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Bayerisches Staatsballett Munich - Critiques et actualités
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salomé



Inscrit le: 30 Jan 2008
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MessagePosté le: Mer Mai 21, 2008 4:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Nabucco pour ce compte-rendu clair et détaillé. C'est avec intérêt que je vais désormais vous lire.
Je vais pour ma part découvir le Bayerisches staatsballett dans la Bayadère cet été!


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haydn
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MessagePosté le: Mer Mai 21, 2008 4:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le compte-rendu de Nabucco sera bientôt en ligne sur le site, avec les photos que vient de m'envoyer le service de presse du Bayerisches Staatsballett.

En tout cas, on n'arrête pas le progrès sur Dansomanie, grâce à l'ami Nabucco qui nous a transmis son texte par wifi depuis le TGV qui le ramenait à Paris... Mr. Green


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Glinka !



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MessagePosté le: Jeu Mai 22, 2008 1:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Nabucco a écrit:
Cette scène époustouflante montre à quel point la démarche archéologique, loin d’être une manie de chercheur, est fructueuse aussi en matière de pur plaisir de spectateur

Je crois (mais je peux me tromper) que la « démarche archéologique », dans quelque domaine artistique que ce soit, n'amène a priori ni plaisir ni déplaisir : aussi bien peut-être l'un que peut-être l'autre.
Une raison de force majeure (la paresse) m'empêche de relire ce qui sur ce point a concerné ici Le Corsaire. Mais il me semble que la dénomination même (« archéologique ») d'une telle démarche avait été dite contestable (non la démarche elle-même : reprise d'éléments ôtés, suppression d'ajouts, relevant après tout de la même liberté que celle dont Petipa usait avec ses oeuvres), en ce qu'elle risquait de renvoyer à une « authenticité » originelle plutôt mythique. Ainsi nommée, elle acquérait en quelque sorte « force de légitimité » mettant le bon droit historique d'un seul côté et risquant peut-être, par glissements inconscients, de ne donner « pureté » qu'au seul plaisir esthétique « garanti par l'archéologie »...*
En un mot, votre plaisir n'a nul besoin de l' « archéologie » pour être parfaitement légitime : est suffisante la manifestation d'un talent visant au plus haut.
En plus, vous avez gagné le coeur de Salomé. Il ne sera pas donné à chacun, je pense, de prétendre à autant...

*(Dans un autre art, Marcel Durliat*, l'éminent historien de l'art roman, s'était de toute son autorité d'archéologue respecté opposé à la suppression -faite au nom d'une « pureté archéologique »- des transformations de Viollet-le-Duc à la basilique Saint-Sernin de Toulouse. Et Sophia, il y a quelques mois pour le Corsaire, employait à peu près les mêmes arguments que le professeur Durliat sur la « vie » d'une oeuvre -lui architecturale, elle chorégraphique.)

*Je ne sais pourquoi je pense à lui ce soir -mais trente ans ont passé depuis ses cours, et je m'en souviens comme d'hier...


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Mai 22, 2008 10:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Les critiques de Nabucco, illustrées des photos transmises par le service de presse du Bayerisches Staatsballett, sont en ligne dans la rubrique "Critiques & Comptes-rendus" de www.dansomanie.net


04 mai 2008 : Cambio d'abito, Adagio Hammerklavier et Violakonzert/II au Nationaltheater, Munich (Bayerisches Staatsballett)


08 mai 2008 : Le Corsaire, d'Ivan Liška, au Nationaltheater, Munich (Bayerisches Staatsballett)


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nabucco



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MessagePosté le: Ven Mai 23, 2008 10:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Salomé, je vous envie, car j'avais bien aimé cette production de Patrice Bart (alors que je n'aime pas du tout ses travaux parisiens...), et ce d'autant plus que je viens de voir dans la newsletter de la maison que cette production ne sera plus donnée avant un bon moment...
Quant à l'archéologie... je n'ai malheureusement pas le temps de répondre à Glinka alors que le sujet me passionne...


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haydn
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MessagePosté le: Mar Juin 03, 2008 10:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

A partir du 5 juin, reprise de la Bayadère au Bayerisches Staatsballet.

Lucia Lacarra dansera Nikyia, tandis que Roberta Fernandes sera Gamzatti. Les spectateurs bavarois pourront en outre assister aux débuts de Tigran Mikayelyan et de Marlon Dino en Solor.



