Le Ballet national de Chine à Paris - 5-10 janvier 2009

[Katharine Kanter]

This "Sylvia" is a pretty, if inconsequential and desperately conventional thing, saved by the score. It could perhaps rise to the level of art, were the dancers more persuaded of what they are doing.

One must of course make allowance for massive jet lag, eating strange food, the general fatigue of winter and probably worst of all, the sharp rake of the Garnier stage.

All that aside, and honoured as we are by the visit of our Chinese colleagues, I must say that I am disappointed by the schooling these young people have been receiving.

What we saw on stage last night was Standard International "Russian" School - no torso, no upper body, broken elbows and wrists, all the force going down into the leg like a pneumatic drill. If the girls were of normal weight, their legs would, for that reason, be simply enormous.

Consequently, since it is the torso that conveys emotion, this was affect-free dancing, and what a piece of luck that the conductor does not believe in rubato ! - had he gone freely with the score, our crowd on stage would have been LOST - perhaps not physically, but mentally. As it was, he conducted more or less in march-time, which may, on occasion, have its charms, despite the "Loss of Small Detail"...

One cannot but wonder WHY some of the people we saw on stage actually decided to enter the profession of classical dance. Many seemed to be in a state of considerable mental anxiety, including the "peasants", who, having little of great difficulty to do, could not have been overly-troubled by the rake. Scrutinising the faces of the corps de ballet, a scant few were truly smiling "from within", a scant few seemed to be really DANCING, save perhaps a girl in a grey frock and green tights ...

One retains the impression that these youths and maids were chosen because they have the "right" body-type (pin-head, tiny torso, endless legs), and the "right" flexibility, rather than for any perceived mission to dance in the Western classical mode. Nor does anyone on stage really emerge as a strong individual personality, someone who relishes what he is doing.

Might one suggest that the Opera Schools in China review their selection criteria, forget acrobatic flexibility, forget Spartakus. Let us hunt up the kids with musicality, spunk and CHARACTER, and most importantly, let us remember that this is THEATRE, not just moving in time to music.

My husband has appositely remarked that "Sylvia" would become a great deal more interesting, if Noverre's distinctions between the danseur noble, danseur de demi-caractère and danseur de caractère were respected in casting decisions. Aminta is a MORTAL, therefore a demi-caractère dancer. Sylvia, a nymph, and her fellow-hunters, are betwixt heaven and earth, and therefore demi-caractère as well. Diana, a goddess, a danseur noble. The satyrs can actually be danseurs de caractère. This would create a far more variegated scenic texture, a counterpoint of dancing-styles that would better echo the score.

[serge1 paris]

[sophia]

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié la production de Sylvia présentée par le Ballet national de Chine. Au-delà même du plaisir procuré par le spectacle, je dois avouer avoir ressenti une véritable émotion, empreinte de nostalgie livresque, en me replongeant dans ce passé oublié.
La scénographie fait ainsi revivre avec bonheur une esthétique chère au XIXème siècle, où les toiles peintes à la Cicéri et les décors de carton-pâte, dans un style à la fois réaliste et naïf, soulignent à dessein l'illusion mythologique et théâtrale. Le goût pour l'antique, entre décadentisme et esthétique lifarienne, trouve une traduction réussie dans les costumes épurés des chasseresses, mais en revanche plus fruste pour ce qui est des autres caractères.
La chorégraphie, dont on ne discutera pas l'authenticité (qui reste par essence toujours problématique) ni les modifications ultérieures (les influences de Leo Staats et de Serge Lifar), semble découler naturellement de la merveilleuse partition de Delibes qu'on ne se lasse décidément pas d'entendre. Elle ne possède certes pas la sophistication de la version d'Ashton, mais sa relative simplicité, qui n'exclut d'ailleurs pas la virtuosité des pas, tout spécialement dans les parties dévolues à l'héroïne, permet d'apprécier toute la portée dramatique de la musique, que l'on peut parfois perdre dans d'autres adaptations. L'entrée en scène des chasseresses et de Sylvia au premier acte reste à cet égard un tableau particulièrement impressionnant et mémorable par la précision et la clarté musicales qu'il met en oeuvre. Par ailleurs, la production présentée, signée Lycette Darsonval, laisse bien percevoir le caractère hybride de cet objet chorégraphique indéterminé qu'est la Sylvia de Mérante (le fait que l'on se réfère à Lycette Darsonval comme l'auteur de la chorégraphie n'empêche pas que sa démarche se soit située incontestablement davantage dans une perspective de perpétuation d'une tradition héritée de la fin du XIXème siècle que dans celle d'une recréation personnelle), un ballet qui tente à la fois de ressusciter les vieux sujets mythologiques et de redonner du pouvoir aux hommes (le ballet présente trois rôles masculins d'envergure à côté de celui de l'héroïne), oubliés, sinon méprisés, par le ballet romantique, tout en achevant le couronnement de la ballerine que celui-ci avait imposé de manière paroxystique durant plusieurs décennies (la chorégraphie cherche au fond avant tout à mettre en valeur la virtuosité de Sylvia).

