La Sylphide [Opéra Garnier, 22/06-15/07/2013]

[Katharine Kanter]

De gustibus non est disputandum

[sophia]

En vidéo sur le site de L'Express : une interview de Pierre Lacotte, accompagnée d'extraits du ballet et des répétitions avec Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio.

[Ritournelle]

Vincent Chaillet annonce sur Twitter qu'il assurera la soirée du 6 juillet avec Ludmila Pagliero.
Moi qui me faisais une joie de voir Mathieu Ganio dans ce rôle... Enfin, il parait que Ludmila P. est très bien en Sylphide!

[haydn]

Vous me devancez.

Suite à blessure de Mathieu Ganio, les distributions de la Sylphide sont chamboulées. Dorothée Gilbert est également retirée de l'affiche

(Sylphide / James / Effie / Madge / Gurn / Mère / PDD écossais)



01/07 19h30 Pagliero / Magnenet / Hurel / Phavorin / Gasse / Gilles / Zusperreguy + Thibault

03/07 19h30 Pagliero / Magnenet / Renavand / Renaud / Lafon / Gilles / Zusperreguy + Thibault

04/07 19h30 Hurel / Raveau / Zusperreguy / Phavorin / Gasse / Gilles / Lévy + Révillion

05/07 19h30 Dupont / Heymann / Zusperreguy / Phavorin / Gasse / Djiniadhis / Guérineau + Madin

06/07 19h30 Pagliero / Chaillet / Grinzsztajn / Phavorin / Gasse / Gilles / Zusperreguy + Thibault

09/07 19h30 Dupont / Magnenet / Grinsztajn / Phavorin / Gasse / Gilles / Zusperreguy + Thibault

11/07 19h30 Dupont / Heymann / Hurel / Phavorin / Gasse / Gilles / Zusperreguy + Thibault

13/07 14h30 Dupont / Magnenet / Grinsztajn / Phavorin / Gasse / Gilles / Guérineau + Madin

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[PetitCygne]

J'ai vraiment la poisse avec Dorothée Gilbert, je devais la voir, je m'en réjouissais, et la voilà retirée de l'affiche, à cause de son partenaire : exactement ce qu'il m'est arrivé avec Don Quichotte... Et c'est aussi la même remplaçante. Apparemment Ludmila Pagliero est super en Sylphide alors ça me console un peu.

[haydn]

C'est effectivment triste si vous veniez voir spécialement Dorothée Gilbert, mais honnêtement, Ludmila Pagliero est une Sylphide magnifique et je pense que ça compensera un peu votre déception de manquer votre étoile préférée pour la seconde fois.

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[Florestiano]

Couple de rêve ce soir 28 juin à Garnier. Et événement de la décennie : pour une fois, les régisseurs ont eu la bonté d'accorder à l'assemblée (et à L'artiste invitée) quelques minutes d'heure supp' pour qu'elle puisse prendre ses ovations comme il se devait.
Il faut dire que là, il ne s'agissait ni d'un public de première ni d'un public aropeux. Effet garanti : le public enflammé s'est vu offrir plusieurs curtain calls par Obraztsova et Heymann. Pour un peu, on se serait crû au Mariinsky ou au Bolchoï !

[MikeNeko]

J'étais absolument ravi du cap de Mathias Ça fait plaisir les bosseurs... du coup même pour faire tomber la petite aile, il y a été dans la discrétion.
Par contre il n'est pas bien doué en prestidigitation, mais c'est un métier

Evgenia, je crois qu'on lui a fait un accueil vraiment palot face à son talent, enfin en même temps on fait ce qu'on peut, on est pas des boeufs

Mon angle de vue, et ma focalisation sur quelques membres du corps de ballet (dont une quadrille qui s'est bien défendue ) ont fait que j'ai moins porté attention à la performance d'ensemble après l'entre-acte. Sauf dans le croisement de diagonales, un peu moins propre que pour le Gala.
En revanche j'ai vraiment bien aimé le cdb du premier acte...

Je suis sûr que Philippe Hui va recadrer ses musiciens déviants, ça serait dommage de gâcher sa belle "vision" de la partition

[serge1 paris]

Il est difficile de surenchérir après ce déluge de superlatifs mais Obratzsova était, pour cette seconde soirée, tout simplement divine.

Cette façon de danser sans le moindre effort apparent, avec un moelleux et une manière de flirter avec l'apesanteur qui semblent n'appartenir qu'à elle, font que chaque instant de son interprétation est marqué par le sceau de l'exceptionnel.


Une ETOILE, une vraie....

[Gracian2]

Après avoir lu ici un tel flot de louanges, j'étais prêt à contempler des merveilles, mais ce que j'ai découvert hier soir est encore au-delà de ce que j'avais pu imaginer. C'est stupéfiant! Ce ballet est une réussite totale.

