Dansomanie Index du Forum
Connexion S'enregistrer FAQ Liste des Membres Rechercher Dansomanie Index du Forum

Tournées du Bolchoï et du Mariinsky
Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 74, 75, 76 ... 112, 113, 114  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 1:25 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il se murmure que le ballet du Mariinsky est en petite forme ces temps-ci, compagnie exsangue en quête de leader, d'Étoiles - singulièrement masculines -, de rêve à vendre à des majors de promo de l'académie Vaganova qui préfèrent à la Teatralnaya ploshchad péterbourgeoise la moscovite, voire, horreur, les ors du Théâtre Michel.
Tout cela est sans doute vrai. Toujours est-il que la compagnie a offert ce soir, en ouverture de sa résidence londonienne, une immense représentation qui restera dans beaucoup de mémoires. Dans le Roméo et Juliette de Lavrovsky - dans lequel, il est vrai, la qualité des solistes compte éminemment -, La Vishneva en état de grâce, un Shklyarov parfait en Roméo, un Maestro Gruzin époustouflant en ont mis plus d'un en émoi.

Gros challenge pour Tereshkina et, surtout, Parish demain... La barre est haute Smile
Pour le corps de ballet, on attendra des programmes plus consistants pour voir...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 1:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne partage pas vraiment cet enthousiasme (mais Florestiano le sait, nous venons d'avoir un échange enflammé à ce propos par sms Wink : j'ai trouvé cette soirée plombée par la production.
Celle-ci nous est présentée dans le programme comme celle de la création. Probable. Ca n'empêche qu'on ne croit pas un seul instant à ce qui se passe sous nos yeux : esthétique d'opérette un peu "cheap", impression de bavardage sans fin, ensembles brouillon (pas très bien dansés du reste), pantomimes d'un autre âge (éclat de rire de mon voisin de la rangée derrière, célèbre journaliste pas toujours très tendre, en voyant 3 sortes de pleureuses issues d'un Moyen-Orient antique surgir des coulisses après la mort de Tybalt, en agitant leurs bras comme si elles avaient vu le sorcier).

L'ennui plane assez souvent, éclipsé uniquement par les Pas de Deux du couple principal. Et puis il y a des seconds rôles franchement pas au niveau. On a eu droit à des toupies désaxées, des sauts finalement proches de ce que l'on voit à l'ONP (c'est tout dire)... Pour un duel Mercutio-Tybalt bien envoyé, il y a eu auparavant quantité de danses de caractère qu'on aurait imaginées plus enlevées de la part d'une compagnie comme le Mariinski. Et dans l'ensemble le corps de ballet ne m'a pas semblé en très grande forme, la synchronisation laissait souvent à désirer, ça manquait de panache, c'était brouillon, sans énergie. Très franchement si c'est cela qu'on nous présente comme le modèle à suivre, je ne comprends pas, on a eu bien mieux au Royal Ballet cette saison, et je dirais même à l'ONP.

Concernant le couple principal, j'en retiens surtout le Roméo superlatif de Vladimir Shklyarov, que je n'avais encore jamais vu sur scène, et qui a été pour moi une grande découverte. Il est Roméo jusqu'au bout du moindre orteil, que ce soit techniquement, artistiquement, dans la juvénilité du personnage, l'engagement, la flamme, la mélancolie... Un des meilleurs Roméo que j'aie vus.
Je serai probablement le seul sur ce fil à émettre un tout petit bémol concernant Diana Vishneva : toute la première partie est formidable, de juvénilité (eh oui !), de sensibilité, d'engagement, de beauté du geste et de maîtrise technique. J'en attendais beaucoup pour la suite, et pourtant j'ai été un peu déçu par le dernier acte, certes très bien interprété, mais où selon moi elle n'a pas atteint l'intensité absolument bouleversante que savent générer ici à Londres les Rojo, Cojocaru et Nunez, il est vrai dans une chorégraphie (McMillan) qui aide davantage à émouvoir... Disons que j'ai été émerveillé par la performance, mais je n'ai pas été ému un seul instant.

