Concours de promotion Ballet Opéra de Paris 2012

[sakura]

Mon petit commentaire sur les 2 jours de concours : excusez ma mémoire mais il y avait tant à regarder!!

Pour les filles : dans les quadrilles, Mlle Hilaire était parfaite dans sa libre, tout comme Mlle Vareilhes, et à la fin de leur épreuve, elles avaient déjà toutes deux ma voix!
Pour Mlle Ganio, je suis plus dubitative, n'aimant pas sa plastique et ayant trouvé son concours en-dessous de ses possibilités.
Mlle Galloni a également mérité sa place pour sa précision, sa musicalité et sa fraicheur.
Mlle Visocchi était pétillante et aurait pu monter en 4.
Mlle Dilhac aussi car imposé et libre très équilibrées et bien réalisées.
Dommage pour Mlle Barbeau, un peu en deçà alors que j'y croyais.
Mlle Fujii toujours précise et jamais récompensée.
Je rejoins un des commentaires précédents quant aux physiques parfois étonnants et hétéroclites dans une telle compagnie ; certains vous diront qu'au contraire cela permet d'avoir des danseuses pour tous les types de rôles... hum... ou avec des personnalités différentes... mais un beau corps de ballet homogène n'est pas désagréable à regarder pour le pauvre spectateur non spécialiste de l'entrechat 6....
Dans la classe suivante, le choc! Pourquoi faire monter Mlles Clément et Robert.... Si l'âge est un critère, alors plus de concours et vive l'ancienneté!
Mlle St-Martin méritait de monter certes, mais peut être pas en 1... Mlle Guérineau est à une place 4 normale. Mais quid de Mlle Levy et pire de Mlle Boucaud qui a campé une Nikiya d'une grande maturité qui a fait frémir plus d'un homme dans la salle, sans parler de Balanchine où elle a excellé (c'est d'ailleurs avec cette variation qu'elle était montée 1* coryphée si ma mémoire est bonne). Mlle Philbert juste mais moins intéressante.
Dans les sujets, Mlle Renavand sera attendue au tournant sur les grands rôles classiques et je l'y attends de pied ferme... comme beaucoup!
Mlle Albisson ne méritait pas sa 2* place, car en dessous de son niveau ; dommage, un mauvais jour! Mlle Bourdon par contre a flirté avec la première place! Mlle Bellet a fait une Cigarette parfaite et aurait pu décrocher la timbale. Concours raté pour Mlle Froustey, mais sans doute partie vaincue ou désabusée....
Le choix de Mlle Dayanova un peu étrange car pas à son avantage dans la Carmen de Roland Petit.


Pour les garçons, ce fut plus simple. Alu a dominé le sujet et plié l'affaire. Chockroun est bien revenu après qques années un peu à vide, dommage car belles lignes et on en manque terriblement....
Mélac et Thomas à la lutte et Thomas l'emporte... Pourquoi pas, c'est un danseur d'expérience.
Coste débordant d'énergie, un bel Arepo mais imposé pas à la hauteur des autres concurrents. Un danseur très scénique.
Dans la classe suivante, Gasse me faisait penser à Hilaire : le même magnétisme. Il avait mon suffrage, largement, même si son imposé était un peu juste, mais il a prouvé au long de l'année que c'est un beau danseur solide.
Chailloux contre Ibot dans Carmen : pas photo!!! Rien à voir !!! Ibot en tête et de loin... Chailloux avait dû oublier de prendre son café avant de venir, j'aurais parié à 10 contre un sur le taureau !!! Dominiak avait ses chances, mais pas assez de postes... dommage.
Bertaud que j'aime beaucoup mérite de monter mais qu'il nous présente une belle variation de prince! On sait qu'il est excellent en contemporain !!
Raveau le promu aurait pu attendre un peu (surtout que pour les filles on fait passer les vieilles....) et laisser sa place encore un ou 2 ans pour mûrir, surtout qu'il a été bien, mais pas éblouissant, surtout dans sa libre!!

J'en oublie certains, mais je n'ai plus le petit papier avec les noms et variations .... Mille excuses....

Enfin une pensée pour toutes ces danseuses et tous ces danseurs qui ont tant travaillé les dernières semaines et qui n'ont pas été récompensés!
Merci du spectacle magnifique que vous nous avez offert et du plaisir de vous voir autrement qu'anonymes au milieu des autres!

