La Sylphide [Opéra Garnier, 22/06-15/07/2013]

[Ritournelle]

Merci MikeNeko pour cette photo et ce bel hommage au corps de ballet. J'ai assisté à la représentation hier soir et il m'a vraiment éblouie, surtout au 2ème acte! Ces sylphides étaient splendides, notamment le trio Laura Hecquet, Marie Solène Boulet et Laurène Levy.

[Eva]

J'ai assisté à la représentation du 6 juillet, et j'ai été transportée par Ludmila.
C'est la première fois que je voyais la Sylphide et il est passé dans mon top 3 de mes ballets préférés.

[Ornella]

M. Bittencourt sera bien remplacé le 9 par M. Magnenet, cf. site officiel

[julien]

Quelqu'un a t-il vu la prestation de Vincent Chaillet en James, pour sa prise de rôle ?

[Eva]

Je l'ai vu mais je suis bien incapable de juger sa performance

[Ritournelle]

[LB]

[MikeNeko]

Suite à une nouvelle fois excellente soirée de ballet, avec Mélanie Hurel plus Sylphide que jamais à l'acte 2 et un Mathias Heymann à l'intelligence des pas vraiment impressionnante et toujours un ballon d'énergie,..., suite à cette représentation donc, j'ai appris par Stéphane Phavorin qu'il aurait sa dernière apparition sur scène le 15 juillet ... c'est triste... enfin comme il dit, "pour nous", car lui est ravi de se lancer dans l'enseignement; on sent que c'est une fibre qu'il doit avoir depuis longtemps
Je lui souhaite des élèves disciplinés et de nombreux motifs de fierté !

[Eva]

Savez-vous si on peut avoir facilement des places de dernière minute pour les moins de 28 ans au guichet?
J'aimerais beaucoup revoir ce ballet...

[Shikuang]

[Eva]

D'accord, merci.
Bon bah tant pis, au moins ça va m'éviter de me déplacer pour rien !

[Lanou]

Un petit mot pour dire que la prestation d'Amandine Albisson est absolument remarquable. L'arabesque devient une ponctuation de fin, de virgule, agrémentée de descentes de pointe bien articulées, avec une caractérisation fine et lisible; pas anthologique, juste mémorable. Mais de quelle façon!
Magnenet prend ses marques et est meilleur qu'avec sa première avec Pagliero (ou était-ce la deuxième?), mais je préfère le profil de demi caractère pour ce genre de rôle...
Colasante que je voyais dans son premier vrai rôle de première danseuse (parce que danseuse des rues... ), qui tient son rang de manière fort agile, très "française": pied intelligent, bras un peu... laborieux?
Enfin, un très bel équilibre pour le pas de deux des Ecossais, avec l'indétrônable E. Thibault, qui offre un joli partenariat avec Mlle Guérineau, qui prend enfin l'ampleur à laquelle elle se donne habituellement: son manège de fin prend enfin une respiration souple et légère.
Enfin, comme d'habitude, "le meilleur corps de ballet du monde all over the world": qui l'est surtout quand il a plusieurs représentations dans les jambes, là, on sent la différence (même s'il y a quelques têtes que je connaissais pas).

[Joël]

[haydn]

La représentation de ce soir m'a permis de découvrir le James de Vincent Chaillet, qui abordait le rôle pour la seconde fois en ce début juillet 2013. S'il ne possède pas le même ballon qu'un Mathias Heymann, ou la batterie véloce d'un Mathieu Ganio, il a néanmoins tenu son rang avec vaillance. Plus à l'aise dans le premier acte, il a semblé parfois un peu trop soucieux de "bien faire" au second, voulant à tout prix présenter des cinquièmes parfaitement collées, des réceptions nettes, au détriment de la fluidité générale du mouvement. En revanche, les portés paraissaient stables, bien assurés. Ceci étant dit, M. Chaillet est un danseur qui est particulièrement à son affaire dans les rôles noirs, tourmentés, et on ne peut que regretter qu'il n'ait pas été distribué cette année en Don José lors de la reprise de Carmen, de Roland Petit, où il aurait certainement fait fureur.

Je suis toujours admiratif de la performance de Ludmila Pagliero dans le rôle titre. L'acte blanc est vraiment superbe, même, si à force d'enchaîner les représentations pour remplacer ses collègues défaillantes, elle accuse parfois un peu la fatigue (les deux diagonales de brisés, où elle s'est montrée, à mon sens, supérieure à Evguénia Obraztsova, étaient moins soignées ce soir). Elle a par ailleurs un pied magnifique, toujours parfaitement tourné.

La divine surprise aura toutefois été l'Effie d'Eve Grinsztajn, délicieuse de fraîcheur et de charme, et qui par ailleurs a su trouver les expressions justes pour dépeindre toute la douleur que peut ressentir une jeune femme délaissée par celui qu'elle aime. Il faut espérer que Mlle Grinsztajn, relativement peu distribuée en comparaison d'autres Premières danseuses, puisse obtenir au moins une représentation de La Dame aux camélias, où elle sera certainement une Marguerite Gautier de haute volée. Très à l'aise dans le répertoire néo-classique, elle pourrait prendre, des ouvrages tels Manon, Onéguine, la relève d'Isabelle Ciaravola, dont on a du mal à se faire à l'idée qu'elle quittera la compagnie dans moins d'un an.

Enfin, une mention particulière pour le splendide trio de sylphides constitué de Laurène Lévy, Marie-Solène Boulet* [recte : Laurence Laffon] et Laura Hecquet, véritable ode à l'élégance et au style français.

