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Pink Lady
Inscrit le: 18 Nov 2010 Messages: 307
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 12:23 am Sujet du message: |
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Reportage sur Orphée et Eurydice à la fin du JT de France 2 du jeudi 9 (à 39'39). Joli montage sur la démonstration de Marie-Agnès Gillot.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 1:54 am Sujet du message: |
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Pour cause de Prix de Lausanne, je n'ai pu assister avant ce soir à cette reprise d'Orphée et Eurydice, et l'impression en a été plutôt mitigée. Sans doute n'était-je pas dans le meilleur état d'esprit pour affronter - intellectuellement - le "monument de Pina Bausch", mais, crise, temps glacial et morosité générale aidant, j'avoue avoir de plus en plus de mal a supporter les séances de flagellation et d'incantations macabres infligées aux balletomanes par les "carmélites-laïques", Pina, Trisha, Anne-Teresa et les autres, filles spirituelles de Mary Wigman et de l'Ausdruckstanz. Rien de tel pour vous mettre le moral à zéro et vous donner une furieuse envie d'aller faire un tour chez l'armurier le plus proche affichant des soldes sur les 22 long rifle.
Sans surprise, Alice Renavand a su tenir son rang en Eurydice, impressionnante de présence scénique, même si le rôle féminin principal n'est paradoxalement pas le plus exigeant sur le plan technique. A ses côtés, Nicolas Paul est un Orphée moins christique que naguère Yann Bridard, sa danse est plus sobre, moins échevelée, mais aussi moins ample, ce qui détonne parfois face à l'autorité impériale d'Eurydice. Il est vrai que l'on manquait singulièrement de titulaires possibles pour le rôle et, outre Stéphane Bullion, on ne voit guère que Nicolas Le Riche qui aurait pu, cette fois, incarner un Orphée véritablement crédible. Ou alors, un Sébastien Bertaud, éternel sacrifié, qui possède pourtant toutes les qualités pour briller ici, sauf le grade. Du corps de ballet masculin, c'est en tout cas lui qui émergeait avec le plus d'évidence.
Dans le rôle d'Amour, on retrouvait avec plaisir Charlotte Ranson, vive et débordante de charme. Au sein du corps de ballet, on remarquait Christelle Granier, toujours à son aise dans ce répertoire, ainsi qu'Amandine Albisson, et, par-dessus tout, Letizia Galloni, dont la personnalité artistique semble mûrir de manière spectaculaire. De la graine de soliste, pour peu qu'elle soit conseillée et entourée avec soin, et qu'on lui confie progressivement des rôles plus significatifs, dans lesquels son potentiel puisse s'exprimer pleinement.
Sur le plan musical, l'Orphée et Eurydice de Pina Bausch est une aberration, puisque l'ouvrage est chanté en allemand, avec un orchestre reprenant pour l'essentiel l'instrumentation de la version de Vienne de 1762 (originellement en italien), mais dans laquelle le rôle d'Orphée serait tenu par un contralto ou un mezzo féminin (et non un castrat ou un haute-contre), comme dans l'arrangement réalisé (sur le livret français de la version parisienne de 1774) par Berlioz pour la cantatrice Pauline Viardot en 1859... Une chatte n'y retrouverait plus ses petits.
Le plateau vocal est inégal, allant du très bon (La Mort - Eurydice, de la soprano coréenne Yun Jung Choi) au franchement calamiteux, avec l'Orphée dépourvu de moyens de Maria Riccarda Wesseling : graves inexistants, aigus passés en force à grands coups de glotte, mais sans ampleur véritable. Seule sa bonne diction allemande (la chanteuse est originaire de Suisse alémanique, ceci explique cela) peut être portée à son crédit. A ce sujet, on regrettera qu'aucun dispositif de surtitrage n'ait été mis en place à l'attention des spectateurs non-germanophones, ce qui aurait été d'autant mieux venu que les billets étaient vendus au tarif "opéra" (sensiblement plus élevé que celui des ballets), incluant normalement ce genre de "prestation".