L'orchestre a souvent joue faux dans les soli instrumentaux, en revanche le chef (Boris Gruzin) était remarquable dans la conduite de la tension, là-dessus je rejoins tout à fait Florestiano. Il est d'ailleurs intéressant d'entendre une toute autre partition, dans la rapidité des tempi et l'absence totale de langueur, que celle que l'on entend généralement tant à Londres qu'à Paris et également en concert, qui tendent de plus en plus dans le pathos. Le Mariinski nous rappelle que cette oeuvre de Prokofiev est tout sauf ça...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
frederic



Inscrit le: 23 Jan 2007
Messages: 976

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 2:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne me prononce pas sur les spectacles londoniens que je n'ai pas vus mais je dois dire que je suis grand fan de la production de Leonid Lavrovsky dont découlent d'ailleurs toutes les autres. Certains éléments ont peut être vieilli mais la dramaturgie en est fantastique. Je l'ai vue quelquefois au Mariinsky, notamment avec Diana Vishneva et Leonid Sarafanov, aussi bien en Roméo qu'en Mercutio. Je ne sais pas dans quel état se trouve aujourd'hui la compagnie, mais j'espère, Paco, que vous êtes un peu sévère...
Quant aux critiques américaines sur le Bolshoï, on comprend la frustration des balletomanes de revoir encore et encore les mêmes productions, mais je trouve les critiques bien méchantes et injustes à propos de Grigorovitch: certes, la tyrannie qu'il a exercée sur la compagnie n'est pas à sa gloire mais il demeure à mon sens un chorégraphe de premier ordre, et non! Tout n'est pas à jeter dans la ballet soviétique. Alastair Macauley semble dire qu'au fond, avant 1989, le Bolshoï ne valait pas grand chose. C'est faux! On peut être réticent à cette esthétique mais elle n'est pas nulle. Cela dit, une fois encore, moi aussi je préfère voir les créations récentes du Bolshoï et du Mariinsky et non pas Le Lac et DQ encore et toujours. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai renoncé à aller à Londres (en lisant le programme, je m'étais rendu compte que j'avais vu déjà plusieurs fois tous ces ballets il y a 10 ans...avec les mêmes interprètes...) où il manque à côté des blockbusters un ou 2 ballets créés ces dernières saisons: Anna Karenine par exemple...




Dernière édition par frederic le Mar Juil 29, 2014 11:32 am; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 7:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Concernant les critiques new-yorkaises du Bolchoï, il faut, je pense, faire la part des choses entre la lassitude sans doute compréhensible des habitués, de surcroît balleto-globe-trotters, et des "spécialistes" (quoique, pour ceux-là... la dernière venue du Bolchoï en ces lieux remonte à pas mal de temps déjà, ce n'est pas comme s'il venait chaque année) et la politique, très peu neutre, de guerre froide actuelle, particulièrement lisible dans un journal comme le New York Times (demandez à David Hallberg ce qu'il en pense...). Macauley n'est évidemment pas sans talent, mais cela fait des mois (au moins depuis son voyage à Moscou) qu'il nous répète la même chose - le Bolchoï revient à ses vieux démons soviétiques, dont il se pose subitement en grand spécialiste, mon dieu, quelle horreur, etc, etc..., comme s'il n'y avait rien de neuf à côté ou comme si tous ces "vieux" ballets n'avaient pas fait constamment partie du répertoire du Bolchoï, y compris durant le règne du dieu Ratmansky. C'est vraiment drôle de lire ça sous la plume de quelqu'un qui passe son temps à défendre le répertoire anglo-américain le plus plan-plan qui soit (j'adore Balanchine and co, ce n'est pas la question, mais bon...) ou des ringardises complètes comme Alvin Ailey, et ce, au détriment de chorégraphes actuels plus novateurs. M'est avis en tout cas que beaucoup ici auraient aimé encore avoir à voir la triplette Lac/DQ/Spartak, assortie de surcroît d'une Giselle, en lieu et place d'Illusions perdues. Bref, encore et toujours le même conflit entre les partisans des blockbusters, qui font à coup sûr entrer des sous, et ceux de la nouveauté, peut-être pas si nombreux que cela en réalité. Maintenant, je pense qu'une grosse tournée, dans une capitale qui compte, se doit d'équilibrer les choses - le Bolchoï avait toujours plus ou moins réussi à le faire à Londres, à Paris même - et là, pour NY, c'est vrai, c'est caricaturalement raté. J'adore DQ, j'adore Spartacus, qui sont des piliers incontournables du Bolchoï, mais quitte à emmener aussi dans les bagages Le Lac et Giselle (dont les productions sont constamment critiquées en Occident) - avec des distributions à mon avis inégales actuellement -, il aurait fallu en proposer des productions rajeunies (espoir! je crois que c'est au moins prévu dans l'avenir pour Giselle), sur le plan scénographique et/ou chorégraphique, comme cela avait été le cas avec Le Corsaire ou Coppélia, merveilleux exemples du renouvellement réfléchi du répertoire classique.

