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Soirée Gillot - Cunningham, ONP 31/10 - 10/11/2012
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Lulu



Inscrit le: 13 Déc 2010
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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 4:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Excusez-moi Haydn, mais je trouve votre censure plutôt excessive! Vous n’êtes peut-être pas d’accord avec moi, mais je voulais juste exprimer mon point de vue sur la programmation du ballet à l’Opéra de Paris. Je trouve qu’elle est souvent mal faite et souvent déconnectée du public. Il est bien de découvrir de nouveaux horizons chorégraphiques, mais de là à nous offrir des soirées assez tièdes, voire un peu glauques…
Je suis aussi très impatiente de découvrir qui dirigera la compagnie après vingt ans de la même direction artistique. Je pense que ce genre de soirée dénonce cette nécessité.

D’autre part j’ai eu aussi des conversations avec des gens qui ont assisté à la création d’ Un Jour ou de Deux et beaucoup m’ont dit qu’ils avaient adoré l’ensemble de la pièce. Donc les avis ont l’air plutôt partagé...




Dernière édition par Lulu le Mer Nov 07, 2012 4:51 pm; édité 1 fois
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Gracian2



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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 4:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quand on pense que Brigitte Lefevre a offert à MAG, clefs en main, ce spectacle coûteux, inutilement surchargé de décors avec des costumes grotesques - frappée par ses « dons créateurs et son intelligence », on a la colère qui monte.

Ces miettes de chorégraphie, sans suite, sans aucun style, cette vacuité complète du propos ne sont pas dignes de l'Opéra.

Effectivement, nombreux rappels, une clique semble-t-il tapait des mains en cadence. La ministre de la culture était à la corbeille.

Avec « Un jour ou deux » on change totalement d'univers. Oui, Sophia, « Rain » seul occupait la soirée et durait 1 H 10. Ce ballet suffisait largement à nourrir une soirée et il était sadique de programmer ce ruineux enfantillage avec un tel chef d'oeuvre qu'il ne pouvait que pulvériser.

L'interprétation de cette pièce difficile était remarquable, le style Cunningham si particulier était atteint. Fabien Revillion dansait déjà hier soir.


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haydn
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Messages: 26512

MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 4:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ce sont les mots employés qui me paraissaient excessifs. Toutes les opinions sont recevables, à condition d'y mettre les formes, afin de ne pas être blessant. J'interviens de la même façon quand d'autres s'en prennent en termes trop vifs aux danseuses que vous aimez particulièrement.

En ce qui concerne les coupures, les personnes avec qui j'ai discuté aiment énormément la pièce, là n'était pas du tout la question, mais estimaient qu'il fallait procéder à ces adaptations pour la rendre accessible au public actuel, certainement moins réceptif au radicalisme post-mai-68 qui avait cours à l'époque de la création.



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Hendiadyn



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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 8:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

De mon côté, je vais sans doute me faire lapider après avoir exposé mon point de vue ou alors donner corps aux théories qui avaient été formulées sur le décalage entre les générations... "mais je me dis aussi qu'une voix dissonante serait peut-être bienvenue, même si je crains un peu les réponses que je recevrai ... En tout cas, j'illustre bien malgré moi la déclaration de Haydn, en faisant partie de ce "public actuel, moins réceptif au radicalisme post-mai-68" ! Laughing

