Don Quichotte [ONP 16 novembre - 31 décembre 2012]

[sophia]

Et un petit Rojo-Bocca ou Rojo-Carreno pour la route...

[doudou]

Quelques mots sur mon dernier DQ dimanche après-midi avec Vincent Chaillet et Muriel Zusperreguy.
Après ce que j'avais lu sur les premières représentations de cette distribution, j'étais dans l'expectative.
Vincent Chaillet a fait une bonne prestation avec quelques jolis moments dans ses variations, mais le personnage n'est dessiné qu'à grands traits. Il est un partenaire attentif et prudent (pas de portés à une main au 1er acte). Beau manége et jolis tours dans le pas de deux final.
Si j'avais apprécié l'intelligence d'Alice Renavand qui n'était pas exactement dans son style habituel, j'ai bien aimé aussi la manière dont Muriel Zusperreguy s'est investi dans le rôle, elle ne manque pas de piquant et de charme et sa Kitri tient la route. Le passage le plus intéressant a été la scène des Dryades, où elle a su donner un lyrisme que je n'avais pas vraiment senti chez les autres danseuses de cette série. On trouve tout l'esprit de ce passage sans aucune volonté d'en mettre plein la vue techniquement mais en assumant ce qu'il faut sur le plan de la danse pure. Reste le grand pas de deux qui, à l'exception des fouettés avec changement de jambe, est bien assumé avec même des équilibres satisfaisants sans être interminables.
Le public a été très froid au 1er acte (la digestion peut-être ? ) puis est peu à peu devenu plus chaleureux.
Finalement ce n'est certes pas la représentation la plus excitante de celles que j'ai vues dans la série mais rien d'indigne non plus. J'avais bien aimé Muriel Zusperreguy dans La Source, et aussi, bien que plus femme que jeune fille, dans Lise de la Fille mal gardée. J'espère que la direction lui offrira des opportunités de briller dans des rôles plus en rapport avec ses qualités que Kitri, même si son travail a été très professionnel ce dimanche.

[sakura]

Je suis avec délectation les commentaires sur les différents DQ.
je me pose une question : quand une danseuse sujet (ou un danseur) assume le rôle-titre est-il dans les mêmes conditions de répétitions qu'une étoile?
A savoir l'étoile ne va répéter que son rôle et pouvoir entre 2 prestations le peaufiner et se reposer alors qu'un grade inférieur doit assurer la même prestation (avec les difficultés techniques et interprétatives) et en plus travailler une place ou plusieurs dans le corps de ballet et se trouve donc dans de moins bonnes conditions pour offrir un spectacle de qualité.
En définitive, critiquer les non-étoiles pour diverses imperfections est assez injuste.
La direction, si elle veut nous faire découvrir les futurs "grands", devraient permettre à ceux-ci (celles-ci) de se battre avec les mêmes armes...
Donc comparer Paquette/Raveau (ou Alu) ou Pagliero/Froustey(ou Zusperreguy) ne rime plus à grand chose...
Ceci dit, je trouve aussi bien navrant que cette belle maison ne puisse offrir que si peu d'étoiles sur un grand classique, ni même de premier danseur en nombre suffisant !
Offrez nous plus souvent des jeunes affiches, mais ayant travaillé dans les conditions optimales et avec au moins 2 représentations pour qu'ils puissent prendre leurs marques (la première fois, le stress paralyse un peu...) et l'on pourra enfin voir éclore de nouveaux talents.

[haydn]

A priori les "jeunes" ont des conditions de répétitions plus favorables que les étoiles ou les premiers danseurs, qui sont censés connaître les rôles et avoir davantage de métier. Pour des coryphées ou des sujets, la difficulté vient davantage du fait qu'il sont, en dehors du ou des soirs où on leur confie un premier rôle, obligés de danser dans le corps de ballet, ce qui engendre évidemment une plus grande fatigue physique. Mais quand on voit le nombre de représentations qu'ont dû se farcir Ludmila Pagliero et Karl Paquette, ça relativise....