Concernant le Mariinsky, Anna Karénine avait été donné à Londres il y a deux ans (et non Le Petit Cheval Bossu, ce qui avait beaucoup attristé nos voisins). Je trouve le programme de cette année globalement pas si mal, indépendamment de mes goûts personnels (il y a des "classiques" Mariinsky que je préfère, Le Lac bien sûr, c'est inévitable et le leur est excellent, mais aussi DQ, La Bayadère - donnés la dernière fois - ou Giselle - qui manque), le problème est simplement que le Mariinsky n'a pas la créativité ni le pouvoir d'excitation actuel du Bolchoï (hors le très relatif "raté" new yorkais), qui peut de surcroît presque constamment aligner des distributions B ou C qui valent largement des distributions A d'ailleurs. Cela dit, je ne sais pas si c'était une si bonne idée d'ouvrir à Londres, dans ce théâtre emblématique, avec ce "paléo" R&J de Lavrovsky (qui, pour moi, a ses beautés et ses grandeurs - quelle scène finale tout de même!), ils l'avaient déjà fait la dernière ou l'avant-dernière fois et nous savons déjà ce que vont en écrire les critiques (de toute façon, il n'y a rien de mieux que MacMillan - exactement comme ici avec les noureevolâtres -, production poussiéreuse et grossière, sauvée in extremis par un couple fabuleux...). Pour le reste, et indépendamment de cette première que je n'ai pas vue, je rejoins Paco sur la pob/bopisation du Mariinsky (même si ça me fait mal de l'écrire) : distributions erratiques, blessures (ou autres) en rafale, talents mis au placard, jeunesse promue sans préparation suffisante et pas toujours à même de convaincre pleinement, sinon une poignée d'éternels ravis, stars distribuées au compte-goutte pour assurer la réputation, enthousiasme en scène modeste... Et j'ajouterais à cela, c'est là l'excuse que d'autres n'ont pas forcément, un corps de ballet ultra-sollicité, malmené, voire épuisé (quand on voit leur calendrier de représentations non-stop, les tournées incessantes, cela paraît parfois à la limite de l'humain). J'ose penser toutefois qu'ils sont encore capables certains soirs de ces miracles qui n'appartiennent qu'aux grands.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 9:20 am    Sujet du message: Répondre en citant

Hannah Weibye ouvre le bal des critiques, dans TheArtDesk.com : http://www.theartsdesk.com/dance/romeo-and-juliet-mariinsky-ballet-royal-opera-house


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 10:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Dans la loge de Viktoria Tereshkina et les ateliers de décors du Mariinsky, avec Sarah Crompton, du Telegraph, en visite officielle à Saint-Pétersbourg : http://www.telegraph.co.uk/culture/theatre/dance/10991550/Backstage-at-the-Mariinsky-Theatre.html

Le Telegraph nous promet des reportages en coulisses durant toute la tournée londonienne du Mariinsky. Comme l'an dernier avec le Bolchoï, il y aura également un streaming en direct de la classe du matin, le 6 août à 10h50 (heure de Londres). Very Happy


