Concours de promotion Ballet de l'Opéra de Paris 2013

[Déméter]

Comme d'habitude le concours de promotion amène son lot de surprises.
N'y ayant pas assisté, je me garderai bien d'émettre des réserves sur les résultats . . .

Félicitations, donc, à toutes les promues du jour !

Mais j'aimerais partager la joie que j'ai ressentie en voyant qu'Eléonore Guérineau en faisait partie.
Quelle qu'ait été sa prestation aujourd'hui, je suis ravie que cette danseuse qui m'a toujours transportée jusqu'ici, même dans le rôle le plus infime, soit enfin récompensée - même si je sais bien qu'à l'ONP, promotion ne rime pas forcément avec meilleures distributions . . .
Espérons que son talent soit dorénavant mieux mis en valeur.

[Aurélie]

Merci pour les résultats et les premiers commentaires (je n'ai pas assisté au concours). Félicitations aux promues !

franchement, l'ONP devrait vendre ses services à Hollywood, tant ils excellent dans l'invention de scenarios que personne n'avait imaginé.

[Elendae]

Cette année j'ai la chance d'assister au concours de promotion pour la première fois. Je suis vraiment contente d'avoir pu découvrir certaines danseuses (et danseurs, demain !) que je connais peu.

Pendant la matinée, à quelques exceptions près, j'ai trouvé le niveau de chaque classe assez homogène.
Chez les quadrilles, une exception (de taille) chez Sae Eun Park, qui a littéralement survolé le concours, avec une imposée parfaite et une libre impressionnante (cette entrée de Paquita avec les grands jetés !!!). Sa promotion ne faisait pas l'ombre d'un doute. Pour les autres, j'ai particulièrement apprécié Jennifer Visocchi et Caroline Osmont.
Il y a eu malheureusement pour certaines des choix surprenants et peu adaptés pour les libres.

Chez les coryphées, Marine Ganio et Eléonore Guérineau m'ont fait forte impression, la première a une belle présence et une physicalité marquée. Dans sa libre, elle était absolument impériale. Cette promotion est plus que méritée. Eléonore Guérineau était excellente aussi, du lyrisme, une belle technique, et une histoire à raconter. Pour la troisième place, le choix m'a paru plus difficile : certaines ont fait une belle imposée mais une libre plus décevante (je pense notamment à Letizia Galloni ou Charlotte Ranson). Pauline Verdusen partait très bien à chaque fois mais perdait un peu le rythme ensuite. Je lui aurais cependant donné aussi la 3è place, sa variation de la Danseuse en vert avait de l'autorité.

Le passage des sujets m'a laissée très perplexe. On sentait une forte tension et beaucoup de pression chez toutes pour cette unique poste de Première Danseuse à pourvoir...
J'y ai vu du plutôt moyen, du« très propre mais sans relief » , et du surprenant.
J'ai été ainsi surprise par la prestation de Mathilde Froustey qui m'a semblé très différente et moins brillante que ce que l'on voit d'elle habituellement en scène. Toujours de la présence, de la musicalité, mais elle m'a parue éteinte. Je souhaitais qu'elle passe Première Danseuse mais, à mes yeux, son concours n'était pas à la hauteur de ses capacités.
Je sais bien que le règlement de ce concours impose d'évaluer un(e) danseur-se uniquement le jour J, mais pour certain(es), ce système aboutit parfois ainsi à des situations incohérentes et incompréhensibles pour le public. Bref.
La Bhakti III d'Aurélia Bellet était effectivement enthousiasmante. J'espère qu'elle sera distribuée dans le programme Forsythe, je me souviens l'avoir vue en province avec la troupe de Bruno Bouché dans In the middle..., elle était époustouflante.
Le cygne d'Héloïse Bourdon était très réussi mais elle a choisi une variation vraiment difficile pour la libre, qui ne l'a pas favorisée au final.
Valentine Colasante a fait une bonne prestation très homogène, que je n'ai pas spécialement mémorisée mais qui m'a parue sans imperfection.
Sarah Kora Dayanova a été un de mes coups de coeur pour cette classe, une des seules avec de vrais moments suspendus, une interprétation personnelle, elle a selon moi fait un très très beau concours, et sa 6ème place me paraît bien sévère.
Je ne m'explique pas non plus l'absence de Sabrina Mallem au classement, son cygne était très beau, (elle a un physique parfait pour ce rôle qui plus est), sa variation libre était brillante...Déception.

Bravo à toutes en tous les cas, quelque soit le résultat !!

