Saison 2013-2014 à l'Opéra de Paris et ailleurs : bilan

[haydn]

Petit "marronnier" annuel, le bilan de la saison de danse, 2013-2014 cette fois.

Je vous invite donc à revenir sur les spectacles qui vous auront le plus marqué, en bien ou en mal, à l'Opéra de Paris et ailleurs, en France et à l'étranger.

Pour ma part, je retiendrai tout particulièrement quatre performances :

- La magnifique prestation d'Eve Grinsztajn dans Mademoiselle Julie (Birgit Cullberg) lors de la soirée De Mille / Cullberg à l'Opéra de Paris - à noter aussi l'excellente performance de Nolwenn Daniel en meurtrière psychotique (Fall River Legend), au cours du même spectacle. On peut d'ailleurs regretter que l'Opéra de Paris n'ait pas davantage communiqué autour de ce programme original et de haut niveau de qualité, finalement bien plus intéressant qu'une n-ième resucée approximative d'un classique revu par Nouréev.

- L'ultime duo de rêve Isabelle Ciaravola / Hervé Moreau qui se sont tous deux surpassés dans Onéguine, à l'occasion des très émouvants adieux à la scène de la si populaire ballerine venue d'Ajaccio.

- L’époustouflant Quasimodo de Nicolas Le Riche - aux côtés d'une superbe Eleonora Abbagnato/Esmeralda - lors de la dernière représentation "ordinaire" du jeune retraité. Une soirée à mon sens bien plus mémorable et réussie que celle des adieux "officiels" - émaillés de multiples rebondissements - lors du gala à l'Opéra Garnier le 9 juillet.

- La renaissance de Marco Spada au Bolchoï, remonté par la compagnie russe - sous la supervision de Pierre Lacotte et de Gil Isoart -, avec le plus grand soin et un luxe rarement vu dans la réalisation de la scénographie. Cela aura aussi été pour moi l'occasion de découvrir l'extraordinaire virtuose qu'est Semyon Chudin, as de la petite batterie qui n'a rien à envier aux meilleurs représentants de l'école française.


Au chapitre des créations, on soulignera la réussite de Daphnis et Chloé, de Benjamin Millepied, à l'Opéra Bastille. L'ouvrage a également bénéficié d'une scénographie et d'un accompagnement musical de qualité. Seul regret, la soirée aura été un peu plombée par la reprise en demi-teinte de Palais de Cristal, avec des costumes en couleurs, certes, mais pas de reconstitution du décor de 1947, et qui a souffert de défaillances en série des solistes principaux, remplacés tant bien que mal par les quelques valides restant, et qui n'avaient pas toujours eu le temps de travailler les rôles ensemble.

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[PetitCygne]

Dans la catégorie "ailleurs" : je citerai la soirée du Béjart Ballet de Lausanne au château de Versailles, avec un superbe Julien Favreau dans le Boléro

Onéguine pour les adieux d'Isabelle Ciaravola qui en a fait pleurer plus d'un (j'en suis !)

Le pas de deux de la porte d'Appartement de Mats Ek, Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche pour ses adieux

[alila]

Je suis certainement d'accord avec les prestations d'Ève Grinsztajn et Nolween Daniel en mars sur le programme Fall River Legend et Mlle Julie. Elles étaient vraiment excellentes toutes les deux! J'ai beaucoup apprécié Mlle Grinsztajn dans Doux Mensonges de Kylian en novembre 2013, pour moi c'est une des personnalités les plus intéressantes de la compagnie pour le répertoire néoclassique.

Également d'accord pour les incroyables adieux d'Isabelle Ciaravola aux côtés d'Hervé Moreau, très intenses! Une étoile qui partait vraiment à son sommet dans son repertoire de choix. Je retiendrais également sa Dame aux Camélias en septembre 2013 à l'ouverture de la saison.

La soirée du Béjart Ballet Lausanne était également remarquable, mais plus que le Boléro excellent de Julien Favreau, je retiendrais le plaisir de voir les Sept Danses Grecques avec Oscar Chacón, très chaleureux avec un super sourire, ainsi que les autres solistes, au coucher de soleil à l'orangerie au Chateau de Versailles (que je n'aime que pour les jardins justement).

Daphnis et Chloé de Millepied était une agréable soirée, en effet beaucoup plus marquant que Palais de Cristal, autant pour la scénographie que pour les solistes.

