairement à ce qui est écrit dans l'article, qu'un poste n'ait pas été pourvu n'est absolument pas une nouveauté. Récemment encore (il me semble que c'était il y a 3-4 ans), une place de 1ère danseuse était restée vacante pour cause de "TSF" (Tout Sauf Froustey)... |
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chloe.c
Inscrit le: 27 Fév 2012 Messages: 126 Localisation: France
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Ven Déc 05, 2014 7:03 pm Sujet du message: |
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Et dans l'absolu, il n'y a absolument rien de choquant à ce qu'un poste ne soit pas pourvu (dans la fonction publique, un jury se réserve ce droit si, par exemple, il estime que le niveau n'est pas suffisant). Inversement, il faudrait que l'on puisse en promouvoir un de plus quand la situation le mérite vraiment.
Qu'on l'aime ou pas, c'est quand même Froustey qui, ces dernières années, a été bloquée par le concours eu égard à ses distributions (et peut-être un peu plus).
Pour le reste, on est rassuré d'apprendre, ainsi que le suggère entre les lignes la danseuse étoile interviouvée, que c'est ce qu'ils font pendant l'année qui les fait progresser, non le concours! CQFD.
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sakura
Inscrit le: 01 Avr 2009 Messages: 40
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Posté le: Ven Déc 05, 2014 9:05 pm Sujet du message: Concours |
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Quand ils sont distribués...des pépites sont au placard pour des raisons inconnues ou pas très claires....trop râleur, trop discrète, pas assez bon camarade ou pas assez people....
Le concours avec ses défauts reste le seul moment pour découvrir certaines personnes.....
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Sam Déc 06, 2014 9:19 am Sujet du message: |
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C'est vrai, mais le reste - le "hors-scène" - existera toujours, concours ou pas concours. C'est la vie!
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 1935
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26523
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Posté le: Sam Déc 06, 2014 3:09 pm Sujet du message: |
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Sont promues Coryphées :
1. Ida Vikiinkoski
2. Jennifer Visocchi
Les trois postes restants ne sont pas pourvus. Pas de classement au-delà du 2ème rang.
Dernière édition par haydn le Dim Déc 07, 2014 12:13 am; édité 2 fois |
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