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Russian Steps, Birmingham Royal Ballet, 9 octobre 2008

 
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maraxan



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MessagePosté le: Dim Oct 12, 2008 1:35 pm    Sujet du message: Russian Steps, Birmingham Royal Ballet, 9 octobre 2008 Répondre en citant

J’ai profité du début de saison morose des compagnies londoniennes pour aller voir comment César Morales s’accommodait du Birmingham Royal Ballet… ou vice-versa… Wink

Russian Steps
Birmingham Hippodrome, 9 octobre 2008


RAYMONDA ACTE 3
Matinée :
RAYMONDA Nao Sakuma
JEAN DE BRIENNE Chi Cao

Soirée :
RAYMONDA Nao Sakuma
JEAN DE BRIENNE César Morales

CONCERTO
Matinée :
FIRST MOVEMENT Ambra Vallo, Kosuke Yamamoto
SECOND MOVEMENT Jenna Roberts, Tyrone Singleton
THIRD MOVEMENT Gaylene Cummerfield

Soirée :
FIRST MOVEMENT Laetitia Lo Sardo, Joseph Caley
SECOND MOVEMENT Natasha Oughtred, Jamie Bond
THIRD MOVEMENT Angela Paul

THE FIREBIRD
Matinée :
THE FIREBIRD Nao Sakuma
IVAN TSAREVICH Robert Parker
THE BEAUTIFUL TSAREVNA Gaylene Cummerfield

Soirée :
THE FIREBIRD Carol-Anne Millar
IVAN TSAREVICH Matthew Lawrence
THE BEAUTIFUL TSAREVNA Laetitia Lo Sardo


Le ballet royal de Birmingham se met à l’heure russe en ce début de saison, avec une série de représentations à Birmingham évoquant assez largement l’esprit russe dans l’affiche Russian Steps avant d’entamer une tournée célébrant Stravinski à travers le Royaume-uni.
La constitution de la soirée de Birmingham était également très axée sur le visuel, le dépouillement de Concerto de Kenneth MacMillan (sur une musique de Shostakovich) placé entre deux sucreries aux décors kitch, l’une assez roborative question technique, l’acte 3 de Raymonda, version Rudolf Noureev, et l’autre très narrative, l’Oiseau de Feu de Michel Fokine.

Le troisième acte de Raymonda ouvrait l’affiche. Le Birmingham Royal Ballet possède la version de cet acte que Rudolf Noureev avait montée pour le Royal Ballet dans les années 60, mais si l’emballage (décors et costumes) diffère de la production représentée à Paris dans les années 80, la chorégraphie (répétée par Patrice Bart) étale les difficultés très symptomatiques du chorégraphe telles que le ballet de l’Opéra de Paris peuvent les connaître et dont on semble avoir oublié ici, qu’il possède l’intégralité du ballet.
D’une manière générale, la scène relativement petite de l’Hippodrome de Birmingham a du mal à rendre justice à la Grandeur désirée de ces scènes de grand spectacle du ballet et paraît souvent très encombrée, au dépend de la lisibilité. La direction musicale de Nicholas Kock du Royal Ballet Sinfonia aborde la partition de manière un peu moins mordante que ce que l’Opéra de Paris avait présenté en mars et avril derniers à l’Opéra Bastille, ce qui est un peu pénalisant car cette succession de moments de bravoure gagne à une stimulation sonore.
Nao Sakuma ayant remplacé au dernier moment Elisha Willis, la partenaire de César Morales, elle a dansé deux fois Raymonda dans la journée du 9 octobre. C’est une petite danseuse très puissante du bas des jambes, mais un peu lente dans la petite batterie. Elle s’accorde assez bien avec Chi Cao, son partenaire de la matinée, petit et un peu esthétiquement construit sur le même modèle, beaucoup moins avec César Morales qui est très longiligne et aérien et qui ne travaille absolument pas en puissance. L’inadéquation était patente dans le grand pas de deux et le final où on avait l’impression qu’il volait alors qu’elle faisait vraiment très terrienne, ce qui n’était pas le cas avec Chi Cao l’après-midi. Assez figée pendant ses variations, sans réelle faiblesse technique, elle peine à enthousiasmer aux côtés de César Morales, malgré la variation dite de la claque, assez dynamique, mais pas très inspirée.
Donner seulement le troisième acte, c’est-à-dire la fin d’une histoire dont on ne connaît pas les ressors pose aux danseurs la question de l’appropriation du rôle. Il est difficile de se dire dans ce décor luxuriant qu’on ne fait que de la technique, il est aussi peu aisé de s’impliquer en 30 minutes et de donner quelque épaisseur à un personnage qui n’en a peut-être pas beaucoup mais qui normalement arrive dans ce troisième acte chargé d’une histoire dramatique… Il semble pourtant que les danseuses parisiennes qui ont officié la saison dernière, d’Isabelle Ciaravola à Delphine Moussin, sans oublier Eve Grinsztjan qui avait été merveilleuse, aient su trouver le ton.
De son côté, Chi Cao a également choisi d’exécuter la partition à la lettre, danseur techniquement irréprochable, très dynamique et impressionnant en raison de sa petite taille, il danse souvent en puissance mais est assez vif pour gommer l’effet. On peut cependant regretter que sa partenaire ne l’intéresse guère et que sa danse soit très frontale. Chi Cao et Nao Sakuma sont cependant tous les deux sur le même registre et forment un couple en osmose.
César Morales comme on pouvait s’en douter, s’implique davantage dans l’histoire, plus ouvert vers sa partenaire et visiblement plus sensible au thème du mariage, telle sa première apparition rayonnante de joie auprès de Raymonda alors que celle Chi Cao était martiale, voire détachée. Sa danse très ciselée est assez impressionnante dans ce foisonnement de technique souvent pas très "léger" dans sa composition. Ceci est accentué à Birmingham par la petitesse de la scène qui distingue tout de suite l’exception que l’uniformité de la couleur des costumes blancs, seulement rehaussés de doré, de tous les danseurs tend également à annihiler. Très juvénile avec sa petite couronne dorée, César Morales a pu distiller dans ce court passage, ce qui est l’essence de son art, élévation, légèreté, grâce et équilibre. Dans la variation de Jean de Brienne, c’en est presque gênant, tant on a l’impression qu’il ne touche pas le sol et projette dans une dimension qui est autre. Son apparition irréelle aurait trouvé un écho dans le pas de quatre des hommes si le quatuor de l’après-midi avait sévi le soir, car Jamie Bond, Joseph Caley, Alexander Campbell et Kosuke Yamamoto ont fait montre en matinée d’une perfection assez spectaculaire, dans la précision des tempi et la douceur et le silence de leurs réceptions, un des moments les plus intenses de cette représentation.
Il est difficile de distinguer les variations féminines qui sont très courtes et là, sans réelle possibilité de personnalisation. Les danseuses du Birmingham Royal Ballet sont cependant très élégantes dans cette série relevant de l’exercice plus que de l’art. La synchronie du corps de ballet est également très satisfaisante aussi bien dans la czardas d’entrée, que dans le grand pas.

