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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 12:56 am Sujet du message: |
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Ce soir, il y a aussi des gens qui sont allés applaudir Diana Vichneva et Evan McKie dans Psyché. Il faudra en parler plus en détails plus tard.
Ne les manquez pas tous deux lundi, particulièrement Vichneva, sublime avec sa grâce naturelle, son sens aigu du drame, sa liberté infinie des bras et du haut du corps et une musicalité partagée avec son très beau partenaire. Cela devient véritablement un autre ballet.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 9:18 am Sujet du message: |
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Soirée Robbins / Ratmansky
Dances At A Gathering / Psyché
5 juillet
C'est sans regret ni état d'âme aucun que j'ai assisté hier à la soirée Robbins / Ratmansky, n'étant prête, pour rien au monde, à revivre l'expérience éprouvante de Notre-Dame de Paris, même avec ce qui devait constituer, très probablement, une distribution plus enthousiasmante que celle vue il y a quelques jours. Difficile du reste de passer sous silence, sur cette affaire, le manque d'élégance et/ou d'acuité de l'Opéra, toujours aussi inconséquent, qui programme deux danseurs invités - et pas des moindres (Evan McKie, désormais consacré étoile invitée permanente de l'ONP, et Diana Vichneva, l'une des plus grandes, sinon la plus grande ballerine actuelle, cette soirée ne l'aura que trop démontré) - le même soir que la dernière du danseur-phare de la compagnie. Leur présence a certes sérieusement motivé mon choix, mais même sans eux, j'aime, sans adorer pour autant, et à des degrés divers, ces deux ballets printaniers et ludiques qui vont fort bien ensemble. Ils établissent en outre une belle continuité esthétique et stylistique avec la soirée Balanchine / Millepied, comme un préambule à une programmation néo-classique qui risque fort de s'intensifier dans les années à venir.
La distribution de Dances At A Gathering mêlait des interprètes de la première et d'autres distributions. Sans doute cela se ressentait-il dans les partenariats, moins homogènes, parfois même douloureux (aïe, que certains portés étaient lourds et maladroits!). Ainsi François Alu remplaçait-il Emmanuel Thibault en Brique, et s'il est un danseur toujours enthousiasmant à regarder évoluer (cette détente, cette vitesse uniques!), il n'a certes pas la même connivence que le second avec Nolwenn Daniel - celle d'un vieux couple qui se connaît par coeur. Le charme primesautier du petit duo de Mlle Jaune et de M. Brique - l'un des meilleurs moments du ballet à mes yeux - en était de fait un peu altéré. Cela étant dit, Nolwenn Daniel brille toujours autant dans ce ballet, tant par sa musicalité et sa légèreté piquante que par son sens du dialogue théâtral, perdu pour certains. Ces qualités sont partagées, dans un registre différent, par Sabrina Mallem, superbe Demoiselle Verte (la répétition évoquée plus haut n'était qu'une belle esquisse), jouant avec humour et un chic irrésistible à la prima ballerina. Une chute malheureuse a quelque peu assombri sa deuxième apparition, mais tout de même, on ne peut que saluer cette danseuse, tellement pas comme les autres (et que ça fait du bien!), idéalement distribuée dans ce type de répertoire. Amandine Albisson officiait cette fois en Rose (c'était Ludmila Pagliero à la première) et si le premier duo avec M. Violet (Audric Bezard, en difficulté constante dans les portés) était par trop raide et compassé à mon goût, le second, avec M. Brun (Mathieu Ganio), la montrait véritablement à son meilleur (et dieu sait qu'elle n'est pas le genre de danseuse qui me touche) - lignes infinies, sens du phrasé, une étoile qui se cherche... En jeune homme vert, Pierre-Arthur Raveau brille et séduit par sa musicalité, sa vélocité et... ce petit air de jeune homme bon chic qu'on aime tant. Sans atteindre le degré d'humour et de détachement de Josua Hoffalt dans ce même rôle, qui semble né, comme Millepied en son temps, pour danser ce style de ballet, il remise l'élégance académique un peu coincée au placard pour donner vie à quelque chose de plus naturel et spontané.