[haydn]

Pour Marie-Ange : dans la Carmen de Mathilde Froustey, j'avais plutôt l'impression que c'était l'accompagnement musical qui était parfois un peu hésitant (il y a eu, au début de la variation, une quasi-chute de pointes qui s'est produite pile sur un pain au piano)...

Mais revenons comme promis sur le concours.

La classe des quadrilles a été archi-dominée par Sae Eun Park, impeccable tant dans la variation imposée que dans le programme libre, avec, dans le Grand pas de Paquita, des sauts magnifiques, très haut, mais toujours gracieux, sans recours inutile à la force. Elle possède aussi beaucoup de lyrisme et de moelleux, et sa prestation n'aurait pas déparé chez les sujets. Son potentiel est remarquable, et il faut espérer que rien ne viendra entraver une carrière qui s'annonce des plus prometteuses. Elle a logiquement été classée première ; tout autre place aurait été une injustice scandaleuse.

En ce qui concerne les deux postes restants, il était assez difficile de départager les candidats, et la décision du jury n'a rien de choquant. La classe des quadrilles était relativement homogène, et il n'y a pas eu de prestation vraiment indigne ou d'erreur flagrante dans le choix des variations libres. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié Claire Gandolfi dans In The Middle, Somewhat Elevated, où elle a fait montre d'un joli tempérament. Il en va de même pour Léonore Baulac, qui n'était pas forcément avantagée par un programme purement classique. Sa variation libre, celle du Cygne noir, portait en tout cas, de manière très marquée, la griffe d'Agnès Letestu, qui lui a manifestement servi de modèle pour la préparation du concours.


La classe des coryphées était elle aussi d'un niveau assez égal. Marine Ganio, elle aussi une danseuse au caractère bien trempé, se dégageait toutefois du lot, et sa première place - ainsi que la promotion afférente - est amplement méritée au vu de sa variation libre, "L'Ombre", tirée des Mirages (S. Lifar), qu'elle a exécuté avec beaucoup de panache. On ne sera pas surpris non plus par la seconde place d'Eléonore Guérineau, dont la promotion était espérée depuis longtemps. Elle a été souveraine dans la variation imposée (Dulcinée, le rêve, acte II de Don Quichotte), et si sa Carmen (R. Petit) pouvait se discuter sur le plan du style, elle était en revanche parfaite du point de vue technique.

L'attribution de la troisième place était plus difficile à déterminer, mais ici aussi, la décision du jury est parfaitement compréhensible. Pauline Verdusen a réalisé un concours soigné, et aucun manquement significatif ne pouvait lui être reproché. De plus, il s'agit d'une danseuse fiable et d'une grande régularité, qui rend depuis des années de bons services à la compagnie. Mes petites préférences personnelles vont vers Lydie Vareilhes, qui, avec As Times Goes By (Twyla Tharp, chorégraphe américaine que j'apprécie beaucoup), a fait preuve de courage et d'originalité, ainsi que vers Letizia Galloni, qui possède encore une bonne marge de progression. Si sa Gamzatti (variation libre), souffrait encore de quelques imperfections, sa Dulcinée (variation imposée) est apparue riche de promesses.


La journée s'achevait par le concours des Sujets : une place de première danseuse était en jeu, et l'ambiance était électrique. Plusieurs candidates de grande valeur étaient aux prises : Héloïse Bourdon, Sarah Kora Dayanova, Sabrina Mallem, Laura Hecquet, Aurélia Bellet, Amandine Albisson ou Mathilde Froustey pouvaient toutes prétendre à devenir solistes (du moins sur plan administratif, car elles l'étaient déjà de facto en matière artistique).

La décision du jury, qui a promu Valentine Colasante, aura surpris bon nombre de balletomanes. Non pas que cette artiste ait réalisé de mauvaises performances dans ses variations, loin s'en faut : ce qu'elle a montré sur scène, notamment dans Carmen, était digne et parfaitement conforme à ce que l'on pouvait attendre d'un Sujet du Ballet de l'Opéra de Paris. Mais, contrairement aux concurrentes citées plus haut, son expérience de la scène est pour l'heure réduite, avec - qu'on me corrige si je me trompe - un seul vrai emploi de soliste à son actif, la Deuxième ombre dans La Bayadère. Elle va maintenant devoir assumer des rôles de premier plan, en doublure d'Etoiles, et la tâche qui l'attend ne sera pas mince.

