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Soirée Gillot - Cunningham, ONP 31/10 - 10/11/2012
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sophia



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 12:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

De là où j'étais, la réception des deux ballets m'a semblé bien différente : applaudissements corrects puis montant en intensité, assortis même de quelques bravos, pour la première partie, applaudissements tout juste polis, accompagnés de quelques sifflets, pour la seconde.

A vrai dire, je ne sais même pas quoi écrire, comme ça, sur le vif, sur Sous Apparence, avec son emballage envahissant, tellement kitsch et superficiel, mais demain, je suppose, toute la presse en encensera l'inventivité formidable. Quant à Un Jour ou deux, s'il y a probablement des choses à dire sur l'interprétation des danseurs de l'Opéra, parfois scolaire et/ou manquant de poids, on a au moins enfin l'impression d'avoir là quelque chose de consistant et de construit à se mettre sous la dent. C'est long bien sûr, c'est ennuyeux aussi parfois, mais il y a une écriture chorégraphique, fascinante, une géométrie de l'espace, savante et constamment renouvelée, du début, dans l'opacité, jusqu'au tomber de rideau, finalement inattendu.




Dernière édition par sophia le Jeu Nov 01, 2012 1:59 am; édité 4 fois
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doudou



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 12:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

C'est la première fois de ma vie de spectateur (avec plus de 1500 spectacles au compteur) que je ressors physiquement malade d'un spectacle. Plus jamais Cage !
Le ballet de Gillot ne m'a pas emballé mais il y avait quelques jolis passages. Les choix musicaux (la dramaturgie musicale Rolling Eyes ) ne m'ont pas convaincu mais ne m'ont pas vraiment géné.


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sophia



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 1:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un article de Roslyn Sulcas sur la reconstruction d'Un Jour ou deux à l'Opéra : http://rendezvous.blogs.nytimes.com/2012/10/31/recreating-merce-cunningham-frame-by-frame/


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 2:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sous Apparence est un ouvrage qui m'a déconcerté, tant il semble s'adresser davantage aux fashionistas de la génération Y qu'aux quinquas de mon genre, qui sont déjà relégués dans l'archéo - voire dans la paléo-balletomanie. L'ambiance vidéo-clip - dans ses notes d'intention, Marie-Agnès Gillot vend d'ailleurs un peu la mèche en parlant de succession de "saynètes" -, le décor astucieux, mais versant dans le flashy systématique, les allusions appuyées aux canons - pour ne pas dire aux poncifs - des magazines de mode, avec ces sapins vert fluo qui se dandinent comme s'ils évoluaient sur un catwalk, sont autant de concessions à l'air du temps, à ce monde de l'instantané, de l'apparence - le titre du ballet le souligne (involontairement?) -, qui est le nôtre en ce début de XXIème siècle. La révolution, elle, attendra.

Les choix musicaux, suggérés par Laurence Equilbey à Marie-Agnès Gillot, peuvent, eux, surprendre par leur rigorisme : Morton Feldman, György Ligety, Anton Bruckner. La Messe en mi mineur du Maître de Linz est pourtant curieusement accommodée : le Pas de trois, chorégraphié sur le Kyrie, met en scène le trio Vincent Chaillet - Laetitia Pujol - Alice Renavand dans une sorte de curieuse allégorie sado-masochiste où les deux dames paraissent implorer leur Maître (Kyrie Eleison : Seigneur, prends pitié) d'assouvir leurs désirs pendant que celui-ci prend un malin plaisir à les faire lanterner. Etonnante soumission aux clichés machistes, dans un ouvrage placé - autre obsession actuelle - sous le signe de la féminitude, comme aurait pu dire Ségolène. Marie-Agnès Gillot récidive d'ailleurs avec l'Agnus Dei (Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, miserere nobis : Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous), où le troupeau de brebis, présumées égarées, implore la clémence pour ses turpitudes passées. On ne sait pas trop s'il s'agit là d'humour décalé et volontaire. En tout cas, les bactéries et autres microbes géants, aux formes et aux coloris étranges, qui évoluent ça et là sur la scène, font irrésistiblement penser au désopilant Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander) naguère commis par Woody Allen.