Pour l'anecdote, la représentation a été émaillée de plusieurs incidents techniques. Au cours du célèbre trio (James - La Sylphide - Effie) de l'acte I, les globes lumineux qui ceinturent le plafond de la salle se sont mis à clignoter de manière aussi impromptue qu'erratique, créant une curieuse ambiance de night club, assez décalée par rapport à l'adage éthéré que artistes chorégraphiques exécutaient sur scène...

Au second acte, une fois de plus, les ailes de la Sylphide agonisante n'ont pas voulu se détacher toutes seules, mais Vincent Chaillet a fait montre de présence d'esprit, et les a délicatement décollées, comme s'il avait effeuillé une fleur. Beaucoup de spectateurs ne se sont sans doute rendu compte de rien.


* Un danseur de la compagnie, Allister Madin, m'a signalé via Twitter que ce n'était pas Marie-Solène Boulet qui dansait ce soir. Personnellement, j'avais cru reconnaître Laurence Laffon dans le trio, mais je me suis - bêtement - fié à la feuille de distribution. Dès que j'aurai confirmation, j'indiquerai le nom de celle qui a vraiment été sur scène ce soir, mais quelle qu'elle soit, elle aura fait un travail remarquable.

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[sophia]

Après Dorothée Gilbert et Evguénia Obraztsova, j'ai découvert hier soir Ludmila Pagliero dans le rôle-titre, aux côtés de Vincent Chaillet.

Beaucoup de bien a été dit de la Sylphide de Ludmila Pagliero ici même. Elle a, il est vrai, réussi à s'approprier le rôle, et de ce point de vue là beaucoup mieux que Dorothée Gilbert qui, pour son unique représentation, m'avait semblé rester extérieure au personnage. Elle a, il est vrai aussi, une technique irréprochable et son travail de pied, comme il a été dit, est d'une précision et d'un raffinement exemplaires. Mais bon, la Sylphide, c'est aussi des bras, des ailes, des expressions, des poses, enfin c'est un tout, bien vivant, et je n'ai pas été complètement transportée par la sienne, tout au moins dans le premier acte. Je comprends ce que veut dire Haydn lorsqu'il convoque le fantôme de Delphine Moussin, Sylphide admirable, qui tendait tout de même à accentuer le tragique de histoire - tragique peut-être discutable (James reste le principal artisan de sa perte). Dans l'acte I, Ludmila Pagliero m'a en réalité parfois paru moins tragique que sévère - jusque dans ses ports de bras, un peu trop anguleux à mon goût (avec quelques poignets cassés). Elle ne joue pas avec James, elle vient se poser en simple obstacle aux épousailles terrestres. Elle n'a pas, par exemple, de ces coquetteries féminines auxquelles se livre Evguénia Obraztsova, tout en préservant le côté surnaturel du personnage. Elle n'a pas cet air mutin, gentiment pervers peut-être, qui arrache James à la réalité conjugale. Bref, une Sylphide sans beaucoup de relief et encore moins d'ambivalence. Son acte II est toutefois meilleur - plus vivant aussi. Son jeu s'affine, elle se fait plus douce et charmante, et même si elle ne possède pas un ballon extraordinaire, sa danse est légère et elle parvient ainsi à donner un côté véritablement ludique et féerique au personnage. Le passage avec le voile était particulièrement réussi du point de vue dramatique, et peu importe que Vincent Chaillet ait eu à un moment un petit souci avec celui-ci.

Pour ce qui est de Vincent Chaillet, les attentes étaient différentes. On sait bien de toute façon qu'il n'a pas le ballon ni la petite batterie d'un Mathieu Ganio ou d'un Mathias Heymann. Dans le premier acte, je l'ai trouvé un peu extérieur à l'histoire et aux sentiments, pas très amoureux de sa Sylphide, un peu plus d'Effie peut-être? Pour lui, les choses se sont aussi améliorées au second acte. Là, il avait vraiment l'air d'un héros romantique, prêt à tout pour atteindre son idéal. Techniquement, il a bien assuré la première variation (celle du dernier concours des quadrilles, je crois), la deuxième lui a posé plus de difficultés, mais dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'il avait réalisé un beau travail stylistique.

Les vraies bonnes surprises sont surtout venues pour moi aussi des seconds rôles. Eve Grinsztajn est une merveilleuse Effie, qui a tout le charme voluptueux de la terre. Elle réussit vraiment à capturer quelque chose de l'esprit romantique terrien (car le romantisme, ce n'est pas que les ailes), qui vient s'inscrire en contrepoint de l'esprit de l'air que représente la Sylphide. Même si La Sylphide de Lacotte a un côté "exercice d'école", le drame demeure et pour qu'il fonctionne, il faut qu'Effie soit charmante, que James soit partagé. De ce point de vue, Eve Grinsztajn joue parfaitement le jeu (et c'est le trio qui à mon sens ne fonctionne pas complètement). On aimerait en tout cas qu'elle puisse approfondir ce rôle comme a pu le faire Mélanie Hurel, mais pour cela, il faudrait qu'on reprenne La Sylphide un peu plus souvent, un peu plus qu'une fois tous les neuf ans... Dans le pas de deux des Ecossais, Eléonore Guérineau a pris beaucoup d'assurance depuis son début (?) le 2 juillet. Sa danse est onctueuse comme le bon lait : bondissante, idéalement articulée et coordonnée, elle vit, du bout du pied malin jusqu'aux expressions radieuses du visage. Elle serait pour moi une Giselle de rêve. On saluera enfin le Gurn bien sympathique et assez rustique de Mickaël Lafon, la Sorcière d'Alexis Renaud, et surtout, surtout... le trio d'anthologie de Sylphes du deuxième acte - Lévy, Hecquet et... mystère en cours d'élucidation... suspense... -, elles sont en tous points admirables.