Disons-le tout de suite : Sous apparence m'a beaucoup plu, même si j'y ai vu beaucoup de maladresses : je suis tout à fait d'accord avec Pink Lady qui trouve que les moyens faramineux offerts par l'Opéra (costumes, décors, etc.) ont étouffé le travail chorégraphique. J'ajouterai autre chose : à mon sens, c'est aussi le surplus de communication qui a peut-être desservi ce ballet. J'ai beaucoup vu et écouté les différents discours autour de cette création, mais n'ai pas vraiment réussi à faire le lien entre les intentions de la chorégraphe et ce qui s'est passé sur scène. En m'inspirant de mon (modeste) travail en contemporain lors d'un atelier chorégraphique, j'avais remarqué que les raisons profondes pour lesquelles on créait quelque chose n'avaient pas forcément à être dites... Ce qui compte, c'est ce que le mouvement va inspirer au spectateur, pas ce qu'on a voulu dire en le produisant et en l'intégrant à la chorégraphie... Et en vérité, la chorégraphie de ce ballet, lorsqu'elle était là, simplement, sans les fioritures de costumes etc., m'a émue. En ce sens, je regrette la projection de la radio de colonne vertébrale, les costumes étranges qui ne semblaient devoir être là que pour être là, mais la chorégraphie m'a apporté quelque chose, a suscité chez moi des images, des pensées, diverses impressions. En ce sens, je trouve la production de M.A Gillot prometteuse, et j'en viendrais à souhaiter qu'elle bénéficie d'un cadre plus épuré pour l'exprimer au mieux.

A côté de cela, j'ai trouvé Un jour ou deux irrémédiablement long. Alors il est clair que j'ai beaucoup de lacunes en histoire de la danse, et que je ne mesure pas sans doute l'apport de Cunningham dans l'évolution de la chorégraphie... La pièce est évidemment intéressante : certaines sections m'ont intéressée, et j'ai beaucoup aimé les effets de groupe, la gestion de l'espace de la scène et, plus généralement, certaines séquences de la chorégraphie. Cependant, je n'ai pas tiré d'impression forte du spectacle et, surtout, je me suis pas mal déconcentrée sur la fin... Déjà, peut-être vais-je dire une hérésie, mais j'ai eu souvent l'impression d'assister à ... des exercices de cours de contemporain. Vous allez me dire que, peut-être, avant que Cunningham n'existe, je n'aurais pas connu ce type d'exercices, mais... Je ne vois pas trop ce que ces mouvements apportent en tant que spectacle. Puis l'engagement du torse vers l'avant, dans les jetés etc., m'a perturbée tout au long de la pièce : c'est un des éléments qui m'a fait trouver la chorégraphie "datée"...

Cependant, mon impression diffère tellement de la plupart des commentaires postés plus haut que je me demande pourquoi je n'accroche pas, quant à moi, et cela me fait réfléchir à ce que j'attends d'un spectacle chorégraphique. A mes yeux, un ballet ou une pièce doit m'apporter quelque chose : il faut qu'il y ait une certaine (je dis bien "certaine") beauté plastique, mais il faut aussi autre chose. Si j'aime particulièrement la danse, c'est parce qu'elle permet, quand c'est réussi, d'exprimer très finement les émotions humaines, les impressions, les tensions qui existent au sein d'un individu ou au sein d'un groupes ; en un mot, tout l'indicible (les "tropismes" dirait Nathalie Sarraute). Elle va être le média privilégié pour évoquer des instincts, réflexes primordiaux de l'être ... mais elle peut aussi évoquer (et non mimer) les forces du monde, la beauté violente de la nature, etc. - Bon ma définition est un peu minable, mais il est toujours difficile de mettre en mots ce genre de choses ... - Bref, en sortant d'Un jour ou deux, je me suis demandé non ce que ça pouvait vouloir dire, mais ce que cela pouvait m'apprendre/me montrer du monde. Et c'est peut-être là que le bât blesse (pour la chorégraphie ou pour moi, je vous laisse choisir Very Happy) : la pièce de Cunningham me semble une création froide, une sorte de recherche formelle pure, un peu comme un roman moderne qui irait décrire du début à la fin un lent processus, par tous les angles possibles, mais qui au fond, ne donnerait à voir "qu'" une image froide, découpée, de la réalité, comme observée depuis un prisme. Une vue de l'esprit, quelque chose de totalement intellectualisé, construit, qui ne laisserait rien du foisonnement de la vie, de ses élans. Eh bien, Un jour ou deux m'a donné cette impression-là : une vision de l'esprit, servie par une musique que j'ai trouvée, pour le coup, assez fascinante, où des silhouettes assez "désindividualisées" évoluaient. C'était plastiquement intéressant, mais j'en sors avec une sorte de frustration profonde... et un honteux "à quoi bon ?" Moi qui attends qu'un spectacle de danse m'émeuve, me transporte, me fasse considérer le mouvement, au quotidien, ou dans ma pratique de danseuse, autrement ou encore, mieux encore, bouleverse un peu ma vision du monde et du réel, je n'ai rien tiré de Cunningham.
En revanche, je suis heureuse de terminer sur un point tout à fait positif : je n'avais jamais accroché au style d'Emilie Cozette (que je n'avais vue qu'en vidéo jusqu'ici, cela dit). Mais là, elle semblait très à l'aise avec ce style, et dégageait vraiment quelque chose. Elle m'a beaucoup impressionnée ! Plus généralement, l'engagement des danseurs était palpable, et j'ai applaudi la pièce (en ne l'ayant pas appréciée) parce que j'avais à cœur de saluer leur travail, que j'ai trouvé remarquable.

