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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mer Déc 29, 2004 11:48 am Sujet du message: Merce Cunningham Dance Company |
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Le prochain spectacle de danse proposé par l'Opéra de Paris, c'est la compagnie américaine de Merce Cunningham qui donnera seulement cinq représentations du 7 au 11 janvier à Paris, puis effectuera une tournée dans plusieurs villes de France début 2005.
Pour avoir plus de détails et connaître les dates: Infos sur Yahoo
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Jeu Jan 06, 2005 7:30 am Sujet du message: |
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A quoi doit-on s'attendre ? Quel est le niveau de cette compagnie ?
J'ai un souvenir ému de la visite il y a quelques années du Ballet de Hamboug-Neumeir avec la représentation du ballet "Ninjinsky" qui avait mis le feu à Garnier...
Je vois qu'il reste des places à vendre sur le site de l'ONP, donc j'imagine que l'on doit moins espérer de ces prochaines représentations. Me trompe-je ?
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Jeu Jan 06, 2005 11:18 am Sujet du message: |
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Heu Pierre, Cunningham et Neumeier, ça n'a vraiment, mais alors vraiment rien à voir, en-dehors du fait que ce sont des chorégraphes toujours vivants (mais pas de la même génération)!
Merce Cunningham a révolutionné la "modern dance" américaine marquée par l'influence de Martha Graham dans les années cinquante. Il refuse notamment l'idée d'un point central sur la scène vers lequel tout converge et plus généralement l'idée de symétrie. Si vous vous souvenez du spectacle de Jérôme Bel au début de la saison, Véronique Doisneau interprétait un extrait d'un ballet de Cunningham intitulé "Point in space". Ce titre dit un peu ce qu'est la danse de Merce Cunningham: une danse abstraite, aléatoire qui n'exprime aucun sentiment, qui ne raconte aucune histoire et qui ne privilégie aucun point dans l'espace. On voit des mouvements du tronc et des mouvements de jambes exécutés dans toutes les directions et à toutes sortes de vitesses, on retrouve aussi des mouvements de base de la danse classique comme les tours ou les jetés. Il n'y a pas forcément de musique dans ses créations, ou s'il y en a, elle n'a aucun rapport avec la danse. Si l'on s'intéresse à la danse en général, il me semble que l'on se doit d'aller voir Merce Cunningham, c'est le grand nom de la danse post-moderne américaine (l'autre tendance, à l'opposé, c'est Paul Taylor), bien plus important, je pense, que Trisha Brown. Après, je ne peux pas émettre d'avis sur le résultat avant de l'avoir vu. Il y a peut-être encore des places à vendre, mais je crois tout de même que Garnier sera nettement plus rempli pour Cunningham que pour Linke/Noiret/Scozzi (regardez par curiosité la vente des places sur internet, c'est éloquent!)
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Ven Jan 07, 2005 8:37 pm Sujet du message: |
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Merci Sophia. On ira donc, ... sur la pointe des pieds.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Sam Jan 08, 2005 12:48 am Sujet du message: |
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Je vous parlerai plus en détail demain de la première représentation de la Merce Cunningham Dance Company au Palais Garnier, qui a eu lieu ce soir.
Autant dire que les choses se sont passées de manière assez houleuse, jusqu'au second entracte du moins.
Le MinEvent, chaque soir différent, était pour la première agrémenté d'un décor de Claude Lévêque. Tout comme Views on Stage, qui suivait, la pièce a été copieusement huée par un public pourtant acquis à la cause de la danse moderne. Ce qui a été sifflé, ce n'était pas tant les chorégraphies, qui n'avaient vraiment rien de sulfureux, mais plutôt, malheureusement, les danseurs. Et ce qui est pire, à juste titre. La Merce Cunningham Dance Company n'est plus que l'ombre d'elle même, composé d'éléments à la technique assez hasardeuse et à la condition physique manifestement insuffisante. Tout était mou, brouillon, dépourvu de grâce et de vie ; les oeuvres présentées sont - délibérement - "a-expressives" (pardon pour le néologisme), fondées sur la plastique pure, et nécessitent, pour produire l'effet esthétique escompté, une exécution d'un formalisme parfait. Lorsque la mise en place est défaillante, les mouvements mal coordonnées, la précision des gestes aléatoire et le peps inexistant, le désastre est inévitable, et le public, conscient de la mauvaise qualité de l'interprétation - répétons-le, les chorégraphies ne sont pas en cause - ne s'est pas privé de manifester bruyamment sa désapprobation.