[danse-0pera]

Pour ceux qui veulent voir par eux-mêmes: Sébastien Bertaud dans sa libre, Speaking in tongues.
http://www.youtube.com/watch?v=Iq4OKtAGpU4&feature=feedu

[haydn]

Merci à Lulu, lolodanse, danse-0pera et sakura pour avoir pris la peine de rédiger ces longs commentaires sur le concours.

L'une des questions qui se pose toujours avec le concours, c'est de savoir s'il s'agit là d'un outil de gestion administrative des carrières, ou d'une épreuve purement artistique, et dans ce second cas, si on juge la performance d'un jour, ou le potentiel du danseur ou de la danseuse. L'équilibre est toujours difficile à trouver, et c'est vrai que si l'on ne laisse aucun espoir de promotion à des "anciens" (à 30 ans, dans ce métier, un est quasiment un "vieux"...) qui ont loyalement servi la compagnie, cela peut aussi poser problème.

En ce qui concerne les physiques, on entend et on lit tout et son contraire. La direction de l'ONP est tantôt accusée de recruter des artistes trop "formatés", et ensuite au contraire ne pas suivre de politique suffisamment homogène en la matière. C'est vrai qu'il y a des "effets de mode", qu'à la fin des années 1990 et au début des années 2000, on a davantage recruté, chez les garçons, des artistes longilignes tels Vincent Chaillet, Audric Bezard, Hervé Moreau etc..., et que maintenant, visiblement, on donne également une chance à des gabarits plus compacts (Hugo Vigliotti, François Alu, Niccolo Balossini). Chez les filles, Nouréev privilégiait systématiquement les grandes minces, mais depuis, on a vu entrer au corps de ballet aussi bien Marie-Agnès Gillot que Muriel Zusperreguy, Lucie Fenwick qu'Eléonore Guérineau, et il ne semble plus vraiment y avoir de règle en la matière.

Je ne vais pas épiloguer sur les mérites respectifs des différentes candidates, notamment chez les coryphées, même si je ne partage pas totalement votre avis, sakura. Mais là aussi se pose le problème du potentiel, face aux prestations (10mn au mieux pour les deux variations le jour du concours), et l'on peut se dire qu'il est de l'intérêt de la compagnie de promouvoir des gens tels Amandine Albisson, Marine Ganio, Eléonore Guérineau, Aubane Philbert, et quelques autres encore, au regard de leurs possibilités, même si elles ont déjà fait de meilleurs concours. Si on attend trop, d'une part leurs aptitudes physiques vont se dégrader (c'est malheureux à dire, mais dans ce métier, cela compte, et un individu est normalement au maximum de sa forme entre 18 et 25 ans), et d'autre part, on risque de les démoraliser.

En ce qui concerne Laure-Adélaïde Boucaud, personnellement, je l'ai d'avantage appréciée en Polymnie qu'en Nikiya, mais c'est aussi, je vous l'accorde, une danseuse dont on peut attendre de belles choses et qui a déjà l'expérience de petits rôles.

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[Perle]

"En ce qui concerne les physiques, on entend et on lit tout et son contraire. La direction de l'ONP est tantôt accusée de recruter des artistes trop "formatés", et ensuite au contraire ne pas suivre de politique suffisamment homogène en la matière" (Haydn)

Je suis d'accord avec vous sur ce point mais pas forcément sur les exemples choisis : Niccolo Balossini (très mince) est surnuméraire et n'a pas le même physique que François Alu (plutôt grand et solide) ou Hugo (plutôt petit).

Et globalement, pour les garçons on les choisit plutôt grands, aux longues jambes (F. Mélac, J. Quer, M. Contat), physiques de danseurs nobles ...

Heureusement qu'il reste possible des recrutements de physiques de danseurs de demi-caractère.

Chez les filles, je dois dire que j'apprécie assez cette diversité et puis quand le talent est là, je pense qu'il doit être privilégié avant tout.

[sophia]

Un physique "pas idéal" ou "pas tout à fait conforme" (avec force guillemets) ne me gêne que lorsque le danseur est déjà sans intérêt en tant que danseur. Dans ce cas, on ne voit plus que ça. A l'inverse, les danseuses "poupées mannequins" - qui n'ont rien d'autre à porter que leur physique - m'insupportent.

