Don Quichotte [ONP 16 novembre - 31 décembre 2012]

[MikeNeko]

Eh bien, cela va vraiment vite... je pensais que cela serait râpé pour moi mais il restait des places bien placées, ouf
J'aurais vu 3 Basilio différents ! Monsieur Alu, à vous de jouer !

Pour la petite (toute petite) histoire, j'ai beaucoup apprécié la représentation d'hier; bien qu'entachée d'un voile beaucoup trop docile envers Kitri-Dulcinée ( un peu de olé que diable ! )...

[haydn]

Eh bien, on attend avec impatience vos impressions, il risque d'y avoir du beau spectacle!

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[Florestiano]

Quel bonheur de voir Dorothée Gilbert hier ! Sa Kitri a tout du charme, de l'espièglerie, de l'humour, du caractère, de la bouderie, de la chippie mais aussi du romantique qu'il faut (quel II !). Sans cela, son assurance, sa virtuosité ébouriffante et sans aucune faille, ses très beaux et longs équilibres de Dulcinée ne seraient rien. Elle met sa technique superlative au service du personnage et c'est un bonheur.

Mieux : quel partenaire pourrait résister à une telle bourrasque d'énergie ? Pas Karl Paquette, que j'ai trouvé métamorphosé par rapport à la représentation que j'avais vu de lui avec Pagliero. Qui eût cru que j'écrive cela : il campe un Basilio vraiment convaincant. Il joue, prend plaisir, fait l'acteur, en fait des tonnes. Même ses variations individuelles sont plus enlevées que d'habitude.

Très déçu par la reine des Dryades de la Daya, bien mieux à son aise en danseuse de rue, et par les demoiselles d'honneur qui décidément n'arrivent toujours pas à danser ni ensemble ni en ligne. Un peu agaçant à force.
De même, il faudrait expliquer aux matadors que les grands sourires tout le long de leur prestation, ce n'est pas le top. Seul Mickaël Lafon a l'allure, le sérieux, le regard frondeur qui sied à ces personnages.
Les pêcheurs, emmenés par des Allister Madin et Hugo Vigliotti à la danse toujours superbes, m'ont en revanche beaucoup plu.

Très belle représentation, donc, qui fait oublier l'amertume de ces malheureux événements - Pierre-Arthur, dans la salle et manifestement déçu, indique qu'il s'est en fait froissé un muscle dans le III mercredi soir. Pas très grave comme blessure ; ouf !

Mon vœu de voir François Alu se jeter dans la fosse aux lions se réalise. Pas très bon pour nos finances, tout ça, mais nous y serons, du coup

[sophia]

Sait-on pourquoi il y a eu ce remplacement de dernière minute? Blessure (j'espère que non)? Gastro-entérite inopinée (ça passe)? Ou simple volonté de préserver les danseurs pour la suite (deux spectacles sur deux jours consécutifs, c'est tout de même un peu délirant)?

[fandorine]

J'ai craqué vendredi soir pour une place cet après-midi, espérant voir Dorothée Gilbert et Karl Paquette en live. Tant pis, ce sera au cinéma ou à la télévision, s'il n'y a pas de nouveau contretemps . Les impressions de Florestiano donnent déjà envie d'y être.
En attendant, je me réjouis de découvrir le Basilio de François Alu. Pour une première, c'est un beau défi de danser avec une partenaire avec laquelle on a très peu répété. Bonne chance à tous les deux!
Pas de compte-rendu sur la paire Ludmila Pagliero - Mathieu Ganio?

[Gabriele Steidler]

[alila]

Coup de théâtre sur coup de théâtre!

Si j'avais pas deux examens demain, je serais partie en courant à Bastille trouver une place même à visibilité réduite pour voir les deux sujets, surtout Alu!

Je me demande s'ils auront le temps d'imprimer les feuilles de distribution…

[haydn]

Pour les feuilles de distribution, à moins d'un miracle, clairement, non. Les jours de semaine, l'Opéra peut rattraper le coup chez l'imprimeur jusqu'aux environs de 14h s'il y a un changement ; le week-end, passé le samedi midi, il n'y a plus rien à faire...

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[Gaïa]

Pour ma première intervention ici (après de nombreuses années de lecture), je rejoins Florestiano sur la représentation d'hier après-midi : une vraie réussite.