La variation imposée aux sujets (Cygne blanc, acte II du Lac des cygnes) n'était pas très favorable à Mathilde Froustey qui, par tempérament, est davantage une Kitri qu'une Odette. Elle s'en est néanmoins tirée avec les honneurs. On se prenait à croire que pour elle, le plus difficile était fait, mais elle a paru curieusement un peu plus en retrait dans Carmen. Quoi qu'il en soit, il est évident que Mathilde Froustey est avant-tout une bête de scène, et si l'Opéra de Paris ne veut pas se priver des services de cette artiste de valeur, il faudra bien se résoudre à lui permettre de progresser dans sa carrière par une autre voie que celle du concours de promotion.

En revanche, Sarah Kora Dayanova est, elle, une authentique "bête à concours", capable de donner le maximum dans un laps de temps réduit, et sans céder au stress et à la fébrilité. Ses deux excellentes variations (choix libre : Other Dances, de Robbins - sans difficulté majeure, mais dans ce domaine, Mlle Dayanova n'a plus grand chose à prouver) ne lui auront toutefois pas permis de convaincre le jury. Sabrina Mallem n'aura pas été plus chanceuse, avec pourtant à son crédit une Sylvia - Pas de deux très réussie : Balanchine est un chorégraphe qui convient autant à son caractère qu'à sa morphologie à la Suzanne Farrell, célèbre égérie de Mr. B. Itou pour Aurélia Bellet, qui a campé un cygne intéressant et original, et qui, surtout, à "cassé la baraque" avec une formidable performance dans Bakhti III (M. Béjart). Là, on quittait vraiment l'esprit un peu académique et scolaire inévitablement associé à un concours, pour assister à un vrai spectacle, flamboyant, enthousiasmant. Merci à elle.

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[Anna Karenina]

Bonjour,

Il faut savoir que le poste de première danseuse est un poste plein d'enjeux. Avec la saison à laquelle l'Opéra à fait face [édité par la modération : attention à ne pas mêler faits avérés et bruits de couloir ] ils cherchent des danseurs sûrs et sur lesquels ils peuvent se reposer.

Valentine en fait partie, elle est solide, pleine d'assurance et, il ne faut pas le nier, pleine de talent. Sa variation libre lorsqu'elle a été promue sujet, de Notre-Dame de Paris si mes souvenirs sont bons, était superbe. Elle a énormément de potentiel, et justement, ce poste lui donnera l'occasion de faire montre de toutes ses qualités.

J'ai pour ma part un gros coup de cœur pour Héloïse Bourdon, mais je ne pense pas que Valentine ait volé la place à qui que ce soit. Le niveau était très élevé.

[chloe.c]

[haydn]

Bienvenue Anna Karenina

Il y a effectivement un gros enjeu autour de ce poste de première danseuse, et il va de l'intérêt de la compagnie que Mlle Colasante y réussisse. En ce qui concerne le chiffre de blessés que vous donnez, certes, il y a eu de la casse parmi les étoiles (M. Heymann, J. Hoffalt, S. Bullion notamment), mais de là à dire qu'il manque la moitié de l'effectif ou presque, il y a de la marge. Vous comprendrez que je ne souhaite pas que la discussion dérive vers ce genre de considérations, qui risquent de laisser place à trop d'assertions non fondées ou formulées sous le coup de l'émotion.

En revanche, vous avez évidemment le droit de dire tout le bien que vous pensez de Valentine Colasante

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[Swann]

Personnellement, j'aurais classé :
- pour les quadrilles, en 1 Sae Eun Park sans conteste, en 2 Marion Barbeau à qui j'ai trouvé des qualités artistiques intéressantes et en 3 je ne savais pas trop mais Emilie Hasboun faisait partie de celles que j'avais remarquées.
- pour les coryphées, en 1 Eléonore Guérineau au talent beaucoup plus abouti que pour les autres, en 2 Marine Ganio et en 3 pourquoi pas Pauline Verdusen même si c'était moins flagrant,
- pour les sujets, j'ai quand même été très surprise par l'écart entre ce que j'ai vu aujourd'hui et les personnalités que je remarque habituellement. Alors aujourd'hui Valentine Colasante a loyalement gagné son concours. Bravo à elle.

[Anna Karenina]

[Insia]

Pour ma part et arrêtez moi si je me trompe mais je trouve que pour une fois le résultat est plutôt juste.
On peut discuter de l'ordre encore que dans certain cas des évidences s'imposent, je pense en particulier aux quadrilles.

Finalement à y regarder de près l'essentiel du débat porte sur la place de première danseuse, qui fatalement allait faire 13 malheureuses pour 1 heureuse.
Pour ma part je trouve le choix "relativement" justifié, une imposée parfaite, la libre est discutable, nous avons eu aujourd'hui 2 Carmen (taverne) très différentes. Ma préférence ira pour le coup vers mlle Guérineau qui nous a offert là une prestation tout en finesse et en subtilité.