Le cinéaste américain nous permet en tout cas de jeter un pont en direction de la seconde partie du programme, qui fait une place de choix à l'avant-garde new-yorkaise des seventies : Merce Cunningham pour la chorégraphie, John Cage pour la musique, et Jasper Johns pour la scénographie, excusez du peu. Un Jour ou deux est un monument d'une toute autre stature, à la construction rigoureuse, méthodique, comportant relativement peu de temps morts, même si quelques longueurs sont parfois discernables. La partition de Cage, qui fait - un peu par provocation - appel à quelques "instruments" inhabituels, comme des cartons ou des boîtes de conserves vides, est en réalité toute de subtilité, et fort éloignée des excès auxquels certains gourous de la musique concrète avaient habitué les mélomanes depuis les années 1960. Cunningham s'en sert avec habileté, laissant une large part à l'imaginaire du spectateur, qui passe successivement de l'ambiance chaude et humide d'une forêt amazonienne, où résonnent d'étrange cris d'oiseaux, à ceux de la savane africaine, et ses lointains grondements de tam-tam. Puis, nous voila plongés dans un environnement urbain, des bruits mécaniques, des vrombissements d'avions, pour finir dans une sérénité toute asiatique, marquée des discrètes harmonies pentatoniques qui s'élèvent de la fosse d'orchestre. Mais là, un véritable effort est requis de la part du spectateur, et l'on peut craindre, en ces temps où seul compte encore le paraître, qu'il ne soit pas prêt à le consentir.

Même si l'ouvrage prévoit trois "rôles" principaux , en l’occurrence Emilie Cozette, Hervé Moreau et Fabien Révillion, Un Jour ou deux est avant tout destiné au corps de ballet. Des personnalités telles que Simon Valastro, Adrien Couvez, Laurence Laffon, Christelle Granier ou Pauline Verdusen s'en dégagent. Chez les solistes, Emilie Cozette fait une entrée presque timide, mais prend peu a peu confiance lorsqu'elle se retrouve face à un Hervé Moreau qui s'impose par une forte présence scénique et des qualités physiques bien mises en valeur dans ce répertoire (H. Moreau a souvent brillé dans les œuvres de Forsythe, Robbins ou Neumeier). Un Jour ou deux se bonifiera sans doute encore au fil des représentations, et il serait intéressant de le revoir en milieu ou en fin de série.



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sophia



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 1:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A ne pas rater, le mercredi 14 novembre, à 22h20, sur Arte, Merce Cunningham (1919-2009), documentaire de Marie-Hélène Rebois sur les derniers mois de la compagnie Cunningham et sur la transmission.

Citation:
Comment faire vivre l'héritage chorégraphique de Merce Cunningham, monstre sacré disparu, comme Pina Bausch, en 2009 ? Un film poignant sur la fragilité de la danse et la difficulté de sa transmission.

Toujours en mouvement, il a révolutionné la danse contemporaine. Danseur et chorégraphe américain, Merce Cunningham (1919-2009) a enchainé les créations avant-gardistes en associant, à la manière d'un Diaghilev, les plus grands artistes contemporains : Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Jasper Johns ou encore John Cage pour la musique. En écho à l'odyssée de l'espace, d'Antic meet (1958) à CRWDSPCR, qu'il conçoit en 1993 à l'aide d'un ordinateur, ses pièces mêlent audace et humour. Mais comment préserver ce patrimoine exprimé par les corps le temps d'un spectacle ? Avant sa mort, pour éviter le chaos de la succession Martha Graham, il a laissé un "testament".

