Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 12:55 am Sujet du message: |
|
|
Eh bien je suis sorti enchanté de la représentation de ce soir et je rejoins pleinement l'enthousiasme de Florestiano et Serenade.
Je ne sais pas ce que cela rendait au cinéma, mais sur place c’était pétillant, vif, brillant. J’ai été agréablement surpris par le degré d’inventivité de la chorégraphie d’Acosta, car si effectivement la plupart des Pas de deux ainsi que la scène des Dryades sont similaires à la plupart des versions, il n’en est pas de même des ensembles, pour lesquels Carlos Acosta a fait preuve d’imagination. J’ai également beaucoup apprécié qu’il ait redonné de la consistance au personnage de Don Quichotte, qu’il a réussi à rendre touchant, loin de la caricature bouffe que l’on voit la plupart du temps.
Si cette version pêche par quelque chose, c’est par l’orchestration, point sur lequel je rejoins pleinement Florestiano. Principalement axée sur les cordes et les flûtes (avec çà et là des dégoulinades harmoniques bien Straussiennes...), elle manque de vigueur à plus d’un moment. Cà et là d’excellentes idées, comme la fait de faire jouer par les harmoniques des cordes le thème de Dulcinée (ce qui est redoutablement difficile à exécuter pour les violonistes…), mais aussi des maladresses (quand les cuivres ont quelque chose à jouer, ils sont souvent à découvert, ce qui avec l’acoustique sèche de la fosse d’orchestre à Covent Garden produit plus de flon-flon que d’enveloppe sonore). Mais l’ensemble n’est pas désagréable et ne gêne en rien le plaisir de la soirée.
Côté danse, il faudrait mettre un gros bonnet d’âne au journaliste qui a écrit que Carlos Acosta était trop âgé pour danser Basilio ! Des presque-quadra qui produisent encore des sauts aussi généreux, spectaculaires, des manèges aussi naturels et légers, qui portent leur partenaire comme si c’était une plume, j’en veux bien tous les soirs… Sans compter l’engagement dans le jeu.
Marianela Nunez est quant à elle une vraie Kitri pêchue, sachant aussi faire preuve d’une délicatesse et d’un raffinement que l’on voit rarement dans ce rôle. Et quels équilibres !! Quel abandon quand elle se jette dans les portés de Basilio !
La plupart des autres rôles sont très bien tenus, notamment Cupidon (Elizabeth Harrod), la Reine des Dryades (Melissa Hamilton), et j’ai eu un faible pour les amies de Kitri, l’admirable Yuhui Choe et Yasmine Naghdi.
Les réactions des personnes que j’ai croisées à l’entracte étaient toutes : « mais qu’est-ce que la presse a vu ? Ce que l’on voit ne ressemble pas à ce qu’ils en ont dit ». Sans doute le spectacle a-t-il été pénalisé par une Première trop mondaine (c’était une soirée de gala surtaxée), peut-être le spectacle a-t-il aussi mûri depuis.
J’ai trouvé le public de ce soir très éteint par rapport à ce qu’il est ici d’habitude, il n’y a pas eu les délires de concerts de rock qu’il réserve d’ordinaire aux Acosta, Nunez and co. Intimidé par les caméras de télévision ? Ou déjà blasé ?
|
|
Revenir en haut |
|
Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 12:55 am Sujet du message: |
|
|
Ben de mon côté, je dirais que la représentation du Don Quichotte d'Acosta ce soir m'a encore plus enthousiasmé que lors de la découverte en live.
J'ai trouvé la fraîcheur de la chorégraphie très en phase avec l'esprit de la compagnie.
Moins gêné par ailleurs par la musique que vendredi dernier.
Prestations superlatives une fois encore d'Acosta, Nunez, Hirano (Espada) !
|
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:00 am Sujet du message: |
|
|
Nos posts se sont croisés, Haydn...
Effectivement la partition a été ré-écrite plus d'une fois. Cela ne m'a pas gêné sauf au premier acte, où les ensembles de toréador finissent par traîner en longueur et distiller une certaine lassitude.
Davantage que la ré-écriture d'une nouvelle partition, j'ai été gêné là où Martin Yates a conservé la partition d'origine mais avec une orchestration trop légère. Par exemple l'introduction du Pas de deux final, entièrement aux cordes doublées de flûtes, produisant une aimable galanterie là où il faudrait du panache. Il y a de nombreux autres cas comme celui-là
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22086
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:05 am Sujet du message: |
|
|
J'y reviendrai demain, mais j'ai totalement adhéré à cette nouvelle version, peut-être que j'en suis même tombée un peu amoureuse...