Psyché n'est pas au-dessus de la critique, pas plus qu'il n'est le ballet du siècle, mais comment peut-on encore se répandre sur la lourdeur de sa scénographie, voire sur le manque d'originalité de sa chorégraphie (pour le coup, je pense que c'est absolument faux, le langage de Ratmansky est riche, bien plus que celui de Millepied, talentueux et malin mais par trop soudainement encensé, et d'autant plus intéressant et lisible qu'il est bien dansé), quand on a, en face, ce Notre-Dame de Paris de mes pires souvenirs, avec sa musique tonitruante, sa chorégraphie pauvrette et répétitive, ses oripeaux qui font saigner les yeux, et, plus grave que tout, cette manière de réduire Hugo à de la trivialité permanente. Sans doute le prestige dont jouit Roland Petit en France depuis des décennies doit-il aveugler... mais pour moi, comme disent les jeunes, il n'y a pas photo! Certes, je reconnais à Notre-Dame de Paris une ambition - celle de faire oeuvre totale - qui a peu ou prou abandonné la danse actuelle, il n'empêche, la féerie ludique et sans prétention, attachée avant tout à faire vivre la musique, me touche bien plus aujourd'hui que cette hénaurmité d'un autre âge. La nouvelle version, avec ses costumes refaits, plus légers et plus sobres (Evan McKie avait toutefois ressorti le costume d'Eros d'origine), me semble du reste parfaite pour mettre en valeur la danse. Avec Diana Vichneva et Evan McKie, Psyché bénéficie qui plus est d'un cast idéal - plus beau, plus fort, plus expressif que tout ce qui a été vu jusqu'à présent - qui donne un sens véritable au livret et à la chorégraphie (car ça n'a pas toujours été le cas), tout en se coulant dans son esprit léger, teinté d'humour. Vichneva a évidemment beaucoup dansé Ratmansky (Cendrillon, Anna Karénine...) et elle a toutes les qualités qui donnent vie à son langage : une incroyable musicalité, un haut du corps infiniment souple et expressif (ce avec quoi les danseurs de l'Opéra ont le plus de mal, même s'il y a eu une nette évolution depuis la création), un vrai sens du théâtre enfin. Et puis, il y a tout ce qui fait d'elle une ballerine unique, extraordinaire même - cette grâce délicate, ce charisme ravageur qui sautent aux yeux alors même qu'elle est simplement étendue à terre, recouverte d'un voile, à l'orée du ballet. Ballerine elle l'est, mais sans pour autant jouer à la diva se regardant danser. Je doute qu'elle ait beaucoup dansé par le passé avec Evan McKie, peu coutumier de ce répertoire a contrario - sans doute est-ce même une première fois -, et pourtant, plus qu'un impeccable partenariat, c'est une alchimie totale, un dialogue vivant, qui s'établit entre eux. Si je ne craignais pas de m'emballer, je dirais qu'ils sont la féerie incarnée. En Vénus, Stéphanie Romberg n'a certes pas le pouvoir de séduction qui émanait d'Alice Renavand. Son personnage est beaucoup plus trivial, c'est une option qui se conçoit dans le contexte (voir les deux personnages très ratmanskiens des deux soeurs), mais qui ne cadre pas très bien avec le côté irréel de nos deux invités. Le corps de ballet, malgré quelques étranges raideurs parfois dans les hauts du corps, semble plus à l'aise avec le style et l'esprit de l'oeuvre. Les Zéphyrs, menés par l'excellent Valastro, sont en tout cas parfaits de subtilité. De grands hourrahs, saluant la performance des deux étoiles, ont été entendus, une fois le rideau tombé.
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 11:22 am Sujet du message: |
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Merci, sophia ; ce qui est bien, c'est que je n'ai plus qu'à dire combien je souscris à chacun de vos propos - depuis l'arbitrage entre un Notre-Dame de Paris dont je considérais qu'une représentation m'avait largement repu (et pour longtemps) jusqu'au bonheur, inattendu à ce niveau d'intensité, de revoir Psyché. Deux facteurs expliquent sans doute un tel enthousiasme : un double contraste avec NDDP mardi et avec les souvenirs plutôt mitigés que j'avais de la création de Psyché d'une part, la présence des Étoiles invitées d'autre part, dont vous décrivez parfaitement combien elles adhèrent au projet de Ratmansky et forment un couple féérique.
