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Kirine
Inscrit le: 09 Jan 2010 Messages: 13 Localisation: Dans les étoiles =D
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mer Fév 10, 2010 7:18 pm Sujet du message: |
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L'origine de ce ballet, dont la musique est due à Rodolphe Kreutzer, un célèbre corniste français, remonte à l'Empire.
Paul et Virginie fut créé le 12 juin 1806 au théâtre de Saint-Cloud, devant Napoléon et l'impératrice Joséphine. deux semaines plus tard, le 24 juin 1806, il fut repris à l'Opéra. Une nouvelle série de représentations eut lieu en 1826.
Je mettrai rapidement d'autres détails sur cet ouvrage, lui même adapté d'un opéra comique datant de 1797.
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Kirine
Inscrit le: 09 Jan 2010 Messages: 13 Localisation: Dans les étoiles =D
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fée dragée
Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 141
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Posté le: Mer Fév 10, 2010 7:52 pm Sujet du message: |
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Il me semble par ailleurs que Roland Petit a chorégraphié un pas de deux inspiré de Paul et Virginie, mais je n'ai qu'une date dont je ne suis pas certaine, 1944...
Mais attention, cela n'a rien à voir avec le premier ballet que tu évoques, Kirine, et qui en effet fut créé plus d'un siècle avant le pas de deux auquel je pense...
L'idée en tout cas de constituer un dossier pour complèter une lecture en relation avec une passion artistique est fort louable.
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fée dragée
Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 141
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Posté le: Mer Fév 10, 2010 8:06 pm Sujet du message: |
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En tapant "Bournonville Paul et Virginie" sur Google, j'ai par hasard découvert quelque chose qui pourrait être intéressant... Je ne sais absolument pas ce que cela vaut...
http://www.youtube.com/watch?v=EtQyJuscWoA
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mer Fév 10, 2010 8:17 pm Sujet du message: |
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J'ai rectifié le lien mis par fée dragée, qui pointait vers un Paul et Virginie très éloigné de celui de Bournonville (genre téléfilm à l'eau de rose...).
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fée dragée
Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 141
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Posté le: Mer Fév 10, 2010 8:56 pm Sujet du message: |
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J'avais bien prévenu que je n'étais pas sûre de la valeur de ce que je proposais. :?
Merci Haydn...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Fév 11, 2010 4:18 pm Sujet du message: |
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Paul et Virginie
Ballet-pantomime en 3 actes
Musique : Rodolphe Kreutzer
Argument : Pierre Gardel, d’après un livret d’Edmond Guillaume François de Favières
Créé le 12 juin 1806 au Théâtre de Saint-Cloud. Première à l’Opéra de Paris le 24 juin 1806 (Salle Montansier).
Solistes
Paul : Charles-Martin de Saint-Amand
Virginie : Marie Miller-Gardel
Mme Delatour, mère de Virginie : Victoire Saulnier
Marguerite, mère de Paul : Marie-Jeanne Saulnier
M. de la Bourdonnaye, gouverneur de la colonie : Louis-Jacques-Jessé Milon
Domingo, nègre : Auguste Vestris
Marie, négresse, femme de Domingo : Emilie Bigottini
Le Pasteur : M. Lebel
Zabi, vieux nègre : M. Goyon
Dorval, colon blanc : M. Godefroy
Les Deux enfants de Zabi : Mlle Hullin – Mlle Mollard
Officiers de la suite du Gouverneur : M. Deschamp – M. Seuriot – M. Justin – M. Lhuillier – M. Honoré – M. Bance – Rivière
Corps de ballet
Nègres : MM. Beaupré, Beaulieu, Branchu – Mlles Chevigny, Delile, Millière
Autres nègres : Mlle Rivière – MM. Dejazet, Verneuil, Maze – Mlles Boilay, Albedel, Jeanny
Petits créoles-blancs : MM. Péqueux, Lalande, Bretelle – Mlles Rosière, Pierret, Blondin
Nègres-marrons : Mlle Fanny – MM. Petit, Guillet, Auguste – Mlles Athalie, Eugénie, Marellier aînée – MM. Eve, Piquier, Gogot – Mlles Marinette, Delphine, Lavaucourt – M. Baptiste – MM. Michel, L. Petit – Elie
Trois petits musiciens : MM. Rosier, Simon, Lemière
Créoles-blancs : MM. Boudet, Beauglin, Dupuis – Mlles Piverd, Fliger, Betzi
Matelots blancs et noirs : MM. Seuriot l’aîné, Beautin, Galais, Leblond, Toussaint l’aîné, Vincent, Anatole, Falet, Falco, Poüillet, Päul, Toussaint cadet
Figurants
Soldats de la suite du Gouverneur – Joueurs d’instruments
Source : http://www.bnf.fr
Source : http://www.bnf.fr
Dernière édition par haydn le Jeu Fév 11, 2010 5:40 pm; édité 3 fois |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Fév 11, 2010 5:12 pm Sujet du message: |
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ACTE PREMIER
Le théâtre représente l’habitation des mères de Paul et de Virginie. A gauche, et sur le devant, est la cabane de madame Delatour ; à droite, un peu plus au fond, est celle de Marguerite. Elle est moins grande et moins ornée que celle de madame Delatour. Le fond est un bras de mer hérissé de rochers, dont un très-élevé, environné de petites îles dans le genre le plus pittoresque. Des dattiers sont placés ça et là. Les deux palmiers plantés le jour de la naissance de Paul et de Virginie se font voir devant les cabanes. Le reste du théâtre est garni agréablement de plantes, de fleurs et de fruits que l’île-de-France [ancien nom de l’Ile Maurice, ndlr.] produit avec tant d’abondance.
