Nicolas Le Riche : Itinérances (Tournée 2014) / Adieux

[Gimi]

Le 15 janvier 2014, Sophia a écrit sur le fil "Opéra de Paris (et d'ailleurs...)/Réservations, placement...", au sujet de la soirée du 9 juillet prochain :
"A ma connaissance, on n'a jamais vu ça pour quelque étoile que ce soit".
Ne voyant aucun Dansomaniaque, depuis deux mois, intervenir pour corriger cette information, je vous livre quelques remarques sur un cas semblable.

Le 23 octobre 1990, pour ses adieux, a été donné "Carte Blanche à Jean Guizerix" (né le 27 octobre 1945), sous forme de plus de quatre heures de spectacle (commençant à 20 heures + retard habituel des soirées de Gala), heureusement sans cocktail AROP d'après spectacle.

Dans cette soirée, il y avait de tout et du n'importe quoi :
- le premier numéro de la soirée s'intitulait "Chorégraphie équestre - Rex, présenté par Lucien Gruss"
- en 8ème intervenant, Brigitte Lefèvre (Inspectrice de la Danse ) a déclamé "Le Dormeur du Val", en hommage à Jacques Garnier (mort en juin 1989);
- la 11ème intervention réunissait Nathalie Treil et Fabrice Schwertz au trampoline
- lors de la 23ème intervention, au bout de dix minutes de lecture "des Rayons et des Ombres" par Jean-Marie Villégier, les sifflets ont commencé à fuser;
- le 28ème et dernier numéro était "Sur le fil", par Gérard Gondard, funambule

Hormis les six interventions dansées de Jean Guizerix (en solo et avec Wilfride Piollet, Daniel Larrieu, Jean-Christophe Paré et Michel Kelemenis), on peut retenir de cette soirée :
- Jean Babilée (67 ans) dans le solo "Bonjour Monsieur Satie";
- "Chant du Compagnon Errant" dansé par Patrick Dupond (nouveau Directeur de la Danse) et Rudolf Noureev (son prédécesseur) dont, sauf erreur, ce sera la dernière apparition, comme danseur, sur la scène du Palais Garnier;
- surtout quelque chose de très original : "Flash Back, à la manière du Défilé, les rôles préférés de Jean Guizerix", 16 Premiers Danseurs, Sujets et Choryphées (dont les noms ne figurent pas sur le Programme) endossant les costumes de rôles tenus à l'Opéra par Guizerix, économisant ainsi le "vrai" Défilé (que nous avions vu 20 jours plus tôt, pour la prise de fonction de Patrick Dupond, qui avait invité toutes les Étoiles retraitées vivantes, voire, par l'image, certaines récemment décédées).

A noter, pour boucler la boucle, que 2 jours plus tard (25, 26 et 27 octobre 1990), dans le Spectacle "Jeunes Danseurs", le Pas de Six de Napoli était dansé par Nicolas Le Riche (en compagnie de Muriel Hallé, Vanessa Legassy, Agnès Letestu, Béatrice Martel et Christophe Duquenne).

Faire plusieurs soirées d'Adieux, comme l'a proposé Alila, ne permettrait pas de toucher beaucoup plus de monde. La dernière fois que cela s'est produit, les 10, 18 et 20 novembre 1972, pour les Adieux d'Yvette Chauviré dans "Giselle", je peux vous garantir ne pas avoir été le seul à assister à ces trois soirées (encore que, pour ces 3 soirées de Gala, la première série d'Orchestre et le Balcon n'était qu'à 80 F, soit 12,20 Euros et, me semble-t-il, les retraites ne sont pas indexées sur les tarifs de l'ONP - maintenant assister à une série d'un spectacle deviendrait un luxe )

Pour ce qui est de la liste d'attente de 600 personnes à l'AROP (ou 650, comme l'indique Kate), peut-être convient-il de rappeler que la soirée du 9 juillet prochain était proposée par l'AROP dans son abonnement "Premières de Ballet" dans les 4 premières catégories du Palais Garnier. Cet abonnement pouvait ne comporter que 5 spectacles au tarif de 375 Euros (certes à l'Amphithéâtre, pas au Premier Rang de Balcon - là, pour une offre égale à zéro pour cette soirée - invitations obligent - le tarif était de 975 Euros pour 5 soirées).
Bien que sur les quelque 3 000 Aropiens, il n'y ait qu'une minorité de balletomanes, il semblerait que dans l'abonnement précité, la soirée LE RICHE ait fait un tabac, remplissant le contingent de places, forcément limité par l'ONP au profit de son mécène préféré. A priori, seuls des désistements de dernières minutes de réservations vieilles de 14 mois - les Aropiens sont mortels - peuvent réduire cette liste d'attente...

[haydn]

Gimi m'avait déjà envoyé ce long texte de mise au point par e-mail il y a quelque temps mais je préfère que ce soit lui qui l'ait publié directement, cela me parait plus correct (il avait des difficultés liées à la configuration de son matériel informatique qui l'empêchaient de s'inscrire mais nous avons pu résoudre le problème ensemble).