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 11:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Concernant le Bolchoi à NY, s'ils ont commencé leur tournée par le Lac de Grigorovitch, je peux comprendre la déception des New-Yorkais, et ça n'a pour moi rien à voir avec la guerre froide qui sévit en ce moment. L'an dernier à Londres on a subi une semaine entière de ce Lac catastrophique et ça a bien plombé le démarrage de la tournée du Bolchoi à Londres. On ne va pas en refaire un fil, mais autant Spartacus, voire DQ, valent le détour (et évidemment les Corsaire et autres résurrections de ces dernières années), autant ce Lac est vraiment mauvais, tant dans l'esthétique que dans certains parti-pris, par exemple celui de reléguer Siegfried à un faire-valoir insipide. Et si de surcroît ils y ont mis les mêmes distributions qu'à Londres l'an dernier, alors je comprends vraiment la déception des new-yorkais...

En revanche, pour en revenir à Londres, l'an dernier le Bolchoi, pour ce Lac, avait au moins présenté un corps de ballet renversant de précision et de classe (les solistes en revanche étaient distribués à contre-emploi). On comprenait l'intérêt d'une tournée et on se disait "ouch ça va être difficile de revenir au Royal Ballet et à l'ONP à la rentrée". Cette année, le Mariinski ne m'a pas du tout produit cet effet, bien au contraire, tout au long de ce R&J je me suis dit que la moindre compagnie européenne était supérieure en précision et engagement. Mais Sophia nous en fournit des explications juste au-dessus (surmenage, trop de tournées etc.).

Pour ce qui est des relations Occident-Russie, hier soir j'étais assis dans une partie du parterre où régnait une forte concentration de VIP et Milords / Miladies. Je peux affirmer qu'il y régnait une certaine excitation enthousiaste avant le lever de rideau, à laquelle je ne m'attendais pas. Mais cette ambiance réjouissante s'est transformée en congélateur médusé au fur et à mesure que la soirée avançait... Et il ne faudra pas le mettre sur le compte de la guerre froide, mais bien sur la déception d'un niveau d'ensemble qui ne correspond pas aux attentes. En revanche ils ont tous bruyamment applaudi et même ovationné Vichneva et Shklyarov (eh oui, même des Milords crient "bravo" !) Wink


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 1:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
Cela dit, je ne sais pas si c'était une si bonne idée d'ouvrir à Londres, dans ce théâtre emblématique, avec ce "paléo" R&J de Lavrovsky (qui, pour moi, a ses beautés et ses grandeurs - quelle scène finale tout de même!), ils l'avaient déjà fait la dernière ou l'avant-dernière fois et nous savons déjà ce que vont en écrire les critiques (de toute façon, il n'y a rien de mieux que MacMillan - exactement comme ici avec les noureevolâtres -, production poussiéreuse et grossière, sauvée in extremis par un couple fabuleux...).

Il faut croire que paco devient plus Brit que les Brits de ce point de vue. Lyndsey Winship du London Evening Standard écrit exactement cela, sophia, et ce n'est probablement pas la dernière : http://www.standard.co.uk/goingout/theatre/romeo-and-julietmariinsky-ballet-royal-opera-house--dance-review-9634569.html
Cela étant, les balletomanes anglais avec lesquels j'ai parlé trouvaient plutôt bienvenue cette production très très éloignée de la production canonique de McMillan - et personnellement, modulo quelques passages grotesques, elle m'a beaucoup plu, j'en dirai quelques mots.

Sinon, cela ne me paraît pas dénué de pertinence - voire d'élégance - que d'ouvrir la tournée à Londres sur une oeuvre inspirée d'un des fleurons universels de la culture anglaise. (Je crois me rappeler que d'aucuns s'étaient échinés à sauver les Illusions perdues, présentées par le Bolchoï à Paris, sur la base de ce motif, d'ailleurs Wink...)


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 1:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Florestiano a écrit:
(Je crois me rappeler que d'aucuns s'étaient échinés à sauver les Illusions perdues, présentées par le Bolchoï à Paris, sur la base de ce motif, d'ailleurs Wink...)


