La Bayadère, ONP Bastille 07/03- 15/04 2012

[sophia]

A propos de développés, ça ne montait pas très haut chez Emilie Cozette, mais chez Aurélie Dupont non plus. Je sais qu'on a beaucoup critiqué la mode des extensions - et il ne s'agit certainement pas d'en faire un but en soi - mais j'avoue que ce manque d'amplitude, qui a l'air de se généraliser à l'Opéra actuellement (du fait des maîtres de ballet? des danseurs eux-mêmes qui ne veulent pas se blesser? désolée, mais ça n'a pas toujours été ainsi...), me gêne aussi, au moins dans ce ballet et dans ces rôles. Il ne s'agit pas d'en faire un ornement gratuit, mais cela me semble aussi participer de l'intention dramatique et musicale, que ce soit chez Nikiya ou chez Gamzatti.

[Alvaro]

[GershSwing]

Bonsoir à tous les lecteurs et lectrices du forum,

Je vous lis régulièrement depuis quelques mois mais je n'avais encore jamais osé me jeter dans le grand bain, par manque de temps et par timidité (je ne suis qu'une humble amatrice de danse quand certains sont assurément bien plus fins connaisseurs! ).

Ayant assisté hier à ma dernière Bayadère de cette série, je voulais revenir sur les différentes représentations auxquelles j'ai pu me rendre (7, 22 et 27).

J'ai vraiment apprécié Aurélie Dupont, plus encore lors de la soirée du 22 que lors de la première. Sa danse est toujours aussi belle et très agréable à regarder, mais elle semblait surtout plus détendue, plus ouverte, son jeu était plus convaincant. Son partenariat avec Josua Hoffalt (lui aussi visiblement plus détendu) s'en ressentait, ils me paraissaient déjà mieux assortis que le 7. De même pour sa variation de la mort, moins raide, moins mécanique, et de fait plus sincère, plus touchante. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé, l'applaudimètre et les bravi ne sont retombés qu'un moment avant la fatidique morsure du serpent. Elle nous a finalement gratifié d'un magnifique troisième acte, de très haut niveau. Quelle célérité dans sa dernière diagonale, quels équilibres en général! (à l'exception du pas de deux du voile, mieux exécuté lors de la première) Il n'y avait pas tout à fait les retirés sur pointe à couper le souffle et l'adage hors du temps d'il y a deux ans avec Nicolas Le Riche, mais elle reste une bien belle Nikiya. On pourrait espérer plus de lyrisme, mais au moins elle évite tout excès de mièvrerie qui serait rédhibitoire.

J'ai été navrée d'apprendre la blessure de Dorothée Gilbert, à laquelle je souhaite le plus prompt rétablissement, tant sa Gamzatti est enthousiasmante. Je n'ai pas retrouvé ce petit quelque chose en plus qui m'avait subjuguée il y a quelques années, mais tout de même! Sa pantomime était très lisible, très convaincante, aussi bien dans la confrontation avec Nikiya que face à Solor (qu'est ce qu'elle le couvait des yeux!), et sa technique, un pur régal pour les yeux! Vraiment, j'en redemandais pour le 22 au soir. Sa malheureuse blessure digérée, je me réjouissais alors de découvrir Mathilde Froustey dans le rôle. Mais ça c'était avant qu'elle ne soit l'énième victime d'une blessure au sein de la troupe.

De cette soirée du 22, l'histoire retiendra surtout la nomination de Ludmila Pagliero comme étoile, mais je me permets de revenir sur sa prestation. Certes, elle n'a pas le charisme et l'élévation d'une Dorothée Gilbert. Oui, ses fouettés n'étaient pas alignés, se sont terminés avant la fin, et sa Gamzatti manquait d'un port princier. Mais compte tenu des conditions dans lesquelles elle a préparé le rôle je trouve sa prestation plus qu'honorable, d'autant qu'elle nous a offert une intense confrontation avec Aurélie Dupont.

Quant à Josua Hoffalt,j'ai été globalement convaincue par son Solor. Des entrées vraiment dignes d'un danseur étoile à chaque fois au premier comme au troisième acte, une danse féline avec notamment une belle variation au deuxième acte, un mime expressif et juste, et toujours un partenaire solide, qui sait mettre en avant la danseuse, voilà qui a presque achevé de me charmer. Sa danse aurait simplement méritée d'être plus autoritaire par moments, et son manège de doubles assemblés de passer, mais il a du mal avec ce passage alors peut-être vallait il mieux affectivement qu'il le modifie plutôt qu'il tente de l'exécuter correctement à tout prix et qu'il se blesse...

Sinon Emmanuel Thibault m'avait paru fatigué lors de la première mais son idole dorée était toujours aussi impeccable (et dorée!), alors que Florimond Lorieux a eu plusieurs ratés, dont sa réception finale qui ne passe malheureusement pas inaperçue malgré un effort de rattrapage. Yann Saïz campait un Brahmane touchant, Mathilde Froustey et Charline Giezendanner deux rafraîchissantes danseuses manou, Allister Madin un fakir percutant, quant à Sabrina Mallem et Julien Meyzindi, ils nous ont offert une entraînante danse indienne.