On oublie tout ce qu'on connaît et que l'on aime, les Russes, les Cubains..., Acosta a réussi la prouesse de créer l'improbable, un Don Quichotte anglais, anglais jusqu'au bout de la pantomime, génialement menée par les Bennet Gartside, Gary Avis, Christopher Saunders et autres. C'est frais, c'est drôle, c'est plein de petits détails amusants, en un mot, cette production a une couleur propre, un esprit bien à elle qui vont parfaitement à la troupe.
Tout ça sans même dire un mot du cast des solistes dansants, quasi-parfait (même le corps de ballet était bon!).
|
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26514
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:40 am Sujet du message: |
|
|
Bennet Gartside a mis en ligne une vidéo hilarante de sa transformation (accélérée) en Gamache :
https://vine.co/v/h6LeTXn9aFi
C'est encore un coup de la Perfide Albion, puisque comme par hasard, le Gamache a des airs de mousquetaire du roi, et arbore des moustaches de Gascon... Visiblement, Outre-Manche, on ne nous a pas encore pardonné Hastings... |
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22086
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:43 am Sujet du message: |
|
|
Qui sait qui est l'interprète du Gitan en chef, qu'on retrouve, je pense, dans le Fandango de l'acte III, aux côtés d'Itziar Mendizabal dans les deux cas?
Bien trop succinctes, au passage, ces distributions, même si j'en ai reconnu pas mal grâce aux plans rapprochés de cinéma...
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26514
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:46 am Sujet du message: |
|
|
Pour Florestiano, entièrement d'accord au sujet de Ryochi Hirano, vraiment impressionnant en Espada.
Acosta a toujours une technique impeccable, mais pour un Cubain, je le trouve étonnamment sobre et retenu. Adaptation au climat anglais? Son Don Quichotte de 2003 à l'Opéra Bastille m'avait laissé un souvenir beaucoup plus "explosif" et extraverti. |
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:51 am Sujet du message: |
|
|
sophia a écrit: |
Qui sait qui est l'interprète du Gitan en chef, qu'on retrouve, je pense, dans le Fandango de l'acte III, aux côtés d'Itziar Mendizabal dans les deux cas? |
Tandem des gitans : Itziar Mendizabal et Thomas Whitehead
Même tandem pour le Fandango
sophia a écrit: |
Bien trop succinctes, au passage, ces distributions, même si j'en ai reconnu pas mal grâce aux plans rapprochés de cinéma... |
- Espada : Ryoichi Hirano
- Mercedes : Laura Morera (bien sous-distribuée, quand on pense à la Kitri qu'elle pourrait être...)
- Les amies de Kitri : Yuhui Choe et Beatriz Stix Brunell (remplaçant Yasmine Naghdi, j'ai fait une erreur dans mon compte-rendu plus haut)
- Les deux matadors : Valeri Hristov et Johannes Stepanek
- Reine des Dryades : Melissa Hamilton
- Amour : Elisabeth Harrod
- Dulcinée : Christina Arestis (remplaçant Nathalie Harrison)
- L'hôtesse de la taverne : Kristen McNally (remplaçant Christina Arestis)
|
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:53 am Sujet du message: |
|
|
haydn a écrit: |
Acosta a toujours une technique impeccable, mais pour un Cubain, je le trouve étonnamment sobre et retenu. Adaptation au climat anglais? |
Il est presque toujours comme ça ici, beaucoup de pudeur et de retenue, il m'arrive souvent de me dire "allez, vas-y, lâches toi !"
Je pense que c'est une attitude commune aux danseurs du Royal Ballet (par exemple ce n'est qu'au Palais des Congrès de Paris, pour le Gala Nureyev, que j'ai réalisé que Federico Bonelli pouvait s'enflammer, ce qui ne lui arrive jamais ici)
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22086
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 1:59 am Sujet du message: |
|
|
Merci Paco!
Citation: |
- Mercedes : Laura Morera (bien sous-distribuée, quand on pense à la Kitri qu'elle pourrait être...)
