Le Bolchoï à l'Opéra de Paris [5-15 mai 2011]

[serge1 paris]

Ce qui me chagrine un peu , c'est que Volchkov est prévu à nouveau avec Alexandrova.

Il est certain que je préférerais voir Mercuriev qui est actuellement en grande forme ou même Lantratov que je n'ai pas vu dans Flammes de Paris....

[paco]

Cela fait plusieurs fois que je lis des commentaires mitigés sur Volchkov, insitant notamment sur des fragilités techniques. Or j'ai un excellent souvenir de sa prestation en Crassus dans Spartacus à Garnier, un rôle qui ne me semble pourtant pas si facile. A-t-il régressé depuis ? stagné ?

[sophia]

Personnellement, je pense qu'il n'est pas vraiment un Basilio, Merkuriev l'est bien plus naturellement, tout comme Lobukhin, malheureusement blessé et privé de tournée, et j'attends aussi beaucoup de Lopatin (trop petit pour Alexandrova et Shipulina) samedi après-midi.

[haydn]

[Azulynn]

Il avait été excellent dans Giselle l'été dernier à Londres. Basilio n'est tout simplement pas un emploi naturel pour lui, mais Shipulina et Alexandrova avaient probablement besoin d'un partenaire assez grand en l'absence de Lobukhin...

[sophia]

... et Lantratov n'a pas encore inscrit le rôle de Basilio à son répertoire (cela ne saurait tarder... ).

[marc]

[serge1 paris]

Comme Paco, j'avais gardé un excellent souvenir de Volchkov dans Spartacus mais j'avais oublié l'épisode Raymonda où effectivement il a fait peu d'étincelles....

[sophia]

Quelques mots sur la représentation du 12 (Shipulina / Volchkov), investie par les hôtesses d'accueil et un public d'entreprise très agité - on adore (et c'est tellement rare, en plus)!

Evidemment, après la tornade Ossipova-Vassiliev, qui semblent tous deux évoluer sur une autre planète, c'était presque le retour à la normalité hier soir au Palais Garnier, pour une représentation réunissant Ekaterina Shipulina, plutôt coutumière des "seconds rôles principaux" (Gamzatti, Gulnare, Reine des Dryades...), et Alexandre Volchkov. Normalité, mais normalité Bolchoï tout de même, qui ne sacrifie rien à la passion et à une certaine folie aussi. La troupe dégage une force incroyable actuellement, elle est aussi à son meilleur dans ce type de ballet, et même avec une distribution un tantinet moins brillante, le spectacle est encore au rendez-vous.

Ekaterina Shipulina possède un certain nombre d'atouts propres qui font qu'elle ne souffre pas d'une comparaison avec Natalia Ossipova. Plus, elle a toutes les qualités qui manquent à cette dernière : un vrai physique de ballerine russe (on peut noter une certaine ressemblance avec Zakharova), des lignes superbes, un très beau travail conjoint du haut et du bas du corps, des pointes délicates, le côté "femme en colère" et théâtral des danseuses du Bolchoï, associé à une danse très ornée, comportant des ports de bras et des épaulements particulièrement soignés et raffinés. Cerise sur le gâteau, elle porte tout au long du ballet des tutus à se damner, qu'elle sait mettre particulièrement bien en valeur. Son jeu est moins mécanique et plus riche que celui d'Ossipova, qui connaît par coeur tous les effets qui vont faire fondre le public et préfère au vrai théâtre le grand spectacle. Sa Kitri, très vivante, un tantinet rentre-dedans, se révèle très drôle, tant au premier acte que dans la scène de la taverne, et l'échange avec tous ses partenaires est vraiment intéressant et bien réglé. Elle sait, tout au long du ballet, développer un personnage et nous raconter une histoire, qui se termine par un Grand pas plein d'autorité et merveilleusement dansé, dans lequel l'élégance et le glamour à la russe remplacent de manière très assumée la gouaille populaire du premier acte. Techniquement, elle est absolument royale, dans cet ultime morceau de bravoure en particulier, et ses épaulements, ses regards ravageurs, ses mains gracieuses, sont un vrai plaisir à regarder. Sa Dulcinée, en revanche, est sans doute un peu trop femme, un peu trop terrestre aussi, on la préfère là dans le rôle de la Reine des Dryades.

A ses côtés, Alexandre Volchkov se montre quelque peu décevant en Basilio. Il ne s'agit évidemment pas de le comparer à Vassiliev, qui, de toute façon, est incomparable, mais il y a encore tout de même au Bolchoï une marge pour faire autre chose que du Vassiliev tout en étant très bon et enthousiasmant (on pense à Merkuriev ou à Lobukhin, de vrais et bons Basilio tous deux). Son jeu est intéressant, et son personnage est loin d'être terne, mais l'on sent tout de même que Basilio n'est pas un emploi naturel pour lui. Sa grande taille semble aussi une gêne dans la chorégraphie de l'acte I, on attend là un danseur plus ramassé, plus compact, plus allègre, plus virevoltant.

