EMILIE COZETTE ETOILE

[karrillon]

J'étais à la représentation du 3 mai, et cétait la première fois que je voyais mlle Cozette, danser le rôle de Cendrillon (sic). Elle a comme l'a rappelé Haydn perdu sa chaussure lors du numéro de claquettes et a su parfaitement garder son sang froid, son interpretation était trés propre, une grande professionnelle à n'en pas douter. Je ne remets pas du tout en cause cette nomination, qui a l'air comme celle de M.Belingard plutot critiqué. Souhaitons lui bonne chance et esperons que sa nomination la transcendera, comme l'a été Mme Pujol depuis la naissance de son enfant.
Une étoile de plus, peut être moins glorieuse, mais tou(te)s ne peuvent pas l'être ...

[akhmatova]

[haydn]

Aujourd'hui, c'était, pour briller, l'heure de Mlle Cozette ; ne lui boudons pas sa joie. Demain, ce sera le tour d'une autre. Et nous nous réjouirons aussi pour elle, même si je ne pousserai pas l'oecuménisme jusqu'à entrer dans les ordres.

Mais il faut savoir se méfier des jugements hâtifs. J'en ai fait l'expérience moi-même. La nomination de Mlle Pujol m'avait laissé franchement dubitatif, et pourtant aujourd'hui, c'est quelqu'un qui a considérablement mûri sur le plan artistique, et dont personne ne peut sérieusement contester les mérites. Sa récente Kitri l'a encore prouvé.

De même, lorsque Mlle Ould-Braham avait été promue sujet, je n'avais pas été franchement enthousiasmé. Et pourtant, je suis convaincu aujourd'hui qu'il s'agit là d'une des personnalités les plus douées, les plus intéressantes et les plus riches de promesses de la compagnie.

Mlle Cozette a certainement encore de grandes perspectives d'évolution devant elle ; à présent qu'elle est étoile, elle sera évidemment distribuée plus fréquemment sur des premiers rôles, et il nous faut prendre rendez-vous dans un an ou deux, pour juger de ce qu'elle sera devenue. Le titre qui vient d'être décerné à Mlle Cozette n'est pas un bâton de maréchal. C'est une danseuse dont l'essentiel de la carrière est à venir, et cette nomination est bien plus un témoignage de confiance dans ses possibilités futures que la récompense de "services rendus" par le passé.

[Poplulu]

[danse-0pera]

Je ne peux me permettre de juger n'ayant jamais vu danser Melle Cozette mais j'espérais grandement une nomination de Melles Ould Braham ou Gilbert ...

[haydn]

Petit papier du Sidney Star Observer, qui annonce la venue prochaine d'Emilie Cozette et Karl Paquette en Australie :

[hervelie]

Je suis assez d'accord avec Haydn. Certains artistes évoluent plus lentement que d'autre mais mûrissent néanmoins sûrement. Emilie Cozett possède les qualités techniques indispensables à la danse de ce niveau. Quant à son charisme, il se développera par le travail des grands rôles qu'elle approfondira. Bonne chance à elle!

[Poplulu]

[hervelie]

Tu vas dans mon sens: certains brillent plus vite. Faut-il se fonder exclusivement sur cet argument pour nommer une étoile? Je parie qu'Emilie Cozette s'épanouira avec ce titre, comme l'a fait Pujol qui fait à présent l'unanimité...Je pense qu'il y a deux sortes d'Etoiles: le pur artiste, au charisme époustouflant allié à une technique sans faille, très rare, hélas! comme Dupont en son temps, ou Le Riche, ou Belarbi, quand il était au sommet de sa forme...Et puis le solide danseur, capable de tout assurer, pas franchement magnétique mais avec une belle marge de progression et qui peut se lâcher "les tripes" avec la nomination. Qu'en pense Haydn, notre fin connaisseur?

[akhmatova]

[quote="hervelie"]Tu vas dans mon sens: certains brillent plus vite. Faut-il se fonder exclusivement sur cet argument pour nommer une étoile?

pourquoi pas ? si certains ont déjà les qualités pourquoi miser sur le "peut-être" ? et pénaliser par la même occasion celles qui brillent déjà et sans conteste ?

[sophia]

Disons que la présence, le charisme, et encore un cran au-dessus le rayonnement (et bien peu le possèdent, y compris chez ceux qui ont le titre d'"Etoile"), cela ne s'invente pas, et ça se fabrique encore moins... Après, on peut avoir des manières diverses de l'apprécier...

Et l'on ne nomme certainement pas une Etoile pour ses seules qualités techniques... Il y a les divers statuts intermédiaires de soliste pour cela...

Je reste pour ma part sur l'idée qu'on hisse aujourd'hui au rang d'Etoile des danseurs, qui peuvent être estimables à divers degrés - et qu'il ne s'agit certainement pas de conspuer - mais qui restent selon moi des solistes (sujets) ou des premiers solistes (premiers danseurs selon la terminologie parisienne) et Emilie Cozette n'est pas la première de ce point de vue.

Là où je suis d'accord avec Haydn, c'est que, fort heureusement, les danseurs ne sont pas tous voués à stagner sur un plan artistique (que ce soit d'ailleurs dans le "sublime" ou la "médiocrité"). Il y a la force de caractère, les qualités "spirituelles" (être Etoile, c'est aussi dans la tête, si je puis dire) qui font que certains grandissent, se métamorphosent même... Il suffit de voir, par exemple, le parcours de Laetitia Pujol. Il n'y a pas de raison de ne pas souhaiter le meilleur à Emilie Cozette, vu son âge et sa solidité...