Le choeur et l'orchestre - le Balthasar-Neumann Ensemble - étaient pour leur part d'excellente tenue. La direction de Manlio Benzi est légèrement plus allante et moins rigoriste dans la mise en relief des articulations que celle de Thomas Hengelbrock, avec qui le chef italien alterne au pupitre. Un petite souffle méridional n'était d'ailleurs pas malvenu pour égayer toute cette noirceur en nous rappelant incidemment que l'ouvrage de Gluck se conclut normalement sur un quasi - happy end, avec un ballet anacréontique et un chœur d’allégresse, "Trionfo Amore", évidemment incompatibles avec les conceptions morbides de Pina Bausch. |
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Joël
Inscrit le: 11 Avr 2010 Messages: 112
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 2:45 am Sujet du message: |
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haydn a écrit: |
Le choeur et l'orchestre - le Balthasar-Neumann Ensemble - étaient pour leur part d'excellente tenue. |
Oui ! Le lyricomane que je suis a été satisfait (et davantage par l'orchestre que par les voix), le balletomane s'est un peu ennuyé...
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1139 Localisation: PARIS
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 11:16 am Sujet du message: |
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haydn a écrit: |
Pour cause de Prix de Lausanne, je n'ai pu assister avant ce soir à cette reprise d'Orphée et Eurydice, et l'impression en a été plutôt mitigée. Sans doute n'était-je pas dans le meilleur état d'esprit pour affronter - intellectuellement - le "monument de Pina Bausch", mais, crise, temps glacial et morosité générale aidant, j'avoue avoir de plus en plus de mal a supporter les séances de flagellation et d'incantations macabres infligées aux balletomanes par les "carmélites-laïques", Pina, Trisha, Anne-Teresa et les autres, filles spirituelles de Mary Wigman et de l'Ausdruckstanz. Rien de tel pour vous mettre le moral à zéro et vous donner une furieuse envie d'aller faire un tour chez l'armurier le plus proche affichant des soldes sur les 22 long rifle. |
J'avoue être assez perplexe devant votre interprétation très noire de ce ballet (que je ne pourrai hélas pas revoir cette année). Ce qui me frappe au contraire dans ce ballet, même si évidemment un opéra sur Orphée peut difficilement donner lieu à une franche comédie, c'est cette lumière, cette transparence qui transmet toute la chaleur des relations entre les personnages. Macabre, non, vraiment pas !
Citation: |
Sans surprise, Alice Renavand a su tenir son rang en Eurydice |
Vous voulez dire qu'elle tient un rang qu'elle n'a pas encore mais qu'elle finira bien par avoir...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 11:24 am Sujet du message: |
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Ben première danseuse à l'Opéra, ce n'est déjà pas si mal non? Et on ne peut pas dire qu'elle ait fait piètre figure à chaque fois qu'elle a été - cela devient une habitude - distribuée en "doublure" de Marie-Agnès Gillot sur un rôle. Elle a même souvent su imprimer sa propre marque, ce qui n'était pas évident face à une personnalité telle que M-A. Gillot, justement. |
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laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Ven Fév 10, 2012 7:45 pm Sujet du message: orphée et Eurydice |
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Un conseil, si vous êtes fatigué, allez vous coucher... parce que franchement, vous tracez de cette soirée un tableau si noir... alors que cet opéra est vraiment une merveille et ce, dans toutes les langues... que la chorégraphie de Pina Bausch avec les décors et costumes de Rolf Borzik créée en 1975 alors qu'elle a pris la direction du Tanztheater il y a un peu plus d'un an manifeste un tel esprit de liberté... ce qui peut peut être vous paraitre choquant et ennuyeux à vous, cadenassé dans vos émotions classiques et néo... les mouvements avec ce travail sur la symbolisation montrent le temps, le mythe, l'émotion simplement, par la souplesse du haut du corps... Tout sera repris par bien d'autres mais jamais égalé... parlez de Joos, de Tudor, de Taylor pas de Keersmaeker, pas de Mary Wigman, dont elle dit n'avoir pas une grande connaissance... en bref une deuxième vision est conseillée ...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 11:24 am Sujet du message: |
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Un préavis de grève a été déposé pour le 16/02, le 29/02 et le 02/03. Pour les balletomanes, il n'y aurait a priori qu'un risque pour la dernière d'Orphée et Eurydice. Je rappelle également que préavis ne veut pas dire forcément grève, et que d'ici là, des négociations peuvent avoir lieu. |
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Jules
Inscrit le: 21 Fév 2011 Messages: 36 Localisation: Paris
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 7:51 pm Sujet du message: |
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Je suis en accord avec Laurence, et ne comprends pas votre critique Haydn. Il est vrai que chacun ressent à sa façon, mais je viens de revoir ce chef d'oeuvre, et l'émotion, les rythmes et la sensibilité (pas sensiblerie) sont frappants et prenants. Naturellement il y a du tragique - dans l'histoire même - mais on est loin des pseudo-réussites ou vrais ratages de Keersmaeker qui m'insupportent assez... Sans mentionner d'autres chorégraphes contemporains, ayant recours à la noirceur faute de profondeur.