Donc voilà, j'espère sincèrement ne pas m'attirer les moqueries de mes condisciples. J'estime ne pas être une ignorante en matière de danse, je pratique depuis très longtemps, et même si j'ai de grosses lacunes en création contemporaine, j'aime beaucoup certaines pièces parfois déroutantes et suis plutôt un public bienveillant à la base. Du coup, plutôt que de fustiger ceux qui seraient en désaccord avec ma perception, j'en viens plutôt à m'interroger sur ce qui fonde une si grande divergence dans ma vision du spectacle et celle des gens qui se sont exprimés avant moi. Je trouve que le débat est dès lors plus respectueux, et que ladite réflexion peut alors être plus riche.

Et euh ... Toutes mes excuses pour ce long pavé, mais j'ai été si surprise en découvrant le spectacle hier et en me rendant compte que j'étais en décalage avec votre jugement que je cogite là-dessus depuis ... Embarassed




Dernière édition par Hendiadyn le Mer Nov 07, 2012 8:33 pm; édité 1 fois
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haydn
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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 8:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Hendiadyn. Il n'y a pas lieu de s'excuser, je suis au contraire très content que tous les avis n'aillent pas dans le même sens. Smile



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Marie-Ange



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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2012 10:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La pièce de M-A Gillot me gêne par son manque de simplicité déjà évoqué ici ; pourquoi la présenter dans la même soirée qu'un Cunningham déifié? On se dit qu'une soirée "jeunes chorégraphes" comme en font d'autres grandes compagnies aurait été plus à sa place et sans doute moins embarrassante pour la chorégraphe dans son travail d'élaboration.

De Cunningham, j'aime les processus de création, mais le résultat sur scène ne m'a jamais prise, non plus que le mouvement aujourd'hui vieilli ; même très bien exécuté ici, le geste Cunningham, pas organique et frustrant d'être toujours arrêté avant sa finalité, me fait toujours l'effet d'un travail d'étudiant en école d'art.


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marc



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MessagePosté le: Sam Nov 10, 2012 3:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il n'y a pas à dire, Merce Cunnigham, c'est quelqu'un ! L'occupation de l'espace, la construction géométrique des ensembles, l'allant de l'oeuvre, le foisonnement des mouvements... J'aime beaucoup ! L'absence de hiérarchie sur scène, la présence de tous et de chacun de même importance dans l'ensemble me donnent des sentiments très positifs de liberté, de naïveté, d'innocence. Et le ballet de l'Opéra de Paris, quelle compagnie, quelle classe ! C'est vrai, on a tellement l'habitude de leur excellence dans les ballets classiques narratifs qu'on y fait plus attention. Mais là, dans l'inhabituel (c'est à dire peu vu à l'ONP), dans ce ballet qui "bouge" en permanence, la maîtrise du mouvement est éclatante ! C'est beau, c'est parfait, parce que c'est le ballet de l'Opéra de Paris !