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[Pink Lady]

Cela m'étonne, car j'avais discuté avec une répétitrice il y a 2 ans qui m'avait indiqué l'inverse (il s'agissait de la reprise du Roméo et Juliette de Noureev) : la première distribution, des étoiles en l’occurrence, travaillait longuement avec les maîtres de ballet "maison" ou invités, tandis que les autres apprenaient derrière. Il me semblait aussi avoir lu dans une interview de Karl Paquette après sa nomination que son nouveau rang lui permettrait de travailler ses rôles plus longuement et dans de meilleures conditions...

[danse-0pera]

[fandorine]

Excellente année aux dansomaniaques!
J'ai pu apprécier Muriel Zusperreguy et Vincent Chaillet pour leur dernière représentation le 30 décembre.
Par comparaison avec les 4 distributions vues précédemment (Pagliero-Paquette, Gilbert-Paquette, Froustey-Raveau, Froustey-Alu), c'est le premier couple où c'est Basilio qui mène la danse et entraîne sa Kitri dans l'aventure.
Muriel Zusperreguy apparaît presque timide face à Vincent Chaillet qui domine la scène de sa prestance et passe avec aisance ses difficultés. L'adage du premier acte est néanmoins un beau moment, où la danseuse peut donner libre court à sa sensibilité en harmonie avec son partenaire. Seul petit bémol: les portés à une main qui ponctuent la fuite des amoureux ne sont même pas tentés.
Le deuxième acte correspond mieux au tempérament de Muriel Zusperreguy, et j'ai vraiment aimé sa variation de Dulcinée, très délicate.
J'ai trouvé que le troisième acte était un ton au dessous: fébrilité pour la danseuse dans le pas de deux, crispation de Basilio dans sa variation (mais le manège et les pirouettes finales sont très beaux) , enfin des fouettés revus et corrigés, très applaudis mais un peu étranges.
Parmi les rôles secondaires:
-Espada (Alexis Renaud) semble avoir quelques difficultés avec sa cape,
-Charline Giezendanner a été un charmant Cupidon,
-le Gitan (Mathieu Botto) a fait une entrée spectaculaire,
-les héros des épisodes précédents, François Alu, Mathilde Froustey, Héloïse Bourdon avait regagné le corps de ballet.
En tout cas, cette matinée donne envie de revoir Vincent Chaillet dans ce répertoire classique. Malheureusement, la saison en cours ne lui en laissera sans doute pas beaucoup l'occasion.

[sterling]

Ne pas rater la télédiffusion du Don Quichotte sur Arte demain vendredi à 20h50.
J'ignore la distribution qui sera retenue mais je parierais pour Gilbert-Paquette, dont bizarrement l'intégralité de l'acte I figure déjà sur Youtube, en qualité très professionnelle je trouve...
Dommage, j'aurais aimé découvrir un autre duo et notamment Froustey-Alu dont il a été dit tant de louanges ici.
Bonne Année 2013 à tous.

[Aurélie]

Merci Sterling ! Apparemment, on le trouve en intégralité.

Merci fandorine pour la photo, et merci à tous pour vos comptes-rendus de la distribution Chaillet-Zusperreguy !

[maraou]

Comme beaucoup d'entre-vous, j'ai regardé D. Quichotte sur Arte ce soir (fallait-il poster dans la section programme TV/Radio ?) ; j'en profite au passage pour souhaiter à tous les dansomaniaques mes meilleurs vœux ...

Je suis déçue de constater que je reste sur la même impression mitigée avec cette distribution. Sur un autre fil Nabucco évoquait la troupe "des gentilles filles et des gentils garçons" , ce n'est pas loin de ce que je ressens ce soir.

Que ce soit pour les étoiles (Mlles Gilbert et Pagliero) ou sujets (Mlle Froustey et M. Raveau), il manque de façon trop évidente une certaine propreté technique : équilibres tremblants, manèges qui ne tournent plus très ronds, déplacements lors des relevés sur pointes du 3ème acte, difficulté à entrer dans la dynamique du morceau et absence de musicalité.

Attention, je ne cherche absolument pas à dénigrer ces 4 artistes, que j'apprécie par ailleurs, je les cite car ce sont les seuls que j'ai vus.

Et c'est avec regret que je constate à quel point l'ONP souffre de la comparaison avec les jeunes artistes russes, cubains ou anglais.