Si les trois ombres étaient en meilleure forme le soir du 22 (avec une Charline Giezendanner à chaque fois maîtresse), on ne peut pas en dire autant du reste du corps de ballet, moins bien aligné, plus dissipé, et des ombres plus tremblotantes, comparé à la première.

Enfin, changement assez radical de distribution hier soir pour ma dernière Bayadère, pour une soirée décevante au final. Je rejoins largement ce qui a précédemment été dit, à savoir une Emilie Cozette manquant d'élévation, assez dure, qui ne m'évoquait pas grand chose, et un Stéphane Bullion qui n'était pas à sa place, malgré des variations sans gros défaut. Je reconnais qu'il est néanmoins difficile d'être serein et de servir derrière un jeu convaincant quand le partenariat ne fonctionne pas, ce qui était flagrant hier. Si je ne m'abuse, sur le Lac l'année dernière, leur partenariat de sauvetage (déjà) n'avait pas non plus été transcendant.

Sarah Kora Dayanova a pour sa part assuré techniquement, sans être flamboyante, mais avec effectivement un beau travail de pointes. Sa Gamzatti manquait d'autorité, elle n'était pas dominante comme on l'aurait souhaité. Ne la connaissant pas bien, je ne sais pas si c'est dû au rôle qui ne lui convient pas ou au manque d'aisance, de confiance, dans un rôle d'une telle "envergure". J'espère en tous les cas la voir plus souvent, elle m'a bien plu au demeurant .

Sinon au rayon des autres déceptions d'hier, le corps de ballet encore mal placé, les nombreuses approximations (instrument, bougie etc.), les ombres plus que tremblotantes, l'idole encore une fois défaillante... Seules la danse indienne et les trois ombres ont, pour moi, relevé l'ensemble. Bref, cette soirée ne restera un souvenir impérissable pour moi. Dommage, les décors et costumes fastueux et la partition de Minkus délicieusement orchestrée par Fayçal Karoui méritaient mieux!

Désolée de ce (très) long message, c'est plus que ce que je comptais rédiger! A la reflexion j'aurais peut-être dû le scinder en deux, comme pour les distributions

J'attends avec impatience les impressions des uns et des autres sur les représentations restantes, mon emploi du temps étudiant ne permettait malheureusement pas de réserver des billets pour voir ni Myriam Ould-Braham (et Mathilde Froustey, croisons les doigts) ni Svetlana Zakharova.

[haydn]

Bienvenue GershSwing et merci pour cette entrée en matière très développée.

Nous reviendrons sur la Bayadère de ce soir, où plusieurs membres du forum étaient présents. Dans la deuxième Ombre, Valentine Colasante aura causé quelques frayeurs, avec une chute spectaculaire mais apparemment sans trop de conséquences pour elle, car elle a ensuite repris sa place sans avoir l'air de trop souffrir.

Je découvrais ce soir le Solor de Florian Magnenet, et il a fait bonne impression, notamment dans le 3ème acte, même si les double-assemblé(s) étaient un tout petit peu laborieux - en tout cas, il les a faits.

Et après des partenaires du gabarit de Marie-Agnès Gillot et d'Emilie Cozette, la frêle Myriam Ould-Braham, ça a du lui faire des vacances...

Pour cette dernière, c'est évidemment l'acte blanc qui lui convenait le mieux, et elle pouvait y déployer ses qualités poétiques et ses jolis ports de bras. L'adage de la "Variation du Serpent" au second acte était lui aussi bien réussi, en revanche, la coda manquait, elle, un peu de "mordant", - pardon pour le mauvais jeu de mot.

Charline Giezendanner a bien réussi sa prise de rôle, dans des conditions délicates, et on imagine fort bien qu'elle n'a pas disposé de longues heures de répétition pour se préparer à remplacer de la sorte Mathilde Froustey. Elle n'est pas forcément la plus agressive, la plus impérieuse des Gamzatti, mais elle a bien maîtrisé les difficultés techniques de la partie, et elle a malgré tout fait montre d'une assez jolie présence.

En Première Ombre, Héloïse Bourdon, qui a fait des débuts fracassants en Nikiya il y a quelques jours, paraissait un peu trop effacée ; en revanche, elle a fait des étincelles dans la Danse indienne du II, aux côtés d'un Sébastien Bertaud formidable. Mlle Bourdon a ainsi pris le public à contrepied, en s'affirmant dans un rôle de caractère, très exigeant sur le plan physique, alors qu'on l'attendait davantage en danseuse lyrique.

Allister Madin a campé une très bonne Idole, aux réceptions nettes, aux postures soignées, à laquelle ne manquait que le ballon spectaculaire d'un François Alu, ou, pour l'ancienne génération, d'un Emmanuel Thibault. Mais M. Madin est un danseur puissant, doué d'une force impressionnante, et il serait étonnant qu'on ne le sollicite pas bientôt pour des rôles plus lourds.