Sounddance concluait la soirée. Cet ouvrage date de 1975, de l'apogée du génie créateur de Merce Cunningham donc. Il a été heureusement dansé avec un peu plus d'énergie que les deux pièces précédentes, et a été chaleureusement applaudi, tout comme Merce Cunningham, venu saluer à la fin du spectacle. Ces bravos venaient avant tout remercier le vieil homme pour tout ce qu'il a apporté à l'art chorégraphique durant sa longue carrière. Qu'on l'aime ou non, M. Cunningham tient d'ores et déjà une place majeure dans l'histoire de la danse, mais l'on ne peut qu'être triste au vu des graves insuffisances dont ont fait montre les artistes de sa compagnie.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 9:30 am Sujet du message: |
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La critique, assez ... surprennante, de René Sirvin, est parue dans le Figaro de ce lundi 10 janvier :
Citation: |
La chorégraphie reste pure démonstration du style Merce Cunningham par quatorze danseurs en noir et rouge, qui forcent l'admiration par leur maîtrise et leur rigueur, dans un subtil solo féminin comme dans un vigoureux duo ou de multiples actions simultanées.
[...] Les treize filles et garçons, tous vêtus d'identiques jupes blan ches plissées et pectoraux en lamé turquoise, brillent par leur discipline et leur technique, notamment le jeune virtuose noir Rashaun Mitchell à la superbe élévation. |
On ne sera d'accord qu'avec l'appréciation portée sur Rashaun Mitchell, qui était un peu supérieur aux autres, mais pour le reste... Et Sirvin, qui était certainement là le soir de la première, vendredi, a du revenir tout exprès le samedi, où le public était plus bon enfant, pour ne pas avoir à écrire que les deux premières pièces du spectacle avaient été copieusement huées...
La critique de René Sirvin est ICI
Dernière édition par haydn le Lun Jan 10, 2005 9:43 am; édité 1 fois |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 9:43 am Sujet du message: |
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Libération est presque aussi complaisant, avec évidemment pas une allusion aux réactions du public. A propos de Views on stage :
Citation: |
Sous le décor du Brésilien Ernesto Neto, une sorte de paroi intestinale retournée qui pend des cintres, les danseurs, impeccables, plus royalistes que le roi en quelque sorte, tiennent les adages autant que les brusques ruptures. Dans cette chorégraphie sismique, ce qui ébranle est aussi ce qui ressoude. |
A croire qu'on n'a pas été au même spectacle. Ou alors, que nous sommes vraiment d'une exigeance démesurée... Tant pis, j'ai souvent pris le parti de défendre des spectacles "difficiles" ici, sur Dansomanie, alors pour une fois, si quelque chose ne va pas, disons-le aussi. Et encore une fois, ce ne sont pas les chorégraphies (qui là, n'ont rien de "difficile") elles-mêmes qui sont en cause, mais bien leur exécution.
La critique de Marie-Christine Vernay est ICI
Dernière édition par haydn le Lun Jan 10, 2005 3:13 pm; édité 3 fois |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 5:38 pm Sujet du message: |
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Si il faut caler son jugement sur ceux de René Sirvin à partir de ce matin, je vous prie, cher Haydn, de décaler tous les jugements que nous avons pu porter dernièrement, par exemple, sur N, à partir du taquet "chef d'oeuvre" et au delà...
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Katharine Kanter
Inscrit le: 19 Jan 2004 Messages: 1477 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 6:02 pm Sujet du message: Looking for Somewhere to wander to |
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One notes that a number of financial instutions, merchant banks, foundations, trusts and so forth, have joined forces to support Merce Merce Merce on the Garnier Stage.
