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Norah
Inscrit le: 10 Fév 2008 Messages: 86 Localisation: Caen
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Posté le: Mer Jan 06, 2010 12:27 pm Sujet du message: Question sur Mirages de Serge Lifar |
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J'aimerais en savoir plus sur l'argument de Mirages de Serge Lifar. Il me semble que ce ballet évoque la figure du double ?
_________________ "Ô terre ne pèse pas trop sur elle, elle a si peu pesé sur toi" (épitaphe de Marie Taglioni)
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26449
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Posté le: Mer Jan 06, 2010 12:58 pm Sujet du message: |
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Note d'intention de Serge Lifar :
"Le ballet a souvent hésité entre deux sources : l'héroïsme qui nous inspire des visions grandioses, d'une vigueur classique, d'un dépouillement voulu, et la recherche du rêve, qui nous incite à entourer la vie d'un halo de demi-lumière, d'une ambiance renouvelée de romantisme. Tout cela se manifeste dans le ballet Les Mirages : on y voit d'une part, la netteté de formes héritées du surréalisme, et d'autre part, le clair-obscur de la tradition romantique.
Le thème de la solitude domine mon ballet que j'ai voulu riche de substance chorégraphique et plastique : la vie n'est qu'une succession de mirages qui s'évanouissent pour laisser l'homme seul devant la nature indifférente... Le crescendo final de la musique, qui monte au ciel comme le soleil, tandis que le palais de la Lune se volatilise dans les airs, accentue encore la solitude de l'Homme, perdu avec son ombre dans l'immensité".
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L'argument, tel qu'il était donné par le compositeur Henri Sauguet :
"Dans son palais, la Lune s'éveille. Lourde encore de sommeil, elle quitte son lit de nuages et, précédée de la constellation du Berger qui va la conduire dans son vagabondage nocturne, elle laisse, déserte derrière elle, sa demeure. Clandestinement, un Jeune homme s'y glisse. Son Ombre qui le suit pas à pas l'engage à passer son chemin. Il repousse l'importune : sur la couche abandonnée de la Lune il a trouvé la clé des songes. Il s'élance dans le Palais et libère les Filles de la Nuit, compagnes de la Lune. Elles vont lui ouvrir les portes des mirages : le rêve, les richesses, l'amour. Sur le point de les posséder, ces objets de son désir lui échappent. La Chimère s'envole, les marchands le dupent, l'amour n'est que l'image de la mort. Dans le jour naissant, alors que se sont évanouis les mirages et le palais de la Lune, le Jeune homme s'en va, rejoindre son ombre, son unique compagne dans laquelle il reconnaît enfin, dans l'éclatante lumière de midi, sa solitude".
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Pierre
Inscrit le: 30 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Jan 06, 2010 9:27 pm Sujet du message: |
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voilà un ballet que l'on aimera revoir toujours et encore
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JMJ
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 675
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 7:23 am Sujet du message: |
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Est-il vrai qu'il est très peu connu hors de France?
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pedro
Inscrit le: 12 Déc 2004 Messages: 208
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 10:08 am Sujet du message: |
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A mon avis, ce ballet n'est jamais rentré dans aucune compagnie autre que le Ballet de l'Opéra. En conséquence, Mirages n'est connu à l'étranger que par les tournées de notre Ballet national. A Moscou en 1958, à New York lors de deux tournées vers 1950 et 1985, à Rio de Janeiro...mais pour les dates, je compte sur Haydn et sur son érudition qui dépasse de beaucoup la mienne. En Amérique, Lifar a toujours été contesté. Les thuriféraires de Balanchine ne supportaient qu'il y ait eu en Europe un challenger qui, lui aussi, ait créé un néoclassicisme hérité de l'esprit de Diaghilev. Mister B. a eu des paroles très dures pour Lifar ce qui n'était pas réciproque.
Le seul ballet de Lifar qui ait été largement repris à l'étranger est Suite en Blanc (Australian Ballet , London Festival Ballet, Ballet de Kiev,etc ainsi que tournées mondiales du Ballet du Marquis de Cuevas, sous le titre de Noir et Blanc). Là aussi, Haydn pourrait sûrement préciser ce qui reste ici un peu vague.