Scène première
L’ouverture peint le lever d’un beau jour ; cependant quelques éclairs de chaleur brillent de temps en temps : un petit roulement de tonnerre très-éloigné se fait entendre, et semble annoncer que le jour ne se passera pas sans orage.
Au lever de la toile, on voit Paul et Virginie occupés à arroser le pied de leurs palmiers ; ils les regardent avec plaisir ; ils font voir que la crue [= la croissance] de ces arbres a de l’analogie avec la leur. Le palmier de Paul est fort et robuste ; celui de Virginie est frais et délicat. Paul et Virginie se remettent au travail. Paul prévient tous les désirs de celle qu’il croit aimer en bon frère ; aussitôt que Virginie a vidé son arrosoir et qu’elle l’a posé à terre pour arranger ses fleurs, Paul substitue le sien à celui de Virginie ; et quand elle le prend pour l’aller remplir, elle est toute surprise de se voir prévenue ; elle regarde son ami et fait voler un baiser qu’elle appuie sur ses doigts. Désire-t-elle quelqu’instrument aratoire, elle le trouve sous sa main ; enfin, Paul évite à son aimable sœur tout ce qui peut lui causer de la fatigue. Virginie cueille un bouquet et l’attache au chapeau de Paul. Paul prend la main de Virginie et fait un mouvement qui décèle l’envie qu’il a de l’approcher de ses lèvres ; mais Virginie modeste lui fait entendre qu’elle n’y consent pas ; cependant il lui prend l’envie de manger une datte qu’elle aperçoit tout au haut d’un arbre ; elle dit à Paul qui, prenant un air boudeur, se jette sur un banc de gazon, que, s’il veut monter à l’arbre et lui donner cette datte, elle adhérera à son désir. Paul aussitôt parvient au sommet de l’arbre, mais il ne peut approcher du fruit. Virginie le plaisante : alors il s’avise d’un moyen ; il avance le pied sur la banche et pèse tellement dessus qu’il la fait baisser jusqu’à Virginie, qui cueille la date, la mange et se met à rire. Paul, sensiblement piqué, s’empare de la plus belle datte que Virginie n’a point vue ; il la met entre ses lèvres et descend de l’arbre en la montrant à Virginie. Elle accourt pour la prendre, mais Paul en la laissant tomber saisit la main de Virginie et la baise avec la plus vive ardeur.
Scène II
Domingo, qui de loin a vu tout ce jeu d’enfant, va chercher Marie, sa bonne ménagère ; et pendant que les jeunes amis sont assis et se disent mille choses jolies, il lui conte la scène dont il vient d’être témoin. Paul et Virginie qui le voient et l’entendent, affectent cependant de ne pas s’en apercevoir ; mais au moment où Domingo prend la main de Marie pour la baiser comme l’a fait Paul, ils se mettent entr’eux deux. Domingo et Marie paraissent embarrassés à l’excès ; mais Paul et Virginie, toujours bons, ne les condamnent qu’à danser le bamboula, qu’ils aiment à la folie ; Domingo et Marie obéissent. Lorsqu’ils ont fini, Paul et Virginie les prient de leur faire exécuter cette danse : Domingo court chercher son tamtam, Marie son triangle, et s’asseyant sur leurs talons font danser ainsi Paul et Virginie au son de ces instruments. Sur la fin du pas, les bons nègres se joignent à eux et la danse devient plus vive et plus gaie.
Scène III
Madame Delatour et Marguerite sortent de leurs cabanes, et voient avec un plaisir indicible la joie de leurs enfants. Elles se placent derrière eux de manière que Paul et Virginie comptant terminer leur danse dans les bras l’un de l’autre, se trouvent, non sans surprise, dans ceux de leurs mères ; après le petit moment d’étonnement que leur cause la vue inattendue de madame Delatour et de Marguerite, ils se jettent de nouveau dans leurs bras et les serrent contre leur cœur. Madame Delatour invite ses enfants et ses bons serviteurs de tout préparer pour le repas du matin. Ils sortent.
Scène IV
Madame Delatour, profitant de ce moment, dit à Marguerite que leurs enfants sont maintenant bien grands pour être livrés à eux-mêmes ; que la nature peut changer une amitié fraternelle en un amour violent, et qu’elle pense que la sagesse et la décence exigent un prompt hymen. Marguerite représente à madame Delatour qu’ils sont encore bien jeunes ; mais madame Delatour lui fait voir que les palmiers marquent près de vingt années, et Marguerite consent volontiers au mariage. Pendant cette scène, Paul et Virginie, Domingo et Marie apportent tout ce qui est nécessaire au déjeuner. Paul et Virginie paraissent bien désirer entendre ce que disent leurs mères, mais celles-ci ont soin de s’éloigner. Les jeunes gens se donnent mille marques d’amitié qui tiennent plus à l’enfance qu’à la passion ; enfin, quand tout est prêt, madame Delatour se place à côté de Virginie, et Marguerite près de Paul. Domingo et Marie vont s’asseoir sur leurs talons, lorsqu’un bruit agréable d’instruments champêtres vient frapper leurs oreilles.
Scène V
Domingo court, et revient vite annoncer le Pasteur de l’île, voisin et ami intime de madame Delatour et de Marguerite. Il est suivi d’une troupe de créoles, dont les uns portent des corbeilles de fruits, et les autres jouent de quelques instruments. Le Pasteur prend les mains des jeunes amis avec un air de bonté ; il salue madame Delatour et Marguerite, et les prie d’accepter les fruits qu’il vient de cueillir exprès dans son habitation. Ces dames y consentent volontiers et le font mettre à table avec elles ; madame Delatour fait distribuer par Domingo des rafraîchissements aux créoles. Ils boivent et demandent à leur maître la permission de danser pour amuser Me. Delatour et bons petits blancs. Le Pasteur les y engage, et ils exécutent une danse tout-à-fait extraordinaire ; ensuite Paul se lève de table, appelle Virginie, quelques couples de créoles, et ils exécutent ensemble une danse du pays.