Mention particulière aussi pour la Manou d'Eléonore Guérineau, au style magnifique, mais ici un peu trop soigné, trop noble, pour la paysanne qu'elle est censée incarner.

Enfin, chose incroyable, c'est, à la fin du spectacle, le chef Fayçal Karoui qui a reçu les applaudissements les plus nourris. Si on m'avait dit qu'un jour le public se pâmerait devant Minkus...

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[Hermione]

Je doute que Minkus y soit pour quelque chose... Par contre, un orchestre impliqué et un chef intelligent, ce n'est pas tous les jours !

[paco]

[chloe.c]

Haydn, votre avis sur la représentation d'hier soir ??

[haydn]

Ce serait assez délicat, je n'y étais pas...

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[Pink Lady]

[Edouard]

Magnifique soirée d'hier du mercredi 27 mars avec, dans les rôles principaux :
Myriam Ould-Braham (d'une théâtralité remarquable) dans le rôle de Nikiya
Florian Magnenet (de mieux en mieux) dans celui de Solor
et Charline Giezendanner (présence sur scène extraordinaire et rayonnante comme d'habitude) dans celui de Gamzatti.
Parmi les autres artistes j'ai remarqué particulièrement :
Heloïse Bourdon (tellement dynamique et rayonnante) dans la danse indienne avec Sébastien Bertaud (à quand enfin sa promotion si méritée?)
Allister Madin (donne comme d'habitude son maximum) dans le rôle de l'Idole dorée
Eléonore Guérineau (d'une délicatesse...) dans le rôle de Manou
Sabrina Mallem (comédienne formidable) dans la troisième variation
Valentine Colasante (une chute, ça arrive même aux meilleurs)

Dans le corps de ballet j'ai particulièrement remarqué par leur présence sur scène :
Sarah Kora Dayanova, Yann Saïz, Florimond Lorieux, Cyril Chokroun, Laurène Levy, Julien Meyzindi, etc, etc, etc.

C'est ma quatrième Bayadère (7 mars, 22 mars, 24 en matinée et celle du 27 mars) et comme d'habitude je suis sur un petit nuage.....

[Gracian2]

mercredi 28 il me semble ...

[Edouard]

Oui bien sûr
Merci

[Florestiano]

[Bernard45]

Quelques mots sur la représentation du mercredi 28.

Pour une fois, j’avais cassé ma tire-lire avec une place au prix fort (il est vrai qu’un « provincial » qui ne se rend pas très souvent à l’ONP peut se le permettre !), au 17 ème rang du parterre, juste deux rangs derrière les VIP qui ne paient pas, qui peuvent étendre leurs jambes, qui ne sont pas importunés par les personnes placées juste devant soi qui passent leur temps à chuchoter leurs commentaires à l’oreille du voisin ou de la voisine comme ce fut le cas hier, enfin qui reçoivent la bise de Madame l’Amiral – bon, c’est une affaire de goût, j’en conviens aisément).

Myriam Ould-Braham, en Nikiya, était pour elle une prise de rôle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut une pleine réussite. J’ai notamment apprécié le moment, où dans sa lutte avec Gamzatti, se sachant d’un rang social très inférieur à sa rivale, elle est soumise. Puis vient la gifle, élément déclencheur chez elle de la révolte jusqu’à la prise du poignard. MOB a su donner une profondeur dramatique à cet instant crucial. D’ailleurs, on a toujours l’impression, lorsqu’elle entre en scène, que la salle retient son souffle, tant sa présence irradie.

Florian Magnenet, pour qui les commentaires avaient été mi-figue, mi-raisin, a été très bon. Portés remarquables, aisance… Il a été très applaudi.

Charline Giezendanner en Gamzatti, pour qui c’était aussi une prise de rôle, avec peu de jours de répétitions, s’en est fort bien sortie. Mais si pour un tel rôle, on peut réaliser une prestation fort honorable « au pied levé », il me paraît totalement impossible d’interpréter celui de Nikiya, comme ça, en quelques jours. C’est un rôle qui demande un travail d’une profondeur telle que des semaines de préparation sont absolument nécessaires. Cela pour dire qu’une nomination sur le rôle de Gamzatti, même s’il s’agit d’un rôle d’étoile, me paraît un peu léger !

Pour le reste, nous n’eûmes pas droit aux multiples incidents décrits ça et là, si ce n’est la mésaventure de la 2ème ombre, mais ce sont les aléas du spectacle vivant.

Un dernier mot sur Héloïse Bourdon dans la danse indienne, tout simplement géniale. Elle ira loin.

Le reste a déjà été dit, notamment concernant la musique. Minkus ou Karoui ? Le mérite en revient aux deux, assurément !

[Gracian2]

Le rang 15, facile d'accès, est surtout réservé aux Invalides ou personnes aux déplacements difficiles.