Les Enfants du Paradis (21 oct. - 8 nov. 2008)

[haydn]

Deux articles au ton assez différent sont parus le même jour dans le Figaro. Tout d'abord, François Déletraz, qui s'intéresse de manière plus générale à la place du ballet narratif dans la production chorégraphique actuelle :

[Egon]

Quelqu'un aurait vu cette autre version de « Les Enfants du Paradis » par le Ballet du San Francisco du chorégraphe Michael Smuin (1938-2007)?

http://fr.youtube.com/watch?v=hXzuz169qUs
http://fr.youtube.com/watch?v=EKy6ToQCKoo&feature=channel
http://fr.youtube.com/watch?v=b7iO2AJBPyE&feature=channel

(A entendre Mme Lefebre, c'est comme si sa commande était fraichement originale et inédite...)
Michael Smuin n'est pourtant pas un inconnu : http://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Smuin

[haydn]

Le programme réalisé pour le spectacle n'indique à aucun moment que la chorégraphie de José Martinez serait la première adaptation pour la danse du film de Marcel Carné, mais rien n'est dit non plus, pas plus que dans la presse d'ailleurs, au sujet de cette précédente réalisation signée Michael Smuin pour le San Francisco Ballet et qui, à en juger par la brève vidéo que vous signalez, a pris des options très différentes.

[sophia]

En même temps, ce que pointe Egon me semble une tradition bien parisienne, et qui ne date certainement pas d'hier... On a tout inventé, on est le centre du monde, etc... C'était déjà comme ça au XIXème siècle, quand la splendeur appartenait au passé!... Il y aurait un livre à faire là-dessus, s'il n'a pas été écrit... Voir par exemple, récemment, les versions Noureev des ballets de Petipa devenues "les ballets de Noureev" dans l'esprit de nombre de spectateurs, qui en oublient, ou feignent d'en oublier, l'origine et la source... (et pour le coup, je n'en tiens nullement Noureev pour le responsable, ses versions restant souvent assez fidèles, plus que d'autres en tout cas, et avec des nuances, aux chorégraphies du Kirov...)

[haydn]

Jesus Vallinas nous signale la mise en ligne du reportage (en espagnol et en anglais) qu'il a réalisé sur les Enfants du Paradis :

http://www.fotoescena.net/08/enfants1.html (version espagnole)

http://www.fotoescena.net/08/enfants1e.html (version anglaise)

[CarolinaM]

Merci beaucoup Haydn de l’avoir mis sur votre forum.

Nous avons tout simplement adoré ces Enfants. Ça a été une expérience magnifique pour nous d’assister à l’Opéra pour voir cette création. Et je tiens à remercier encore une fois, Arantxa Sagardoy qui a bien accepté de nous expliquer son expérience comme assistante du chorégraphe.

C’est la seconde partie de l’article. Je me permets de mettre le lien sur la page principale pour que l’on puisse voir l’animation flash.

http://www.fotoescena.net/08/indexe08.html

J’espère que ça plaira aux Dansomaniaques.

[nabucco]

Décidément, le public de ce spectacle est très international... J'avais pour ma part croisé Ivan Liska et Wolfgang Oberender, directeur et directeur adjoint du Ballet de Bavière... (en matière de ballet narratif, La Tempête de Jörg Mannes qu'ils avaient commandé était beaucoup plus intéressant... enfin...)

[sophia]

Chère Carolina, les photos de Jesus Vallinas sont magnifiques... Et vivantes! C'est rare...

[Egon]

Photos superbes ! Bravo.

[haydn]

Pour Giselle, c'est pourtant exactement ce qui s'est passé : Adolphe Adam avait composé pour la Hofoper, à Berlin, Die Hamadryaden, un ballet chorégraphié par Emile Colombey et Paul Taglioni (le frère de Marie), qui fut créé le 28 avril 1840, soit un an avant Giselle, et sur un argument quasi-identique.

Et précision, pour clore le débat, Les Enfants du Paradis n'a pas été suggéré par Brigitte Lefèvre, mais par François Roussillon, le réalisateur qui a produit bon nombre des films du ballet de l'Opéra de Paris au cours des dernières années.

[Egon]

Merci, le débat est clos

[haydn]

Pardon Egon, votre intervention était juste l'occasion de préciser certaines choses. Après, la postérité sera seule juge!

[haydn]

Un lecteur attentif me signale que le même cas s'est aussi présenté pour la Sylphide : un ballet intitulé La Silfide ovvero il genio dell' aria ("La Sylphide ou le génie de l'air"), chorégraphié par Luigi Henry, fut présenté à la Scala de Milan en 1828, près de quatre ans avant l'ouvrage célèbre de Philippe Taglioni...

[sophia]

Un programme (sans même parler des interviews, qui ont été abondantes...) se devait évidemment de signaler le ballet de Michael Smuin (qui date de 1986, il faut faire une recherche sur Google à partir de Children of Paradise / Smuin)... Que cette version ait privilégié des options différentes (musiques de Piaf, absence de décors, caractère très dansé, semble-t-il) ne change rien à l'affaire. D'ailleurs, outre les vidéos de youtube, d'autres sites en ont parlé...
Pour le reste, je pense qu'il faut arrêter avec la sacralisation de l'oeuvre unique créée ex nihilo ("Giselle, apothéose du ballet romantique", c'est la vision a posteriori d'un Lifar, pas un fait historique...), a fortiori au XIXème siècle, où les ballets, et plus précisément les sujets de ballets, étaient le plus souvent repris, revus, remaniés..., dans un processus de continuation en même temps que d'innovation.

[Lacdescygnes]

Ce qui est un peu dommage, c'est que l'on connaîsse si peu ces autres ballets. On ne connaît plus qu'une seule Giselle (en dehors du fait que chaque compagnie danse une version différente). Pour la Sylphide, on connaît en générale le ballet "La" Sylphide et le ballet "Les" Sylphides, mais c'est à peu près tout.