Mon seul regret c'est de n'avoir pas pu voir le Lac de Maillot et le NDT à Chaillot en juin (contraintes budgétaires, heureusement il me restait l'abonnement jeune à l'Opéra!) merci aux dansomaniaques qui ont partagé leurs impressions de ces deux soirées.

[Eva]

Je n'ai pas vu tous les ballets cités.

Pour ma part, ce sera :

- Les adieux d'Isabelle Ciaravola dans Onéguine, quel ballet merveilleux, quelle émotion.
- La prestation de Nicolas Le Riche dans Le jeune homme et la mort lors de ses adieux. J'ai rarement été aussi captivée et émue.
- Les adieux d'Agnès Letestu dans la La dame aux camélias.

[sophia]

Beaucoup moins de représentations de ballet pour ma part cette année, mais des souvenirs bien plus forts, qui me viennent assez naturellement à l'esprit, sans ordre particulier :

La recréation de Marco Spada au Bolchoï en novembre. Pour le ballet, pour le corps de ballet, et pour les solistes : Obraztsova et Hallberg dans les rôles d'Angela et Marco, mais surtout le couple Smirnova/Chudin dans ceux de la Marquise Sampietri et du Prince Frederici. Ce couple de rêve, je l'ai revu avec bonheur dans Diamants lors de la retransmission au cinéma de Joyaux et "en vrai" à Hambourg dans le seul pas de deux de Diamants. Bolchoï toujours, comment ne pas mentionner aussi, pour l'avenir, le jeune Igor Tsvirko dans le rôle du Comte Pepinelli, puis dans celui de Marco sur une autre distribution...

Les adieux de Ciaravola dans Onéguine en février. Pour les adieux eux-mêmes, mais sans doute plus encore pour la représentation elle-même (pas sûre que tous les adieux se déroulent sur des représentations d'une qualité aussi exceptionnelle) et le couple formé avec Hervé Moreau. Je n'étais pas a priori "fan", mais là s'est imposée à moi ce que peut être l'image d'une étoile, paradoxale et advenue sur le tard, devenue l'étoile par excellence.

La venue du NDT à Paris en juin. Pour son programme, pour ses chorégraphes, d'aujourd'hui ou d'hier, pour ses danseurs. Une compagnie que j'ai toujours adorée, mais qui "ne vieillit pas".

Il y eut aussi, ne nous le cachons pas, des déceptions notables (il y en a d'anodines qu'on ne retient même pas), bien qu'à des degrés divers : Notre-Dame de Paris, qui est un peu le "no comprendo" de l'année - et ce n'est pas la faute des danseurs - ; la soirée des adieux de Le Riche, où l'émotion escomptée n'était pas vraiment là (peut-être parce que pour moi, ce fabuleux danseur était déjà parti depuis quelques saisons...).

En bonus :

Des découvertes chorégraphiques : Christopher Wheeldon, que je connaissais mal, au travers de Winter's Tale avec le Royal Ballet, Ghosts et Within the Golden Hour avec le SFB ; Mademoiselle Julie de Birgit Cullberg, entré au répertoire de l'Opéra de Paris.

Des personnalités : David Hallberg dans La Belle au bois dormant version Noureev et Diana Vichneva dans Psyché - deux artistes qui ne sont certes pas des découvertes, mais qui me semblent, sinon au faîte de leur carrière, du moins dans une forme d'accomplissement artistique digne d'admiration.

Un bref moment d'éternité enfin : l'adage du pas de deux du Corsaire avec Alina Cojocaru et Yonah Acosta au gala Nijinsky de Hambourg.

[Pink Lady]

De très bons souvenirs pour moi aussi cette saison, bien au-delà de ce que j'aurais imaginé en septembre :

- La Belle au Bois Dormant à l'Opéra de Paris en décembre : coup de foudre pour cette production que j'attendais kitch (ce qui fut le cas de celle du Royal Ballet, la déception de l'année) et qui s'est révélée grandiose, portée par un corps-de-ballet au diapason, un orchestre qui touche au sublime lorsqu'il le veut bien et de belles surprises dans les distributions.

- Les Kings of the Dance au London Coliseum en mars : le roi Vassiliev, inégalable dans Le Jeune Homme et la Mort (on peut le dire maintenant que Nicolas Le Riche s'est retiré de la compétition...) et plein de sensibilité dans le solo d'Eric de Bana, Roberto Bolle capable d'autodérision et la joie de découvrir des danseurs dont je ne connaissais que le nom.