Without their generous support, wherever WOULD we be ? WHATEVER would we be ? Aging beatniks ?
That does, however, form a fitting environment to a spectacle that could perhaps best be defined
as
UNSTEADY VACILLATING AND AT THE END OF ITS ROPE
Spittin' image of the post-industrial Western World, a world increasingly viewed with something rather less than fond respect, by the rest of this planet.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 7:05 pm Sujet du message: |
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Une nouvelle dépêche AFP sur la tournée de la Compagnie Merce Cunningham en France. Si l'article précise que le spectacle fait salle comble à Garnier (c'est parfaitement exact), il omet en effet de préciser que le soir de la première, les deux premiers ballets ont été copieusement sifflés (c'est la première fois que j'assiste à cela à Garnier) par un public qui n'était pourtant pas composé en majorité des habitués du ballet classique.
Pour ma part, j'apprécie le style chorégraphique de Merce Cunningham, je trouve qu'il y a une cohérence esthétique dans ses créations. Sa rhétorique finit quand même par être très répétitive et je ne crois pas qu"elle produise grand-chose de neuf en 2004. Cela dit, quand on voit ce qu'est la création chorégraphique aujourd'hui, Merce Cunningham faisait -fait- vraiment de la danse et de la danse qui s'inscrit dans une histoire. Maintenant, on peut rester hermétique devant cette totale abstraction et ce refus délibéré d'expressivité.
Il est évident que le problème est ailleurs: ses danseurs ne sont effectivement pas à la hauteur. Je veux bien que ce type de danse ne recherche pas la virtuosité au même titre que le ballet classique, mais bon, ils n'ont pas, du moins la plupart d'entre eux, le niveau technique que l'on serait en droit d'attendre d'une compagnie aussi prestigieuse. Par rapport aux réactions de la presse, je crois simplement que les journalistes n'osent pas émettre de critiques vis-à-vis d'une telle institution chorégraphique et aussi vis-à-vis d'un vieil homme qui vient saluer appuyé sur sa canne et qui a de toute façon apporté quelque chose à l'art chorégraphique.
Dépêche AFP
Dernière édition par sophia le Lun Jan 10, 2005 8:28 pm; édité 1 fois |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Lun Jan 10, 2005 7:26 pm Sujet du message: |
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Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguité :
Le soir de la première, ce sont les danseurs qui ont été hués par une bonne partie du public, à la fin de la première et de la deuxième partie ; les spectateurs n'étaient manifestement pas satisfaits de la piètre prestation des interpètes.
Personne n'a évidemment eu l'indécence de s'en prendre à Merce Cunningham, qui a au contraire été chaleureusement ovationné à la fin de la représentation. M. Cunningham appartient d'ores et déjà à l'Histoire, et il ne viendrait l'idée à personne de contester ni son talent, ni l'importance de son apport à l'art chorégraphique de la seconde moitié du XXème siècle, dont il est l'un des serviteurs majeurs.
Maintenant, est-ce manquer de respect à M. Cunningham que de dire qu'une bonne partie des danseurs actuels de sa compagnie ne possèdent pas le niveau technique que l'on est en droit d'attendre d'un ensemble aussi prestigieux? Les chorégraphies de Merce Cunningham, comme l'a souligné Sophia, requièrent des interprètetes qui possèdent à la base une très solide formation classique, car on reste bien dans le domaine de la danse et non de la gymnastique ou de l'expression corporelle (ne voyez ici aucune connotation péjorative). De surcroît, elle nécessitent un important investissement physique : Merce Cunningham, c'est de la danse américaine, avec tout ce que cela comporte de peps, de vitalité, qui doit prendre le spectateur dans un tourbillon. Et ceci manquait cruellement le soir de la première. La représentation de samedi après-midi (je n'ai pas vu celle du soir) était de ce point de vue plus satisfaisante, mais on était encore loin du compte...
Dernière édition par haydn le Lun Jan 10, 2005 7:31 pm; édité 2 fois |
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