_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[paco]

Croustillante, votre description de ce gala de 1990, on se croirait presque dans un film burlesque !

[Gimi]

Chers Dansomaniaques.
Vous avez échappé au pire. Ce long texte, dixit Haydn, ne fait de commentaires que sur huit interventions; il en reste vingt à analyser, plutôt bienvenues dans un Gala.
Merci à Paco pour son amour des films de Buster Keaton

[Joelle]

Mais ils étaient fous en 1990 ???

[sophia]

J'ai beaucoup ri moi aussi! Quelle époque - moins conformiste et moins cloisonnée quand même!

Tout de même, Jean Guizerix était une personnalité à part, associé à toutes les expérimentations contemporaines de l'Opéra des années 70-80. Ceci explique peut-être cela.

Merci Gimi - et de m'avoir corrigée.

[haydn]

Interview de Nicolas Le Riche au Figaro. L'étoile bientôt "retraitée" en profite pour régler quelques comptes avec le Ministère de la culture, administration que manifestement il ne porte pas dans son cœur. Il est vrai qu'un individu de sexe mâle qui affiche de plus ses convictions catholiques et s'est montré il y a quelques années dans l'émission télévisée "Le Jour du Seigneur" doit être moyennement en odeur de sainteté du côté de la rue de Valois par les temps qui courent. Cela dit, merci à Ariane Bavelier, qui n'a pas versé dans la langue de bois journalistique habituelle :

[frederic]

Il est clair que le Ministère de la Culture ne se soucie que peu de l'opéra et du ballet classique, catalogués - à tort - comme des arts "bourgeois". On lui préfère de loin rue de Valois le théâtre, objet de toutes les attentions, et la danse contemporaine, jugée plus "rassembleuse". C'est tragique. A l'exception notable de Kader Belarbi, les anciennes étoiles de l'opéra de Paris n'ont guère d'avenir en France, à moins de devenir professeur du ballet. C'est en cela que la nomination de Benjamin Millepied dérange, aujourd'hui plus encore qu'hier, car à ce stade, on ne sait rien de ce qu'il veut apporter au ballet de l'Opéra de Paris. C'est un peu comme si on lui avait donné carte blanche. A 6 mois de son entrée en fonction, il serait temps qu'il en dise un peu plus.

[Alexis_29_old]

Je ne suis pas sûr du tout que l'on puisse considérer Emio Greco comme étant "has been", cela me semble surtout faire preuve de pas mal de mépris de la part de Mme Bavelier. On peut ne pas être langue de bois en faisant preuve de respect, ce qui ne me semble pas être le cas ici.
En ce qui concerne Benjamin Pech, en quoi sa qualification de danseur étoile de l'Opéra de Paris ferait-il de lui un candidat intéressant pour diriger une compagnie que ce soit Marseille ou une autre ? Il s'agit d'un job complètement différent il me semble. Emio Greco a initié des projets, créé des spectacles; que l'on apprécie ou non son travail n'est pas le problème. Il a déjà fait ses preuves démontrant qu'il pouvait mener à bien diverses entreprises, ce qui n'est pas le cas des anciennes étoiles de l'Opéra de Paris qui ont souvent été complètement prises en charge et qui ont vécu à l'intérieur d'un petit monde parfaitement clos. Ceci dit je dois reconnaître que Kader Belarbi semble faire un travail intéressant à Toulouse mais il était une personnalité atypique à l'Opéra...

[sophia]

Note du modérateur : j'insère ici le message de Alexis29, dont j'ai supprimé le compte par erreur, et qui précédait celui de Sophia

[Pink Lady]

Je suis entièrement d'accord avec Alexis29 : si la langue de bois est abandonnée, ce n'est que pour mieux encenser l'Opéra de Paris. Et j'ai eu la même réaction en lisant l'interview :

[Nati]

Et si le Ministère ne lui a rien proposé, je serais surprise qu'il n'ait pas reçu d'offres intéressantes en France. Je pense notamment aux postes qui se sont libérés cette saison à l’École de danse de l'ODP, j'imagine que Platel a dû penser à lui quand même.

[sophia]

Les anciennes étoiles ne se voient pas forcément sollicitées par l'école ou le ballet. Il parle en revanche de "diverses propositions de l'étranger."

[Ornella]

Quand je lui ai parlé le mois dernier, il a dit que la transmission lui plairait, mais "pas dans n'importe quelles conditions".

[sophia]

Sans vouloir tomber dans une psychologie de comptoir, je pense que ces propos, au choix, naïfs ou maladroits (mais tellement français!), témoignent surtout de la frustration de ne pas avoir été choisi comme successeur de Brigitte Lefèvre (même si sa candidature n'était pas des plus crédible). On a beaucoup glosé sur la claque infligée à Hilaire, le "dauphin" proclamé, mais Hilaire a un poste de maître de ballet et le gardera quoi qu'il arrive - même si Millepied peut faire en sorte de réduire son pouvoir -, tandis que Le Riche n'a rien in fine. Il ne va pas faire des tournées d'adieux pendant dix ans non plus! Peut-être que son avenir se jouera désormais à Londres... ce serait en quelque sorte un retour aux sources.