- Le programme Serenade / Sweet Violets / Danse à Grande Vitesse au Royal Opera House en avril : pour le ballon de Mss Osipova, Nuñez et Cuthbertson dans Serenade, la symbiose totale entre la partition, le violoniste et la pièce de Liam Scarlett, l'électricité et le glamour de "DGV".

- Manon à l'American Ballet Theatre en juin : une production différente mais toute aussi belle que celle de Londres ou Paris et l'occasion de découvrir sur scène un couple en parfaite osmose : la générosité de Marcelo Gomes, l'incandescence de Diana Vishneva, accompagnés des flamboyants Herman Cornejo et Misty Copeland.

[Florestiano]

Côté stats, il est clair que cette saison n'a pas été la plus dense qui soit pour moi en matière de ballet.

Au rang des tops :

- À l'Opéra de Paris, le 28 février 2014 est une date à jamais gravée dans mon parcours ; ces adieux d'une Isabelle Ciaravola au sommet de son art dramatique ont sans doute, pour tout un tas de raisons, marqué, plus que ma saison, ma vie de spectateur. Par ailleurs, parmi toutes les fois où j'ai vu Ciaravola danser ce rôle, probablement la plus immense représentation,

- Au Mariinsky, la Sylvia d'une Victoria Tereshkina qui irradie de son insolente gloire technique, dramatique, pantomimique, et tout ce qu'on veut,

- Au Coliseum, la série du Corsaire. Je reste sidéré qu'une compagnie comme l'ENB puisse aligner des distributions de solistes aussi époustouflantes (je me pose régulièrement la question de savoir quels quatuors pourraient au sein de notre compagnie nationale assumer ce spectacle avec autant de panache...). Le moment qui fait la différence : l'adage mentionné par sophia, mais avec Cojocaru et Muntagirov...

Heureux aussi de voir que la création "classique" et narrative se porte remarquablement, qu'il s'agisse des adaptations d’œuvres de Shakespeare ultra-complexes (A Winter's Tale au Royal Ballet, Le Songe d'une nuit d'été à Genève ou The Tempest à Amsterdam) ou de Daphnis & Chloé à l'Opéra de Paris. À des degrés divers, de vraies et réjouissantes réussites !

Au rang des flops :

- la création de Teshigawara à l'Opéra de Paris, archétype de la pièce faussement chic, gâchis innommable de talent, un ratage total, dont je ne vois pas le moindre élément qu'il pourrait y avoir à sauver (même nos pauvres danseurs y sonnaient faux),

- la série d'Illusions perdues par le ballet du Bolchoï, largement commentée ici. Là encore, tous ces talents pour *ça*. Quand on pense au plaisir qu'on aurait pu prendre à revoir cette compagnie sur les planches de Garnier dans d'autres programmes...

- Scaramouche par l'École de danse, sommet de mièvrerie et de démagogie.

(Restent encore quelques soirées outre-Manche avant le début de la saison prochaine, mais je ne pense pas qu'elles viennent bouleverser la hiérarchie de mes impressions générales sur la saison écoulée )

[Pomme]

Tout en haut, je mettrais

Isabelle Ciaravola/Karl Paquette pour leur dernière Dame aux Camélias
et
Isabelle Ciaravola/Hervé Moreau dans Onéguine lors de la soirée d'adieux du 28 Février

puis la belle au bois dormant pour le corps de ballet, l'orchestre, mais aussi l'oiseau bleu de François Alu

Si le service de billetterie/réservation de l'ONP mérite la "noix d'honneur" de l'année pour la soirée Nicolas le Riche, (je fais partie de ceux qui n'ont pu voir le spectacle qu'en ligne) le jeune homme et la mort fait partie, de mon point de vue, des plus grands moments de danse de la saison de l'Opéra de Paris.

[Hendiadyn]

Mince, personne ne mentionne les adieux d'Agnès Letestu dans La Dame aux camélias ? Ça date un peu, mais c'est de cette saison aussi ! Pour moi, ça a été vraiment le grand moment de la saison, j'ai été émue comme jamais...

[pedro]

Haydn, j'ajoute une fleur à votre marronnier, Dances at a Gathering, pour moi chef d'œuvre de raffinement et d'humour que personne n'a semblé apprécier dans ce forum. Tant pis!

