Kader Belarbi

[ilona]

Samedi 19 je vais voir la nouvelle création de Kader Bélarbi à l'Opéra Bastille.
Je n'ai encore jamais vu son travail;qu'en pensez-vous?

[haydn]

Deux articles de René Sirvin sur les chorégraphies de Kader Belarbi :

Les Saltimbanques

Hurlevent


En ce qui concerne Hurlevent, R. Sirvin en pointe certaines faiblesses, mais à côté de certaines créations récentes que l'on a pu voir à l'Opéra de Paris, cela tient presque du chef-d'oeuvre... Hurlevent a au moins eu la chance de bénéficier d'une partition musicale de qualité - composée par Philippe Hersant -, qui tranche agréablement avec les musiquettes accompagnant la Petite danseuse, Signes, ou dans une moindre mesure Clavigo...

[ilona]

Merci Haydn.

[Pierre]

[haydn]

L'article intégral du Figaro :

http://www.lefigaro.fr/culture/20040614.FIG0314.html

[friday]

Opéra de Paris : L'étoile Kader Belarbi récidive comme chorégraphe (PRESENTATION)
   PARIS, 15 juin 2004 (AFP) - L'étoile du Ballet de l'Opéra de Paris Kader Belarbi récidive comme chorégraphe et signe une pièce "Les Epousés" sur le thème du lien fraternel, librement inspirée des "Lettres à son frère Théo" de Vincent Van Gogh.
    Kader Belarbi est déjà l'auteur d'une douzaine de chorégraphies, dont "Wuthering Heights" en 2002 pour le Ballet de l'Opéra de Paris.
    Nommé étoile en 1989, son parcours d'interprète témoigne d'une ouverture à tous les styles, ceux de Béjart ou Roland Petit, aussi bien qu'à ceux des tenants de la danse contemporaine Dominique Bagouet, Maguy Marin, Odile Duboc, William Forsythe etc...
    Deux de ses camarades de la compagnie, l'étoile Nicolas Le Riche et le premier danseur Wilfried Romoli, créent sa nouvelle chorégraphie, du 15 au 19 juin, dans l'amphithéâtre de l'Opéra-Bastille, rejoints par une comédienne, Norah Krief.
    Sur une musique originale et des arrangements enregistrés de Sergio Tomassi, Kader Belarbi, aidé de Dominique Lautré pour l'argument, a souhaité "évoquer dans sa composition les liens fraternels de deux êtres, leur confession ardente, qui lui ont été inspirés par la correspondance de Théo et Vincent van Gogh".
    Vincent se tire une balle dans la poitrine le 27 juillet 1890 et, deux jours plus tard, meurt dans les bras de son frère cadet Théo, dont l'état de santé se détériore à son tour. Théo meurt dans une crise de démence le 25 janvier 1891. Les deux hommes sont enterrés au cimetière d'Auvers-sur-Oise.
    Pendant dix-huit ans, les deux frères se sont écrit. Vincent s'est confié dans près de six cents lettres à Théo qui écoutait, supportait et subvenait, sans faillir, à ses besoins.
    Le danseur étoile résume ainsi le déroulement de son ballet : "Deux frères transmuent leur relation en fratrie +extra-ordinaire+ : l'un et l'autre, l'un dans l'autre ou l'un sans l'autre, ils s'interpellent".
    "Le jeu du lié et du délié de cette relation fraternelle motive mon approche chorégraphique", explique le danseur qui a imaginé "une gestuelle qui cherche à exprimer les convulsions que Vincent et Théo portent en eux".
    Danse, texte (dit par la comédienne qui est voulue comme un trait d'union, un "entre-deux sonore" entre les danseurs), musique et scénographie, co-existent et entrent fortuitement en correspondance.
   
    YB/pc/sp
   AFP

[Pierre]

Quelle couverture médiatique !

et un bel artice dans le Monde daté d'hier :

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-368873,0.html

Comme quoi quand on veut...

[Pierre]

Samedi : Quelle soirée à Bastille !
Ou pourquoi la danse du XXI ème siècle n'a aucun sens sans formation académique. MM Bélarbi, Romoli, Le Riche au sommet de leur art...

