laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Sam Déc 17, 2011 6:47 pm Sujet du message: Antonia Baehr et William Wheeler au Collège des Bernardins |
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Le Collège des Bernardins et son pôle de recherche continuent d'inviter des « artistes-explorateurs » : Antonia Baehr et William Wheeler ont présenté hier soir deux pièces qui ont comme sujet: l'altérité.
Qui suis-je par rapport à l'autre?
« Holding hands », de Antonia Baehr, présenté dans le grand auditorium, est une « chorégraphie des visages ». Les deux artistes, vêtus de manière identique (le même « genre » dirait-on) face au public se tiennent la main. Un peu comme des dessins de François Delsarte, ils questionnent la fonction symbolique du visage ; leur visage, et simplement leur visage, vont s'animer des mêmes mouvements perçus de l'intérieur au même instant, comme un rythme commun très lent. Cette symétrie parfaite, parfois en miroir, parfois en opposition, parfois en succession, dessine un intervalle d'espace où jamais les regards ne se croisent. Ils s'ignorent... et se ressemblent. La même émotion les touche au même moment, une émotion reflétée par leurs deux visages mutiques, l'un masculin l'autre féminin. Deux lieux d'expressions, « deux paysages qui respirent » directement lisibles par le regard du spectateur chez qui ils provoquent à la fois une empathie et un certain malaise... Sans le code de la parole, le spectateur comprend-il bien ces émotions ?
Oui, elles sont évidentes.
Mais lorsque la voix de Maria Callas s'élève, chantant « Tu che la vanita » de Verdi, c'est presque un soulagement de pouvoir enfin les associer à des paroles. On a tellement l'habitude de s'appuyer sur plusieurs canaux pour ressentir et aller au plus vite...
« Without you, I am nothing » change d'auteur (William Wheeler) et de lieu : le petit auditorium.
Une « Diva illusoire » rentre en scène. Elle soumet le public à une séance d'hypnose pour se détendre avant de chanter. Le son de sa voix est fourni par son assistant qui joue d'un instrument musical électronique : le thérémin.
Là aussi, l'assistant dans le mouvement de son instrument et la cantatrice, en accouplant une voix et un corps, forment une unité chimérique assez étonnante .
Un peu moins efficace que la première démonstration, parce que plus réaliste, moins intrigante, cette pièce laisse moins de liberté au questionnement sur la fonction symbolique du corps humain, mais il laisse l'imaginaire se jouer et c'est en fait très drôle cette liberté là...
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