Lucia Lacarra



Marlon Dino



Roberta Fernandes



Tigran Mikayelyan






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haydn
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MessagePosté le: Ven Juil 18, 2008 9:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le Bayerisches Staatsballet se produit jusqu'au 19 juillet à Vérone (Italie), dans le cadre du 60ème festival Shakespeare organisé dans la ville de Roméo et Juliette.

Au programme, Der Sturm (La Tempête), ballet de Jörg Mannes adapté de Shakespeare, évidemment.


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haydn
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MessagePosté le: Mer Juil 23, 2008 6:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le service de presse du Bayerisches Staatsballett nous fait parvenir ces jolies photos. Sur les deux premières images, on voit Karen Azatyan et Ilana Werner, jeunes espoirs de la troupe, au "vrai" balcon de Roméo et Juliette, à Vérone.

Le cliché suivant montre une vue de la scène lors d'une répétition aux arènes de Vérone (on ne nous a pas dit si le chat qui traverse subrepticement le champ de l'image est bavarois ou italien...), tandis que le dernier montre un tableau de Der Sturm (La Tempête), chorégraphie de Jörg Mannes d'après Shakespeare.












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tuano



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MessagePosté le: Ven Juil 25, 2008 10:20 am    Sujet du message: Répondre en citant

Comment ça "au vrai balcon" ? Il existe ??


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haydn
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MessagePosté le: Ven Juil 25, 2008 10:25 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vous allez pas leur prendre ça, à l'office du tourisme de Vérone, quand même, Tuano.


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nabucco



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MessagePosté le: Ven Sep 12, 2008 1:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La nouvelle saison du Ballet National de Bavière commencera dans quelques semaines, le 3 octobre, avec le retour au répertoire d'un grand classique de John Neumeier, A Cinderella Story, qui réinterprète l'histoire de Cendrillon - sur la musique de Prokofiev. Ensuite, dans le cadre de la biennale Dance 2008, la troupe s'associera à la Nuit de la Danse (18/10), dans le prolongement d'une représentation du programme moderne Schläpfer/van Manen/Sandroni que j'avais précédemment chroniqué, et avec l'invitation de Nacho Duato pour trois représentations.
Puis ce sera au tour de John Cranko d'être sous le feu des projecteurs, avec cinq représentations de sa très belle version de Roméo et Juliette : les honneurs de la reprise sont confiés à deux jeunes danseurs qui feront leurs débuts dans des grands rôles (Karen Azatyan et Ilana Werner, cf. photos ci-dessus), l'événement sera la représentation du 12, qui marquera le 40e anniversaire de l'entrée de cette version au répertoire du Ballet de Bavière. On y trouvera sans surprise Lucia Lacarra en Juliette aux côtés de Marlon Dino ; plus étonnant, les rôles de caractère y seront confiés en partie à des acteurs de théâtre : Sunnyi Melles y sera la Comtesse Capulet et Cornelia Froboess, ex-starlette de la chanson devenue une excellente actrice, interprètera la nourrice de Juliette. Toutes deux sont membres de la troupe du Bayerisches Staatsschauspiel, équivalent local de la Comédie Française ; elles n'auront que quelques pas à franchir depuis le Residenztheater où elles jouent habituellement...


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nabucco



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MessagePosté le: Lun Oct 20, 2008 1:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A Cinderella Story

Musique Serge Prokofiev
Chorégraphie et mise en scène John Neumeier
Décors et costumes Jürgen Rose
Lumières Max Keller

Représentation du 7 octobre 2008
Cendrillon Lisa-Maree Cullum
Son père Norbert Graf
Sa mère Séverine Ferrolier
La tante, puis belle-mère de Cendrillon Roberta Fernandes
Ses deux belles filles Daria Sukhorukova, Ilana Werner
Oiseaux-Esprits Tigran Mikayelyan, Javier Amo Gonzalez, Maxim Chashchegorov, Nour El Desouki
Un prince Alen Bottaini