Après, je crois qu'il faut distinguer les danseurs du corps de ballet, dont les personnalités sont mises de côté au profit de l'harmonie d'ensemble (particulièrement attendue dans les compagnies dotées d'une école), et les solistes/étoiles qui brillent - espérons-le - par d'autres qualités. Tamara Rojo, Natalia Ossipova, Ivan Vassiliev et tant d'autres sont loin d'avoir des physiques canoniques, c'est le moins qu'on puisse dire.

A une autre échelle, il serait bien triste qu'Eléonore Guérineau ou Hugo Vigliotti, qui pour moi sont bien au-dessus du corps de ballet, soient empêchés de monter dans la hiérarchie uniquement pour des raisons de physique "pas à la mode". De tels danseurs seraient mis en avant n'importe où ailleurs, sans doute pas dans les rôles principaux du Lac des cygnes, mais au moins dans certains emplois glorieux.

[Déméter]

Merci danse-0pera d'avoir signalé la vidéo de la variation libre de S. Bertaud: je connais mal ce danseur car je ne l'ai guère vu sur scène pour l'instant mais je comprends mieux maintenant l'intérêt qu'il suscite.
Je goûte peu ce type de variation en général car les tics de la danse contemporains deviennent vite ridicules (en tout cas pour moi). S. Bertaud est un grand artiste qui arrive à donner du sens à tout cela: l'intention est la bonne et est servie par la maturité et la formidable force intérieure qu'il dégage sur scène. Bravo à lui !
Effectivement, on ne comprend pas pourquoi on se prive d'un tel talent , mais comme d'habitude les voies de l'ONP sont impénétrables . . .

Pour rebondir sur le poste de Sophia, il serait bien triste en effet que la raison principale de la non-promotion (et surtout de la non-distribution !) d'Eléonore Guérineau soit d'ordre physique . . .

Après ce concours de promotion, je ne peux m'empêcher de comparer avec celles annoncées au Bolchoï en début de saison. A l'ONP la plupart des danseurs qui me marquent lors de leurs passages en scène sont placardisés ou cantonnés au corps de ballet. Au Bolchoï, des danseurs que j'ai découverts et qui m'ont tapé dans l'oeil en mai comme C. Alizade (quel style et quelle grâce dans sa variation du grand pas de Don Quichotte) ou V. Lopatine ( sympathique et courageux Basilio) ont été promus eux .
Ca me laisse songeuse . . .

[Marie-Ange]

Rejoignant votre parole, revient ensuite au danseur ou à la danseuse de questionner ou pas sa carrière ici ou ailleurs, comme le font au demeurant la plupart des danseurs d'autres compagnies, et comme cela se fait dans x métiers.
Est-il si évident qu'une Mlle G. trouverait mieux ailleurs? Et désirerait-elle seulement s'expatrier? Question et réponse appartiennent évidemment à la personne concernée. Mais est-ce un fruit de mon imagination, l'impression que les danseurs de l'OdP sont actuellement plus fidèles à leur maison qu'avant?

[haydn]

Il faudrait éviter de s'emballer, et je suis en désaccord avec Sophia. On peut certes critiquer certains aspects de la politique artistique de l'Opéra de Paris, on peut regretter certaines non-promotions etc, mais on ne peut pas reprocher à la Direction de la danse de faire du barrage systématique pour des questions de physique. Même au plus haut niveau de la hiérarchie, il y a des artistes à la morphologie très différente : Marie-Agnès Gillot et Clairemarie Osta, Stéphane Bullion et Mathias Heymann... Les questions d'ordre physique sont à mon avis bien plus discriminantes dans les compagnies russes.

Présenter Hugo Vigliotti comme une sorte de "mal-aimé" de la direction me paraît aussi assez fallacieux. Depuis son entrée au corps de ballet, il aurait pu, en théorie, se présenter à trois concours internes. En 2009, il n'a pas passé les épreuves, en raison d'une blessure, en 2010 il a concouru et a été promu Coryphée et cette année, il n'y avait qu'une seule place de sujet qui est revenue, légitimement, à Pierre-Arthur Raveau. Le seul qui serait en droit de se plaindre d'une certaine injustice, c'est, à mon sens, Sébastien Bertaud qui, par le passé, s'est souvent comporté brillamment lors des concours, mais toujours en vain.