[haydn]

Je recopie ici mon commentaire sur la soirée télévisée de ce vendredi 4 janvier 2013, car, comme maraou, j'ai hésité sur le fil de discussion à choisir.

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La série des Don Quichotte se sera donc conclue pour moi devant le petit écran. Un peu déçu tout de même par la Kitri de Dorothée Giblert, qui manquait de punch au 1er acte, et dont, bizarrement, les équilibres étaient instables au III, alors qu'il s'agit normalement de l'un des points forts de sa technique. Indisposition passagère, blessure mal cicatrisée ou tout simplement trac, face aux caméras? Difficile à dire, d'autant qu'à en juger par les vidéos qui trainent ça et là sur le web, elle n'avait pas hésité à prendre de touts autres risques lorsqu'elle avait dansé le rôle au Brésil en compagnie de Marcelo Gomes.

Karl Paquette a pour sa part livré une bonne prestation. Certes, il manque un peu d'élévation et d'ampleur dans les manèges, mais il a de la présence et de l'énergie, et les pas sont exécutés proprement. Il est par ailleurs toujours aussi drôle dans la scène de la fausse mort de Basilio, et question portés, il ne craint personne. Il soulève Dorothée Gilbert d'une seule main, sans un tremblement, et avec une (apparente) facilité tout à fait déconcertante.

Laura Hecquet était une très belle Danseuse des rues, racée et au caractère bien trempé. Elle confirme ce que j'avais déjà constaté à la suite des représentations à l'Opéra Bastille, à savoir qu'elle est bien mieux à l'aise ici qu'en Reine des Dryades, où elle est trop raide et autoritaire. Inversement, et je l'avais également souligné, Héloise Bourdon est beaucoup mieux à son affaire dans ce dernière rôle, ou elle fait montre de lyrisme et de moelleux dans les ports de bras - parmi les plus jolis qu'on puisse voir à l'Opéra de Paris. Compte-tenu de ses aptitudes, il serait assez étonnant qu'on lui refuse le rôle d'Aurore si la reprise de la Belle au bois dormant figure bien, comme cela a été annoncé, à l'affiche de la saison 2013-2014.

Christophe Duquenne s'est montré lui aussi à la hauteur de la tâche, et s'est affirmé de loin comme le meilleur Espada de la série. Il manie toujours la cape avec une dextérité irréprochable, et, plus sérieusement, il est le seul à maîtriser encore correctement la grande complexité des pas concoctés par un Nouréev un peu sadique quand même!

Je ne sais pas s'il figurera finalement à l'affiche du gala donné en hommage au célèbre danseur russe, mais, à l'Opéra de Paris, il est aujourd'hui quasiment le dernier dépositaire de la tradition initiée il y a trente ans. Nul ne serait mieux qualifié que lui pour briller lors d'une telle manifestation.

Parmi les seconds rôles, le plus remarquable était Alister Madin, Gitan veule, brutal et débordant d’énergie. On soulignera aussi la bonne performance d'Eric Monin, Gamache très drôle, mais qui ne forçait pas non plus exagérément le ridicule.


Mais de toute cette dernière reprise de Don Quichotte à l'Opéra Bastille, ce qui aura été pour moi le plus marquant, c'est la prise de rôle d'Alice Renavand en Kitri. Mlle Renavand n'est peut être pas la plus brillante technicienne de la troupe, mais c'est elle qui, à mon sens, a le mieux incarné le personnage, avec ce qu'il fallait d'abattage et de sens du spectacle. Là, on ressentait vraiment ce frisson des grands jours. La présence à ses côtés de François Alu l'aura sans doute stimulée, mais il s'agissait probablement aussi de relever un défi personnel. Très bien distribuée dans le répertoire contemporain, Alice Renavand n'avait, en revanche, jamais eu l'opportunité de faire ses preuves dans un grand rôle classique. Avec Don Quichotte, elle aura su crânement saisir sa chance.

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[paco]

Même s'il est toujours difficile d'être catégorique face à au petit écran, cette distribution ne m'a pas ébloui en termes de panache et de vitalité (éléments pour moi indispensables pour DQ), et je reste comme Haydn sur celle de Renavand-Alu comme la plus convaincante de la série 2012.