La danse devient générale et dure jusqu’à la fin du déjeuner.
Madame Delatour et Marguerite prennent à part le Pasteur, et lui font entendre qu’elles désirent lui communiquer un projet qu’elles ont formé ; elles l’invitent à entrer chez madame Delatour. Le Pasteur congédie ses créoles, qui partent en dansant. Madame Delatour, Marguerite et le Pasteur rentrent en faisant signe à Paul et Virginie de les attendre un instant. Domingo et Marie ôtent les débris du repas.
Scène VI
Paul et Virginie restés seuls se questionnent ; ils paraissent étonnés des secrets que l’on semble avoir pour eux ; cela les afflige et ils sont prêts à pleurer lorsqu’ils entendent des cris plaintifs, et qu’ils voient venir un vieux nègre, suivi de deux enfants effrayés.
Scène VII
Zabi (c’est le nom du nègre) paraît harassé de fatigue, meurtri par de mauvais traitements, et au comble du désespoir. Il se jette aux pieds de Paul et Virginie ; ses enfants l’imitent. Paul et Virginie s’empressent de le relever ; ils le mettent sur un siège et lui demande quels sont les malheurs qui l’affligent. Zabi fait entendre que son maître l’avait vendu au Gouverneur ; qu’il voulait le séparer de ses enfants qu’il adore, et que maltraité, frappé même par ce maître méchant qui le poursuit, il s’est sauvé, préférant mille fois la mort à la douleur d’abandonner ses enfants. Zabi se jette de nouveau aux pieds de Paul et Virginie pour les supplier de prendre sa défense. Paul lui dit avec la vivacité d’un cœur bouillant et bon, de le conduire à son maître. Virginie veut suivre son frère, et ils s’aperçoivent que le vieux nègre cherche à porter ses enfants qui ne peuvent plus marcher ; ils reviennent d’une manière spontanée, en prennent chacun un sur un de leurs bras, et de l’autre ils soutiennent Zabi, qui verse des larmes de reconnaissance : ce groupe intéressant s’éloigne.
Scène VIII
Madame Delatour revient avec le Pasteur et Marguerite ; ils rappellent de nouveau ce dont ils sont convenus pour les noces de leurs chers enfants. Le Pasteur doit se charger de prévenir tous les habitants des environs ; il montre qu’il sera de retour au moment où le soleil arrive derrière les montagnes : après avoir salué ces dames qui l’accompagnent jusqu’au fond du théâtre, il disparaît.
Scène IX
Madame Delatour et Marguerite reviennent enchantées, et jouissant à l’avance du plaisir qu’elles vont faire à leurs chers enfants. Elles se donnent la main, s’embrassent et les appellent ; mais au lieu de Paul et de Virginie, elles voient entrer Domingo très-précipitamment.
Scène X
Il vient prévenir madame Delatour que le Gouverneur arrive, suivi d’un grand nombre d’officiers, de soldats et d’esclaves portant des malles. Madame Delatour paraît très embarrassée ; elle cherche à pénétrer le motif qui peut amener jusque chez elle le Gouverneur. Enfin le tambour se fait entendre, et le Gouverneur et sa suite paraissent. Madame Delatour ordonne à Domingo d’appeler ses enfants.
Scène XI
Monsieur de la Bourdonnaye aborde affectueusement madame Delatour, et, en lui remettant une lettre arrivée de France, il lui fait entendre qu’il est chargé de faire accepter à Virginie les présents que contiennent les malles, et un sac d’argent qu’il fait déposer sur la table. Madame Delatour ouvre la lettre ; et pendant qu’elle la lit, le Gouverneur semble chercher Virginie. Marguerite porte ses regards inquiets sur son amie. Domingo et Marie la regardent avec la plus expressive attention. Les yeux de madame Delatour se remplissent de larmes, son sein palpite, sa figure change, tout annonce que la force l’abandonne, et elle tombe enfin sans connaissance dans les bras de Marguerite, de Domingo et de Marie. Le Gouverneur inquiet de l’état où il voit madame Delatour, s’empresse de lui faire donner des secours ; tout le monde l’entoure, on l’assied, on lui apporte de l’eau, et petit-à-petit on la rappelle à la vie. Elle ouvre les yeux et les porte de tous côtés ; elle a l’air de ne se rappeler de rien : tout l’étonne, ces soldats, ce Gouverneur, ces amis alarmés… Elle se dispose à faire des questions, lorsque voyant à terre la lettre de madame de St.-Phard, elle retrouve toutes ses idées et tous ses malheurs. Le Gouverneur la console, lui rappelle sa misère avec les ménagements qu’on doit à l’infortune, lui fait sentir le grand bien que le voyage de Virginie doit lui procurer, la fortune brillante qu’il lui assurera, et enfin le soulagement qu’elle et ses amis doivent attendre. Mais que sont les raisons d’intérêt dans le cœur ulcéré d’une mère tendre? Elles augmentent ses peines et font couler plus abondamment ses larmes. Domingo, Marie, Marguerite et madame Delatour, en versent de bien amères. M. de la Bourdonnaye ne voulant point abuser d’un moment aussi douloureux, engage encore madame Delatour à bien réfléchir sur le bonheur de sa fille, et conséquemment sur celui qu’elle-même a droit d’espérer : il lui dit qu’au jour tombant, le vaisseau sera prêt, qu’elle peut confier Virginie a une de ses parentes qui doit s’embarquer pour la France, et qu’il espère qu’elle ne le contraindra pas à employer la force pour une chose qui n’exige que de la douceur et de la raison. Il prend congé de madame Delatour, et l’invite à s’occuper des mesures nécessaires pour le voyage de Virginie : madame Delatour se lève pour le reconduire ; mais en homme qui sait respecter le malheur, il la conjure de rester. Il sort avec sa suite, en montrant combien il souffre des larmes qu’il fait verser.