[haydn]

Pouvez-vous nous en dire plus Pierre, en particulier sur la prestation de Wilfried Romoli? Je n'ai malheureusement pas pu aller voir ce spectacle (mais soyons honnêtes, j'ai eu des compensations ), et comme vous, j'apprécie énormement ce que fait M. Romoli dans le répertoire contemporain. C'est un acteur-né, et, sans vouloir aucunement faire de boutade, lorsque l'heure de la retraite aura sonné pour lui au corps de ballet, il pourrait faire carrière au théâtre ou au cinéma. Ce n'est d'ailleurs pas quelque chose de totalement absurde, Michael Denard, ancienne gloire de l'Opéra de Paris, a suivi cette voie, sans pour autant abandonner entièrement la danse.

Et si l'on avait voulu nommer une étoile masculine, la démonstration époustouflante que Wilfried Romoli nous a donnée dans Un trait d'union en décembre dernier eût été une justification amplement suffisante. Place aux jeunes semble être le mot d'ordre aujourd'hui, mais il faudrait aussi de temps en temps penser aux anciens qui ont consacré toute leur vie professionnelle au ballet de l'Opéra de Paris, et dont le talent et le dévouement à la cause de la danse méritent aussi d'être récompensés.

[Pierre]

Tout d'abord, il faut situer l’amphithéâtre Bastille, sous la grande salle. Autant l'extérieur du bâtiment est ingrat, sale et pisseux, autant cet appendice trop rarement ouvert est chaleureux et convivial.
Il me souvient (il est tard …) que si l’extérieur est de Carlos Ott, pitoyable architecte, l’intérieur est de l’ADP, oui oui le fameux Paul Andreu du terminal E de Roissy qui s’est écroulé le mois dernier. Bref deux univers opposés.
Salle comble, avec quelques étoiles présentes dont Manuel Legris, Jean-Marie Didière, etc et une pluie de pétales de roses aux saluts par quelque admiratrices en amourachées.
Jamais à Garnier ou Bastille on ne voit d’aussi près la texture des peaux, la beauté des visages, les rosées de sueur. Tels des papillons sortis de leurs chrysalides, MM. Romoli et Le Riche offert une prestation ce soir qui n’a plus temporalité.
L’évocation des frères Van Gogh n’est que le prétexte pour signifier que la fusion des corps n’est pas érotique mais purement fraternelle.
Ces corps pétris par plus de vingt ou trente ans de danse sont d’une absolue beauté là où on attend douleur, nœuds et contraintes. Là où l’on prédit de l’aliénation, on ne trouve que liberté, sensibilité, générosité et intelligence.
Quelles gueules ! Pas celles de jeunes princes, mais d’hommes glorieux.
Narah Krief récite un texte extrait de correspondances entre le peintre et son frère, mais cela n’a aucune importance tant la voix est mélodique et s’inscrit dans la musique de Sergio Tomassi. Une structure de lit, un podium à lion, quelques rouleaux de colophane, voilà les seuls artifices mis en lumière par Philippe Devauchelle.
Crétins sont ceux qui opposent création contemporaine et académisme…

[haydn]

Le problème c'est que cette opposition est devenu une sorte de mode de pensé chez les supposés avant-gardistes de la danse, depuis l'après-mai 68.

Des gens comme Michel Descombey on bien entrepris de faire entrer de l'air frais au Palais Garnier, de renouveler le répertoire d'une manière parfois iconoclaste, mais cette génération-là de danseurs a encore été formée dans le respect des canons de la danse académique, qu'il faut bien connaître et maîtriser si on veut ensuite pouvoir les transgresser avec intelligence et finesse. Maintenant, chacun (c'est d'ailleurs aussi vrai pour la musique) s'imagine être un créateur d'un génie tel qu'il peut entièrement réinventer un langage ex-nihilo. C'est le genre de présomption qui conduit tout droit en Enfer...

[haydn]

Au fait, Ilona, avez-vous vu finalement les Epousés? Nous serions heureux de connaître vos impressions!