En ce qui concerne les interprètes, le Ballet national de Chine présentait en effet une distribution très homogène à l'occasion de la première, distribution où chaque danseur soliste semblait parfaitement à sa place dans le rôle qui lui était attribué. Zhan Jian possède une personnalité scénique affirmée et une grande expressivité dramatique, que le rôle-titre sollicite toutefois de manière modérée. Si son costume permet à peine de la distinguer de ses compagnes (en-dehors de la couronne discrète qui lui ceint le front), son allure royale, son autorité naturelle et sa virtuosité l'imposent comme l'héroïne du ballet. A ses côtés, Hao Bin est non seulement un excellent partenaire (le pas de deux final était tellement bien maîtrisé - et même enlevé, pourrait-on dire - qu'il a arraché au public des applaudissements spontanés - presque anticipés - bien mérités), mais aussi un soliste élégant qui a su se montrer généreux et brillant dans sa danse. Il peut certes nous paraître un peu trop princier pour le rôle (Aminta reste un berger, même si le contexte est celui d'une pastorale mythologique), mais force est de constater que le partenariat avec Zhan Jian était particulièrement réussi et peaufiné. Huang Zhen ne manifeste pas une bravoure semblable dans sa danse, techniquement moins précise, mais son Orion parvient à dégager une certaine noirceur apte à convaincre sur le plan dramatique. En contrepoint, Wu Yan, danseur bondissant, incarne un Eros souriant et primesautier qui possède légèreté et virtuosité, des qualités qui conviennent idéalement au rôle du petit dieu de l'amour. Enfin, dans le rôle de Diane, personnage qui n'apparaît qu'au moment du dénouement, Jin Jia réussit à imposer, dans les quelques brèves minutes chorégraphiques qui lui sont imparties, une autorité parfaite, tant sur le plan technique que sur le plan dramatique. Autour de ces divers solistes, le corps de ballet n'offre pas une personnalité ni une couleur particulières - on reste dans une culture d'importation au style "russe" standardisé -, mais les ensembles présentés dans les différents tableaux laissent en général une impression harmonieuse et musicale.
La distribution du 10 est apparue plus inégale pour ce qui est des solistes, même si le spectacle dans son ensemble ne perdait en rien à être revu. Zhu Yan, plus petite que Zhang Jian, possède beaucoup de vivacité et une technique probablement plus précise et assurée, notamment dans les tours et les pirouettes; sa saltation - l'une des caractéristiques importantes de la chorégraphie - est également d'une autorité impressionnante, mais sa personnalité scénique dégage en revanche peut-être moins d'expressivité et de glamour. Les rôles masculins de cette troisième distribution étaient un peu plus discutables: Hao Bin notamment est un peu trop solaire pour incarner un Orion convaincant, tandis que Sheng Shidong dans le rôle d'Aminta ne montre pas un brio comparable à celui de son collègue de la veille, tant dans les solos que dans les pas de deux, où son engagement dramatique peine davantage à convaincre.
En tout cas, au-delà des accords presque ironiques de l'Internationale, la (trop brève) venue du Ballet national de Chine aura obtenu un beau succès auprès du public parisien, notamment avec cette très intéressante Sylvia, qui mériterait évidemment d'être remontée dans le théâtre qui a vu sa création et ce, lors même de son inauguration...

[sophia]

Des photos de Sylvia sur le site CIT'Images: Lien vers les photos de Sylvia
Il est indiqué 9 janvier (répétition générale?), mais je crois bien qu'il s'agit de la distribution programmée le 10, avec Zhu Yan et Shen Shidong.

[Kevin Ng]

Voici la critique de Clement Crisp dans le Financial Times aujourd'hui, de la representation de Zhu Yan le samedi dernier.

http://www.ft.com/cms/s/2/5e47174a-e0c5-11dd-b0e8-000077b07658.html

[Enya]

Merci Haydn, Sophia, serge 1 paris, paco, et Katharine Kanter pour votre reportages sur les spectacles du Ballet national de Chine!

Je ne vois rien de photos sur le site CIT'Images donné par Sophia, il dit: “votre recherche n’a donné aucun résultat.”

… et personne n’a vu Wang Qimin comme Sylvia et Jin Jia comme Qiong Hua?

[mizuko]

Try this link, Enya

http://213.246.51.66/fr/resultat.php?idRepertoire=11785&voirdossier=1

[Enya]

Cette fois, il marche bien. Merci mizuko

[haydn]

L'occasion était trop belle, et évidemment, Pierre Combescot, du Canard enchaîné n'a pas résisté à la tentation d'intituler sa critique "Bal en Chine"...

L'hebdomadaire satirique de gauche a zappé - un comble! - les drapeaux rouges et l'Internationale du Détachement féminin..., pour porter son attention exclusivement sur Sylvia, dont Pierre Combescot / Luc Décygnes a goûté l'interprétation, mais pas la scénographie. Le journaliste en profite également pour déclarer sa flamme à ... Hugues Gall (qui assistait d'ailleurs aux représentations).