Dance capsules
Marie-Hélène Rebois a suivi les derniers mois de la compagnie avant sa dissolution et la prise en main de l'héritage par le Merce Cunningham Trust. Une ultime tournée dans cinquante villes du monde, avant the last show à New York le 31 décembre 2011. Entre hommage vibrant, expériences et réflexion sur la transmission, danseurs et acteurs de la Compagnie se confient avec émotion et envisagent l'avenir. L'occasion aussi de découvrir le projet des "Dance capsules", un bouquet numérique contenant une documentation complète du maître. Œuvres du répertoire avec vidéos, enregistrements sonores, images et plans des décors, notes et entretiens avec les danseurs et le personnel artistique : une structure aussi souple et innovante qu'une de ses danses.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 2:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A voir sur le site de Paris-Match : album-photo signé Philippe Petit consacré à Sous apparence (Marie-Agnès Gillot). Et une fois n'est pas coutume, les images n'ont pas la taille d'un timbre-poste :



“Sous apparence” non trompeuse



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Elendae



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 3:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

140 signes me paraissant trop courts pour évoquer la soirée d'hier, et les intervenants ne se bousculant pas, aujourd'hui, au portillon, je me lance !

A cette nuance près que je ne peux pas vraiment commenter la création de Marie-Agnès Gillot, dont je garde un souvenir très imprécis, après avoir vu « Un jour ou deux », et alors même que je me souviens avoir été assez enthousiaste à l'entracte...
J'ai prévu d'y retourner, de toutes façons, j'espère que cette oeuvre me marquera davantage pour pouvoir l'évoquer correctement.
Je me souviens cependant avoir été agréablement divertie, avoir ri au spectacle des bananes fluo bondissantes et autres pustules en moumoute noire (chapeau Aurélien Houette), tout en plaignant les danseurs enfermés dans ces costumes malcommodes.
J'ai été parfois davantage happée par la musique et le choeur Accentus que par ce qui se passait sur scène. Je me suis fait la réflexion que le trio entre Vincent Chaillet, Alice Renavand et Laëtitia Pujol avait gagné une fluidité incroyable depuis la répétition publique qui s'est déroulée il y a seulement 15 jours.
Et j'ai été ravie de revoir Marc Moreau sur scène alors qu'il en était absent depuis un an, si je ne me trompe pas.

Le public, un tiers VIP, un tiers acquis à Marie-Agnès Gillot, un tiers un peu là par hasard (mes voisines de gauche étaient venues pour leur ami trompettiste, mes voisins de loge avaient tous les attributs de touristes venus voir Garnier), ont applaudi avec enthousiasme.

Puis, après l'entracte, je me prépare mentalement à accueillir Merce Cunningham (dont je ne connais rien et dont j'appréhende un peu l'oeuvre à venir, ayant une préférence marquée pour les ballets narratifs...) et John Cage (= argh, chez moi).

Les tapotis sur les cartons débutent dans la fosse. On entend des bruits d'étang. Le rideau se lève et des danseurs apparaissent derrière un voile grisâtre qui les difficilement discernables. Puis le voile est retiré, et la fenêtre s'ouvre, ou le jour se lève, mais c'est une journée grise et pluvieuse. Et on est happé (enfin je l'ai été), pendant une heure, par le spectacle des allées et venues des danseurs, leurs mouvements fluides, les formes qui s'inscrivent dans l'espace, la façon dont ils interagissent, au milieu de bruits tour à tour urbains ou naturels, et toujours du clapotis des cartons.
A un moment, j'ai découvert que la scène avait acquis une profondeur supplémentaire (ou était-ce ainsi depuis le début ?), un danseur apparaît derrière un rideau semi transparent - ou est-ce un miroir ? Et les groupes s'étirent d'un côté, de l'autre, puis ensemble, de part et d'autre de la brume.
Avec leurs mouvements particuliers, l'éclairage un peu terne, les costumes dégradés verticalement du noir au plus clair, je regarde le spectacle de moineaux, en ville, un jour de pluie, avec leurs petites pattes un peu salies par le mazout.
Pourtant, difficile de comparer Hervé Moreau à un moineau, avec sa faculté à générer une sorte de force gravitationnelle par sa simple présence sur scène.
J'ai trouvé que Simon Valastro paraissait particulièrement à l'aise dans ce style et l'ensemble des danseurs, bien qu'apparemment un peu anxieux, a été impressionnant d'harmonie et de justesse.