Ce n'est pas le cas ici. Ici Orphée & Eurydice parlent de l'amour, des rencontres, des emprisonnements, des éloignements. de la vie, en somme. Et ça n'a rien de morbide. Cette pièce (est-ce simplement un ballet ?) rend hommage à l'Art de Pina Bausch, et Mlle Gillot en particulier a tout compris à cet Art.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 10:10 pm Sujet du message: |
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Je n'ai pas encore vu, cette année, la distribution Gillot / Bullion. Disons qu'avec toute la noirceur qui nous entoure, j'ai, le l'avoue, davantage envie de me divertir, avec un minimum de légèreté, au théâtre. Et lorsque je vois le nombre de lectures médiocre du fil de discussion consacré à cet Orphée et Eurydice, je me dis que pas mal de balletomanes ressentent aujourd'hui (ma réaction aurait certainement été très différente il y a dix ans encore) un peu la même chose ; le moindre Nouréev / Petipa fait 20000 lectures avant même le début des représentations, et passe allègrement les 100 000 au bout de 4-5 semaines, et là, à mi-parcours, on n'a pas atteint les 8000 vues... |
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laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 11:08 pm Sujet du message: Orphée et Eurydice |
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Haydn, est-ce vraiment un critère fiable... c'est un critère, mais pas le seul... Il semble que Dansomanie (et vous le savez, j'apprécie votre site) est fréquenté par des personnes férues de danse classique.Ce n'est pas un reproche bien au contraire, je suis souvent très admirative... mais pour moi la danse c'est toutes les danses, parce que le mouvement humain et l'émotion qui s'en dégage peut avoir des langages différents et j'aime cette diversité...
Pina Bausch dans ses premières oeuvres est irremplaçable, c'est une grande dame de la danse... et vous ne pouvez pas la traiter avec ce mépris, cet élitisme, sous peine de perdre de votre crédit que j'estime grand...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 11:32 pm Sujet du message: |
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Je ne vois pas où sont le mépris et l'élitisme, et Dansomanie est ouvert à toutes les formes de danse, même si l'essentiel des discussions portent sur la danse dite "classique", au sens occidental du terme.
Je n'ai pas du tout discuté de la valeur intrinsèque de la chorégraphie de Pina Bausch. J'ai observé des incohérences bien réelles dans le choix de la version de l'opéra de Gluck (qui, au risque de m'attirer quelques foudres, n'a pas attendu Pina Bausch pour monter au panthéon des plus grands chefs d’œuvre de l'art lyrique), et j’estimais par ailleurs que cette noirceur qu'on trouve chez Bausch et d'autres chorégraphes de la fin du XXème siècle et du début du XXIème était particulièrement déprimante vu le contexte social actuel, qui ne porte déjà pas franchement à l'optimisme et à la gaieté. Ces réflexions seraient aussi valables pour d'autres formes d'expression artistique il me semble... |
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laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Sam Fév 11, 2012 11:58 pm Sujet du message: |
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Il me semble que Giselle, Manon, le Lac ne sont pas spécialement drôles non plus, et ils ne vous choquent pas...l'esthétique du ballet vous empêche d'essuyer une larme... Pina vous choque parce que le geste reflète sans fard l'émotion...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Dim Fév 12, 2012 12:04 am Sujet du message: |
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L'émotion :
Giulietta Simionato (1910-2010), l'une des plus belles voix du XXème siècle. Gluck, juste Gluck. |
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marc
Inscrit le: 16 Fév 2009 Messages: 1157
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Posté le: Dim Fév 12, 2012 9:52 am Sujet du message: |
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Dernière édition par marc le Lun Fév 13, 2012 3:25 pm; édité 1 fois |
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