Juste un mot sur l'orchestre de l'Opéra de Paris, qui, mené par un chef inconnu, Felix Krieger, rend pleinement grâce à une partition injustement méprisée de César Franck, d'une sensualité troublante. Cuivres glorieux aux élans quasi-wagnériens, transparence des cordes, textures qu'on imaginerait idéales dans Poulenc, chœur Accentus impeccable de diction et de musicalité, cela contribue à sublimer la pièce de Ratmansky, qui montre qu'il sait faire confiance à la musique pour créer.
Servie à un tel niveau, cette Psyché apparaît même comme une création très probante dont on comprendrait qu'elle demeure au répertoire de la compagnie de manière pérenne.
Dernière édition par Florestiano le Dim Juil 06, 2014 11:36 am; édité 1 fois |
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Marie-Ange
Inscrit le: 12 Déc 2010 Messages: 335 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 12:48 pm Sujet du message: |
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Ratmansky ou l'ennui chorégraphique... De ces soirées où le danseur va sur scène comme d'autres pointent à l'usine, parce qu'il faut le faire...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26660
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 1:18 pm Sujet du message: |
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Je ne pense pas qu'Alexeï Ratmansky, dont l’œuvre est tout de même abondante et riche (il y a des inégalités, certes, ce qui est normal), mérite d'être ainsi exécuté... Il est pour moi l'une des personnalités les plus intéressantes du monde chorégraphique actuel. Je n'aime pas tout ce qu'il fait, mais il y a toujours un travail et un savoir-faire estimable dans ses (re)-créations.
Psyché est extrêmement dépendant des interprètes, et ce ballet peut être ennuyeux si les danseurs ne trouvent pas le ton juste, qui doit être badin et humoristique. De ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, les seuls qui ont, à mon sens, vraiment compris et restitué l'atmosphère agreste et tendrement drôle de l'ouvrage étaient Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio. Il est très regrettable qu'ils n'aient pu faire partie des distributions de cette reprise. |
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Marie-Ange
Inscrit le: 12 Déc 2010 Messages: 335 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juil 06, 2014 3:50 pm Sujet du message: |
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Si nous comparons avec les générations MacMillan, Cranko, Neumeier, Hans van Manen, etc..., il est à mon sens difficile de dire que le néoclassicisme des Ratmansky, Wheeldon, Millepied pour les plus médiatiques est porteur de leur intérêt chorégraphique. Ces anciens n'ont certes pas produit que des chefs-d'oeuvre non plus, mais travailler leurs mouvements nourrissait les danseurs d'une réelle subtilité à faire la marque des grands.
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Lun Juil 07, 2014 12:51 am Sujet du message: |
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Je me délecte à l'avance de voir Diana Vishneva ce lundi et pour ma part, je pense qu'Alexeï Ratmansky dépasse et de très loin les chorégraphes qui se risquent sur ces terre néo classiques. Pour différentes raisons, mais la plus flagrante à mes yeux, c'est qu'il est un musicien exceptionnel ; chacun de ses ballets le démontre. La musique n'est jamais chez lui un prétexte mais le départ, l'origine de son geste chorégraphique. Psyché n'est pas mon ballet favori dans son répertoire, mais c'est une pièce réjouissante qui, d'un bout à l'autre, magnifie la partition de César Franck à un moment de l'histoire du ballet où chorégraphes et danseurs oublient trop souvent à mon goût que la danse est d'abord musique.
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Lun Juil 07, 2014 12:53 am Sujet du message: |
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Sinon, Haydn, Aurélie Dupont n'était pas mal non plus....