Le Concerto de Kenneth MacMillan est très balanchinien et propulse dans un univers complètement différent… Sur une scène dépouillée, les danseurs en justaucorps orange, jaune et rouge, distillent un art très stéréotypé et très rythmé sur une musique de Dmitri Shostakovich. A l’exception du pas de deux central langoureux et axé sur des portés et des attitudes très esthétiques, le reste du ballet est plutôt singulier lorsqu’on a en tête les longs ballets de MacMillan. Dans Concerto, le chorégraphe met en exergue un art de la scénographie au sein duquel le jeu des couleurs occupe un rôle aussi important que les pas. Le ballet dialogue avec la musique et les entrées et sorties de scène, très rythmées, efface l’ennui d’une chorégraphie, somme toute assez redondante. Kenneth MacMillan n’a en effet pas parié sur les excès et les démonstrations de virtuosité mais plutôt sur une exécution au carré d’ensembles, parfois restreints au solo ou au couple, mais souvent assortis à un corps de ballet, qui en l’occurrence aujourd’hui officie parfaitement en ligne. La difficulté réside plutôt à soutenir le rythme de la chorégraphie en toute harmonie. Le pas de deux central offre un répit ; il est souvent donné seul par les compagnies (il est au répertoire de l'English National Ballet) et s’il est très différent de l’ensemble, il prend néanmoins un relief impressionnant qui n’existe pas lorsqu’il est extrait de son contexte. En matinée, Jenna Roberts y a été exceptionnelle de lyrisme dans les bras de Tyrone Singleton, danseur très élégant, donnant un ton assez personnel à ce ballet sans thème, qui joue donc davantage sur les synchronies et le rythme que sur les émotions.

L’Oiseau de feu de Michel Fokine concluait cette soirée russe sur la puissante partition "rimskykorsakovienne" d’Igor Stravinski. Avec l’Oiseau de feu, on entre dans un style très différent mais la longue introduction dans la pénombre arrive d’emblée à mettre dans l’ambiance du ballet et lorsque l’oiseau de feu apparaît, la salle est déjà suspendue à son virevoltage. En singularisant l’oiseau dans sa chorégraphie par rapport aux autres danseurs, Fokine met la pression sur la virtuosité de la danseuse, mais aussi ses talents d’actrice dans le dialogue avec Ivan. Carol-Anne Millar est un oiseau de feu majestueux et vif, très lisible dans ses pensées et ses actions alors que Nao Sakuma en matinée était beaucoup trop linéaire. Le long pas de deux de la capture qui se situe au début du ballet cueille à froid les danseurs et Carol-Anne Millar captive dans son jeu avec Ivan, un Matthew Lawrence tout à son aise, malgré un costume assez grotesque. Le danseur qui ne danse pas dans le ballet est très bon acteur et semble beaucoup s’amuser, s’appropriant ce personnage de manière très juste sans déborder dans un côté théâtral trop exacerbé. Grâce à son talent, il maintient l’intérêt tout au long de l’histoire. Même si le ballet s’inscrit dans une époque, on arrive facilement à la restituer et l’historiciser pour mieux apprécier le spectacle, et son particularisme lui permet de ne pas paraître révolu. L’expressionnisme des danseurs est soutenu par une musique aussi très caractéristique de l’époque et l’histoire magique n’est jamais ridicule, ni trop longue, mis à part peut-être le final qui fait appel à l’imagerie de manière outrancière, la peinture de la ville russe aux multiples coupoles derrière l’intronisation du couple en grande félicité devant sa cour étant un peu too much.


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