Don Quichotte - du 27 février au 1er avril 2007

[sophia]

Le Dieu bleu, c'est Nikolaï Tsiskaridze qui l'a interprété l'an dernier en Russie dans une recréation avec le Ballet du Kremlin...

Pour Alessio Carbone, j'avoue que je le préfère dans un registre plus "contemporain": Arepo... ou L'Envol d'Icare récemment, dont il a été à mes yeux le meilleur interprète, malheureusement à l'occasion d'une unique représentation, le soir de la dernière... Mais il est certain qu'une distribution dans le rôle de Basilio eût été parfaitement justifiée et légitime, d'autant qu'il était le remplaçant officiel...

[Catherine]

Merci Haydn.

[dumbo]

Mathias Heymann ne devrait pas pouvoir danser le 4 mars. Son remplaçant est toujours inconnu.

Pour le remplacement de lundi, c'est Karl Paquette qui a été choisi parce que, ayant répété dans l'après-midi, il était plus "chaud" qu'Alessio Carbone, lui aussi présent dans la coulisse à ce moment là, mais n'ayant pas dansé depuis le cours du matin.

[sophia]

En fait, ma remarque ne faisait pas allusion à ce qui s'est passé lors de la générale, mais aux distributions de cette série de représentations de Don Quichotte en général... Sachant que les premiers remplaçants réussissent le plus souvent à récupérer au moins une représentation (c'est notamment le cas de Myriam Ould-Braham et de Nolwenn Daniel)...

[Catherine]

Karl Paquette est devenu le sauveur du ballet de l'opéra. J'espère vraiment qu'il sera nommé. D'autant qu'on le distribue en tant qu'étoile...

[haydn]

Nous n'allons pas nous lancer dans un concours de pronostics. Rien ne dit qu'il y aura nomination, et s'il y a, que ce sera un garçon.

En attendant, contentons-nous de commenter les spectacles que nous avons vus. Ceci étant dit, ces derniers mois, Karl Paquette a effectivement été massivement mis à contribution pour assurer les rôles principaux des grands ballets lors de défaillances des titulaires...

[Catherine]

Mais j'espère aussi, et comme beaucoup sur ce forum, pour Myriam Ould Braham.
Pour les commentaires, j'essaierai... mais je suis souvent découragée face à votre plume!

[Azulynn]

Petit article sur la première dans Le Figaro d'aujourd'hui, sous la plume d'Isabelle Danto : Un heureux grand classique

[NinOu]

J'ai des inquiétudes au sujet de la représentation du 4 mars: en raison du remplacement de Mathias Heymann par Karl Paquette, y a t-il une probabilité qu'Aurélie Dupont soit déprogrammée?

[haydn]

J'insiste sur le fait qu'à l'heure actuelle M. Heymann est toujours prévu sur la représentation avec Aurélie Dupont. Il est maintenu sur les feuilles de distributions, il semble qu'il aille mieux et qu'il assurera le spectacle. Si d'aventure il devait être remplacé, se serait très vraisemblablement par Karl Paquette - qui danserait dans ce cas avec Nolwenn Daniel, ou à défaut par Emmanuel Thibault.

[NinOu]

Merci beaucoup de votre réponse, je croise les doigts pour M. Heymann...

[sophia]

Un petit avant-goût de Denis Matvienko, dans cette vidéo où on le voit danser le Don Quichotte de Spoerli en "guest" avec sa femme Anastasia Matvienko et le Ballet de Zurich:
http://www.art-tv.ch/don_quixote.html

[haydn]

Eléonore Guérineau a été ajoutée comme remplaçante sur le rôle de la Demoiselle d'honneur.

[doudou]

Don Quichotte – 1er mars


Pour cette seconde représentation de cette série les rôles principaux étaient repris par Laetitia Pujol et Nicolas Le Riche avec Julien Meyzindi en Espada, Nathalie Riqué en Danseuse de rue, Myriam Ould-Braham en Cupidon, Jérémie Bélingard en Gitan.

Le couple Le Riche-Pujol a remarquablement fonctionné avec plus d’engagement que ses devanciers même si c’est au prix de quelques légers ratés pour Nicolas Le Riche. Très attentif à sa partenaire, ce dernier était parfois un peu désinvolte dans les solos d’un rôle qu’il a beaucoup dansé. Laetitia Pujol était en très grande forme et plus dans le personnage que Letestu. Elle nous a donné une Kitri virevoltante et diablement agile, avec de très beaux équilibres.

Julien Meyzindi se tire très bien de son rôle même si il n’a pas le chic de Bart. J’avoue qu’il n’y a rien à reprocher à Nathalie Riqué, danseuse dont je reconnais qu’elle me laisse assez indifférent en général mais qui est tout à fait à sa place dans ce rôle.

Myriam Ould Braham est un cupidon délicieux. Ce rôle est tout à fait à même de mettre en avant ses qualités et son style. Emilie Cozette a renouvelé sa très bonne prestation. Quant à Jérémie Bélingard, il était très à l’aise en Gitan. Alessio Carbone, oublié dans mon précédent compte rendu a certes un style idéal pour ce type de rôle mais hier soir Bélingard avait un "peps" tout à fait estimable et revigorant.

Dans les mimes j’ai apprécié le Lorenzo d’Alexis Saramite, alors que le Chevalier de Richard Wilk m’a semblé plus pâle que celui de Didière. Le corps de Ballet reste un peu en deçà du point de vue de l’ensemble mais m’a paru un peu plus en verve du point de vue de l’action.
Quant à l’orchestre, il m’a semblé plus lourd qu’à la première.