Le Ballet National de Bavière entretient une relation intense et durable avec les ballets de John Neumeier, parfois depuis plusieurs décennies : à l'époque où il était encore le Ballet de l'Opéra National de Bavière, dès 1973, il avait ainsi présenté au public bavarois son Casse-Noisette, suivi dans les décennies suivantes du Songe d'une nuit d'été, d'un portrait composé de plusieurs courts ballets, ou encore de La dame aux camélias, dansée 67 fois depuis 1997 et donnée encore cette saison. Rappeler cette histoire commune, ce n'est pas seulement faire œuvre d'érudition : c'est expliquer, au moins en partie, pourquoi la troupe donne une telle impression de fluidité, d'absolue familiarité avec le style chorégraphique de Neumeier. Un style qui est différent de celui du Ballet de Hambourg que Neumeier dirige depuis 35 ans: un style plus classique sans doute, moins âpre - et on n'imagine pas du tout la troupe de Munich se jeter dans la folie douloureuse de Nijinski -, mais qui donne aux chorégraphies que la troupe interprète des couleurs moins vives peut-être, mais riches d'un véritable trésor de nuances.
A Cinderella Story, le ballet qui a ouvert la saison 2008/2009 à Munich, est entré au répertoire en 2000, pour y connaître 24 représentations jusqu'en 2002 ; depuis, le ballet n'avait pas été donné, si bien que cette nouvelle série de représentations constitue une première pour un grand nombre de danseurs. A en voir la seconde représentation, on ne l’aurait certainement pas deviné, tant l’évidence de la familiarité stylistique était là.
John Neumeier, on le sait, a créé une œuvre extrêmement diverse, mais les ballets narratifs y occupent une place de choix, tout autant qu’ils occupent une place essentielle dans la continuité du ballet narratif qui pouvait, à l’orée de sa carrière, paraître un genre promis à disparaître. A Cinderella Story s’inscrit parfaitement dans ce genre, et pourtant il est comme à la marge : ballet narratif, bien sûr – mais avant tout ballet humain, où le déroulement de l’histoire, sans être le moins du monde un prétexte, est en arrière-plan par rapport à ce qui intéresse le plus le chorégraphe, c’est-à-dire les personnages et leur humanité. Ce qui intéresse Neumeier chez Cendrillon, ce n’est pas tant les contrastes de son destin – de la misère au monde de la Cour, de l’ombre à la lumière – que la force de son caractère, sa constance, qui ne la fait jamais esclave de son destin.
A côté d’elle, les cousines, mangeant la scène de leurs grandes jambes décidées, portées par l’assurance que donne la bêtise, la belle-mère vénéneuse de Cendrillon, toute en courbes insinuantes, les membres de la Cour sont traités par Neumeier dans un sens comique très efficace bien que toujours teinté d’une forme de mélancolie – ces gens-là, finalement, ne sont drôles que tant qu’on n’a pas percé à jour leur vacuité ; le père de Cendrillon, lui, devient une figure majeure : incapable de protéger sa fille, de l’aider à affronter la réalité autrement que par une fuite vers le rêve et le jeu, il donne une image de faiblesse, de renoncement, et on est saisi par la pitié de Cendrillon pour ce père tant aimé dont elle découvre la faiblesse. Quant au prince, il n’a sans doute jamais été aussi peu deus ex machina que dans cette version du mythe de Cendrillon : s’il délivre Cendrillon de son entourage, c'est au moins autant elle qui est pour lui la clef de la délivrance, hors de cette cour oppressante qui veut l’obliger à se marier.