Maintenant, Etoile ou pas, il n'y a pas pour moi de comparaison possible entre une Emilie Cozette, soliste honorable au charisme relativement modeste, et une Myriam Ould-Braham, déjà tellement impressionnante sur un plan artistique (il est certain qu'elle évoluera encore avec l'expérience de la scène) et dotée de ce rayonnement unique et bouleversant (quant au reste - technique, style, grâce... - je crois que ce n'est même pas la peine d'en parler...) qui fait les grandes ballerines.

Le public, comme les danseurs, est, il est vrai, fasciné par le titre, par la symbolique qui lui est attachée, et cela peut expliquer la passion que l'on met à en discuter (attention! il ne s'agit pas non plus de dire n'importe quoi...), mais je crois qu'on doit être un peu plus philosophe par rapport à ça: les nominations, c'est aussi ce qu'on pourrait appeller de la Realpolitik, et ce n'est pas une nouveauté!!! L'Art, la seule chose qui importe, n'a pas toujours à voir là-dedans, que cela nous rassure! Lorsque Brigitte Lefèvre explique dans une interview que pour elle, une Etoile, c'est quelqu'un qui peut tout danser, quelqu'un de parfaitement polyvalent autrement dit, qui interprète Pina Bausch un soir et Kitri le lendemain, on comprend mieux les nominations et les non-nominations à l'Opéra de Paris...

[haydn]

Nous n'allons pas entrer dans un débat pour savoir qui mérite ou ne mérite pas d'être Etoile, nous avons bien évidemment tous nos préféré(e)s ; soulignons, que la nomination de Mlle Cozette, soyons honnêtes, ne doit rien au hasard si l'on regarde le parcours de cette danseuse, que l'on destinait manifestement dès son entrée au corps de ballet à devenir une soliste de premier plan.

Pour répondre à Hervelie, sans partir évidemment dans des considérations de personnes, je pense qu'il y a vraiment de tout en matière de nominations d'étoiles : des personnalités d'exception qui se sont imposées d'emblée, justifiant d'être élevées très tôt au grade suprême ; on a surtout vu cela du temps de Nouréev. D'autres semblaient justifier une telle distinction, mais ont peut-être déçu par la suite, et enfin certains dont on pouvait penser que l'accession à l'étoilat était un peu précipitée, et dont on s'aperçoit ensuite qu'ils avaient un réel potentiel et une marge de progression importante.

Ce qu'on aimerait peut-être voir un jour à nouveau, c'est une nomination vraiment spontanée, décidée à chaud, le soir même d'une représentation exceptionnelle. Nommer Emilie Cozette lors de son magnifique Lac des cygnes aurait eu du panache, de même Mlle Ould-Braham ou M. Thibault lors de la représentation de Don Quichotte le 26 mars dernier, devant une salle survoltée, ou bien encore Dorothée Gilbert, en même temps qu'Hervé Moreau dans la Bayadère.

Par le passé, il y a aussi eu Marie-Agnès Gillot, dont on pouvait espérer le sacre lors de mémorables représentations de cette même Bayadère où elle alternait Nikiya et Gamzatti, et qui n'a été recompensée que tardivement, lors de la reprise de Signes en 2004.

Récemment, seule la nomination inattendue de Benjamin Pech, qui a assuré à Shangaï un remplacement dans des conditions délicates, enchaînant l'Arlésienne et Giselle en une même soirée, renouait avec cette tradition de "coups d'éclat" spectaculaires.

[Swann]

Pour ma part, je trouve la nomination de Melle Cozette très méritée. Elle possède une technique indiscutable (ce qui n'est pas le cas de Melle Ould-Braham) et une véritable personnalité, alliant élégance et intelligence des rôles. Je n'ai malheureusement vu ni son Lac, ni sa Cendrillon, mais vos commentaires font penser qu'elle y a brillé.
Pour Ould Braham, elle a une grâce et une nature éthérée qui font qu'elle sera certainement nommée en son temps, lorsque la technique sera au rendez-vous.
Quant à Pech à la nomination apparemment inattendue....on aurait mieux fait de s'abstenir car je le trouve très décevant. Je l'avais vu dans le Lac avec Vishneva, et franchement, il n'était pas au niveau. Peut-être était-ce "un jour sans" ?
Au fait Haydn, vous êtes trrès au courant de qui devrait être nommé ou pas, pourriez-vous partager ces infos avec nous ?

[Jonquille]

Swann, avez-vous vu le Don Quichotte de Myriam Ould-Braham pour critiquer ainsi sa technique ?

[haydn]

Pour répondre brièvement, et encore une fois, sans partir dans des considérations oiseuses sur les personnalités :

- Emilie Cozette s'était effectivement, et nous avons été plusieurs à le dire ici, montrée particulièrement brillante en Odette / Odile dans le Lac des cygnes.

- Je ne sais pas si vous avez vu la Kitri de Myriam Ould-Brahm, mais sa Kitri, hormis dans la scène de la Vision au second acte, où elle doit être ainsi, n'avait absolument rien d'éthéré, et question technique, elle n'a pas grand chose à envier à quelque autre danseuse que ce soit à l'Opéra de Paris, même si dans ce métier-là, on est constamment obligé de travailler, de rechercher une perfection jamais atteignable.

- Je n'ai évidemment pas vu Benjamin Pech en Chine, lors de sa nomination, mais il paraît qu'il fut remarquable ce soir là. En ce qui me concerne, les meilleurs souvenirs que je garde de ses prestations sont Frederi dans l'Arlesienne, Roméo, dans Roméo et Juliette aux côtés d'Elisabeth Maurin, et surtout son magnifique James dans la Sylphide, avec Delphine Moussin. Là, M. Pech a montré qu'il avait tout à fait le "niveau" d'une étoile, comme vous dites. Après, il y a eu évidemment aussi des choses moins réussies, comme dernierement son Franz, dans Coppélia. Mais chaque artiste a des jours "avec" et des jours "sans".