Scène XII
Madame Delatour retombe sur son siège, accablée de chagrin. Domingo pleure, la tête appuyée sur la table ; Marie, aux pieds de sa maîtresse ; et Marguerite reste dans une espèce d’anéantissement. Aucun d’eux n’ose regarder l’autre, et les sanglots les oppressent. Madame Delatour pourtant lève les bras au ciel, comme pour se plaindre de la rigueur de son sort : ce geste est différemment compris par Marguerite, Domingo et Marie ; ils volent vers elle et la tiennent étroitement embrassée. Comment apprendre ce malheur à ces chers enfants? Où sont-ils? Qui peut les éloigner? Allez, Domingo ; allez, Marie ; cherchez Virginie, cherchez Paul… Domingo et Marie regardent partout ; mais le temps se couvre, l’éclair brille, le tonnerre roule, la pluie tombe et force madame Delatour et Marguerite à rentrer ; cependant, elles ne se retirent qu’avec la certitude que Domingo cherchera ses jeunes maîtres ? Domingo le promet, elles rentrent.
Scène XIII
Domingo ne sait de quel côté porter ses pas, il court à droite, il court à gauche, il marque la plus excessive incertitude. Il entend son chien aboyer (1), cela lui donne une idée qui peut l’aider dans la recherche de Paul qu’il vient de promettre : cette idée est de lui faire flairer les vêtements de Paul, qu’il va chercher aussitôt. Il fait voir que par ce moyen, Fidèle pourra suivre la trace de son maître. Il revient enchanté de son expédient. Il sort enfin avec la plus grande rapidité pour le mettre à exécution.
(1) Le bon fidèle, si connu dans le roman de Paul et Virginie.
FIN DU PREMIER ACTE
(à suivre)
Dernière édition par haydn le Sam Fév 13, 2010 2:12 pm; édité 8 fois |
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Kirine
Inscrit le: 09 Jan 2010 Messages: 13 Localisation: Dans les étoiles =D
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fée dragée
Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 141
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Posté le: Jeu Fév 11, 2010 7:07 pm Sujet du message: |
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Cela permet de relire le roman d'une autre façon, non seulement avec une imagination nouvelle, mais en cherchant à comprendre ce que le ballet en a voulu représenter...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Dim Fév 14, 2010 8:41 pm Sujet du message: |
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Je remets ici la totalité du livret, afin que les trois actes se succèdent dans l'ordre chronologique.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Dim Fév 14, 2010 8:41 pm Sujet du message: |
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Paul et Virginie
Ballet-pantomime en 3 actes
Musique : Rodolphe Kreutzer
Argument : Pierre Gardel, d’après un livret d’Edmond Guillaume François de Favières
Créé le 12 juin 1806 au Théâtre de Saint-Cloud. Première à l’Opéra de Paris le 24 juin 1806 (Salle Montansier).
Solistes
Paul : Charles-Martin de Saint-Amand
Virginie : Marie Miller-Gardel
Mme Delatour, mère de Virginie : Victoire Saulnier
Marguerite, mère de Paul : Marie-Jeanne Saulnier
M. de la Bourdonnaye, gouverneur de la colonie : Louis-Jacques-Jessé Milon
Domingo, nègre : Auguste Vestris
Marie, négresse, femme de Domingo : Emilie Bigottini
Le Pasteur : M. Lebel
Zabi, vieux nègre : M. Goyon
Dorval, colon blanc : M. Godefroy
Les Deux enfants de Zabi : Mlle Hullin – Mlle Mollard
Officiers de la suite du Gouverneur : M. Deschamp – M. Seuriot – M. Justin – M. Lhuillier – M. Honoré – M. Bance – Rivière
Corps de ballet
Nègres : MM. Beaupré, Beaulieu, Branchu – Mlles Chevigny, Delile, Millière
Autres nègres : Mlle Rivière – MM. Dejazet, Verneuil, Maze – Mlles Boilay, Albedel, Jeanny
Petits créoles-blancs : MM. Péqueux, Lalande, Bretelle – Mlles Rosière, Pierret, Blondin
Nègres-marrons : Mlle Fanny – MM. Petit, Guillet, Auguste – Mlles Athalie, Eugénie, Marellier aînée – MM. Eve, Piquier, Gogot – Mlles Marinette, Delphine, Lavaucourt – M. Baptiste – MM. Michel, L. Petit – Elie
Trois petits musiciens : MM. Rosier, Simon, Lemière
Créoles-blancs : MM. Boudet, Beauglin, Dupuis – Mlles Piverd, Fliger, Betzi
Matelots blancs et noirs : MM. Seuriot l’aîné, Beautin, Galais, Leblond, Toussaint l’aîné, Vincent, Anatole, Falet, Falco, Poüillet, Päul, Toussaint cadet
Figurants
Soldats de la suite du Gouverneur – Joueurs d’instruments
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Dim Fév 14, 2010 8:42 pm Sujet du message: |
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ACTE PREMIER
Le théâtre représente l’habitation des mères de Paul et de Virginie. A gauche, et sur le devant, est la cabane de madame Delatour ; à droite, un peu plus au fond, est celle de Marguerite. Elle est moins grande et moins ornée que celle de madame Delatour. Le fond est un bras de mer hérissé de rochers, dont un très-élevé, environné de petites îles dans le genre le plus pittoresque. Des dattiers sont placés ça et là. Les deux palmiers plantés le jour de la naissance de Paul et de Virginie se font voir devant les cabanes. Le reste du théâtre est garni agréablement de plantes, de fleurs et de fruits que l’île-de-France [ancien nom de l’Ile Maurice, ndlr.] produit avec tant d’abondance.