[haydn]

Si Dances at a gathering n'a jusqu'à présent pas été cité, c'est peut-être dû non à la chorégraphie elle-même, mais à l'absence de soliste vraiment marquant lors des représentations de juin / juillet - là aussi, la série aura fait les frais de la défection de plusieurs solistes et le transfert d'autres en provenance de ou vers Notre-Dame de Paris pour boucher les trous dans les distributions d'un côté à mesure qu'ils se creusaient de l'autre... le syndrôme de feu le Sapeur-Camember, en quelque sorte.

Si moment marquant il y a eu, avec Dances at a Gathering, ça aura été pour moi la dernière apparition sur scène de Christophe Duquenne même si, personnellement, j'aurais aimé qu'on fasse à cet excellent danseur qui, comme Karl Paquette, a très souvent été sollicité pour sauver in extremis des représentations suite à blessure des titulaires, l'honneur d'adieux sur un "vrai" rôle tel que Frollo.

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[Pink Lady]

Ou sur Des Grieux l'an prochain... mon principal regret ces dernières saisons aura été de le manquer dans ce rôle suite à son retrait des distributions. Il aura tout de même pu danser une dernière fois le prince de La Belle au Bois Dormant en décembre dernier.

[Ornella]

Je n'ai pas vu autant de représentations que certains d'entre vous, mais à mon petit niveau, cette saison a été bien remplie ! Je vais donc dire un mot sur tous les ballets que j'ai vus (ou plutôt découverts), ce que je n'ai pas toujours fait au cours de l'année.

Cela a commencé très fort, puisque j'ai vu pour la première fois Aurélie Dupont en chair et en os, dans La Dame aux camélias. Je sais que ça fait très "amateur-de-base-qui-ne-connaît-que-cette-étoile", mais maintenant que je peux mettre un visage (et même plus) sur une bonne partie des danseurs de l'Opéra, je maintiens qu'elle est ma favorite, cela ne s'explique pas... Ce fut également l'occasion de découvrir le magnétique Hervé Moreau, dont je suis une inconditionnelle depuis. C'est un couple très harmonieux.

Vers Noël, j'ai été éblouie par La Belle au bois dormant, et la technique parfaite d'Amandine Albisson.

Mi-février, j'ai été bouleversée par Isabelle Ciaravola dans Onéguine, une étoile que je voyais pour la première... et la dernière fois.

Sur un coup de tête, j'ai fait le déplacement depuis ma province pour revoir Aurélie Dupont dans Mlle Julie... Et je n'ai pas du tout regretté ! D'autant qu'elle dansait avec Nicolas Le Riche, que je n'ai pas eu l'occasion de revoir "en vrai" par la suite.

J'ai terminé la saison avec deux représentations de la soirée Robbins / Ratmansky (dont une avec Aurélie ), et même si j'ai été plus enchantée par Psyché (le merveilleux, ça me parle), Dances at a gathering m'a beaucoup plu. J'ai vécu un bon moment dans ma loge avec des balletomanes enthousiastes, qui ont lancé des dizaines de "Bravo !" à Christophe Duquenne pour sa dernière. J'ai eu la chance de voir deux fois Diana Vichneva, dont le charisme est infini...
Dans le corps de ballet, j'ai notamment remarqué Letizia Galloni : je crois qu'elle aurait eu des choses intéressantes à proposer en Psyché, j'espère qu'elle aura d'autres occasions de briller ! Je ne sais pas pourquoi, son allure me rappelle celle de Dorothée Gilbert.

Je remarque que je parle beaucoup plus des danseuses que des danseurs, mais je peux ajouter que je suis restée sans voix devant la performance de Mathias Heymann dans La Belle (au cinéma), et celle de François Alu dans Daphnis et Chloé (toujours au cinéma).

Je note aussi que je n'ai vu que des spectacles de l'Opéra, mais ma prochaine installation en région parisienne devrait m'ouvrir à de nouveaux horizons

[Eva]

[Ambrine]

Pas vu autant de ballets non plus mais sans nul doute je retiens d’abord toutes mes découvertes hors Opéra de Paris : Le Lac à Chaillot et le NDT bien sûr (énorme), le San Francisco Ballet au Châtelet (merveilleuse Yuan Yuan Tan), le duo Elisabet Ros/Julien Favreau au gala d’étoiles du TCE et enfin le Corsaire à Toulouse.
Quant à l’Opéra, seuls les adieux d’Isabelle me reviennent en mémoire.