Quant à Mlle Froustey je l'ai personnellement trouvée un peu en retrait de son concours qui il faut être honnête était très bon mais sans doute pas assez "rayonnant" pour payer aujourd'hui.

Enfin la morale restera que dans l'ensemble on a assisté à un concours de grande qualité, ce n'est pas toujours aussi propre. Pour le coup je n'aurais vraiment pas voulu la place d'un des jurys.

[Anna Karenina]

Le niveau était très homogène, avec des grandes envolées pour certaines, il a du être extrêmement difficile de départager tous ces talents!

Bravo à toutes en tout cas, promues ou non! C'était un beau concours!

J'ai apprécié la douceur et la grâce de Julia Cogan, j'ai regretté qu'elle ne soit pas classée.

[Marie-Ange]

Entre parenthèse, je reste étonnée par le choix des variations libres... Roland Petit et Robbins à la chaîne cette année encore... Pour appuyer la remarque de Haydn, Lydie Vareilhes méritait aujourd'hui une mention spéciale pour son choix de Twyla Tharp dans le silence, et excellent pour elle et excellent pour la journée!

[sophia]

Une fois de plus, les résultats du concours féminin font couler de l'encre. Une fois de plus, c'est l'attribution du poste de première danseuse qui focalise toute l'attention et toutes les passions - et il y a quand même de quoi. Le problème est toujours le même : doit-on promouvoir celle qui est "la meilleure" le jour J ou lui préférer quand même celle qui a pu montrer d'évidentes qualités de soliste sur l'ensemble d'une saison? Une fois de plus, le concours dit sa parfaite vanité, sa complète obsolescence.

Personnellement, si on me demandait à brûle-pourpoint qui a été la meilleure aujourd'hui parmi les sujets, je serais bien en peine de répondre. Certes, certaines prestations m'ont plu davantage, d'autres m'ont paru plus faibles, à un titre ou à un autre, néanmoins, personne ne m'a semblé absolument dominer cette classe, sur l'imposée ou sur la libre, sur l'imposée et sur la libre. Valentine Colasante a fait un bien beau concours, comme toujours ai-je envie d'ajouter (mais franchement, qui l'a vue danser en-dehors de cet événement annuel pour happy few?), mais ni plus ni moins que d'autres. Sarah Kora Dayanova a fait un bien beau concours elle aussi - comme toujours, et sans plus. Donc voilà, tout ou presque était possible. Et j'aurais évidemment promu la Froustey au poste-clé de première danseuse.

Plus sérieusement, voici mes impressions, brossées à grands traits, sur chacune des classes. Dans l'ensemble, un concours très homogène, très propre, très technique, mais pas de grandes émotions ni de véritables révélations sur le plan des personnalités.

Quadrilles

On a presque envie de dire que Sae-Eun Park était hors-concours, tant elle domine cette classe. On a tout vu ou presque au concours de l'Opéra, mais ne pas la promouvoir, pour quelque obscure raison de cour, aurait été incompréhensible. Le niveau des autres quadrilles n'est même pas en cause, ce sont des danseuses du corps de ballet et elle, elle danse simplement déjà comme une soliste, et une grande. Elle occupe toute la scène, danse "grand" et "haut", alors que ses camarades, habituées aux contraintes d'un collectif, semblent évoluer sur un tout petit morceau de scène. On louera également son élégance naturelle alliée à une technique superbe : des développés magnifiquement tenus dans la première Ombre et des sauts prodigieux dans la variation de Paquita (enfin une danseuse de l'Opéra qui saute!). Bref, je me réjouis que l'Opéra ne perde pas de temps avec elle, qu'il continue surtout sur cette lancée, on a bien besoin d'un peu de vrai brio par ces temps-ci...

Pour le reste, la classe m'a paru très homogène. La variation de la Première Ombre est bien adaptée au niveau des quadrilles (à Lausanne, c'est une des variations réservées aux 15-16 ans) et ne leur pose pas, au moins techniquement, de problèmes majeurs. Les libres ne sont pas toujours en phase en revanche avec leurs capacités. Marion Barbeau est, avec Sae-Eun Park, l'une de celles que j'avais remarquée, sa promotion ne m'étonne aucunement. Dans la Première Ombre, elle m'a paru particulièrement assurée et lumineuse ; sa Flûte, d'autre part, était très réussie. J'avais aussi relevé la prestation d'Emilie Hasboun, qui a fait montre d'une grande assurance technique dans un extrait d'Arepo, à défaut d'une grande palette expressive. A noter aussi, un beau premier concours pour Caroline Osmont, que je ne connaissais pas, et qui n'a pas craint de se frotter à la variation de l'Etoile de Paquita. Bien aimé aussi la fraîcheur et le naturel de Julia Cogan dans le Casse-noisette de Neumeier et de Sophie Mayoux dans The Four Seasons.