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Juil 07, 2014 5:47 pm Sujet du message: |
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Sans doute, mais je ne suis pas sûre que son partenariat avec Stéphane Bullion ait été si probant. Tout peut être ennuyeux, même les chefs d'oeuvre (et il y en a si peu dans la danse), dès lors que les interprètes ne rencontrent pas le style d'une oeuvre ou d'un créateur. Ce que je pense, c'est qu'il y a chez Ratmansky, et notamment dans ce ballet, un esprit ludique et (faussement) naïf (simple diront certains), combiné à un lyrisme, qui sont a priori bien étrangers au style quelque peu sérieux et sophistiqué de l'Opéra. Or ici, comme l'a dit Frédéric, tout part de la musique et y revient. L'interprétation de Psyché est ce qu'elle est, je trouve souvent que la danse, trop raide, manque d'ampleur et d'imagination, mais entre la création et maintenant, il me semble qu'il y a eu une évolution positive (vive la Millepied touch si elle en est la cause!), par-delà les changements dans les costumes. Je n'ai malheureusement pas vu Raveau/Giezendanner, mais j'ai aimé, avec certaines réserves, Pujol/Moreau, qui m'ont paru tous deux superbement engagés. Vichneva/McKie, surtout Vichneva, se situent évidemment à un tout autre niveau artistique, mais cette dernière a aussi une vraie connaissance du langage de Ratmansky, en plus de tout le reste.
Pour en revenir plus précisément à Alexei Ratmansky, ne pas oublier qu'en plus de sa frénésie créative il est l'un des très rares chorégraphes d'aujourd'hui à pouvoir (re)monter les grands classiques avec une véritable connaissance conjointe et de la musique et de l'histoire de la danse, et sans cette volonté éperdue de mise en scène de soi qui en caractérise d'autres. Son travail au Bolchoï sur Le Corsaire (je n'oublie pas la collaboration de Youri Bourlaka) à partir des notations Stepanov conservées à Harvard est précieux et je suis impatiente de découvrir sa Paquita et sa Belle à venir. Que n'aurait-il fait s'il avait eu la possibilité de remonter Le Lac à Moscou? Il n'y a pas non plus des masses de chorégraphes aptes aujourd'hui à travailler avec de très grands ensembles. Wheeldon, oui, aussi. J'ai adoré Winter's Tale, Alice ressemble plus à mes yeux à un show qu'à un ballet, mais je le connais moins pour en juger avec pertinence. Quant à Millepied, pensez, il trouvait que travailler sur D&C avec une vingtaine de danseurs, c'était "beaucoup"! - et de fait, ce fut un défi pour lui, bien assumé du reste. Ce n'est pas un reproche, mais cette culture du "grand ballet" du XIXème (Wheeldon se situe plutôt dans la lignée d'un MacMillan et du story ballet à l'anglaise) n'est pas la sienne, et il faudra bien qu'une fois directeur de l'ONP, il délègue ce travail à des gens comme Ratmansky ou Wheeldon, et c'est tant mieux s'il le fait.
Alors certes, tous ces gens ne sont pas des novateurs ni des maîtres, au sens où l'ont été en leur temps Balanchine ou Forsythe à une échelle indiscutable, Lifar, Petit, Béjart et quelques autres déjà cités à une échelle plus relative. Ils s'inscrivent avant tout dans une culture du pastiche et du clin d'oeil, plus ou moins aboutie (franchement, j'ai beaucoup aimé D&C, qui a gagné pas mal de points grâce à sa superbe scénographie, mais le langage de Ratmansky me semble beaucoup plus personnel et son vocabulaire beaucoup plus large que celui de Millepied), mais cette tendance-là n'est pas propre à la danse, elle est le reflet de notre modernité et de la création actuelle dans son ensemble.
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Lun Juil 07, 2014 11:25 pm Sujet du message: |
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Il n'y a rien à ajouter sinon pour préciser que Christophe Duquenne a eu droit à une très longue ovation pour ses adieux. Il a paru très ému et nous l'étions aussi!
Si le duo Laetitia Pujol/Marc Moreau n n'a pas démérité sur Psyché, il est clair pour autant qu'avec Diana Vishneva et Evan MacKie, on est à un tout autre niveau technique et artistique: l'un et l'autre se jouent des difficultés de la chorégraphie qu'ils viennent pourtant tout juste d'apprendre pour livrer une interprétation qui transcende le ballet et le rendent plus intéressant qu'il n'est. Superbe soirée.
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26660
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Posté le: Mar Juil 08, 2014 12:34 am Sujet du message: |
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Et un peu de rab' :
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