Dorothée Gilbert, malgré une entrée en scène pas si tonitruante à l'acte I, enchante par sa malice et sa séduction ; sa variation des castagnettes était d'une assurance étonnante, avec une diagonale de tours suivis impeccable, et tout le reste du ballet s'est poursuivi dans la même énergie. Moues délicieuses dans la pantomime, équilibres somptueux en Dulcinée, et coda avec doubles pirouettes tout du long. Infime détail ou anecdote, sa pointe a légèrement dérapé lors d'un demi-tour en quatrième position dans le grand pas de deux du 3e acte, et j'ai cru entendre un petit "Ouups !" de surprise... très naturel !
Karl Paquette, de son côté, s'est largement laissé prendre au jeu : tour à tour drôle et touchant, coulant à sa belle de doux regards lors des pas de deux nocturnes du IIe acte, et très léger dans chacune de ses variations. Seul reproche à lui faire, son manège pris un peu court à la coda de l'acte III ; sinon, son partenariat est sûr et son jeu d'acteur, encore une fois, vraiment convaincant - on sourit très, très souvent !

Parmi les seconds rôles, le quatuor DQ-Sancho-Gamache-Lorenzo (Y. Chailloux, Takeru Coste, E. Monin, P. Rétif) fait merveille, rien à redire. Héloïse Bourdon montre une belle autorité en Danseuse de rue, mais reste quelque peu fébrile à l'acte I, avec des préparations de pirouettes peut-être trop appuyées. Les maniements de cape, s'ils ne posent pas trop de problèmes à Alexis Renaud, sont vraiment brouillons chez les matadors - on aperçoit des capes laissées plus ou moins à l'abandon en bout de bras. Les deux amies de Kitri, L. Clément et S. Westermann, que je ne connaissais pas, étaient très enjouées et leurs duos harmonieux.
Au IIe acte, charismatique gitan d'Allister Madin. La scène de la vision m'a semblé de belle tenue, avec un Cupidon (Marine Ganio) magnifique, d'une vivacité et d'une précision étonnantes (des sauts de chat-développés - à la Balanchine - vraiment splendides) ; Sarah Kora Dayanova en Reine des Dryades a rivalisé d'équilibre avec Dorothée Gilbert, mais le bruit de ses pointes dans sa variation gêne vraiment, bien que ses développés aient un beau ralenti.
Pour finir, un petit mot sur Marion Barbeau, très jolie et souriante demoiselle d'honneur, avec pirouettes attitude suspendues et grands jetés efficaces.

Très beau spectacle en somme ! Et dernière anecdote, D. Gilbert et K. Paquette sont sortis en trombe de l'Opéra Bastille, encore maquillés et gros bouquets sous le bras : "On a pas le temps, on file à Garnier, désolés !" - quoi, un petit Forsythe pour la route ?

Je regrette, comme beaucoup, de rater la Kitri Mathilde Froustey cet après-midi, et lui souhaite un grand succès - elle a dû passer un drôle de dimanche matin !

[NEOPHYTE]

[haydn]

Bienvenue à Gaïa et merci pour son premier compte-rendu


Pour NEOPHYTE, c'est une représentation dite "Rêve d'enfants", en fait, un spectacle de bienfaisance organisé par l'AROP, au profit d'enfants de centres sociaux et de maisons d'accueil, de Paris et d'Ile-de-France. Pour une fois, les prix sont majorés pour la bonne cause. Un certain nombre de places pour le spectacle sont par ailleurs offertes à des jeunes venus de banlieues réputées "difficiles".

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[PasdeDeux]

[Très beau spectacle en somme ! Et dernière anecdote, D. Gilbert et K. Paquette sont sortis en trombe de l'Opéra Bastille, encore maquillés et gros bouquets sous le bras : "On a pas le temps, on file à Garnier, désolés !" - quoi, un petit Forsythe pour la route ? ]

Ils étaient attendus à Garnier pour un direct pour France 3 en participation au Téléthon.

Sinon pour la représentation du soir Ganio/ Pagliero: très belle soirée. Ludmila a une technique à couper le souffle, mais semble plus énergique et "sèche" que gracieuse et sensuelle (comme le voudrait le style hispanique)
Ganio a brillé sur l'Acte III avec une Coda parfaite! sa deuxième variarion à l'acte I était légèrement fébrile surtout dans les réceptions.
Don Quichotte de Guillaume Charlot paraissait complètement "à la ramasse" et on a frôlé l'ennui mortel durant le prologue. En revanche le Sancho de Vigliotti était génial et sa figuration lors des différentes scènes étaient vraiment hilarantes!
Laura Hecquet un peu raide au premier acte en danseuse des rues, mais bien plus sensuelle à l'acte III. La danse des matadors pas très au point (l'un s'est retrouvé avec son foulard rouge à l'envers durant toute la danse... Idem les demoiselles d'honneur pas très synchro. Le gitan de Mathieu Botto m'a paru bon et dynamique, pas assez applaudi selon moi. Enfin pour le rêve, je retiens surtout Charline Giezendanner en ravissant Cupidon, délicat et malicieux, très applaudie! Un spectacle qui émanait la bonne humeur et la chaleur, un vrai plaisir malgré quelques imperfections!