- Les amies de Kitri : Yuhui Choe et Beatriz Stix Brunell (remplaçant Yasmine Naghdi, j'ai fait une erreur dans mon compte-rendu plus haut) |
Yuhui Choe et Beatriz Stix-Brunell pourraient être elles aussi de charmantes Kitri... Même si Yana Salenko est une merveilleuse danseuse, on ne peut pas dire que le Royal Ballet soit en manque de piquant, de vivacité et de technique du côté de ces dames.
|
|
Revenir en haut |
|
serenade
Inscrit le: 07 Juil 2006 Messages: 119 Localisation: Barcelona
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26514
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 11:13 am Sujet du message: |
|
|
Pour faciliter la rédaction des commentaires, je remets ici le lien vers la feuille de distribution, donné par Sophia dans le fil de discussion sur la danse au cinéma:
distribution
Pour revenir sur les conditions techniques, apparemment, le problème était donc plus général que je ne le croyais. J'avais mis la qualité déplorable du son sur le compte de l'équipement inadéquat du cinéma où j'étais (et où apparemment se trouvait également le staff d'Akuentic). En effet, le Vincennes est une petite salle d'art et d'essai, qui n'a certainement pas les moyens de s'offrir du matériel dernier cri. L'image était par ailleurs très terne. En revanche, il n'y avait pas les problèmes de trainées et de rémanence parfois désagréables que j'ai constatés lors des retransmissions du Bolchoï, notamment quand des mouvements rapides sont filmés en gros plan. Là, question netteté, rien à redire.
Par ailleurs, on peut se demander si on n'arrive pas à une certaine "saturation" du marché. En effet, la petite salle du Vincennes était loin d'être pleine, alors qu'elle était sans concurrence (il n'y avait aucune autre salle dans Paris intra-muros et dans la petite couronne qui retransmettait ce Don Quichotte, et de plus, l'Opéra de Paris n'avait programmé aucune représentation de ballet ce mercredi 16 octobre). Le portefeuille des balletomanes (et c'est sans doute pareil pour les lyricomanes) n'est sans doute plus en mesure de répondre à toutes les sollicitations, car il est évident que ce sont les mêmes personnes (la salle était garnie d'habitués) qui vont au spectacle vivant, et qui suivent également les retransmissions au cinéma dans les réseaux concurrents de CGR (Akuentic), Pathé Live et UGC.
Les grandes maisons d'opéra (et de ballet) ont certainement vu dans ces retransmissions un moyen de générer des revenus complémentaires non négligeables, et de se forger un alibi de "démocratisation" (douteux, car les prix au cinéma commencent à flirter avec les 30 euros) qui leur permet de pratiquer en toute bonne conscience des tarifs réservés à l'"élite" pour les représentation in situ.
Par ailleurs, si, pour le ballet classique, les grandes compagnies nationales restent sans concurrence (en France, aucune ville de province n'aurait les moyens de se payer une troupe de 150 danseurs), pour le lyrique, les choses sont un peu différentes. On peut voir à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Montpellier etc... des spectacles d'un niveau de qualité souvent équivalent (voire supérieur) aux productions affichées dans les théâtres parisiens (ou étrangers, le Met, ce n'est pas toujours la panacée...) pour un prix pas forcément beaucoup plus élevé que celui d'une place de cinéma (pour les bénéficiaires de tarifs réduits, comme les jeunes ou les retraités, c'est même sensiblement moins). Là, ça peut donner à réfléchir. On devra évidemment se passer de quelques vedettes surpayées genre Kaufmann ou Netrebko, mais je puis vous assurer qu'on vit très bien sans... |
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3557
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 11:25 am Sujet du message: |
|
|
tout à fait d'accord avec votre analyse.
Concernant la qualité du son et des remarques de Sérénade sur les cadrages, je pense que le problème venait de Covent Garden: j'ai été surpris de ne voir que 2 caméras dans la salle, disposées au bord de la fosse d'orchestre, sans recul visuel et aussi au pire endroit d'un point de vue acoustique. D'ordinaire il y en a davantage, dispersées dans la salle.
Je ne sais pas pourquoi ils ont choisi ce parti-pris, peut-être ont-ils hésité à "condamner" trop de places qui, lors des retransmissions, sont vendues à 50% de discount car gênées par les caméras
|
|
Revenir en haut |
|
Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
|
Posté le: Jeu Oct 17, 2013 2:10 pm Sujet du message: |
|
|
haydn a écrit: |
On devra évidemment se passer de quelques vedettes surpayées genre Kaufmann ou Netrebko |
Le problème n'est pas qu'on doive s'en priver dans les plus petits théâtres mais que l'Opéra de Paris ne soit pas fichu d'offrir des distributions dignes d'un rang auquel l'institution prétend mais qui ne résiste pas à une comparaison internationale (sans rentrer dans le sujet de la qualité des productions) - ni même nationale, ce qui est du reste assez inquiétant voire scandaleux compte tenu de la manne engloutie par cette Maison.
Et je ne vois pas en quoi les vedettes sont surpayées (à moins que vous ayez voulu dire "hors budget pour des petites maisons" ?).
|
|
Revenir en haut |
|
|