Cette série de DQ désormais terminée, de manière générale les blessures des un(e)s et des autres auront finalement permis d'avoir une série plutôt intéressante car pleine de tandems inattendus et peu souvent distribués.

Finalement plutôt un bon "cru", même si, comme le souligne Maraou, en dehors de la soirée Renavand-Alu les autres tandems, malgré des qualités indéniables et même pas mal de temps forts, étaient un peu "limites" sur le plan technique pour une marque comme l'ONP. Mais je garderai un bon souvenir de cette reprise.

[NEOPHYTE]

"Don Quichotte"sur Arte, et en prime time en plus, c'est une bonne idée.

La qualité du résultat "télévisuel" m'a étonnée, j'ignore si c'est l'optique des caméras mais il y avait un rendu esthétique vraiment agréable.

Du coup, c'est vrai que ne pas vouloir de danse trop virtuose à l'Opéra de Paris, cela handicape ce genre de ballet qui a besoin de décoller!

[sophia]

Il est en effet délicat de juger d'une prestation filmée alors qu'on vient de voir en vrai toute une série de représentations de la même compagnie dans le même ballet. Pour ma part, je n'avais pas vu cette distribution sur scène, mais je dois dire que la déception a été grande pour ce qui est du couple principal. Qu'en aurait-il été avec ceux que j'ai vus de la salle?

Je n'attendais pas forcément un couple du tonnerre, nous faisant entrer dans une comédie menée à deux tambour battant, mais je pensais qu'on aurait au moins droit à une belle démonstration de virtuosité de la part de Dorothée Gilbert. Que nenni! Je l'ai trouvée très tendue dès l'entrée et cette tension n'a pas vraiment disparu au fil des actes. Passons sur l'absence de saut, caractéristique générale des danseuses de l'ONP, bien dommageable dans ce ballet, mais les équilibres étaient souvent incertains, les fouettés sans éclat particulier, et surtout sa prestation manquait de dynamisme et de piquant de manière générale. A ses côtés, Karl Paquette paraissait beaucoup plus libéré et énergique dans son jeu et dans sa danse. De là à s'enthousiasmer... Finalement, les prestations les plus notables sont venues du corps de ballet et de quelques seconds rôles, Laura Hecquet en Danseuse de rue, beaucoup plus piquante que je n'aurais imaginé, Allister Madin en Gitan ou Héloïse Bourdon, dont on a pu admirer, à défaut de sauts impressionnants, le raffinement des bras et des mains dans la variation de la Reine des Dryades.

Au final, ce Don Quichotte reste un beau spectacle pour découvrir l'unité et la propreté du corps de ballet de l'Opéra de Paris, c'est agréable de surcroît de pouvoir regarder de la danse classique à une heure décente (même si enregistrée), mais pour l'éclat général, notamment des étoiles, on en sort quand même insatisfait. L'image est cruelle, et elle reste de surcroît, mais c'est le lot de notre temps.

[Solveig]

J'ai également regardé la diffusion d'hier et un détail me chiffonne (parmi d'autres...), comme il m'avait chiffonné dans la salle : les grandes sissonnes de Dorothée Gilbert dans la variation aux castagnettes. Elle n'est pas la seule danseuse dont les sissonnes s'éloignent de l'écart bien sûr, mais cela m'étonne et me frustre, il faut bien le dire. Sur le DVD de l'ONP, on peut voir Aurélie Dupont faire un assemblé qui lui donne un important temps d'appel juste avant chaque sissonne. Comme dans la variation de la reine des Dryades où l'arrivée sur un pied tend à être remplacée par une arrivée en cinquième, peut-être plus difficile à exécuter mais qui tue chez beaucoup la légèreté du mouvement, je me demandais si de la même manière, il était maintenant demandé aux danseuses de l'opéra de ne pas marquer de temps d'appel avant la sissonne (parce que c'est plus difficile donc c'est forcément mieux...) ou si c'est Dorothée Gilbert qui a choisi d'exécuter le pas ainsi (je n'ai vu que cette représentation avec elle, peut-être était-ce juste un soir sans ?), ou si cela va dans le sens général du "levons-moins-les-jambes" à l'onp. Des dansomaniaques ont-ils une idée sur la question ?