Scène première
L’ouverture peint le lever d’un beau jour ; cependant quelques éclairs de chaleur brillent de temps en temps : un petit roulement de tonnerre très-éloigné se fait entendre, et semble annoncer que le jour ne se passera pas sans orage.
Au lever de la toile, on voit Paul et Virginie occupés à arroser le pied de leurs palmiers ; ils les regardent avec plaisir ; ils font voir que la crue [= la croissance] de ces arbres a de l’analogie avec la leur. Le palmier de Paul est fort et robuste ; celui de Virginie est frais et délicat. Paul et Virginie se remettent au travail. Paul prévient tous les désirs de celle qu’il croit aimer en bon frère ; aussitôt que Virginie a vidé son arrosoir et qu’elle l’a posé à terre pour arranger ses fleurs, Paul substitue le sien à celui de Virginie ; et quand elle le prend pour l’aller remplir, elle est toute surprise de se voir prévenue ; elle regarde son ami et fait voler un baiser qu’elle appuie sur ses doigts. Désire-t-elle quelqu’instrument aratoire, elle le trouve sous sa main ; enfin, Paul évite à son aimable sœur tout ce qui peut lui causer de la fatigue. Virginie cueille un bouquet et l’attache au chapeau de Paul. Paul prend la main de Virginie et fait un mouvement qui décèle l’envie qu’il a de l’approcher de ses lèvres ; mais Virginie modeste lui fait entendre qu’elle n’y consent pas ; cependant il lui prend l’envie de manger une datte qu’elle aperçoit tout au haut d’un arbre ; elle dit à Paul qui, prenant un air boudeur, se jette sur un banc de gazon, que, s’il veut monter à l’arbre et lui donner cette datte, elle adhérera à son désir. Paul aussitôt parvient au sommet de l’arbre, mais il ne peut approcher du fruit. Virginie le plaisante : alors il s’avise d’un moyen ; il avance le pied sur la banche et pèse tellement dessus qu’il la fait baisser jusqu’à Vriginie, qui cueille la date, la mange et se met à rire. Paul, sensiblement piqué, s’empare de la plus belle datte que Virginie n’a point vue ; il la met entre ses lèvres et descend de l’arbre en la montrant à Virginie. Elle accourt pour la prendre, mais Paul en la laissant tomber saisit la main de Virginie et la baise avec la plus vive ardeur.
Scène II
Domingo, qui de loin a vu tout ce jeu d’enfant, va chercher Marie, sa bonne ménagère ; et pendant que les jeunes amis sont assis et se disent mille choses jolies, il lui conte la scène dont il vient d’être témoin. Paul et Virginie qui le voient et l’entendent, affectent cependant de ne pas s’en apercevoir ; mais au moment où Domingo prend la main de Marie pour la baiser comme l’a fait Paul, ils se mettent entr’eux deux. Domingo et Marie paraissent embarrassés à l’excès ; mais Paul et Virginie, toujours bons, ne les condamnent qu’à danser le bamboula, qu’ils aiment à la folie ; Domingo et Marie obéissent. Lorsqu’ils ont fini, Paul et Virginie les prient de leur faire exécuter cette danse : Domingo court chercher son tamtam, Marie son triangle, et s’asseyant sur leurs talons font danser ainsi Paul et Virginie au son de ces instruments. Sur la fin du pas, les bons nègres se joignent à eux et la danse devient plus vive et plus gaie.
Scène III
Madame Delatour et Marguerite sortent de leurs cabanes, et voient avec un plaisir indicible la joie de leurs enfants. Elles se placent derrière eux de manière que Paul et Virginie comptant terminer leur danse dans les bras l’un de l’autre, se trouvent, non sans surprise, dans ceux de leurs mères ; après le petit moment d’étonnement que leur cause la vue inattendue de madame Delatour et de Marguerite, ils se jettent de nouveau dans leurs bras et les serrent contre leur cœur. Madame Delatour invite ses enfants et ses bons serviteurs de tout prépérer pour le repas du matin. Ils sortent.
Scène IV
Madame Delatour, profitant de ce moment, dit à Marguerite que leurs enfants sont maintenant bien grands pour être livrés à eux-mêmes ; que la nature peut changer une amitié fraternelle en un amour violent, et qu’elle pense que la sagesse et la décence exigent un prompt hymen. Marguerite représente à madame Delatour qu’ils sont encore bien jeunes ; mais madame Delatour lui fait voir que les palmiers marquent près de vingt années, et Marguerite consent volontiers au mariage. Pendant cette scène, Paul et Virginie, Domingo et Marie apportent tout ce qui est nécessaire au déjeuner. Paul et Virginie paraissent bien désirer entendre ce que disent leurs mères, mais celles-ci ont soin de s’éloigner. Les jeunes gens se donnent mille marques d’amitié qui tiennent plus à l’enfance qu’à la passion ; enfin, quand tout est prêt, madame Delatour se place à côté de Virginie, et Marguerite près de Paul. Domingo et Marie vont s’asseoir sur leurs talons, lorsqu’un bruit agréable d’instruments champêtres vient frapper leurs oreilles.