Ah non Florestiano, ne venez pas relancer ce débat, on aura déjà assez d'occasions de s'écharper sur ce Roméo... Wink


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 2:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas besoin d'être grand clerc pour deviner à l'avance, ici ou ailleurs, ce que va penser ou écrire une partie du public et de la critique sur certains ouvrages et/ou certaines compagnies... Pour l'ouverture sur Roméo et Juliette, je disais cela sans grande conviction, en pensant surtout à la réception de la fois dernière (ils ont juste à changer les noms...), car, au fond, je crois que ce R&J a parfaitement sa place et dans le répertoire du Mariinsky et dans une tournée internationale. Le Mariinsky est dépositaire d'une oeuvre qui, certes, n'y a pas été tout à fait créée, mais qui y a acquis une place particulière historiquement parlant et dans laquelle ses plus grandes figures ont pu devenir ce qu'elles sont (Vichneva, entre autres). Il ne s'agit pas là d'une quelconque version (comme Le Lac, qui a existé au Bolchoï avant Grigo et existera après lui, à l'instar des Noureev ici) - mais bien du ballet princeps qui a déterminé toutes les versions chorégraphiques ultérieures. On pensera ce qu'on veut de cette mise en scène, qui a des aspects évidemment datés (le découpage en tableaux, la pantomime omniprésente...), mais aussi superbes (les lumières, l'inspiration florentine des décors, le lamento de Lady Capulet, la mort des amants...), mais je n'ai personnellement aucune envie de voir le Mariinsky nous danser MacMillan, Cranko, Noureev ou un autre, even if they are more challenging for the dancers of today, as the British critics would say.




Dernière édition par sophia le Mar Juil 29, 2014 2:09 pm; édité 2 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 2:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Florestiano a écrit:
Lyndsey Winship du London Evening Standard écrit exactement cela, sophia, et ce n'est probablement pas la dernière : http://www.standard.co.uk/goingout/theatre/romeo-and-julietmariinsky-ballet-royal-opera-house--dance-review-9634569.html


Précisons tout de même que l'Evening Standard n'est pas ce qu'il y a de mieux comme presse UK... C'est juste une lecture agréable pour passer le temps dans le métro

Ceci étant, une phrase de l'article résume parfaitement mon ressenti d'hier : l'absence d'émotion. Due à mon avis au côté trop "bavard" de cette production, ça gesticule tout le temps, de façon désordonnée et presque mécanique.

A l'inverse, les rares moments que j'aie trouvés intéressants (en dehors, bien entendu, des magnifiques Pas de Deux) sont les passages très expressionnistes, ancrés dans la période de la création, mais qui justement sont sans doute ceux qui vieillissent le mieux. Je pense notamment à ce Capulet véritablement effrayant, personnage qui n'a rien à voir avec le Capulet de Shakespeare. Ici tout droit sorti d'un film d'Eisenstein, par son décalage et son côté quasi "muséal" il donne tout son sens à cette production. Mais ces moments se comptent sur les doigts d'une seule main.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
frederic



Inscrit le: 23 Jan 2007
Messages: 976

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 2:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas d'accord Paco! Il y a au delà des pas de 2 des moments que je trouve magnifiques, notamment la mort de Mercutio puis de Tybalt, l'enterrement de Juliette, la scène des amis de Juliette dans la chambre. Il m'a toujours semblé que cette version originelle était au plus près de l'œuvre de Shakespeare. J'aime beaucoup les versions MacMillan et plus encore Cranko mais pour moi, rien ne surpasse la version Lavrovsky. Et l'émotion peut tout à fait surgir, peut être pas hier à Londres, et je veux bien croire que tout n'était pas réglé de manière optimale. Mais je ne pense pas qu'il faille incriminer la production.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
frederic



