Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
|
Posté le: Mer Mai 28, 2008 7:28 am Sujet du message: Les portés |
|
|
Pourquoi ne pas parler un peu plus de ces "portés"?
J'aimerai bien en savoir un peu plus : histoire...mais aussi quel chorégraphe à votre gout a développé les plus beaux...quel couple de danseurs...,
|
|
Revenir en haut |
|
maximilien
Inscrit le: 25 Mai 2008 Messages: 21
|
Posté le: Mer Mai 28, 2008 10:50 am Sujet du message: |
|
|
Les portés,Laurence, sont, je pense une figure du Romantisme. Il doit falloir chercher les premiers dans La Sylphide. Cette figure est l'extase de la danseuse et l'abnegation du danseur. En effet il doit être invisible pour que la danseuse semble faire un miracle, devenir oiseau. Je me souviens avoir interrogé Alicia Markova sur le secret de ses portés. "On ne voit pas votre préparation pour aider le décollement du sol. "lui dis-je. "Mais quelle préparation?" me répond-elle "c'est au danseur de faire le travail!" Pauvres danseurs! C'était Milorad Miskovitch le porteur, dévoué chevalier servant de ses dernières années de ballerine.
Plus près de nous j'ai le souvenir émerveillé de Aurélie Dupond dans Giselle, acte II. C'était, je crois Nicolas Le Riche qui la portait. Ca n'était plus les portés verticaux des Sylphides mais des tourbillons aériens, des flocons de neige qui s'enroulaient sur eux-mêmes dans une parabole savante exigeant le ralenti extrème de la musique et dans ses octaves ascendants des points d'orgue interminables sur la note haute. D'ailleurs, cette reprise (les octaves) n'existait pas dans la version Lifar et , sauf erreur, Mlle Chauviré ne les a dansés que sur l'invitation de Noureev. A vérifier?
Mais il y a un autre style de portés, ce lui des soviétiques, à bout de bras du porteur, projetant une Maximova ou une Kolpakova à des hauteurs vertigineuses, effet accentué par leur petite taille. L'athlètisme remplace le romantisme. et le danseur n'est plus du tout effacé. Ilpartage le bénéfice de la prouesse.
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26663
|
Posté le: Mer Mai 28, 2008 10:59 am Sujet du message: |
|
|
Si les aspects strictement techniques et anatomiques des portés vous intéressent, Laurence, vous pouvez consulter ce mémoire, disponible en texte intégral sur le web au format pdf, réalisé par un étudiant canadien, Sylvain Lafortune. Cela ne se lit pas forcément comme un roman, mais c'est un travail touffu et solidement documenté et argumenté :
Lafortune, Sylvain .- La Classification des portés en danse
Dernière édition par haydn le Jeu Mai 29, 2008 2:18 pm; édité 1 fois |
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22164
|
Posté le: Mer Mai 28, 2008 7:55 pm Sujet du message: |
|
|
Spontanément, j'aurais plutôt pensé à MacMillan, Cranko ou Neumeier... Les portés constituent un élément chorégraphique essentiel dans les pas de deux qu'ils ont composés (Roméo et Juliette, Onéguine, La Dame aux camélias...) et participent de l'expression du lyrisme. Dans les ballets du XIXème siècle, les portés restent tout de même très codifiés et sont rarement "athlétiques": il s'agit surtout de soutenir la ballerine dans les adages afin de la mettre en valeur; ils ont aussi fonction de pose, notamment à la fin de la coda d'un pas de deux (toujours pour "exhiber" la ballerine). Les portés revêtent aussi une importance fondamentale dans les chorégraphies de l'ère soviétique (les ballets de Goleizovsky, d'Assaf Messerer, comme le pas de deux de Spring Waters, ou encore les oeuvres épiques de Grigorovitch, telles Spartacus...), influencées par le sport et la gymnastique (encouragés par le régime). Les révisions des ballets de Petipa au XXème siècle en témoignent d'ailleurs aussi. Les portés sont là un élément du spectaculaire et une manière de donner une autre vision du danseur - puissant, héroïque -, partant de l'homme nouveau...
|
|
Revenir en haut |
|
laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
|
Posté le: Jeu Mai 29, 2008 2:17 pm Sujet du message: portés |
|
|
Je vous remercie de toutes ces informations et de la référence canadienne qui est très intéressante
|
|
Revenir en haut |
|
Katharine Kanter
Inscrit le: 19 Jan 2004 Messages: 1479 Localisation: Paris
|
Posté le: Jeu Mai 29, 2008 3:07 pm Sujet du message: |
|
|
Le sort du danseur depuis Goléizovskii n'est pas enviable.
Encore une fois permettez-moi d'exprimer une opinion malvenue.
Je ne crois pas DU TOUT à ces grands portés devenues à la mode après Petipa.
Il est fort regrettable que nous soyons arrivés au point où il faille écrire un traité de 178 pages en canadien pour expliquer comment y survivre - voir aussi le traité de M. Gilbert Serres.
Goléizovskii venait du monde du cirque et du Music-Hall.
Le problème du porté, c'est que ce n'est pas de la danse. C'est une importation, un corps étranger litéralement.
Le danseur est transformé en socle pour une statue qu'est la danseuse.
L'ancêtre de ce concept ce sont les Tableaux Vivants où des serfs ou autres esclaves du théâtre, posaient immobiles sur scène en recréant des groupes sculpturaux.
Le corps de l'homme n'est pas fait pour porter cette charge qu'est la femme, en des poses aussi dangereuses qu'elles sont sensationalistes.
Autant habile, autant sagement studieux de ces traités de 178 pages que l'on soit, il lui sera absolument impossible d'éviter à un moment donné des lésions soit à la colonne, soit à l'épaule, soit à la hanche, en raison du 'momentum' (IMPETU), de l'extrême complexité, de la vitesse et du contexte (trac, chaleur, costume encombrant, sol glissant ...).
Ces portés sont probablement la cause principale du racourcissement de la carrière d'une dizaine d'années, que nous expérimentons actuellement.
Ils ont par contre l'avantage d'éviter au chorégraphe de se creuser les méninges et inventer de nouveaux combinaisons de pas.
|
|
Revenir en haut |
|
kreul
Inscrit le: 22 Avr 2006 Messages: 288
|
|
Revenir en haut |
|
|