Lifar jouit d'une grande réputation en Russie. Mais c'est plus un nom mythique qu'un répertoire connu. En Ukraine, il est héros national, mais pour des raisons diamétralement opposées à celles des Américains et qu'il vaut mieux ne pas développer.
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JMJ
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 675
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26449
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 12:17 pm Sujet du message: |
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La mémoire de pedro vaut bien tous mes bouquins....
J'essayerai de vérifier tout cela.
La "tournée" à Moscou en 1958 a eu lieu dans un contexte un peu particulier. Il s'agissait en fait d'un échange d'étoiles entre l'Opéra de Paris et le Bolchoï. Les solistes russes, emmenés par Galina Oulanova, devaient danser au Palais Garnier, tandis qu'Yvette Chauviré, Liane Daydée et Marjorie Tallchieff allèrent représenter l'Opéra de Paris en Russie. Au programme, Les Mirages donc, Nautéos, Le Cygne, Le Chevalier et la Damoiselle, Etudes, Giselle, Idylle, Divertissement et Les Noces fantastiques, excusez du peu.
Les choses ne se sont pas très bien passées, car Lifar n'a pu faire le voyage. Il s'agissait soit-disant d'une sombre affaire de visa refusé par les Soviétiques ; en réalité, il s'agissait plus vraisemblablement de représailles exercées par Emmanuel Bondeville, le directeur de l'Opéra, suite au duel qui avait opposé Lifar et le Marquis de Cuevas quelques semaines auparavant. C'est en tout cas ce qu'affirmait Lifar, et d'ailleurs, celui-ci a démontré l'innocence des Soviétiques dans cette histoire en présentant à la presse son passeport dûment muni du visa d'entrée en URSS.
Bondeville (directeur artistique) et Hirsch (Administrateur) furent eux-même "débarqués" l'année suivante, la saison 1957-1958 ayant été par ailleurs perturbée par des grèves très dures des machinistes et des danseurs, fort mal payés à l'époque. Pour la petite histoire, c'est Michel Descombey, futur directeur du ballet, qui avait mené la "rébellion" de la troupe.
Balanchine avait pour sa part une rancœur tenace envers Lifar, celui-ci lui ayant soufflé la place de Maître de ballet (i.e. directeur) à l'Opéra de Paris en 1929. Balanchine était tombé malade, et avait été remplacé au pied levé par Lifar pour monter les Créatures de Prométhée ; devant le succès des représentations, c'est Lifar qui obtint le poste qui paraissait promis à Balanchine. D'une certaine façon, cela fut salvateur pour Balanchine, car la situation du chorégraphe américain n'aurait certainement pas été très enviable s'il s'était trouvé à Paris en juin 1940, à la place de Lifar...
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22055
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 1:19 pm Sujet du message: |
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Aujourd'hui, incidemment, c'est Noël russe, et pour la danse, c'est à la fois le 17ème anniversaire de la mort de Rudolf Noureev (j'ai vérifié, et en fait, il est décédé le 6 janvier 1993), et le 100ème anniversaire de la naissance de Galina Oulanova (née le 7 janvier 1910)...
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pedro
Inscrit le: 12 Déc 2004 Messages: 208
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 3:37 pm Sujet du message: |
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Je réponds à JMJ. Non, la dévotion de l'Ukraine pour Lifar, il ne faut pas la chercher du coté de Balanchine mais du coté de l'Histoire et de la politique, sujets à relents méphitiques. Sans aller trop loin, je dirais que Lifar s'est toujours dit russe, avec fierté. Or il était ukrainien ce qui à son époque ne voulait pas dire grand chose. Maintenant, si. Et combien!
Lifar s'est réjoui en 1942 de la "libération" de Kiev. Délivrance de la Russie ou de son régime d'alors? Les ukrainiens que j'ai rencontrés lors d'un hommage à Lifar à Kiev pour son centenaire ont tranché, dans un esprit de revanche contre le colonisateur russe.
D'où nous sommes, n'essayons pas de juger.
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Aurélie
Inscrit le: 27 Déc 2003 Messages: 1314 Localisation: Paris
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