En marge du couple principal, cette seconde distribution offrait tout de même quelques seconds rôles en or. Non pas tant dans le tableau des Dryades, en-deçà de la première pour les solistes (le corps de ballet reste impeccable), que dans le reste du ballet. Anna Nikulina est une belle Reine des Dryades, mais ne s'élève toutefois pas au niveau de Ekaterina Shipulina en termes de ballon et de fluidité, même constat pour Anastasia Stashkevitch en Cupidon, charmante et véloce, mais un brin moins musical que Nina Kaptsova - attention aux effets de jambes superfétatoires... On continue en revanche de célébrer la gloire et le sourire ravageur d'Andreï Merkuriev, Espada anthologique, associé cette fois à la jeune Anna Okuneva, très théâtrale et d'une féminité exacerbée dans le rôle de la Danseuse des Rues. Chinara Alizade et Anna Tikhomirova forment une paire particulièrement séduisante en Juanita et Piccilia, leur danse est affûtée, musicale, parfaitement accordée, elles incarnent au fond tout ce qu'on aime au Bolchoï indépendamment de ses stars, et que l'on retrouve aussi chez les deux filles du Grand pas, Maria Vinogradova (magnifique, même si elle saute un peu moins haut que Tikhomirova) et Victoria Ossipova, qui enlève la deuxième variation de Delibes avec un panache et un sens des nuances enthousiasmants. On a enfin beaucoup de plaisir à retrouver toutes ces danses de caractère hispaniques, qui sont la marque déposée de la version Bolchoï (il n'y en a pas autant au Mariinsky), notamment le Boléro de l'acte III, dansé hier par Anna Balukova et Anton Savichev, et la Danse Gitane, remarquablement interprétée par une flamboyante Anastasia Meskova, particulièrement investie dans ce morceau de bravoure de la danse de caractère russe.

[yiannakis74]

Je n'ai pas pu voir les représentations du Bolshoi au Garnier, donc je ne peux pas me prononcer sur ces spectacles, même si je dois avouer que le film (ballet enregistré) de "Flames of Paris" ne m'a pas emballé du tout (sauf pour la virtuosité hors normes des danseurs surtout de Vassiliev).

Et puisqu'on parle de virtuosité (bien sûr la danse c'est très complexe et la technique ce n'est qu'un des éléments avec la personnalité, la sensibilité, le charisme etc qui font un grand danseur. On sait aussi qu'il y a de très grands danseurs et danseuses qui ne sont pas des virtuoses absolus comme c'était le cas avec Fonteyn, mais qui a eu surtout l'âme, le lyrisme indispensable a une grande artiste) et de technique et que le sujet était abordé par rapport aux différences entre l'Ecole de danse Russe et l'Ecole de danse française, je rejoins les avis exprimés auparavant qu'a Paris en ce moment il y a un manque d'étoiles charismatiques capables de briller et susciter un véritable enthousiasme dans les grandes scènes de danse à travers le monde. J'ai des amis qui chaque fois qu'ils viennent a Paris de l'Italie pour assister à des spectacles de danse a l'Opéra, ils disent que peu importe les interprètes actuels qui sont moins charismatiques peut être par rapport aux étoiles du passé (à l'époque où ils pouvaient voir Guillem, Legris, Hilaire, Loudières, Pietragalla, Guerin, etc), ce qui les attire surtout sont les productions elles-mêmes et le magnifique corps de ballet.

Mais, c"est vrai il faut aussi des stars, de vraies étoiles. Récemment la grande Plissetskaya a exprimé son admiration pour Dorothée Gilbert. Qui sait? Le temps montrera si cette danseuse pourra évoluer et faire partie des grands.

C"est vrai que Sylvie Guillem et Patrick Dupond sont presque les seuls noms que tout le monde reconnait (ce sont les seuls que je connaissais en arrivant en France avec peu de notions sur la danse classique) comme des interprètes charismatiques, de génie, célèbres dans le monde entier. Et bien sur d'autres personnalités étonnantes surtout pendant la période Nureyev, comme Monique Loudieres, Guerin, Manuel Legris, Laurent Hilaire, Pietragalla et aussi en peu plus tard Nicolas Le Riche ou Aurélie Dupont et quelques autres. On peut donc se poser quelques questions.

C"est vrai que cet âge d'or de la danse, où on voit tant d'Etoiles briller sur la scène française et non seulement, sont plutôt liées a l'ère Nureyev et aussi a celle de Claude Bessy qui a dirigé l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris (corrigez-moi si je me trompe car je ne suis pas connaisseur) entre 1972 et 2004. Peut on pousser aussi l'argument que l"émergence de tels talents est en quelque sorte liée a la présence de ces deux personnalités passionnées et passionnantes, malgré leurs défauts, de la danse et qu'aujourd'hui il y a aussi un manque non seulement de danseurs et danseuses étoiles d'exception, mais aussi de fortes personnalités comme Bessy ou Nureyev qu'ils qui peuvent nourrir, favoriser et encourager l'émergence de grands talents?

[Malixia]

[frederic]

La chose est publique en Russie et nourrit les chroniques de la presse. Ainsi, il y a 5 ans, Diana Vishnieva devait avoir le statut d'artiste invitée au Bolchoï et y danser chaque année une dizaine de représentations. Les étoiles de la maison ont fait capoter ce projet en faisant le siège du bureau du directeur. Et il y a mille histoires de ce genre au Bolchoï. Au fond, c'est amusant, en tout cas très vivant et tellement russe....

[Aurélie]

Je découvrais hier cette production de Don Quichotte. J'ai bien aimé mais ça ne m'a pas réconciliée avec Ratmansky... C'est quoi cette variation de la Reine des Dryades? Et l'inversion du rêve de DQ avec l'épisode des gitans?

Sinon, les danseurs sont super, j'ai beaucoup aimé les deux amies, Cupidon (rôle qui me sort par les yeux habituellement), et la danseuse de la variation "Delibes" comme Sophia l'appelle (c'est donc une musique de Delibes?).

Sinon, pour répondre à une question posée plus haut (et puisqu'on parle d'elle), j'ai vu Dorothée Gilbert à la sortie des artistes. Je l'avais déjà vue à un spectacle du Mariinsky au Châtelet (si ma mémoire est bonne).

[sophia]

C'est pas du Ratmansky! (et le programme alors?... )

[sophia]

Des places remises en vente sur le site de l'Opéra pour toutes les représentations restantes.