Béjart Ballet Lausanne - Actualités

[Marie-Ange]

Boléro est un ballet pour le moins érotique... S'il est un domaine où les goûts ne se discutent pas, c'est bien celui-ci!

[sophia]

Petit reportage sur Culture Box.

[Malixia]

Vous avez tout à fait le droit de préférer d'autres interprètes, sans pour autant être taxés d'hérésie (encore heureux)

[chien en peluche]

Je n'ai vu que deux fois Le Boléro de Béjart sur scène : la première fois, Shona Mirk lors de la tournée du Ballet du XXe Siècle; pour la deuxième fois, c'est Guillem qui a dansé à l'occasion du Japan Tour 2003 avec le Tokyo Ballet. Je n'avais vu Jorge Donn que dans le film et le téléfilm Les Uns et les autres. Comme je l'ai déjà écrit dans un autre fil, je ne suis pas une fan de Béjart. Mais si j'ai l'occasion, j'aimerais voir qu'un danseur (pas une danseuse) interprétera cette oeuvre, et en ce cas-là, M. Le Riche, oui, pourquoi pas?
J'aimerais ajouter aussi que j'ai beaucoup apprécié Mlle Ros quand elle a dansé le rôle de Barbara en 2006 et en 2009. Mais pour Boléro, je ne sais pas.

[marc]

Je suis surpris de n'avoir encore rien lu ici sur le spectacle en cours du Béjart Ballet Lausanne au Palais des Congrès, et de n'avoir pas encore lu de critiques de l'une au moins de nos grandes plumes. Ce sera peut-être pour demain, après la dernière de ce soir ?

Alors je vais en dire deux mots.

Je ne connaissais pas cette compagnie que je n'avais encore jamais vue, et malgré que ce spectacle se déroulait au Palais des Congrès, une salle que je déteste et que j'évite en général, j'étais curieux de la découvrir.

La soirée commençait par le ballet "Dionysos (suite)". Pour moi voir ce ballet avait quelque chose d'assez spécial. En effet, je l'avais découvert à la télévision il y a un peu plus de 20 ans, ce qui avait été en même temps ma découverte de l'univers de Béjart. J'avais été scotché, épaté, enthousiasmé par cette diffusion télévisée, et moi qui n'y connaissait rien je me disais : La danse ça peut donc être cela ? J'étais donc impatient, et inquiet, de rédécouvrir 20 ans après ce ballet qui m'avait tant marqué. Et bien, la magie a de nouveau fonctionné. Difficile de raconter le sujet car, comme bien souvent chez Béjart, le synopsis est expéditif : "Un grec raconte le mythe de Dionysos, sa naissance miraculeuse et ses danses endiablées qui, de la Grèce, rejoignent le Moyen Orient sur la route des Indes", point barre... On y met donc ce qu'on veut, guidé par moment par les déclamations du "Grec" (Marco Meranda). On est dans une taverne de méditerranée, sous un soleil de plomb qu'évoque la musique grecque très typée de Manos Hadjidakis. Il y a des marins, un capitaine, des femmes, des étudiants, des ouvriers, des gens ordinaires, des histoires qui se construisent ce ci de là joyeuses ou tristes, et les dieux qui sont parmi la foule, puisque Dionysos (Oscar Chacon) erre dans l'assistance, observateur de ces jeux humains. On danse par deux, par trois, avant de se réunir soudainement dans un tableau général où tous les gestes sont exécutés avec une synchronisation parfaite, puis de nouveau on se sépare dans des danses en couple ou des solos. C'est lent, c'est hiératique, c'est sensuel. Puis le rythme de la danse s'intensifie avec l'entrée des bacchantes, avant d'exploser dans le sirtaki final, le triomphe de Dionysos venu parmi les hommes, d'un allant, d'une frénésie, d'une joie qui balaie tout et qui électrise le public. Absolument épatant !