La suite Dimanche après midi avec Aurélie Dupont et……………

[sophia]

J'ai assisté également à la représentation d'hier soir, une représentation véritablement apte à soulever l'enthousiasme du public, à réveiller et à enflammer les esprits les plus mornes. Une représentation qui nous aurait presque réconciliée avec cette version si sage et si dramatiquement plate qu'est le Don Quichotte de Noureev... Une représentation aux antipodes de la première qui, en dépit du respect que j'ai pour ses interprètes principaux, m'avait paru si pesante... Et pour agrémenter le tout, un niveau de danse que je n'avais pas vu depuis longtemps à l'Opéra, du moins dans le grand répertoire classique, du moins chez les solistes principaux.

Laetitia Pujol donc, est une formidable Kitri qui nous a épatée par sa danse spectaculaire, pleine d'énergie et de folie, techniquement très sûre (de ce point de vue, on sent, après un arrêt de plusieurs mois et sa Giselle de décembre dernier, qu'elle se retrouve à nouveau en pleine possession de ses moyens) et son jeu plein de vie... Oui, elle en fait des tonnes au 1er acte, mais la pantomime est drôle, juste, fine, lisible, en accord avec celle de son partenaire, et c'est bien pour cet "excès", ce "trop-plein", qui est le doigt de la création, que nous allons au théâtre... Sinon, à quoi bon? Dans l'acte I, une entrée étourdissante et une série de variations exécutées avec vivacité et précision que le public a paru grandement apprécier lui aussi, et dans l'acte II, dans la variation de Dulcinée, une assurance et des équilibres incroyables joints à un lyrisme admirable. Nicolas Le Riche, le cheveu désormais court, s'est montré quant à lui un partenaire idéal, faisant preuve de beaucoup de puissance, d'énergie et d'engagement dans ses variations. La réussite de la représentation tient, je crois aussi, à l'équilibre et à la connivence remarquables existant entre ces deux partenaires.

Pour ne pas donner l'impression d'un dithyrambe par trop excessif et univoque (parce que l'abus d'hyperboles peine toujours à convaincre ), on pourra évidemment émettre de petites réserves, très vaines et très ridicules avouons-le, quant à l'exécution du Grand pas, de haute tenue, mais non exempt de légères imperfections. Ce Don Quichotte est néanmoins un tel marathon pour Kitri et plus encore pour Basilio, que l'on comprendra aisément que même des danseurs aussi expérimentés que Nicolas Le Riche et Laetitia Pujol (qui, infatigable et douée d'une énergie peu commune, semble ne connaître quasiment aucune "baisse de régime" pour reprendre l'expression désormais consacrée...) puissent connaître quelques hésitations ou faiblesses en fin de parcours.

Parmi les autres caractères du ballet, on mentionnera, par ordre approximatif d'apparition, tout d'abord les Deux Amies interprétées cette fois-ci par Fanny Fiat et Laure Muret, toutes deux excellentissimes dans ces jolis rôles de virtuosité, exigeant un certain brio, mais dépourvus de toute épaisseur dramatique. Et l'on ne pourra que déplorer qu'une danseuse du niveau de Fanny Fiat, sujet expérimenté et parfaitement à même de tenir un rôle lourd dans un ballet en trois actes, reste l'éternelle remplaçante et ne se soit pas vu confier une Kitri, rôle qui correspondrait à merveille à son style et à son emploi...

L'Espada de Julien Meyzindi n'est pas toujours d'une propreté exemplaire, mais franchement qu'importe? car lui au moins sait se montrer un véritable "performer" doué d'une magnifique présence scénique; c'est suffisamment rare à l'Opéra pour être souligné... En revanche, la Danseuse de Rue interprétée par Nathalie Riqué n'a ni le charme séducteur, ni le piquant, ni la sensualité qu'on serait en droit d'attendre ici...

Dans le second acte, on ne gardera pas un souvenir impérissable du Gitan de Jérémie Bélingard, sans grand relief, étonnament peu spectaculaire et jouant uniquement sur le registre de la force virile un peu brutale: à tout prendre on préfèrera celui d'Alessio Carbone, nettement plus subtil.

La Scène des Dryades voyait le retour d'Emilie Cozette dans le rôle de la Reine des dites Dryades: impossible de lui reprocher quoi que ce soit sur un strict plan technique, sa variation est impeccable, mais pour le reste, on reste plus dubitatif... Il est vrai aussi qu'il était périlleux, - quel choc des cultures! - de se retrouver aux côtés de Myriam Ould-Braham, divin Amour, joyau d'une délicatesse et d'un raffinement à nul autre pareil: qui ne voit qu'elle est bien plus qu'une très bonne danseuse? Le public en tout cas ne s'y est pas trompé, réservant à sa seule variation des bravos qu'on n'accorde qu'aux Etoiles...

On pourra néanmoins regretter, - et cela me paraît être un problème récurrent qui ne se réglera probablement pas à la prochaine représentation -, de la "mollesse", de la platitude ou du caractère peu explicite de la pantomime de nombre de protagonistes aux rôles non dansés (Don Quichotte, Sancho Pança, Gamache, le Père de Kitri...) ou encore du corps de ballet... Non, il ne suffit pas de gesticuler dans tous les sens, de mettre les poings sur les hanches et de faire des roulements d'yeux pour qu'on comprenne l'histoire... Personnellement, j'aimerais bien rire, mais j'ai du mal...