Le public m'a paru globalement assez attentif (je craignais une symphonie de toux...). Mes voisines de gauche, qui se demandaient bien quand « ça allait commencer vraiment », ont rapidement rendu les armes et ont longuement papoté. Un monsieur pas très loin a soupiré bruyamment à plusieurs reprises. Mes voisins touristes ont été en revanche enthousiastes, le monsieur s'exclamant « Sugoi!! » sitôt le rideau baissé (ils étaient donc japonais). Ce qui me fait me dire que Cunningham ne s'adresse pas obligatoirement à un public de connaisseurs, malgré cette apparente aridité.

La palme du commentaire drôle de la soirée revient à cette dame croisée dans l'escalier qui confiait, scandalisée, à son amie « c'est incrôyâble, ils n'ont même pas dansé!!! ».

Comme le souligne Haydn, je pense que le ballet gagnera encore à être revu un peu plus tard dans la série, et je suis ravie d'avoir pris deux dates supplémentaires.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 3:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bienvenue Elendae et merci d'avoir fait l'effort d'un compte-rendu développé pour votre première intervention ici! Smile



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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 8:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Critique plutôt nuancée de Nicole Duault dans Le Journal du Dimanche. Manifestement, pour elle, le plat de résistance fut Un jour ou deux, en dépit de quelques longueurs :


Citation:
L’œuvre majeure de cette soirée est Un jour ou deux, pièce de Merce Cunningham sur la musique de John Cage créée en 1973. C’est une merveille musicale et chorégraphique où la répétition tient un rôle primordial. Bien que réduite de vingt minutes, cette pièce aujourd’hui de 67 minutes a du mal à séduire les hommes et les femmes pressés de l’époque twitter. Mais il faudra bien un jour comprendre que redonner du temps au temps est essentiel à notre vie.



Opéra : Marie-Agnès Gillot met les garçons sur les pointes, par Nicole Duault (Le Journal du Dimanche).


La légende de la photo qui illustre l'article est erronée, et c'est évidemment de Sous apparence et non d'Un jour ou deux qu'il s'agit.



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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2012 8:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Au sujet de Sous apparence, interview, non pas de Marie-Agnès Gillot cette fois, mais de Brigitte Lefèvre, dans Paris-Match :


Citation:
Q. Vous comparez souvent Marie-Agnès Gillot à un pur-sang. Pourquoi selon vous, est-elle une personnalité aussi singulière à l’opéra de Paris ?

R. Elle a tout d’abord été nommée étoile sur un ballet contemporain. Et si elle est présente sur toutes les aventures contemporaines de l’opéra, elle a également cette capacité à maîtriser parfaitement le classique et l’académique. Elle fait partie de ceux qui ne s’arrêtent pas aux codes. Elle a sa propre curiosité : elle va aux concerts, au théâtre, aux expositions. Elle fait même des émissions de télévision qui ne sont pas forcément raccord avec l’opéra (rires) mais tout cela l’enrichit.



Les secrets de création de "Sous apparence", par Florence Saugues (Paris-Match)



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cymbales



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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2012 12:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Histoire d'être à peine moins brève que la nuit dernière, je dirais que [édité par la modération : propos vraiment trop excessifs dans la polémique. Zen attitude...] [dans Sous apparence] le recours aux pointes pour les hommes, combiné à un revêtement glissant et à la scène en pente de Garnier, n'aboutit qu'à créer de l'inconfort, sans sentiment de prise de risque, plutôt que de faire ressortir le talent de la compagnie.

Le talent de la compagnie ? Il était bien plus en évidence dans un jour ou deux de Cunningham. J'étais un peu appréhensive - je suis arrivée trop tard à la danse pour voir la Cunningham Dance Company autrement qu'après son décès et lors de la tournée d'adieu, mais Biped vu l'année dernière justement au TdV est au panthéon de mes plus beaux spectacles jamais vus.
Un jour ou deux est beaucoup plus austère, musicalement et scéniquement, et demande des efforts pour s'y confronter, notamment à cause de sa longueur (et surtout quand on est debout en fond de loge), mais ces efforts sont amplement récompensés. J'ai trouvé la scénographie en particulier, d'une simplicité radicale, avec ces rideaux qui se désobscurissent progressivement, pour révéler la profondeur du plateau, d'une rare beauté.
Quant aux danseurs, c'était peut être effectivement un peu trop scolaire dans l'ensemble, mais pour une première, d'un chorégraphe au style si particulier, pas repris depuis 1986, ça me semble très prometteur pour la fin de la série.