Le deuxième ballet, "Aria", était de Gil Roman. Comme pour "Dionysos", le synopsis est expéditif : "Aria est un ballet sur la recherche de l'unité, illustrée par le mythe du Minautaure. Ce mythe est avant tout le combat d'une seule et même personne, représentée par Thésée et le Minotaure qui se poursuivent, se combattent et se détruisent. Aucun ne sort vivant de cette lutte, mais ils renaissent unis." La musique contemporaine de Thierry Hochstätter et Jean Bruno Meier était assez étrange, elle sonnait souvent légère, voire parfois un peu vulgaire à mes oreilles (mais c'est très subjectif de ma part), par contre, la danse, jamais ! Elle était joyeuse, puissante, émotive, extrèmement technique, d'une fluidité parfaite, et elle occupait l'espace de la scène avec une intelligence accomplie. L'invention gestuelle des pas de danse, et les combinaisons extrèmement pointues des pas de deux avaient un côté fascinant et vertigineux. J'ai beaucoup aimé. Il y avait là dedans quelque chose de Jiri Kylian et, bien sûr, la générosité et le don de soi à l'autre de l'univers du maître Béjart. En voyant ce ballet qui est d'une certaine manière une continuation affective et artistique de l'univers de "Dionysos", j'ai compris pourquoi Maurice Béjart avait choisi Gil Roman comme son continuateur.

Et puis la soirée se terminait par "Le Boléro". La barre pour moi était haute puisque j'avais en moi le "Boléro" de l'Opéra de Paris incarné par un José Martinez hallucinant. Et bien, c'était mieux ! Déjà, le soliste, Julien Favreau, avait en lui la puissance et la sensualité de son physique de danseur athlétique et élancé, servi par une technique impeccable et inspirée, mais il y avait un plus : Ce ballet était dansé en pleine lumière ! Autrement dit, les danseurs autour du soliste, d'abord assis, puis qui se levaient un par un pour accompagner le soliste, étaient complètement présents du début à la fin. Et cela changeait tout, car le soliste n'était plus ce personnage solitaire magnifié par la demie pénombre habituelle, il devenait le représentant d'une communauté humaine qui se regroupait peu à peu pour s'unir dans une explosion finale jubilatoire et frénétique. C'était parfaitement magnifique, et le public du Palais des Congrès ne s'y est pas trompé, qui a réservé à la compagnie une interminable ovation debout.

C'était une très belle soirée, c'était une très belle compagnie, émouvante et attachante que j'irai revoir chez elle à Lausanne.


PS : J'ai une petite question technique à poser à nos experts d'ici, qui peut-être m'aideront à dénouer une question qui m'agace. Qui sont le "Grec", le danseur (fabuleux) en civil, et Dionysos, le leader des danseurs "dionysiaques", dans cet extrait du final du ballet que j'ai vu il y a 20 ans ? (Je ne m'en rappelle plus) Merci d'avance !

http://youtu.be/ZcdvEl6_7ig

[sophia]

Il me semble que c'est Gil Roman ("le Grec").

[marc]

[sophia]

J'aimerais que quelqu'un d'autre confirme (ou non). Quant à l'autre danseur, je ne sais pas.

[marc]

[Pink Lady]

Ce spectacle était bien tentant, mais 47€ minimum c'est quand même assez cher... savez-vous s'il y a moyen de trouver des places à tarif réduit en dernière minute ?

[marc]

[Pink Lady]

Oui, et j'imagine que les spectateurs le valent bien eux aussi...

[Florestiano]

Vous en parlez très bien, marc. J'y étais jeudi 5, le Boléro était interprété par Elisabet Ros, et il faut bien dire qu'en live, c'est une vraie bête de scène ; bestiale donc, sensuelle, séductrice, venimeuse, elle nous emporte, nous charme et nous hypnotise tous. À dire vrai, je n'arrive pas à savoir ce qui fait que cette pièce "fonctionne" à chaque fois : la chorégraphie ou les interprètes. D'un autre côté, comme elle est toujours portée, par nécessité, par des interprètes exceptionnels, c'est sans doute un peu des deux... De ce point de vue, je guette les réactions qui suivront la prestation prochaine d'Aurélie Dupont !
Ajoutons que Ros était accompagnée par de sacrés danseurs masculins (que de commentaires pouvait-on entendre à l'entracte sur le physique, il est vrai très homogènement ravageur, de la troupe !), incroyablement investis et qui contribuaient comme vous le soulignez à faire monter la sauce du rituel jusqu'à l'explosion finale.