Scène V
Domingo court, et revient vite annoncer le Pasteur de l’île, voisin et ami intime de madame Delatour et de Marguerite. Il est suivi d’une troupe de créoles, dont les uns portent des corbeilles de fruits, et les autres jouent de quelques instruments. Le Pasteur prend les mains des jeunes amis avec un air de bonté ; il salue madame Delatour et Marguerite, et les prie d’accepter les fruits qu’il vient de cueillir exprès dans son habitation. Ces dames y consentent volontiers et le font mettre à table avec elles ; madame Delatour fait distribuer par Domingo des rafraîchissements aux créoles. Ils boivent et demandent à leur maître la permission de danser pour amuser Me. Delatour et bons petits blancs. Le Pasteur les y engage, et ils exécutent une danse tout-à-fait extraordinaire ; ensuite Paul se lève de table, appelle Virginie, quelques couples de créoles, et ils exécutent ensemble une danse du pays.
La danse devient générale et dure jusqu’à la fin du déjeuner.
Madame Delatour et Marguerite prennent à part le Pasteur, et lui font entendre qu’elles désirent lui communiquer un projet qu’elles ont formé ; elles l’invitent à entrer chez madame Delatour. Le Pasteur congédie ses créoles, qui partent en dansant. Madame Delatour, Marguerite et le Pasteur rentrent en faisant signe à Paul et Virginie de les attendre un instant. Domingo et Marie ôtent les débris du repas.
Scène VI
Paul et Virginie restés seuls se questionnent ; ils paraissent étonnés des secrets que l’on semble avoir pour eux ; cela les afflige et ils sont prêts à pleurer lorsqu’ils entendent des cris plaintifs, et qu’ils voient venir un vieux nègre, suivi de deux enfants effrayés.
Scène VII
Zabi (c’est le nom du nègre) paraît harassé de fatigue, meurtri par de mauvais traitements, et au comble du désespoir. Il se jette aux pieds de Paul et Virginie ; ses enfants l’imitent. Paul et Virginie s’empressent de le relever ; ils le mettent sur un siège et lui demande quels sont les malheurs qui l’affligent. Zabi fait entendre que son maître l’avait vendu au Gouverneur ; qu’il voulait le séparer de ses enfants qu’il adore, et que maltraité, frappé même par ce maître méchant qui le poursuit, il s’est sauvé, préférant mille fois la mort à la douleur d’abandonner ses enfants. Zabi se jette de nouveau aux pieds de Paul et Virginie pour les supplier de prendre sa défense. Paul lui dit avec la vivacité d’un cœur bouillant et bon, de le conduire à son maître. Virginie veut suivre son frère, et ils s’aperçoivent que le vieux nègre cherche à porter ses enfants qui ne peuvent plus marcher ; ils reviennent d’une manière spontanée, en prennent chacun un sur un de leurs bras, et de l’autre ils soutiennent Zabi, qui verse des larmes de reconnaissance : ce groupe intéressant s’éloigne.
Scène VIII
Madame Delatour revient avec le Pasteur et Marguerite ; ils rappellent de nouveau ce dont ils sont convenus pour les noces de leurs chers enfants. Le Pasteur doit se charger de prévenir tous les habitants des environs ; il montre qu’il sera de retour au moment où le soleil arrive derrière les montagnes : après avoir salué ces dames qui l’accompagnent jusqu’au fond du théâtre, il disparaît.
Scène IX
Madame Delatour et Marguerite reviennent enchantées, et jouissant à l’avance du plaisir qu’elles vont faire à leurs chers enfants. Elles se donnent la main, s’embrassent et les appellent ; mais au lieu de Paul et de Virginie, elles voient entrer Domingo très-précipitamment.
Scène X
Il vient prévenir madame Delatour que le Gouverneur arrive, suivi d’un grand nombre d’officiers, de soldats et d’esclaves portant des malles. Madame Delatour paraît très embarrassée ; elle cherche à pénétrer le motif qui peut amener jusque chez elle le Gouverneur. Enfin le tambour se fait entendre, et le Gouverneur et sa suite paraissent. Madame Delatour ordonne à Domingo d’appeler ses enfants.
Scène XI
Monsieur de la Bourdonnaye aborde affectueusement madame Delatour, et, en lui remettant une lettre arrivée de France, il lui fait entendre qu’il est chargé de faire accepter à Virginie les présents que contiennent les malles, et un sac d’argent qu’il fait déposer sur la table. Madame Delatour ouvre la lettre ; et pendant qu’elle la lit, le Gouverneur semble chercher Virginie. Marguerite porte ses regards inquiets sur son amie. Domingo et Marie la regardent avec la plus expressive attention. Les yeux de madame Delatour se remplissent de larmes, son sein palpite, sa figure change, tout annonce que la force l’abandonne, et elle tombe enfin sans connaissance dans les bras de Marguerite, de Domingo et de Marie. Le Gouverneur inquiet de l’état où il voit madame Delatour, s’empresse de lui faire donner des secours ; tout le monde l’entoure, on l’assied, on lui apporte de l’eau, et petit-à-petit on la rappelle à la vie. Elle ouvre les yeux et les porte de tous côtés ; elle a l’air de ne se rappeler de rien : tout l’étonne, ces soldats, ce Gouverneur, ces amis alarmés… Elle se dispose à faire des questions, lorsque voyant à terre la lettre de madame de St.-Phard, elle retrouve toutes ses idées et tous ses malheurs. Le Gouverneur la console, lui rappelle sa misère avec les ménagements qu’on doit à l’infortune, lui fait sentir le grand bien que le voyage de Virginie doit lui procurer, la fortune brillante qu’il lui assurera, et enfin le soulagement qu’elle et ses amis doivent attendre. Mais que sont les raisons d’intérêt dans le cœur ulcéré d’une mère tendre? Elles augmentent ses peines et font couler plus abondamment ses larmes. Domingo, Marie, Marguerite et madame Delatour, en versent de bien amères. M. de la Bourdonnaye ne voulant point abuser d’un moment aussi douloureux, engage encore madame Delatour à bien réfléchir sur le bonheur de sa fille, et conséquemment sur celui qu’elle-même a droit d’espérer : il lui dit qu’au jour tombant, le vaisseau sera prêt, qu’elle peut confier Virginie a une de ses parentes qui doit s’embarquer pour la France, et qu’il espère qu’elle ne le contraindra pas à employer la force pour une chose qui n’exige que de la douceur et de la raison. Il prend congé de madame Delatour, et l’invite à s’occuper des mesures nécessaires pour le voyage de Virginie : madame Delatour se lève pour le reconduire ; mais en homme qui sait respecter le malheur, il la conjure de rester. Il sort avec sa suite, en montrant combien il souffre des larmes qu’il fait verser.
