La Dame aux Camélias [ONP Garnier 21/09 - 10/10 2013]

[MikeNeko]

Merci pour les retours

Moi je vais faire les dimanches... ce n'est pas mon ballet préféré mais il y a des rôles que je tenais à voir.

Je croise les doigts pour que la distribution tienne, et que nos amis du corps de ballet se remettent dans le bain !

[haydn]

Isabelle Ciaravola a aussi fait des étincelles ce soir, et elle reste pour moi la meilleure Marguerite Gautier que l'Opéra de Paris ait actuellement à sa disposition.

Isabelle Ciaravola est une danseuse un peu atypique, qui ne correspond pas aux canons de l'académisme français ; c'est dans le répertoire "néo-classique" qui s'est développé à l'Opéra de Paris depuis une quinzaine d'années (avant, il était plutôt l'apanage exclusif des compagnies anglaises et allemandes) qu'elle a su donner toute la mesure de son talent, et que sa personnalité et son physique originaux se sont le mieux exprimé.

Sa Dame aux camélias est très théâtrale, emportée, exubérante, mais elle sait aussi lui donner cette touche de trivialité, voire de "vulgarité", qui nous rappelle que nous avons affaire à une demi-mondaine et non à une grande bourgeoise.

Karl Paquette est comme toujours un bon partenaire, solide et attentionné. Sa force physique et son assurance dans les portés les plus périlleux inspirent la confiance. Sur le plan dramatique, il a gagné en consistance au fil de la représentation ; relativement neutre au premier acte, il s'est enhardi par la suite, et le troisième acte l'a révélé réellement fougueux et passionné.

Eve Grinsztajn a été une très belle Olympie, dont la présence était perceptible tout au long de la représentation. Elle possède un caractère bien trempé, et une allure très parisienne, qui fait merveille lorsqu'elle arpente les Champs-Élysées. Mais que diable est-on allé l'affubler de cette hideuse perruque blonde? Le résultat est à peu près aussi crédible que lorsqu'on déguise Eleonora Abbagnato en brune pour satisfaire les désidératas de tel ou tel chorégraphe...

Le couple Myriam Ould-Braham / Fabien Révillion laisse quelque peu pantois. Les deux artistes sont physiquement très bien assortis, ils forment un couple charmant - trop charmant peut-être, et évoquent davantage Acis et Galathée que Manon et Des Grieux. Leur pastorale rococo est délicieuse, impeccablement dansée, mais on y cherchera vainement la moindre trace de perversité. On est à mille lieux des emportements violents d'Isabelle Ciaravola ou de la sensualité vénéneuse d'Eve Grinsztajn dans le même rôle. L'affrontement entre Marguerite et Manon, au deuxième acte, fait long feu, et la cocotte est prestement renvoyée au couvent auquel on la destinait...

Parmi les second rôles, on notera les bons débuts de Samuel Murez en Duc, et la prestation convaincante de Laurent Novis en Duval Père, qui faisait virevolter avec aisance Isabelle Ciaravola dans le pas de deux de l'acte central. Christophe Duquenne est un Gaston Rieux mondain et drôle ; il affiche juste ce qu'il faut de veulerie et d'inconséquence.

Le public était nettement plus bon enfant que lors de la première, et a bruyamment manifesté son contentement à l'issue du spectacle.

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[maximilien]

Isabelle Ciaravola a imposé sa version du rôle, (la plus tragique) au climat général du ballet hier soir. C'est un monde où rode la mort, rongé par la phtisie et la syphilis. Toute cette société, par son érotomanie morbide, nous propose une "danse des morts". Cette nef des fous évoque plus Maupassant (celui de la fin) que Dumas fils. Neumeier n'est-il pas le chantre d'un érotisme désespéré? Croce e delizia chante l'héroïne verdienne.
C'est à Isabelle C. que l'on doit ce registre extrême, rongée, violente, hystérique par instants, bien loin de l'icone Greta Garbo et des interprétations hagiographiques de certaines de ses collègues, sans que cela détruise le beau souvenir que nous avons de certaines (Mlle Dupont, sans oublier la grande Haydée). Mais elle, elle a osé.
Et dire que cette danseuse n'aura eu que trois ou quatre années de position d'étoile de l'Opéra!

[Jonquille]

Il reste 3 places de 4e catégorie sur le site pour la représentation du 26 septembre avec Isabelle Ciaravola et Karl Paquette.