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sophia



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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2012 12:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un autre article, essentiellement descriptif (aucun avis sur Sous Apparence), accompagné d'une petite vidéo, sur Culture Box, et bizarrement intitulé "Epure et Austérité" (pour Cunningham, je comprends, pour Gillot, nettement moins!).


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haydn
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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2012 12:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A écouter ou réecouter : interview de Birgitte Lefèvre par Renaud Machart (la bête noire de Hugues Gall du temps où il dirigeait l'Opéra National de Paris, et qui semble donc rentré en grâce...)





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sophia



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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2012 12:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques réflexions en vrac sur cette soirée, notamment sur la création de Marie-Agnès Gillot, qui va donner lieu, qui a déjà donné lieu, à moultes circonlocutions de la presse.

Je dois dire que j'ai trouvé la création de Gillot tellement irritante - pas au sens d'un bon poil à gratter - et vaine que je n'ai pas su quoi écrire l'autre soir sans tomber dans un espèce de cri émotionnel que l'on regrette forcément le jour d'après. On peut se consoler, comme Haydn, en invoquant l'idée d'une création en quelque sorte générationnelle, avec laquelle "nous les vieux réacs", "nous les amateurs blasés" (vs. les vrais amateurs, forcément gentils et enthousiastes), on ne se sent pas ou plus en phase - et ce ne serait peut-être pas entièrement faux (mais est-ce la mission de l'Opéra de couper le public en deux ou en trois et de ramener toute forme de critique ou de contestation à des a priori culturels?) -, mais je ne crois pas que ce soit aussi simple.
Je me garderais bien à cet égard de mettre toutes les créations des étoiles "maison" sur le même plan, et dans ce domaine, on le sait, il y a eu quelques réussites ou semi-réussites indéniables (que moi, personnellement, je les aime ou pas n'a rien à voir) et, à défaut de véritables chefs d'oeuvre, quelques ouvrages plaisants ou habilement ficelés - je vous épargne un classement. Néanmoins, j'ai eu l'impression de retrouver là, décuplé évidemment, le problème que posent de manière récurrente ces créations confiées soit à des étoiles maison (pourquoi des étoiles d'ailleurs? comme si le titre impliquait une vocation de chorégraphe, je pense a contrario à Liam Scarlett, au Royal Ballet, qui n'est qu'un simple coryphée) soit à des chorégraphes extérieurs dans le vent (on se souvient récemment de Millepied, Waltz, Preljocaj, Ratmansky...). On leur fournit un espèce de matériau de luxe "clés en main", allant du couturier chic au scénographe à la mode (ou en réalité déjà démodé, mais qu'importe, l'Opéra n'a pas vocation à être à l'avant-garde), en passant par le copain dramaturge, les danseurs aussi excellents que malléables, et tutti quanti. Et puis on fait quoi avec ça, avec tout ce beau monde? Certains savent utiliser cette contrainte (d'enfant gâté tout de même), la détourner ou la dominer, car le propos est là, clair et bien articulé, je pense à Jean-Guillaume Bart avec sa Source, mais, dans un tout autre registre, à la pièce de Nicolas Paul dont j'ai oublié le nom, et qui, à défaut d'être mémorable, offrait un travail vraiment intéressant sur la musique de Ligeti. Et puis, chez d'autres (pas qu'à l'Opéra du reste - même si l'Opéra est particulièrement fortiche dans la production de "discours" vachement bien sentis autour des oeuvres), on ne voit plus que ça, le concept, le gadget ou le gimmick visuel, décliné ad nauseam. Le résultat? Un objet clinquant, nouveau riche et qui sonne creux, aussitôt vu aussitôt oublié.