Et pourtant quelle musique infernale ! Dieu que ce serait intenable s'il n'y avait pas la danse ! Non que les sons entendus étaient désagréables en eux-mêmes, simplement le bruit de gouttes de pluie tombant nonchalamment sur des boites de conserves vides (ou quelque chose d'équivalent) pendant 20 minutes non stop, ça s'apparentait au supplice de la goutte d'eau ! Ce qui rendait parfois ce ballet long, ce n'était pas la danse, c'était cette ritournelle musicale implacable de vide !

Autrement je n'ai pas d'opinion sur le ballet de Marie-Agnès Gillot. Rien de méchant dans ces mots, simplement j'aimerais revoir ce ballet qui ne m'a pas déplu mais sur lequel je n'ai pas encore d'opinion. Les costumes étaient peut-être un peu "too much". J'ai bien aimé les danses sur pointes des hommes et j'ai trouvé que M.A Gillot avait bien réussi ce qu'elle souhaitait avec ça, renouveler un style très/trop marqué masculin/féminin dans les pas classiques. L'élan vers le ciel des hommes par la montée sur pointes plutôt que par les bonds et les sauts j'ai trouvé que c'était intéressant et bien fait. Le décor était sobre et c'était bien. Mais il faudrait que je revois cela (ce qui sera probablement possible car hier il y avait une captation vidéo pour la télévision ou le DVD).


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bwv582



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MessagePosté le: Sam Nov 10, 2012 4:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La création de M-A. Gillot est à la hauteur de certaines nominations à l'issue du concours de promotion : vide de sens. Effectivement, certain promu à sa place dans la compagnie pour faire ça, mais probablement pas à l'Opéra.
Autant je peux comprendre que la pièce de Cunningham et la musique de Cage puissent "surprendre" voire "déranger", autant la pièce de Gillot n'est même pas dérangeante tellement elle est insipide, tape à l'oeil, probablement "branchée" pour quelques-uns qui se croient détenir la "modernité", mais ce n'est que vide et prétention... Les apparences ne sont pas trompeuses, il n'y a rien à chercher. Edouard LOCK, avec sa compagnie LaLaLa Human Steps, fait danser les hommes sur pointes pour "augmenter" les possibilités de mouvements des danseurs. Ici, ce n'est qu'une fausse nouveauté.

Le travail du corps de ballet est remarquable dans Cunningham, et se ballet se mériterait soit seul, soit mieux accompagné !


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haydn
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MessagePosté le: Sam Nov 10, 2012 4:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Petite interview de Marie-Agnès Gillot dans Le Monde daté d'hier, au sujet des pointes justement :


Citation:
La pointe est l'emblème de la ballerine, dont l'interprétation passe essentiellement par les pieds. C'est un objet qui embellit et meurtrit à la fois. Je suis montée sur des pointes pour la première fois à l'âge de 7 ans. Lorsque vous êtes enfant, vous faites reposer tout votre poids sur la pointe. Il faut alors des années pour réussir à se soulever, à s'étirer en utilisant les muscles du pied et de la voûte plantaire. Quand je suis à l'Opéra – et j'y suis tout le temps –, je ne les quitte jamais.


Les pointes de Marie-Agnès Gillot, par Jérôme Badie ( Le Monde)



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Jarno



Inscrit le: 08 Mar 2010
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MessagePosté le: Sam Nov 10, 2012 5:22 pm    Sujet du message: Quelques mots d'un profane sur la soirée du 8 novembre Répondre en citant

Pour une fois, j'avais lu les interviews et articles sur MAG avant d'aller voir le ballet. Je l'avais entendue dire que tout ce qu'elle avait à exprimer avait imposé en elle comme une évidence l'envie, la nécessité de créer un ballet.