Coryphées

Les candidates sont peu nombreuses et les postes... relativement nombreux. Dans l'imposée, la variation de Dulcinée est un défi technique et stylistique qui fait à mon sens déjà la différence. Sans surprise, ce sont Marine Ganio et Eléonore Guérineau qui ont largement dominé leur classe. Marine Ganio, surtout, m'a impressionnée par son autorité dans la variation de l'Ombre, extraite des Mirages, une variation qui est un peu un révélateur - ça passe ou ça casse. Eléonore Guérineau possède une technique brillantissime, d'une netteté sidérante, un aplomb et un contrôle impressionnants, des nuances, une danse toujours agrémentée de petits détails raffinés qui la distinguent, dans les ports de bras, dans les ports de tête, dans les épaulements, dans le travail du haut du haut du corps de manière générale. Maintenant, je ne peux pas dire que sa Carmen, même si l'on peut saluer ce choix risqué et inattendu, m'ait plus convaincue que cela sur le plan de la caractérisation. Il lui faudra à présent dépasser l'étiquette "danseuse de variation", qui peut lui nuire, comme elle a pu nuire à Fanny Fiat ou Emmanuel Thibault. Troisième promue, Pauline Verdusen, et c'est sans doute elle aussi que j'aurais choisie. Elle a notamment montré beaucoup de vivacité et d'expressivité dans la variation de la Danseuse en vert, qui tranchait sur les Robbins bien scolaires un peu trop vus aujourd'hui. J'ai bien aimé également Lydie Vareilhes pour son étonnant Twyla Tharp dans le silence et Letizia Gallonni, brillante dans l'imposée - sa Gamzatti en revanche l'a plombée techniquement parlant.


Sujets

Contrairement à d'autres spectateurs, contrairement à d'autres années aussi, j'ai trouvé cette classe non pas décevante à proprement parler, mais un peu ennuyeuse. Cela manquait dans l'ensemble de personnalité, et c'est quand même bien dommage pour de futures premières danseuses, voire étoiles.
Les Cygnes blancs n'étaient pas indignes, loin de là, mais je serais bien en peine d'en distinguer un qui m'ait marquée d'une manière ou d'une autre. Tout de même, j'ai beaucoup aimé la prestation d'Aurélia Bellet, dans l'imposée, mais surtout dans Bhakti III, elle n'y manquait ni de force ni de puissance ni de sensualité. Je m'étonne beaucoup en revanche du non-classement de Sabrina Mallem, qui a sans doute présenté l'un des Cygnes les plus probants, à défaut d'être le plus techniquement accompli. Son choix de variation était audacieux - Sylvia de Balanchine - et elle l'a assurée avec un certain brio. Héloïse Bourdon m'a paru très tendue, on sent évidemment le potentiel, mais ses deux variations, notamment celle d'Etudes, n'étaient pas exemptes de petites erreurs. Comme je l'ai dit plus haut, Sarah Kora Dayanova a fait un beau concours : difficile de se distinguer dans ces variations impressionnistes de Robbins vues et revues, mais comme toujours elle a su y mettre du style et du caractère. Valentine Colasante me convainc elle aussi à chacun de ses concours, elle a de l'attaque, du piquant, de la vivacité, de la précision, mais ne pas oublier que le théâtre, c'est aussi - d'abord? - du rêve, du charisme, de l'éclat, que sais-je... et là, je m'interroge sérieusement. Un petit mot également sur Laura Hecquet, d'une classe et d'une élégance remarquables. Une présence à part, vraiment, même si, je ne saurais expliquer pourquoi, il manquait un peu de vie dans ses prestations - une blessure ancienne qui n'en finit pas de se remettre? Quant à Mathilde Froustey, difficile de s'expliquer ces concours en demi-teinte à répétition (alors qu'elle a remporté Varna dans sa jeunesse), même si à mon sens elle a nettement mieux assuré cette année (avec un piano-vache!). Toute fan que je suis, je trouve tout de même qu'elle a du mal à se renouveler dans le choix de ses variations. Enfin qu'importe, elle danse en vrai comme une étoile, et nous irons l'applaudir (et la plébisciter) le mois prochain dans Kitri, ça, ce n'est certainement pas donné à tout le monde!

[Florestiano]

[haydn]