Je partage tout ce qui a déjà été dit ici. Le suave Mathieu Ganio n'est pas du tout le personnage de James, Mathias Heymann, par contre, est un parfait hobereau écossais séduit (qui ne le serait?) par cette Sylphide. Sa virtuosité est toujours transcendante, on peut trouver que son interprétation est encore un peu brut de décoffrage, mais cela me paraît normal face à un rôle d'une telle importance.
Les ailes ce soir sont tombées d'elles-mêmes.

Ce que fait Obraztsova est à peine croyable. C'est vraiment une fille de l'air, elle plane, elle glisse, ses mains sont légères comme des fleurs gracieuses, vivantes. Même dans les sauts elle parvient à ne jamais casser les poignets. Son interprétation est remarquable, son désespoir en découvrant James fiancé, ce charme enfantin irrésistible, sa naïveté (l'offre du nid en échange du voile), tout nous convainc de la réalité de ce personnage aérien.

Le corps de ballet, tant vanté pour sa perfection lors de la première, m'a paru un peu relâché, même une danseuse a paru oublier ses pas.

Stéphane Phavorin m'a beaucoup plu, sa pantomime est sobre et précise.

Intenses ovations à la fin. Pierre Lacotte a été rappelé deux fois.

[haydn]

A mon tour de revenir sur la représentation d'hier soir.

Comme Florestiano, j'ai trouvé Mathias Heymann plus détendu, plus libéré que le 24 ; il retrouve progressivement ses marques, et peut-être que la présence, lors de la soirée AROP, de toute une tripotée de VIP et autres ministres, a ajouté une pression supplémentaire sur ses épaules. En tout cas, hier soir, ses sauts m'ont paru plus haut encore qu'à l'habitude, et, signe évident d'une tension nerveuse moindre, les réceptions étaient assez silencieuses, débarrassées de toute brutalité inutiles. Il a par ailleurs le bon goût de ne pas arborer un sourire permanent, et comme c’était déjà le cas lors de la représentation du 24 juin, son James possède, au premier acte, la relative rusticité qui convient. L'action est censée se dérouler dans les Highlands d'Ecosse, et non dans quelque palais pétersbourgeois ou versaillais. on l'oublie parfois.

Le partenariat avec Evguenia Obraztsova fonctionne plutôt bien, et les deux artistes forment un couple harmonieux sur le plan physique. Je ne m'étendrai pas sur la prestation de la danseuse du Bolchoï, tout a été dit ou presque et elle mérite bien des superlatifs. Un regret, ses pointes, assez laides, au plateau très large (apparemment des Gaynor Minden), qui tranchent avec l'élégance très... anglaise des ballerines de l'Opéra de Paris, qui elles se fournissent chez Freed à Londres (clin d’œil de l'histoire, puisque la première Sylphide, Marie Taglioni elle-même, ne s'approvisionnait en chaussons que dans la capitale britannique)*.

Sans invoquer explicitement la question des pointes, la chose m'avait déjà frappé lundi dernier :

[sophia]

Je ne sais pas ce que portait Dorothée Gilbert l'autre soir, mais elle aussi avait des chaussons avec un plateau large.

Pierre Lacotte, lors de la rencontre dont j'ai rendu compte plus haut, a évoqué subrepticement le problème - et partant, l'importance - des chaussons dans ce ballet. En effet, si La Sylphide doit rester une créature de l'air, une créature éthérée et impalpable, il est bien évident que la technique et, en l'occurrence, le matériau même des pointes, a complètement changé depuis Taglioni. Il a dit à ce sujet qu'il insistait pour que les danseuses portent des chaussons assez souples, et non des pointes très dures. Cela a donné lieu à une brève déploration sur ce goût actuel, à laquelle s'est jointe Brigitte Lefèvre.

Enfin, pour en revenir à Obraztsova, je n'ai pas été gênée par ses pointes Gaynor Minden (Ould-Braham en porte aussi maintenant, je crois) - effectivement d'une couleur et d'une forme un peu différentes des autres -, je les ai même trouvées très jolies. Cela étant dit, ce qui compte, c'est quand même ce que l'on en fait et de ce point de vue, je pense que son peton, précis et délicat, assorti d'un beau cou-de-pied, n'a pas grand-chose à envier à ses bras.