J'étais sinon content de retrouver Oscar Chacon, qui n'avait pas dansé lors du passage de la compagnie à l'Opéra Royal de Versailles.

Et au fait, François Mauduit était sur scène !

On ne peut qu'être navré avec Pink Lady de la politique tarifaire de cette soirée, et 47 euros pour se retrouver au 50ème rang du Palais des Congrès, j'imagine que ce n'est pas optimal, d'autant que la programmation de ces quelques dates reste très conventionnelle - mais pour fêter les 25 ans, le hit absolu qu'est le Boléro s'imposait probablement.
Si l'on ajoute un programme format XXL (je me demande où je vais pouvoir le ranger, du coup) à... 15 euros. Là, le record des productions Sarfati au TCE est battu, mais au moins, on a droit à de très belles photos grand format.
Mais contrairement à ce que vous laissez entendre, Pink Lady, j'ai trouvé le public au contraire beaucoup plus diversifié que celui de l'Opéra par exemple. Beaucoup de jeunes, beaucoup de jeunes couples, moins de costumes, moins de permanentes bleutées, beaucoup plus d'enthousiasme, beaucoup moins de blasés.

[helookity]

Cher Marc,

dans la video dont vous mettez le lien, le premier danseur que l'on voit est Gil Roman. Le grec est Marc Hwang, et Dionysos (qui dans en duo avec le grec) est Michel Gascard. Ce Dionysos suite est composé d'extraits tirés de Dionysos, créé en 84.

[LucyOnTheMoon]

D'accord avec les commentaires de Marc et de Florestiano sur la prestation d'Elisabet Ros dans Boléro !! J'y ajouterais une dimension un peu "ludique" que je n'avais encore jamais vue chez d'autres interprètes, live ou vidéo (ludique dans le sens, par exemple, dans une cour d'école primaire, une fille dans une bande de garçons, à la fois grande soeur, mascotte et cheftaine... je sais pas si je suis très claire là ) C'est peut-être le fait de l'avoir vue danser l'une des "Ariane" juste avant qui me fait penser à ça... en tout cas j'ai trouvé que ça collait bien ! Et c'est vrai que sous cet angle (assez près de la scène donc assez bas par rapport au plateau, mais pas vraiment en face), le "corps de ballet" masculin prend une tout autre envergure, au sens propre comme au figuré...
J'avoue avoir très moyennement aimé Dionysos... une "intrigue" à laquelle je n'ai rien compris, et sur toute la dernière partie, une espèce de concours à qui-saute-le-plus-haut-qui-enchaîne-le-plus-de-pirouettes qui tourne vite au numéro de cirque - même si c'est effectivement joli à regarder. N'y avait-il pas un peu quelque chose dans ce goût là dans Le tour du monde en 80 minutes ?
Aria en revanche... Cela avait été diffusé assez récemment (sur Mezzo peut-être ?) et j'avais décroché tout de suite, mais à le voir en vrai j'ai été séduite. Par rapport au ballet précédent, cela a le mérite de la cohérence et de la clarté : même si les "morceaux de bravoure" sont moins "spectaculaires", les personnages et les caractères sont mieux définis, et les scènes de groupe sont très réussies. Chapeau à Gil Roman ! Je pense que Maurice peut être fier de son successeur
Au niveau des interprètes, contrairement à ce qui était indiqué sur la feuille de distribution fauchée au comptoir de vente des programmes (c'est insensé qu'ils ne nous l'aient pas donnée spontanément à l'entrée ), je crois que c'est Valentin Levalin, et non Marco Merenda, qui a interprété le rôle du Grec dans Dionysos... J'ai beaucoup aimé ce danseur !