laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Jeu Mar 31, 2011 12:38 am Sujet du message: Push, Sylvie Guillem, Russell Maliphant au Luxembourg |
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Bien sûr la première fois que j'avais vu Two et Sylvie Guillem, c'était dans un théâtre de verdure près de Toulon. Avec la magie d'un mouvement porté à sa perfection, sous la lumière extatique de la lune, c'était la réalisation d'un rêve : la voir danser en vrai.
Au Grand théâtre du Luxembourg, il en fut de même; en témoigne ce silence particulier qui émane d'un public suspendu qui retient sa respiration en hommage à un moment exceptionnel.
Oui, Two reste un moment toujours énigmatique, d'une saisissante beauté, par la précision d'un mouvement qui reste à mon sens inégalé. Fluides, rythmiques, les mains, les bras, les épaules, le dos décrivent des figures complexes qui ne peuvent prendre naissance que si le regard intérieur de la danseuse leur donne un sens... c'est alors l'air qui dessine le corps et qui vibre en lui...
Solo, créé par Russell Maliphant ouvre le spectacle. Sylvie Guillem s'avance au milieu du plateau. Elle semble vouloir éprouver et répondre par son mouvement à la belle sonorité du flamenco de Carlos Montoya. Elle va chercher dans une dynamique totale qui est sienne à repérer les invariants d'un flamenco intime et trouver la voix juste d'un discours vivant de la re-création d'un souvenir.
Shift : Russel Maliphant se met en scène dans une triangulation qui comprend deux de ses ombres repérées suivant 2 plans différents. Il choisit ses mouvements, mais c'est un choix relatif puisque les deux ombres, elles, doivent parler de l'identité de l'homme qu'elles doublent « On parle d'une ombre et l'ombre parle de l'homme » sous différentes facettes. C'est le problème même du double. Pour qu'il existe une certaine qualité de plaisir, il faut que ce double accepte de partager les mêmes états d'âme et « Shift » est donc une chorégraphie de la rencontre.
En y réfléchissant bien, Push dansé par Sylvie Guillem et Russell Maliphant est aussi une chorégraphie de la rencontre, une rencontre en continuité et en discontinuité, les corps glissent l'un contre l'autre puis reviennent à eux, le contre poids de la destinée... Le même contre poids servira d'appui au travail de « Manon », comme quoi un ballet contemporain peut enrichir la vision d'un ballet classique...
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yiannakis74
Inscrit le: 12 Fév 2011 Messages: 141
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Posté le: Jeu Mar 31, 2011 3:20 pm Sujet du message: |
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Merci laurence pour ce très beau compte-rendu sur un spectacle qui révèle encore une des myriades facettes de l'artiste d'exception qu'est Sylvie Guillem.
C'est intéressant ce que vous dites par rapport au contre-poids et l'influence éventuelle de la danse contemporaine de Sylvie sur sa façon d'interpréter la danse classique (il me semble que cela va dans les deux sens). C'est à dire "Push", "Eonnagata", "Sacred Monsters", tous ces spectacles récents avec Guillem et ses rencontres avec des artistes d'horizons différents, témoignent toujours d'un souci de la part de l'artiste de dépouiller le mouvement, d'aller droit à l'essentiel, sans superflu, à l'âme du mouvement et de la danse. Et je pense, c'est cela que nous avons ressenti aussi dans cette Manon inoubliable de Guillem que nous pu admirer récemment à La Scala.
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