Scène XII
Madame Delatour retombe sur son siège, accablée de chagrin. Domingo pleure, la tête appuyée sur la table ; Marie, aux pieds de sa maîtresse ; et Marguerite reste dans une espèce d’anéantissement. Aucun d’eux n’ose regarder l’autre, et les sanglots les oppressent. Madame Delatour pourtant lève les bras au ciel, comme pour se plaindre de la rigueur de son sort : ce geste est différemment compris par Marguerite, Domingo et Marie ; ils volent vers elle et la tiennent étroitement embrassée. Comment apprendre ce malheur à ces chers enfants? Où sont-ils? Qui peut les éloigner? Allez, Domingo ; allez, Marie ; cherchez Virginie, cherchez Paul… Domingo et Marie regardent partout ; mais le temps se couvre, l’éclair brille, le tonnerre roule, la pluie tombe et force madame Delatour et Marguerite à rentrer ; cependant, elles ne se retirent qu’avec la certitude que Domingo cherchera ses jeunes maîtres ? Domingo le promet, elles rentrent.
Scène XIII
Domingo ne sait de quel côté porter ses pas, il court à droite, il court à gauche, il marque la plus excessive incertitude. Il entend son chien aboyer (1), cela lui donne une idée qui peut l’aider dans la recherche de Paul qu’il vient de promettre : cette idée est de lui faire flairer les vêtements de Paul, qu’il va chercher aussitôt. Il fait voir que par ce moyen, Fidèle pourra suivre la trace de son maître. Il revient enchanté de son expédient. Il sort enfin avec la plus grande rapidité pour le mettre à exécution.
(1) Le bon fidèle, si connu dans le roman de Paul et Virginie.
FIN DU PREMIER ACTE
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Posté le: Dim Fév 14, 2010 8:42 pm Sujet du message: |
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ACTE SECOND
Le théâtre représente une fôret des montagnes excessivement hautes se font voir dans le fond.
Scène première
Dorval, colon blanc, et maître de Zabi, paraît sur la montagne, suivi de plusieurs esclaves noirs. Ils se répandent sur la scène, et semblent chercher. Il est inutile de dire que le pauvre Zabi est l’objet de leur recherche. Dorval, d’un air dur, les questionne, pour savoir s’ils ignorent véritablement le lieu de la retraite de son déserteur, et proteste qu’il punira le mensonge. Ils assurent, par des gestes positifs qu’ils ignorent absolument ; alors Dorval les sépare, les fait courir de tous côtés ; et, après avoir marqué toute sa colère contre Zabi, il continue lui-même sa recherche.
Scène II
Le morceau de musique, qui a servi au départ de Paul, de Virginie, du vieux Nègre et de ses petits enfants, se fait entendre de nouveau ; mais le groupe est changé. Le bon Nègre et Virginie sont tellement fatigués, que Paul a placé un enfant sur chacune de ses épaules ; et, de ses bras vigoureux, il soutien sa chère Virginie et son vieux protégé : c’est ainsi qu’il paraît. Il demande le chemin à Zabi, qui, par un geste, le lui indique. Paul veut continuer, mais Zabi et virginie sont si cruellement harassés qu’ils conjurent Paul de s’arrêter un instant. Paul y souscrit à regret, mais il en sent bientôt lui-même la nécessité. Le pauvre Zabi tombe de faiblesse ; et l’on reconnaît aisément, par ses gestes, que le manque de nourriture en est cause. Ses enfants effrayés pleurent sur le corps de ce bon vieux nègre. Ce tableau fait oublier à Virginie toutes ses fatigues. Elle serre Paul dans ses bras, et le prie de chercher sur quelques arbres de quoi rafraîchir ces pauvres infortunés. Paul, dont le cœur est excellent, et prié par Virginie, ne lui donne pas le temps d’achever ; il est déjà sur la plus haute montagne, pour découvrir quelques fruits ; il fait entendre qu’il a trouvé ce que désire sa chère Virginie, et il court à perdre haleine. Virginie, de son côté, ne perd pas un instant ; sa bonté lui donne des ailes ; elle a déjà vu une petite source, et elle en rapporte, dans ses mains, une eau limpide qu’elle fait prendre au pauvre Zabi. Le bon vieux nègre revient assez pour bien remercier bonne petite blanche ; et ses enfants baisent tendrement les mains qui viennent de sauver leur père. L’un d’eux fait remarquer à Virginie qu’une marche forcée a blessé les pieds de son père. Virginie aussitôt cuille plusieurs larges feuilles, qu’elle applique sur le mal, avec une bonté qui n’appartient qu’à un cœur pur comme le sien. Paul revient, apportant autant de dattes et de cocos que ses mains peuvent en contenir : le tableau qu’il voit le touche au point qu’il laisse tomber quelques larmes et ses provisions. Les enfants ramassent ces fruits et s’empressent de les porter à leur père. Zabi en mange avec avidité, ses enfants l’imitent. Paul et Virginie, se tenant tous deux un bras sur l’épaule, regardent ce tableau avec attendrissement. Ils semblent s’en féliciter et se dire mutuellement : Voilà ton ouvrage. Mais ce moment de jouissance n’est pas de longue durée! Une musique bruyante annonce l’arrivée de Dorval.