[ElenaK]

J’ai pris beaucoup de plaisir à regarder le spectacle du 28.06 : Evguenia Obraztsova en Sylphide est de l’éther pur ; Mathias Heymann, un de mes danseurs préférés, enfin en très bonne forme (je ne l’ai pas revu dans un spectacle entier depuis La Source) ; les interprètes admirables pour les deuxièmes rôles, Mélanie Hurel et Muriel Zusperreguy en particulier ; le corps de ballet de l’Opéra, enfin, plutôt convainquant dans un ballet classique, au moins dans le premier acte. Même si ce tonneau de miel était gâché par une petite cuillère de goudron : les trois sylphides du deuxième acte. Comme Florestiano, j’étais assez gênée par leur disfonctionnement :

[Lanou]

Je ne reviendrai pas sur la performance d'Obraztsova, elle était encore meilleure hier qu'à sa première, et c'est juste une vraie star.
Non, je parlerai de Mélanie Hurel vue dans le rôle titre cet après midi, qui était très séduisante. Ce n'est pas habituellement une de mes danseuses préférées (voire loin de là), mais je trouve que le répertoire romantique lui va parfaitement. Pas grave si elle danse un peu petit, ça convient à ce genre. Mais quelle batterie! Et le ballon est vraiment pas si mal que dans mes souvenirs (en même temps, Paquita n'était pas le rôle de sa vie ). Je l'ai trouvé très émouvante dans le pas de l'ombre (j'en suis le premier surpris de trouver ce pas lyrique aussi annonciateur du drame), et assez endurante pour les lacotteries du deuxième acte. Bref, pas de regret (même si évidemment il aurait été normal de voir aussi Mlle Ould Braham, l'une n'empêchant pas l'autre).
Très belle prestation de Raveau. Quel aplomb pour un jeune danseur de danser si excellemment ces rôles. On sent le travail très abouti et très réfléchi, là où Heyman joue plus à l'instinct, certes de belle manière parfois, mais trop nombriliste à mon goût.
Enfin, je trouve que Phavorin fait de son rôle une sorcière immonde que nul ne voudrait approcher (comment James peut il lui faire un baisemain?), plutôt tragique : peut être une ancienne belle, une sylphide déchue?

[Florestiano]

Bon, si personne n'a rien à dire sur cette matinée du 29 juin, je me lance.

Pierre-Arthur Raveau y était naturellement attendu en James.
Prise de rôle enthousiasmante à tous égards ; c'est le James le plus équilibré qu'il m'ait été donné de voir sur cette série jusqu'à présent. J'ai admiré l'équilibre qu'il a su trouver entre préservation de son élégance naturelle et paysannerie ingénue bien sentie. Pour citer un exemple, les échanges avec le formidable Gurn de Mickaël Lafon (essayant de ne pas fonder son jeu uniquement sur sa plastique plus qu'affriolante) ont été très équilibrés, là où Gasse semblait plutôt être l'écuyer de Ganio qu'un rival amoureux. La palette d'émotions qu'il déploie sur un mode très "boy next door" est extrêmement touchante et en phase avec le personnage.

Partenaire déjà expérimenté, aux attentions marquées (avec quelle grâce il se sort du dysfonctionnement du détachement des ailes - franchement, les accessoiristes de l'Opéra ne pourraient-ils pas faire quelque chose ?), aux portés sûrs (le caractère aérien de certains d'entre eux a d'ailleurs été salué par le public à des moments où il n'y a d'habitude pas d'applaudissements).

Et les variations, impressionnantes pour une prise de rôle. Un ballon qui n'a rien à envier aux plus grands, une danse très ample et libéré, des batteries d'entrechats superbes. Un sans-faute qui lui a valu de très chaleureuses et longues ovations, auquel nous nous sommes bien évidemment joint.

Très bel équilibre avec ses deux partenaires, vraiment intéressantes - Lanou a très bien parlé de La Sylphide de Mélanie Hurel (qui a totalement oublié de rentrer sur scène pour une diagonale au II, d'ailleurs !), même si je dois avouer avoir été un peu crispé par ses poignets souvent laidement cassés. Zusperreguy campait une Effie in fine très semblable à celle de... Mélanie

Bravo à tous trois, qui ont assuré une représentation de très très haut vol. Le public leur a d'ailleurs témoigné une gratitude à la hauteur de la qualité.

La grosse déception est venue de Mathilde Froustey, dont on ne peut pas dire qu'elle ait fait d'efforts particuliers dans le pas de deux des écossais pour ses "mini-adieux" ; service minimum en roue libre. Dommage, parce qu'on sentait que son Écossais de Marc Moreau avait, lui, envie de faire des trucs.

Promis, je ne vous embête plus jusqu'aux prises de rôle d'Albisson et Bittencourt - d'ici là, j'aurais peut-être juste une 3ème Obraztsova, dont on a déjà beaucoup parlé.

Ah, au fait, la sylphide centrale des trois sylphides devrait tout de même retravailler un peu, parce que le n'importe quoi deux fois de suite (même si là, c'était un peu mieux qu'hier soir), ça fait tout de même beaucoup !