[Bernard45]

Mardi 24, c’était au tour d’Éléonora Abbagnato et de Benjamin Pech d’officier dans les rôles de Marguerite et d’Armand.
N’ayant jamais vu ce ballet, je ne peux évidemment pas les comparer aux autres couples qui se sont déjà produits sur cette série, ou les années précédentes.
Ce ballet chorégraphié par Neumeier est un vrai chef d’œuvre, notamment le second acte au cours duquel on atteint l’absolue beauté, la musique de Chopin apportant son côté romantique. Assurément, une telle oeuvre me restera en mémoire.

Nous avions donc une Marguerite blonde en cette soirée. Éléonora fut sublime, son partenariat avec Benjamin Pech tout à fait remarquable. A peine quelques tremblements peu perceptibles sur les nombreux portés dont Neumeier n’a pas été avare. Je pense que tous deux ont trouvé le juste milieu : faut-il en rajouter côté théâtralité ? Je ne le pense pas ! Ainsi donc, son face à face avec Myriam Ould-Braham en a donc été sans doute plus équilibré, et c’est très bien ainsi. On n’est pas dans le drame absolu ici. Cette dernière est apparue sur scène au mieux de sa forme, et dégage toujours une aura particulière dès qu’elle apparaît. On est comme fasciné par sa danse.

Le public a été très généreux en applaudissements, le rideau s’est même relevé une dernière fois alors que les lumières s’étaient rallumées dans la salle. C’est dire…

[Ornella]

Léonore Baulac sera Olympia lors des représentations menées par le couple Dupont/Moreau

[paco]

[Swann]

Ce fut hier ma 1ère Dame aux Camélias de la saison, et une bien belle réussite.
Tout d'abord, après une saison où on pouvait venir au dernier moment et trouver une place sans problème, le public semble être de retour. Tout était archi-plein.
Mais revenons à notre Dame incarnée par Eleonora Abbagnato, totalement engagée dans son rôle. Elle était d'autant plus convaincante que sa danse était concentrée sur l'émotion et la finesse du jeu, sans que la technique ou les difficultés des pas ne viennent perturber leur lisibilité. Elle réussit à être sobre dans la gestuelle, ce qui met d'autant plus en valeur la force des émotions.
Très bonne surprise aussi chez Benjamin Pech, qui a su prendre de la hauteur par rapport à son rôle, et se concentrer sur la narration. Les pas servent l'histoire et pas l'inverse. On dirait qu'il s'est libéré, et a pris une véritable dimension d'étoile, s'entourant d'une aura et ne se départissant pas d'une certaine élégance, même dans les scènes les plus dures. En tous cas cela m'a frappée hier.
J'ai aussi adoré Eve Grinsztajn en Olympia, d'une parfaite perversité derrière un sourire mondain. Irrésistible !
J'espère avoir encore de bonnes surprises pour les prochains spectacles. Difficile de choisir entre les distributions.

[haydn]

Léonore Beaulac remplacera Myriam Ould-Braham en Olympie le 30/09, le 03/10 et le 06/10.

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[NEOPHYTE]

Il y a des places pour 4 dates sur le site de l'Opéra de Paris,
mais pas pour le 10 octobre.

[Dimago]

Bien tardivement,
Je reviens sur la soirée du 23 septembre.
J'avais hâte de revoir ce ballet que j'avais beaucoup aimé en juillet 2006.
J'avais eu la chance d'avoir Claire-Marie Osta et Mathieu Ganio. Ils m'avaient alors enchanté.
Je n'ai pas été déçu. Isabelle Ciaravola a été étincelante.
Quelle tristesse de la voir sur le départ!
Sa Marguerite est plus "mure" que celle de Claire-Marie qui était très juvénile. Il y avait plus d'intensité dramatique dans son jeu.
J'ai également beaucoup aimé l'interprétation de Karl Paquette.
Mais je garde l'image du charme juvénile qu'avait le couple Osta/Ganio que je n'ai pas retrouvé ici.
Les diverses interventions de "Manon" m'ont semblé manquer de force. Je ne sais pas comment exprimer cela Mais le souvenir que j'avais été une sorte d'interpénétration du ballet de Manon dans la vie de Marguerite et lundi, cette osmose ne s'est pas faite, au moins dans mon ressenti.
De la même manière j'ai eu beaucoup de mal à croire que Laurent Novis était le "père" de Karl Paquette...
J'ai été surpris et très heureux d'entendre au début du troisième acte l'ovation que la salle a réservée à l'orchestre. C'était à mon avis amplement mérité.
Une bonne soirée, qui ne surpassera pas dans ma mémoire celle de juillet 2006; mais le bonheur d'avoir encore une fois vu et applaudi Isabelle Ciaravola.