Mais j'avais lu et entendu aussi que, finalement, elle ne donnait lors des répétitions que des directions aux danseurs, qui improvisaient (et donc créaient) devant elle jusqu'à ce qu'elle choisisse de conserver tel ou tel mouvement, ce qui m'avait semblé assez antinomique avec ses propos d'interviews.

[Edité par la modération : attention à des propos qui pourraient être trop blessants, merci de votre compréhension]

Certes, les hommes sur pointes, j'ai trouvé ça très esthétique, sans aucune atteinte à la virilité des danseurs, comme on aurait pu le craindre, à se demander pourquoi cela n'avait pas été fait depuis longtemps.

Et puis Laetitia Pujol, Vincent Chaillet et surtout Alice Renavand sont magnifiques, même si je n'ai pas pu m'empêcher de penser que la tenue transparente et encordée de ces demoiselles, complaisamment affichée dans la presse et jusque dans le métro, était plus un outil de racolage que l'expression d'une intention artistique.

Mais je n'ai pas ressenti cette puissance créatrice qu'on éprouve devant des ballets de Mats Ek, Jiri Kylian ou Angelin Preljocaj, par exemple. Finalement j'ai eu l'impression que MAG avait laissé carte blanche à ses danseurs, à Walter van Beirendonck, à Laurence Equilbey, pour pallier son absence d'intention, de vision.


En revanche, je m'attendais à m'ennuyer pendant la deuxième partie de soirée, et j'ai été à l'inverse conquis. J'avais la chance d'être ... assez mal placé pour le ballet, mais très bien pour admirer le véritable spectacle-bis offert par les musiciens, frappant sur leurs petites boîtes en suivant leur partition avec concentration, changeant d'instruments et de places, et comme le ballet lui-même est assez lent on peut sans dommage laisser son regard passer de la scène à la fosse de temps en temps.

Et sur scène, ce ballet épuré, dépouillé de toute fioriture, m'a impressionné.



Au final, j'ai trouvé que la comparaison entre la puissance, l'intention, l'homogénéité du ballet de Cunningham et la vacuité de la création de MAG était cruelle pour cette dernière, mais finalement mettait bien en valeur "Un Jour ou Deux".


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Elendae



Inscrit le: 15 Oct 2010
Messages: 13

MessagePosté le: Dim Nov 11, 2012 7:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je serais finalement allée trois fois voir cette soirée, et, (tout en partageant les mêmes craintes vis-à-vis de mon sort ici qu'Hendiadyn), je dois avouer que je ne me suis toujours pas ennuyée une seconde.

Je n'ai, honnêtement, pas passé un mauvais moment devant Sous Apparence. Je l'ai pris plus comme une performance artistique globale (et un peu fouillis) que comme un grand chef-d'oeuvre chorégraphique. J'ai bien aimé, visuellement, les différents tableaux, le décor de la maison, les nuances de lumières et leur reflet sur le lino, les sapins étranges, les jeux des guêpes, la grosse moumoute noire, un peu inquiétante mais assez confortable, Vincent Chaillet majestueusement juché sur son rocher au milieu du désordre...Et les « vrais » moments de danse ne m'ont pas non plus déplu, en particulier le beau solo de ce dernier, véritable temps fort du ballet grâce à l'aisance de cet interprète, le trio avec Laëtitia Pujol et Alice Renavand, et l'ensemble final avec les filles.
J'ai vu les glissades sur le « continuum pour clavecin solo» comme des signaux neurologiques ou des lignes de code informatique, et l'intention de donner une impression d'immobilité dans le mouvement m'a paru convaincante.
A noter qu'on y perdait pas mal en étant placé côté cour.