M. Vigliotti a par ailleurs été distribué cette année dans Les Rendez-vous, de Roland Petit, où il s'est très favorablement distingué. S'il n'a pas réalisé, lors du concours, la meilleure des prestations, en raison d'une variation imposée qui ne lui était pas très favorable, on peut espérer que l'an prochain, s'il y a des postes en nombre suffisant, il soit à nouveau promu.

Pour ce qui est d'Eléonore Guérineau, on peut effectivement regretter qu'elle ne soit pas davantage mise en avant, que ce soit dans les distributions ou dans les promotions, compte-tenu de son potentiel, mais là aussi, il me parait difficile de prétendre que cela tienne principalement à des considérations d'ordre physique. Marine Ganio, au gabarit très similaire, est passée Coryphée cette année, et Muriel Zusperreguy qui possède une morphologie du même type, est devenue Première danseuse en 2007.

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[sakura]

S'expatrier est plus facile à dire qu'à faire !!! Les places dans les compagnies ne sont pas si nombreuses et quitter la proie pour l'ombre non plus... Il faut penser au loyer à payer et à la famille à quitter (certains sont mariés et chargés de famille). De plus, Paris offre des garanties sociales rares... être blessé par exemple y est plus simple... oui mais l'artistique, la reconnaissance, voire la gloire... certes, mais le ventre plein....

[sophia]

Mais enfin, je n'ai jamais écrit qu'ils devaient s'expatrier! C'est leur problème, pas le mien, et les balletomanes ont souvent trop vite fait le bonheur des danseurs à leur place. Concernant Froustey ou Guérineau, c'est quand même difficile, à ce stade, de ne pas y penser, mais pour ce qui est de Vigliotti, ce serait franchement bien prématuré. Pour le reste, je ne crois pas du tout que les compagnies étrangères se damneraient actuellement pour des danseurs du corps de ballet, voire des demi-solos, de l'Opéra - du moins ordinaires.

Ce que je voulais dire, c'est que des profils semblables de virtuoses seraient mis en avant dans d'autres grandes compagnies classiques, au moins sur des emplois précis, et non laissés comme ça dans les tréfonds du corps de ballet (pensez que Guérineau n'a même pas droit en tant que remplaçante aux petites variations solos, style Ombres, Paysans, pd3... - comme s'il y avait tant de génies que ça à distribuer là-dessus).

[LysNoir]

Tout est dit Sophia...Et j'ajouterais que, comme dans tout milieu professionnel, il y a aussi des questions d'affinités...de jalousie...bref, la vie, quoi! Mais là, on n'est pas à la sécu, les carrières sont courtes. De nos jours, avec des perspectives économiques si dures, hé bien je crois que j'aimerais mieux rester sujet à Paris "le ventre plein" que soliste je ne sais où pour la moitié du salaire...

[Caroline]

Bonjour à tous,

Etant à l'étranger cette année je n'ai pas pu assister au concours.
Est-ce que ceux qui y ont assisté pourraient me donner leur avis sur la prestation de Marion Barbeau (quadrille)? C'est déjà son 3e concours je crois, et je ne la vois pas classée, je suis déçue.

Merci,

Caroline

[nikiya]

[sophia]

Caroline, j'avoue que je ne me souviens pas spécialement de Marion Barbeau dans la variation imposée - il y en a eu tant et tant, et comme certains, dont moi, l'ont écrit, peu s'y sont vraiment distinguées - mais pour ce qui est de la libre, elle avait choisi une autre variation tirée de La Belle, celle de la "Vision", et je ne suis pas sûre que c'était un choix très judicieux pour elle. La variation est techniquement difficile, bien plus que celle de l'acte III, et elle paraissait très tendue.

[Debussy]

Je réponds à Nikiya ; il me semble que Monique Loudières était extrêmement fine et élancée ; la morphologie compte beaucoup à mon sens dans la grâce de la danseuse, de longues jambes fines sont beaucoup plus gracieuses ; cf Elisabeth Platel dans la Bayadère