Nos meilleurs souvenirs de la saison

[Katharine Kanter]

Cher M. Usurpateur,

Des centaines d’étrangers lisent “Dansomanie” pour connaître la danse française, M. Haydn peut sans doute vous le confirmer. Pour nombre d’eux il est plus facile de lire la langue anglaise. Ainsi peut-être est-ce un avantage pour ce Site d’avoir deux ou trois personnes qui écrivent en anglais ?

Mais, essayons.

***

Il est vrai que parmi les “meilleurs souvenirs” je n’ai parlé ni des productions, ni des pièces.

Lorsque vous allez voir une pièce de Sheakespeare vous parlez d’abord de la pièce et ensuite peut être seulement des intérprètes. Du moins c’est le but ! La pièce est supposée faire du sens historique, politique, philosophique. On ne va pas se mettre à parler de la mignonne qui a joué Rosalind !

Le monde est à l’envers lorsque dans le ballet l’on parle d’individus alors que l’on s’attendrait à ce que l’on parle des oeuvres et seulement ensuite comment les gens ont interprété leurs roles.

Dans le ballet, et pas seulement en France, il n’y a plus assez de grand repertoire.

Les pièces qui sont données à voir sont peu en nombre et assez vides. Les danseurs portent un lourd fardeau sur leurs épaules car ils doivent non seulement incarner leur proper rôle, mais essayer de donner un sens que ce soit allégorique, métaphorique ou autrement à toute une pièce – comme les versions de Petipa données par Nureyev ou Makarova - qui finalement manque d’intention et de finalité.

C’est pourquoi il serait bon maintenant de sortir des armoires et tiroirs les partitions et manuscripts et remonter des dizaines de pièces, en considérant comment mettre en avant l’idée qui à l’origine devait les animer. Quant aux contraintes budgétaires, mieux vaut des pièces intéressantes et bien dansées dans des costumes et décors fatigués et surannés que le contraire, non ?

Récemment le professeur de danse anglais Roger Tully disait que dans le ballet nous avons besoin d’un movement de renouveau du répertoire soit-disant “ancien” comme celui lancé sur la musique de Bach il y a près de cent ans maintenant, par des gens comme Pau Casals et Wanda Landowska, et qui s’est prolongé tout au long du XXème siècle avec des gens comme Badura-Skoda etc. En revenant à l’étude des principes de composition, en gommant des partitions les accretions de l’ère romantique, en pratiquant des experimentations sur la facture des instruments, etc.

L’idée du Professeur Tully me semble pertinente.

Cela ne veut pas nécessairement dire remonter une “Belle” qui dure cinq heures comme la Nouvelle-Ancienne version du Maryinskii, l’on parle d’autre chose ici.

C’est aussi la méthode qu’apparaisse de nouveaux auteurs véritablement compétents dans la danse savante.

[Pierre]

Chers ami(e)s,

Oui il nous faut, à quelques uns, le dictionnaire pour lire les messages de Katherine Kanter...

Mais Grand Dieu, pour une fois que nous pouvons lire un anglais littéraire qui ne soit pas de l'ersatz de charabia international que nous utilisons, lisons, nous, tous les jours dans notre boulot, s'il vous plaît, Madame, continuez sur ce site, à nous instruire dans votre belle langue qui nous est si peu familière.

Par retour, nous sommes tout aussi appliqués à essayer d'utiliser, modestement, notre langue nationale qui subit le même dépérissement que la langue anglaise. ("... quel intérêt pour l'Europe si Goeth, Dante, Chateaubriand... avaient parlé en esperanto, volapuc intégré....", je crois que le Grand Charles a dit quelque chose comme cela)

Merci à Haydn de préserver ce petit havre de paix, de civilité et de civilisation, qu'est dansomanie où chacun peut s'exprimer librement et modestement, à la recherche du beau et de l'émotion. Et Mr Usurpateur, vous avez un cours gratuit d'anglais sur votre sujet favori : la danse ! Profitons-en...

Je suis bloqué quinze jours au boulot sur des budgets et choses pas drôles où mon quotidien est ("Please find here attached our best offer for ... )

Ce forum me manque et les spectacles nous manquent en ce moment... Amitiés à tous et bonnes vacances pour ceux qui ne sont pas partis

[haydn]

[Usurpateur]

Merci Madame d'avoir essayé, et de quelle façon.

[haydn]

Tout vient à point à qui..., Usurpateur! Mais vous, qui êtes un admirateur de Dorothée Gilbert, profitez-donc aussi du forum pour nous en parler plus souvent, si vous assistez à ses spectacles à l'Opéra de Paris, ou si vous avez des informations au sujet d'éventuels galas et cachets occasionnels qu'elle pourrait faire en province où à l'étranger

[Usurpateur]

Promis, je ne manquerai pas de le faire.

[haydn]

Merci Usurpateur

[sophia]

Bien après la bataille, voici mes meilleurs souvenirs à moi, sans développement ni explication: la représentation de "Giselle", je crois le 25 février, avec Zakharova; "Le Lac des Cygnes" lors de la tournée du Bolchoï, "Clavigo" avec Osta et Le Riche, "Il faut qu'une porte..." de Kylian que j'ai vu avec Céline Talon et Wilfried Romoli, Benjamin Pech dans "La Sylphide", Aurélie Dupont et Carlos Acosta dans "Don Quichotte", et last but not least bien au contraire, Emmanuel Thibault dans Basilio, mais aussi en Gitan, et puis encore dans le pas de deux des vendangeurs de "Giselle".
Hors Opéra de Paris, Lucia Lacarra et Cyril Pierre dans un pas de deux du "Lac" et dans "La Prisonière" de Roland Petit lors du pas forcément fameux Gala des Etoiles du XXIème siècle au Théâtre des Champs-Elysées.

Et pourquoi ne pas parler des pires souvenirs de la saison?
Pour ma part, et de manière épidermique, les "Liebesliederwalzer" de Balanchine; Mathieu Ganio et Isabelle Ciaravola dans "La Sylphide". Tout cela est pour moi insupportable de miévrerie et tendrait quelque part à donner raison aux détracteurs de la danse classique, ce qui me met encore plus en colère.

[haydn]

Heu les pires? C'est pas un peu méchant ça? Même si pour moi, dans la Sylphide, personne ne pouvait m'émouvoir plus que Benjamin Pech et Delphine Moussin...

En ce qui me concerne, le pire souvenir, ce sera la chute de Nathalie Aubin dans Giselle, accident malheureux qui nous a privés d'une Myrtha idéale.

[sophia]

C'est sûrement un peu gratuit, mais j'assume la responsabilité de ce que j'écris et je ne demande à personne de faire la même chose. En ce qui concerne les "Liebesliederwalzer", la qualité des interprétes n'est absolument pas en cause; en ce qui concerne "La Sylphide", les qualités et compétences techniques des danseurs nommés ne sont pas à remettre en question, c'est juste une question de style et d'interprétation qui me gêne énormément. J'ai voulu seulement évoqué ce qui m'avait irritée, indépendamment des spectacles et représentations que l'on apprécie plus ou moins; cela n'engage évidemment que moi et n'a aucune force de loi.