La construction de la soirée pouvait effectivement surprendre. L'association entre la création d'une jeune chorégraphe occasionnelle avec un chef-d'oeuvre d'un des grands maîtres du XXème siècle paraît desservir la première.
A en juger toutefois par les commentaires entendus à la sortie de Garnier lors de ces trois soirées ce n'est pas forcément ce qu'il faut en conclure pour tout le monde (je cite, encore, hier soir, deux dames d'âge respectable : « Ohlala, j'ai vraiment détesté ! » - Ah bon, même la première partie ? - Ah non, ça, c'était pas mal). Et mes deux jeunes voisins de loge, après 10 minutes de gigotage perplexe, se sont sagement assoupis jusqu'à la fin du Cunningham, alors qu'ils étaient plutôt alertes pendant le Gillot.
J'avais envie de les secouer et de leur dire, mais non, regardez, là, vous avez vu, les danseurs viennent de se désagréger en apparent désordre pour se replacer plus loin, ça ne vous fait pas penser aux formations d'oiseaux en vol ? Et là, vous avez vu comme Simon Valastro arrondi le bras avant de le poser au sol, cette beauté incroyable du geste ? Et les tours en l'air d'Hervé Moreau, parfaits, virtuoses, d'un rare moelleux, vous avez manqué ça aussi ?? C'est bien dommage...

Donc au moins, en programment ces deux ballets, il y en avait pour tous les goûts, j'imagine...

Par contre, le rapprochement entre MAG et Cunningham, je ne vois pas...Au contraire, même. Cunningham refusait de concevoir instinctivement ses ballets, d'y incorporer de l'affect, de s'y psychanalyser, comme MAG a entrepris de le faire. C'était davantage le créneau de Martha Graham, dont Cunningham a cherché à prendre le contrepied dès qu'il a acquis son autonomie de chorégraphe.

En tous les cas, si l'Opéra a encore en stock de telles perles oubliées qu'un Jour ou Deux au répertoire, que Mme Lefèvre ne se prive pas de les ressortir...


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 15, 2012 11:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Critique assez peu enthousiaste au sujet de Sous apparence dans la revue américine Dance Magazine :

Citation:
ressed identically in fitted trousers with cords knotted around their bare or seemingly bare torsos, they shared and swapped gender roles, with the women sometimes carrying the men and the men turning and balancing unsupported on pointe. Interviewed for the program, Gillot spoke about her desire to “desexualize certain laws” of ballet in order to explore her classical heritage and its future development. Whatever her intention, in the act of transforming her ambitious concept into reality she undercut the dancers’ elegant skill and left them looking dedicated but awkward. Feet parallel and knees bent, the men staggered around like beginners who were unsure of their balance and their ability to remain upright. Their pirouettes wobbled, their jumps scarcely left the floor.



Par ailleurs, si la journaliste, Barbara Newman, a apprécié la chorégraphie d'Un jour ou deux, de Merce Cunningham, elle ne dit pas un seul mot des solistes, dont les noms ne sont même pas cités. Elle loue toutefois la qualité d'ensemble, l'adaptabilité et l'excellence technique du corps de ballet.

Citation:
Guided from childhood toward an assured, polished technique, as adults these artists can bend it to any purpose, which is precisely what Cunningham’s choregraphy demands. Their confidence functioned for us like a signpost, calmly directing our attention to each gesture’s intrinsic potential.


Paris Opéra Ballet, par Barbara Newman (Dance Magazine)



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genoveva



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MessagePosté le: Jeu Nov 15, 2012 12:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Lu dans le Canard Enchaîné à propos de "un jour ou deux" : "Mais déjà s'avance Hervé Moreau. Il possède comme peu de danseurs le beau legato qui suspend la respiration. Il sait ce qu'il danse. Et devient l'intelligence même du mouvement. Il nous ferait presque oublier Denard et Guizerix dans le ballet, ce qui n'est pas un mince compliment. Il est impeccable et souple. Autant dire magnifique ."

Et je suis bien d'accord avec Luc Décygnes !


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 15, 2012 12:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Si Pierre Combescot / Luc Décygnes avait écrit du mal d'Hervé Moreau, alors, c'est que la fin du monde était proche... Laughing



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genoveva



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MessagePosté le: Ven Nov 16, 2012 1:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il n'a rien pu écrire pendant plusieurs années sur Hervé Moreau !


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