La distribution choisie par Ivan Liska, qui avait créé en 1992 le rôle du père auprès du Prince de Manuel Legris, frappait surtout par ses qualités d’ensemble plus que par des performances exceptionnelles de la part des interprètes principaux. La vedette de la soirée était Lisa-Maree Cullum, qui après une absence d’un an pour cause de blessure avait fait son retour dans ce ballet le 3 octobre ; impliquée, rigoureuse, techniquement irréprochable, elle ne manque peut-être que d’un peu du charisme qui lui permettrait d’être véritablement cette femme forte qu’est Cendrillon. Le Prince d'Alen Bottaini est de ce point de vue à son image : lui aussi parfait techniquement, il manque de spontanéité, d'immédiateté - osera-t-on le dire ? de jeunesse.
Autour du couple central, c'est certainement Norbert Graf, un des piliers de la troupe munichoise, qui impressionne le plus en Père mélancolique ; Roberta Fernandes, elle, en belle-mère vampirique, pourrait certainement aller plus loin dans l'expressivité, voire tenter de nous faire comprendre, même dans la caricature, qui est au fond cette femme au premier abord déplaisante. Parmi les deux sœurs, il n'est pas surprenant de constater que c'est la plus expérimentée des deux qui frappe : les longues jambes de Daria Sukhorukova rendent merveilleusement justice au rôle, et la danseuse a un humour certain qui fait mouche. Sa jeune consœur Ilana Werner, encore membre du corps de ballet mais choisie par Liska pour interpréter Juliette dans le ballet de Cranko, suit avec encore trop de timidité, mais la technique est prometteuse, et on suivra avec plaisir la suite de sa carrière.
Le bilan pourrait ici ne pas paraître aussi positif qu'on ne l'avait annoncé : mais au-delà des qualités et des défauts individuels, c'est à une véritable troupe qu'on a affaire ici, et la cohésion de l'ensemble emporte l'adhésion, dans une œuvre dont on espère qu'elle restera cette fois pour longtemps au répertoire de la troupe. En un temps où on parle tant de mondialisation de la danse, avec la perte d'identité de troupes partout identiques, les liens qui unissent le Ballet de Bavière au répertoire de Cranko et Neumeier sont des liens précieux : puissent-il être encore longtemps cultivés.


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haydn
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MessagePosté le: Lun Oct 20, 2008 3:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La critique de Nabucco, illustrée des photos fournies par le service de presse du Bayerisches Staatsballett, est en ligne dans la rubrique "Critiques & Comptes-rendus" de www.dansomanie.net


07 octobre 2008 : A Cinderella Story, de John Neumeier, au Nationaltheater, Munich (Bayerisches Staatsballett)


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sophia



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Messages: 22085

MessagePosté le: Dim Nov 09, 2008 11:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il existe à présent un site dédié à Lucia Lacarra, étoile du Ballet de Bavière. Il semble n'avoir que quelques mois et je ne pense pas qu'il ait encore été signalé...

http://web.mac.com/lucialacarra/Site/Welcome.html

Haydn peut l'ajouter dans sa liste de liens! Wink


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nabucco



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MessagePosté le: Mer Nov 19, 2008 8:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On y apprend notamment qu'elle dansera à la première du spectacle autour des Ballets Russes (7 décembre, il n'y a pas que la Scala... Wink), dans pas moins de deux des trois pièces du programme (Shéhérazade et la création de Terrence Kohler). Je vous en reparlerai...

En attendant, et pour en rester à Lucia Lacarra...

ROMEO ET JULIETTE
Chorégraphie John Cranko
Musique Serge Prokofiev
Décors et costumes Jürgen Rose


Représentation du 12 novembre 2008

Comte Capulet Jürgen Wienert
Comtesse Capulet Sunnyi Melles
Julia Lucia Lacarra
Tybalt Cyril Pierre
Comte Pâris Maxim Chashchegorov
Nourrice Irene Steinbeißer

Comte Montaigu Peter Jolesch
Comtesse Montaigu Feline van Dijken
Roméo Marlon Dino
Mercutio Tigran Mikayelyan
Benvolio Lukáš Slavický

Le duc de Vérone Heino Hallhuber
Rosalinde Séverine Ferrolier
Pater Lorenzo Ivan Liška

De 1968 à 1972, en complément du ballet de Stuttgart, John Cranko a aussi dirigé – avec le titre plus modeste de « Chorégraphe en chef » - ce qui n’était alors encore que le Ballet de l’Opéra de Bavière : quarante ans après, le Ballet National de Bavière a consacré une bonne partie de l’année 2008 à célébrer l’influence considérable que celui-ci continue à avoir pour lui. Après une reprise d’Onéguine et un gala consacré à Cranko, c’est avec Roméo et Juliette que se clôt cet ambitieux hommage : la représentation du 12 novembre 2008 était la 228e à Munich ; plus encore, elle était le 40e anniversaire de l’entrée au répertoire de cette pièce que Cranko avait créé d’abord à Venise en 1958, puis, dans sa version actuelle, quatre ans plus tard pour sa troupe de Stuttgart.