Dimago

[Ambrine]

Do you speak english ? It’s so wonderful ! s’est exclamée ma voisine américaine qui bien qu’accompagnée, a ressenti le besoin de me témoigner sa joie.
J’avais pour ma part un piètre souvenir de ce ballet vu il y a quelques années à Garnier où placée à l’étroit dans une loge tout en haut, face au lustre, les genoux collés à ceux de ma voisine, les cervicales en souffrance, je m’y étais ennuyée trop loin pour ressentir quoi que ce soit.
Depuis hier soir j’adore ce ballet. Emue aux larmes par Isabelle Ciaravola. Que ne fait-elle pas avec ses longues jambes et ses beaux yeux celle-ci ?! Moi je n’en avais pas assez d’yeux pour tout voir surtout qu’il se passait aussi des choses sur le prolongement de la scène sur la gauche et la droite.
Seul bémol : je connais parfaitement le livret mais je persiste à penser que la lisibilité n’est pas évidente pour qui ne le connait pas
La chorégraphie magnifiée par la musique et l’interprétation ont de toute façon suffi à me combler.
C’était bien une so wonderful soirée.

PS. J’ignore si c’est toujours le cas mais j’ai eu l’impression qu’Isabelle Ciaravola avait bien du mal à sourire à la fin pendant les applaudissements. Emue ou encore dans le rôle ?

[haydn]

Pourtant Isabelle Ciaravola est quelqu'un qui adore la scène, et qui est toujours très avenante vis à vis du public. Mais personne, même pas une étoile, n'est à l'abri d'une contrariété ou d'une douleur intempestive...

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[alila]

Je suis d'accord avec vous Ambrine, il me semble que le ballet ne soit pas complètement compréhensible sans avoir lu pa avance le programme. Hier j'emmenait deux proches voir ce ballet pour la première fois et j'ai tenu à leur expliquer le rôle de Manon et Des Grieux comme doubles de Marguerite et Armand, mais également la narrative en flash backs avec Armand et son père.

Comme votre voisine, mes proches sont sortis émerveillés de ce ballet. Nous étions assez loin de la scène, mais jumelles en main, on n'a rien raté des émotions de la Ciaravola! Et j'entendais ma mère à côté de moi qui faisait "wow" plusieurs fois en voyant les superbes portés, très bien assurés par Karl Paquette.

Je rejoins les avis précédents sur le forum sur la qualité du jeu d'Isabelle Ciaravola dans les rôles des classiques modernes romantiques. D'ailleurs, je l'avais "découverte" avec Stéphane Bullion lors du remplacement au 3e acte du couple Agnès Lestestu/Hervé Moreau en 2008, où elle avait fait des étincelles dans le dernier pas de deux. Depuis, je suis une fan de son jeu, de ses fameuses jambes dont le en dehors donne le vertige, et surtout de ses bras et de son haut de corps moelleux. Elle danse avec tout son corps et son âme et le résultat est étonnant! Hier, ses regards tristes lors de la scène des Champs-Elysées, puis son visage qui devient de plus en plus solitaire et malheureux vers la fin, montraient un très beau travail d'actrice, mais sans en faire trop. C'est vraiment dommage qu'elle devra prendre bientôt la retraite...

J'avais été plutôt déçue de Karl Paquette lors des dernières fois que je l'avais vu danser. Hier il était excellent, le rôle d'Armand lui allait comme un gant et son couple avec Ciaravola marchait à merveille. Une très belle prestation.

Myriam Ould-Braham était sublime en Manon, notamment lors des duos avec Ciaravola (quel bonheur de les voir ensemble sur scène!!). Fabien Revillon a assuré un bon partenariat, mais il disparaissait un peu aux côtés de sa partenaire, même si je pense que c'est en grande partie dû au rôle en lui-même qui est assez déséquilibré par rapport à celui de Manon.

Le couple Prudence/ Gaston Rieux de Nolwenn Daniel et Christophe Duquenne était excellent également, très vifs, surpassant leurs très difficiles variations et avec un bon jeu ne faisant pas ombre au couple principal. Eve Grinsztajn a également fait une belle prestation, avec des regards superbes, notamment lors de la scène du bal où le personnage d'Olympia prend un malin plaisir a voir Marguerite humiliée.

Très belle soirée donc, tous les artistes ont été très ovationnés (je n'ai pas remarqué l'absence de sourire chez Isabelle Ciaravola). Je ne saurais que vous recommander cette distribution si jamais l'occasion se présente!

[Joelle]

Allez... c'est fait... je vais aller voir Isabelle et Karl dimanche soir prochain !