Scène III
Zabi court dans un coin et se jette à genoux en joignant ses deux mains ; ses enfants, à genoux devant lui, mettent le front à terre. Virginie se met devant eux, et Paul arrache une branche d’arbre pour les défendre. Dorval, étonné de la hardiesse de ce jeune homme, ordonne à ses esclaves de le désarmer. Paul veut se battre seul contre tous ; mais le nombre l’accable, et son impuissance le met au désespoir. Virginie s’approche de Dorval ; elle le prie, le conjure d’être bon, elle lui dit : Je suis Virginie, voilà Paul, mon frère. Dorval la regarde avec moins de colère. Paul s’en aperçoit et témoigne à Virginie son mécontentement ; mais Virginie n’écoute que son cœur. Elle montre à Dorval ce père malheureux, ces enfants tremblants. Elle pleure ; elle en est plus séduisante ; enfin, rien ne lui coûte pour sauver des infortunés. Elle se jette aux genoux de Dorval, qui, touché et attendri, lui accorde le pardon de Zabi, et la promesse de ne pas le séparer des ses enfants. Ensuite, il tend les bras à Paul et à Virginie, qui l’embrassent. Zabi et ses enfants sont au comble de la joie et baisent les vêtements de Virginie. Dorval, sa suite et Zabi les quittent, en leur souhaitant toutes sortes de bénédictions.
Scène IV
Paul et Virginie font voir de quel poids ils sont soulagés ; jamais ils n’ont éprouvé une aussi vive jouissance. Le plaisir qu’ils ressentent est une sorte de délire ; ils se prennent les mains, se serrent dans leurs bras, s’éloignent pour remercier Dieu de les avoir mis à portée de faire une bonne action ; ils se rapprochent et se serrent de nouveau. Paul, profitant de ce moment de délire, appuie ses lèvres sur le front de Virginie. Virginie se recule, met la main sur son cœur, rougit, paraît embarrassée, émue, agitée, et ses yeux n’osent plus se porter sur son frère. Paul, effrayé, la regarde, et ne sait à quoi attribuer ce changement subit ; il s’approche doucement ; Virginie s’éloigne, porte ses yeux de tous côtés, et semble dire : Où est ma mère? Paul aussi se rappelle qu’ils sont bien loin de leur habitation ; il se peint les inquiétudes qu’ils doivent avoir causé à leurs mères, et il veut emmener Virginie ; mais la pauvre Virginie ressent en ce moment toutes les fatigues, et ne peut absolument se soutenir. Paul est au désespoir ; il gravit la plus haute montagne ; il appelle du secours ; mais c’est inutilement. Il revient à Virginie, veut la porter sur ses épaules. Virginie refuse ; Paul se jette à genoux, et prie Dieu de le tirer d’une aussi cruelle position. Au même moment, la voix de Fidèle se fait entendre de loin. Paul et Virginie écoutent avec attention…
Après un instant de silence, le même bruit se fait entendre de plus près, et ne laisse plus de doute qu’on ne vienne au secours des pauvres égarés. Paul et Virginie sont enchantés.
Scène V
En effet, Domingo paraît tout essoufflé, portant avec lui un panier de provisions , il veut conter son aventure ; mais le plaisir de revoir ses maîtres, la fatigue, la chaleur, lui ôtent tous moyens. Virginie, de son mouchoir, essuie le front du bon Domingo, et Paul lui fait prendre d’une liqueur que Domingo a lui-même apportée ; enfin, il se remet ; et après avoir baisé les mains de ses chers maîtres, il dit comment il a fait pour découvrir le chemin qu’ils avaient prix ; ensuite, il peint à Paul et à Virginie le chagrin, l’inquiétude de madame Delatour et de Marguerite, les larmes que leur absence leur a fait verser. Il parle du Gouverneur, des présents qui attendent Virginie ; mais il a soin de cacher le funeste voyage. Virginie est enchantée : l’idée qu’elle pourra faire des heureux la ravit ; mais il faut partir, aller consoler ces mères chéries… Virginie ne peut se soutenir ; Paul, Domingo ne peuvent la porter : la pluie a tellement grossi la rivière qu’il est bien difficile de la passer. Domingo et Paul cherchent les moyens praticables ; c’est en vain : leurs recherches ne font qu’augmenter leur embarras, et le chagrin est près de s’emparer d’eux ; mais le Dieu qui veille sans cesse sur les bons, vient encore à leur secours.
Scène VI
Le vieux Zabi et ses enfants, par reconnaissance, arrivent avec une troupe de nègres de tout âge ; ils ont formé, avec des branches d’arbres, une espèce de brancard, couvert et orné de fleurs ; ils le posent au milieu du théâtre. Le vieux Zabi y place Virginie ; et après avoir dansé autour d’elle, en lui donnant mille marques de gratitude, ils veulent l’emporter ; mais Virginie désire avoir les enfants de Zabi ; elle les place à côté d’elle ; et alors quelques nègres les emportent, et les autres forment le cortège en dansant.
FIN DU SECOND ACTE
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