Un anniversaire est l’occasion idéale pour un bilan : que reste-t-il, quarante ans plus tard, du bonheur communicatif avec lequel Cranko avait su faire renaître un répertoire entier de ballets narratifs, à une époque où, hors de Russie tout au moins, le genre menaçait ruine ? Tout d’abord, certainement, le bonheur de raconter une histoire, et le talent pour le faire : à aucun moment Cranko ne cède à la danse-prétexte, au numéro obligé qui fait briller les étoiles et trébucher le récit. On pourrait commenter ici la fluidité des pas de deux, qui paraissent naître d’eux-mêmes et n’oublient jamais l’histoire qu’ils racontent ; mais il faut surtout souligner la perfection des scènes de foule : à aucun moment Cranko ne cède au pittoresque, pas plus qu’au vertige de la géométrie à la Petipa ou, parmi ses contemporains, à la Balanchine. Le récit n’est jamais prétexte : on le voit aussi dans son refus radical d’organiser la pièce en numéros clos : la narration donne ainsi une constante impression de fluidité, grâce aussi aux très beaux décors de Jürgen Rose.

La force de la narration tient aussi, bien entendu, au travail sur les personnages : tout Juliette est là en quelques secondes ; et Cranko sait donner une force minérale à Tybalt en quelques gestes, en une attitude, un regard. Cette vitalité qu’on a pu voir ce soir-là sur scène, outre qu’elle rappelle à satiété le talent du chorégraphe sud-africain, est aussi le résultat du travail de transmission qui, pendant plusieurs décennies, a permis à des générations de danseurs de se glisser dans la peau des personnages, solistes comme corps de ballet : la force du Ballet de Bavière est là, dans cette adéquation parfaite avec le style d’un grand chorégraphe.

Pour fêter cet anniversaire, Ivan Liska avait choisi de recourir à un couple inédit : aux côtés de Lucia Lacarra, l’étoile incontestée de la compagnie, qui avait déjà interprété 6 fois le rôle à Munich aux côtés de Cyril Pierre et Vladimir Malakhov, c’est donc Marlon Dino, simple soliste, qui fait ses débuts à ses côtés dans le rôle de Roméo, après avoir interprété, aux côtés de Lucia Lacarra, le rôle titre de l’Onéguine de Cranko l’an passé. Dino, qui avec ses jambes immenses domine sa partenaire de presque une tête, se montre un excellent partenaire – le travail, n’en déplaise à certains, est bien plus important ici que la conformité physique. Le personnage, certainement, pourrait être encore plus fouillé, notamment dans le sens d’une plus grande différenciation par rapport à ses compagnons : la danse, elle, est impeccable et fougueuse.

Lucia Lacarra, elle, a amplement l’occasion de montrer avec ce rôle qui ne met pas outre mesure à contribution ses étonnantes qualités gymniques qu’au-delà de celles-ci, elle est une grande interprète chez qui la danse, si virtuose soit-elle, ne cesse jamais d’être expressive. On l’aurait peut-être moins attendue en Juliette qu’en Dame aux Camélias : la puissance d’une composition travaillée dans ses moindres détails sans jamais cesser d’être naturelle vient balayer ces doutes. Si Lucia Lacarra est une grande artiste, ce n’est pas parce qu’elle est une virtuose impeccable : c’est parce qu’elle sait constamment utiliser ses moyens pour construire un rôle et un style.

À leurs côtés, certains rôles de caractère méritaient particulièrement l’attention : la Comtesse Capulet était l'actrice de théâtre Sunnyi Melles, le Père Laurent n’était autre qu’Ivan Liska lui-même ; deux anciens danseurs de la compagnie étaient également revenus pour l’occasion : l'octogénaire Heino Hallhuber jouait le Prince de Vérone après avoir dansé plus de 50 fois Tybalt depuis 1968, et Jürgen Wienert, aujourd’hui retraité, tenait pour la 142e fois le rôle du Comte Capulet. Dans les rôles dansés, Tigran Mikayelyan est un remarquable Mercutio : il en a le brio et le mordant, auxquels il ajoute une intensité vitale qui montre que cette joie de vivre n'est pas simple légèreté. Plus impressionnant encore, Cyril Pierre fait de Tybalt un aristocrate fier et froid, dont le regard glace : cette interprétation qu’on n’oubliera pas est peut-être le plus grand événement de cette soirée de fête.


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