Inscrit le: 23 Jan 2007
Messages: 976

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 3:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et pour poursuivre sur le choix des ballets de cette tournée, je comprends mal que le Mariinski vienne à Londres avec Marguerite et Armand d'Ashton dans le théâtre où il fut créé par Margot Fonteyn et Rudolf Noureev avant d'être repris par Sylvie Guillem et Nicolas LeRiche/Jonathan Cope. Imagine-t-on le Royal Ballet montrer Le Lac des Cygnes à Saint Petersbourg? Grotesque!...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 3:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

frederic a écrit:
des moments que je trouve magnifiques, notamment la mort de Mercutio puis de Tybalt,


pas mal en effet, en tous cas hier c'est le seul moment où les interprètes de ces deux rôles se sont un peu réveillés

frederic a écrit:
l'enterrement de Juliette


Si vous faites allusion à la scène du cimetière, alors oui, c'est clairement le tableau que j'ai préféré, une ambiance très prenante, probablement le seul moment de réelle émotion que j'aie eue hier soir (avec la scène du balcon au Ier acte)

frederic a écrit:
la scène des amis de Juliette dans la chambre.


Alors là je me suis clairement endormi, je n'en pouvais plus d'ennui ! Mais la production n'est probablement pas la seule raison, les danseurs / danseuses à ce moment étaient eux aussi complètement éteints et transparents, ça n'a pas aidé...

frederic a écrit:
Mais je ne pense pas qu'il faille incriminer la production.


Je suis assez d'accord que la production n'était pas le seul problème hier soir. J'en profite pour rebondir sur le post de Sophia : oui, moi aussi évidemment, quand le Mariinski vient en tournée, j'attends qu'il présente Roméo, Le Lac et certainement pas un énième Balanchine que l'on voit très bien ailleurs. Le problème, c'est que pour défendre une pièce comme ce R&J "muséal", il faut y mettre de la conviction, de la perfection, que ce soit très convaincant. Le Spartacus du Bolchoi aurait pu provoquer un immense éclat de rire à Paris et Londres, par son côté soviéto-caricatural, s'il n'avait pas été défendu avec un soin et un brio aussi irréprochables. De même, quand l'ONP est parti présenter Giselle à Sydney, ils étaient très prêts, et ils se sont d'ailleurs bien dispensés de présenter des Nureyev, ballets pour lesquels le savoir-faire d'aujourd'hui n'est plus tout à fait celui des années de la création...

Eh bien, pour présenter ce R&J qui peut très vite tomber dans le délayage confus, le Mariinski ne me semble pas, hier, y avoir apporté tout le soin et l'énergie qu'il aurait fallus. Pas un seul ensemble où les danseurs soient retombés sur le sol de façon synchronisée (ce qui a donné l'inévitable -bombombombom des pieds retombant en désordre sur le plancher-), pas une seule scène de bataille où les épées aient été croisées en rythme (comme elles sortaient tout droit de ToysRus, ça donnait glingglinglingling en désordre avec le bruit de fourchettes en plastique qu'un gamin tapote sur une table), des sauts d'une hauteur que le moindre Coryphée parisien trouverait à sa portée, des toupies désaxées, aucune conviction dans les scènes de genre (qui du coup paraissent interminables), seuls le Capulet très investi et le Tybalt bon acteur (mais danseur moyen) sortant du lot.

Présenter cette production, oui, cela présente un intérêt certain (et je pourrais ici lister au moins une bonne dizaine de découvertes que j'ai faites, de scènes où j'ai réalisé à quel point les chorégraphies occidentales des décennies successives se sont éloignées de la vérité de l'oeuvre), mais pour que les inévitables décalages d'époque ne prêtent pas au ridicule, il faut y mettre les moyens...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 5:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vous exagérez, paco, n'étiez-vous pas d'humeur grognonne hier ?

Sergeyev a livré une mort de Mercutio de haute tenue et, si les ensembles de garçons étaient parfois - je ne dirais pas souvent - approximatifs, les ensembles de filles étaient eux très bien réglés.
Je ne pense du reste pas que ce soit le genre de ballets où le corps de ballet ait une influence déterminante sur l'appréhension qu'on en a.

Heureux de voir que frederic parvient à vous arracher quelques menus motifs de satisfaction Razz


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 74, 75, 76 ... 112, 113, 114  Suivante
Page 75 sur 114

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous pouvez voter dans les sondages de ce forum


Nous Contacter
Powered by phpBB © phpBB Group
Theme created by Vjacheslav Trushkin
Traduction par : phpBB-fr.com