Dans Sous Apparence, j'ai ainsi eu l'impression que l'emballage, kitsch à sa manière pseudo-actuelle et surtout terriblement pompeux, prenait le pas sur tout le reste et notamment sur la chorégraphie, décousue, peu lisible, jusque dans ses influences - et certaines sont ouvertement revendiquées. Un peu comme si la chorégraphe s'était laissée éblouir par ce "merveilleux" jouet, matériel autant que conceptuel, qu'on lui avait confié, sans parvenir à le dompter complètement, sans parvenir à le rendre sien - la radio de sa colonne vertébrale (on a évité la vidéo cette fois) n'y change rien, bien au contraire. Alors au fond, la question n'est pas tellement que l'on aime ou pas cette esthétique de catwalk, flashy et prétendument surréaliste et décalée (pour moi très conformiste, mais bon...), la question est plutôt de savoir ce qu'elle apporte comme sens à la chorégraphie et ce qu'il reste de cette dernière une fois le fatras ôté. La notion d'oeuvre d'art totale (Gesamtkunstwerk en allemand, ça fait encore mieux), tellement souvent invoquée, a alors bon dos! Je me pose du reste la même question à propos de la "dramaturgie musicale" (avec force guillemets), "so terribly chic" (Feldman, Ligeti, Brückner, c'est sûr, ça en jette). Comme souvent dans les créations contemporaines, la musique est un décor plaisant, un gimmick attractif, un concept atmosphérique qui fait la moitié du boulot (l'autre moitié, c'est le visuel, comme disent les communicants), pas une nécessité qui fait corps avec - ou contre - la chorégraphie.
Quant au propos, Marie-Agnès Gillot n'évite pas, je crois, et à plusieurs reprises, l'écueil du cliché, alors même qu'elle prétend le combattre : "désexualisons!" (ou "asexualisons!", je ne sais plus), "brouillons les codes de genre!" (si ce n'est pas un cliché - THE cliché! - de la pensée d'aujourd'hui, franchement!), proclame-t-elle. Non seulement la pointe pour les hommes n'est pas une nouveauté radicale (si l'on oublie les Trocks) - et sur ce plan elle n'en fait pas grand-chose -, mais surtout, on peut difficilement faire plus cliché, par exemple, que le premier tableau, tendance "porno chic", avec ses danseurs en képis SM et tenues bondage aux couleurs acidulées. Là où l'on attendait une métamorphose des interprètes, on assiste juste à une dissolution regrettable de leurs personnalités dans le fashion le plus racoleur, les moumoutes de tulle géantes, roses ou vertes, qui les dissimulent aux yeux du public n'en sont que la déclinaison la plus grotesque. Par-delà le thème de l'indifférenciation sexuelle (traité sans distance aucune), on ne les voit tout simplement pas en tant que tels. Après un suspense absolument insoutenable, l'Opéra a finalement annoncé quelques jours avant la première une seule et unique distribution, mais je ne suis pas sûre qu'une autre aurait vraiment changé la donne.

Alors oui, Cunningham après, c'est déroutant aussi, mais c'est un autre monde.


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Pink Lady



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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2012 7:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis entièrement d'accord avec le compte-rendu très vivant d'elendae, et celui de Sophia qui réussit à poser objectivement un certain nombre de problèmes.

La soirée entière est une expérience à vivre qu'il semble bien difficile de rapporter par des mots. Je m'attendais à détester ou m'ennuyer devant Cunningham, et pour une raison qui m'échappe Un jour ou deux m'a fascinée d'un bout à l'autre par "l'évidence" de la chorégraphie (je ne saurais pas le dire autrement). Sous apparence n'avait pas les mêmes ambitions et sans être inintéressant le mouvement y était un peu écrasé par le trop-plein d'idées de Marie-Agnès Gillot : l'androgynéité, les costumes fluos, le lino glissant, toutes les allusions que je n'ai pas su saisir. Il semble difficile en sortant de se distancier de cette profusion d'images pour se rattacher à l'essentiel. La presse unanime (mais trop prudente pour publier après la première) et les saluts très show-biz ont cependant accentué cette impression d'être passée au travers d'un écran de fumée, déjà ressentie devant les ballets de Wayne McGregor.


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