[MikeNeko]

Quel pied ! j'ai passé un excellent après-midi ! J'ai retrouvé en Mathilde Froustey tout ce que j'avais aimé d'elle la première fois, donc... quel pied. François Alu, après une courte période d'ajustement, a vraiment été éblouissant à mes yeux, j'ai d'ailleurs joué au chauffeur de salle quand la distribution a été annoncée ^^ et la représentation ne m'a pas donné tort! Halala... je ne regrette pas du tout ma petite folie dépensière... signe du destin, mercredi et aujourd'hui j ai eu exactement la même place. Et sur ce... bonne nuit !

[Florestiano]

Je crois qu'il faut saluer à sa juste mesure l'immense cadeau que François Alu vient de nous offrir lors de cette matinée AROP du 9 décembre, avec une prise de rôle tonitruante en Basilio.

Nul autre que lui à l'Opéra (parmi les valides en tout cas) n'a ce ballon (mon Dieu, il s'envole littéralement), cet engagement physique, cette assurance dans les réceptions, ce côté démonstratif qui reste pour autant dans les limites du "bon goût" à la française.
Il est présent, il s'impose, il charme, on adore. Oui on adore, et on admire son professionnalisme quand il s'agit de reprendre le fil après quelque véniel écart.
Quel cran !
Il ne lui manque qu'à travailler un peu son jeu, en deçà de ce qu'il faisait en Alain, beaucoup moins outré, mais il entre d'emblée dans une cour des potentiellement grands Basilio du moment. Encore un peu de maturation... Mais bravo !!

Quant à Mathilde, elle a la rage dès l'entrée de Kitri, cette fois, elle dévore la scène, emporte le public, Basilio, les matadors, tout le monde. Le temps très réduit de répétition explique sans doute le fait qu'elle soit plus "prudente", moins show off que mercredi (et encore, on souhaiterait que toutes soient aussi "prudentes"...) et les petits réglages en live dans les pas de deux.

Quoi qu'il en soit, les adages sont remarquables compte tenu des conditions, et la complicité des deux bouleverse vraiment - encore un II superbe.

N'oublions pas une Dulcinée qui prend aux tripes.

Tout autour, même si les demoiselles d'honneur n'arrivent toujours pas à danser en ligne - le comble, tout de même (en milieu de série, ça devrait être parfait) -, le corps de ballet est à l'unisson des deux stars du jour.
Le Gitan d'Allister est de mieux en mieux (très applaudi pendant son tour accroupi, d'ailleurs). La Daya est mieux dans son élément en danseuse de rue - avec un Duquenne souverain - qu'en Reine des Dryades. Cela tombe bien ; Héloïse Bourdon est mieux dans son élément en Reine des Dryades (elle "remplaçait" Gillot ; ben oui, on n'allait tout de même pas faire danser une Étoile en Reine des Dryades alors que les rôles principaux ne sont que sujets...) qu'en danseuse de rue. Le trio de Dryades touche à la quasi-perfection dans son harmonie.
Monin en Gamache, Saramite en Lorenzo (comme hier d'ailleurs) et Vigliotti en Sancho Pança s'acquittent très honorablement de leur tâche et amusent comme il se doit.

La représentation, caractère caritatif oblige, était précédée de discours soporifiques qui ont viré à la litanie de remerciements (c'est de bon aloi de remercier, mais ces gens ne pourraient-ils pas trouver une forme moins conventionnelle dans la structure de leurs propos, franchement, eux dont c'est le métier ?). Seule l'unique Brigitte est rigolote, en lançant à l'orchestre "vous aimez jouer cette musique, non ? Ah si, vous avez vu, ils disent oui !" Que les musiciens l'aiment ou pas, ils la jouent fort bien, cette musique, avec un Kevin Rhodes qui ne ménage pas sa peine et se joint à tout moment au public pour applaudir les danseurs.

Enfin, applaudir, je devrais dire ovationner hystériquement. Le public de matinée comportant par ailleurs plein d'enfants invités grâce à la grande générosité des mécènes, est d'une chaleur incroyable. Je ne sais pas si l'ego démesuré des artistes avait besoin de ça, mais c'est tellement mérité

Oui, vraiment, merci à tous pour ce moment exceptionnel !

[cymbales]

Au cas où la clameur qui s'est élevée de la salle aux saluts et qui a dû s'entendre jusqu'à Garnier n'était pas assez claire, Mathilde Froustey et François Alu ont cassé la baraque, et entraîné le reste de la compagnie avec eux.

Voilà une représentation dont on sort non pas sans voix, ou avec le sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux - même si on en a vu un certain nombre, mais tout simplement en riant aux éclats, tout au bonheur d'avoir eu la chance d'admirer le talent et le culot de ces deux danseurs.

(pour le reste, tout comme Florestiano)