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Nouvelles du Royal Ballet / News from the Royal Ballet
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Ballerina



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MessagePosté le: Mar Aoû 20, 2024 8:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est dommage, les justaucorps des gr sont aujourd'hui bien plus couvrants que la majorité des tenues de danse.


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paco



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MessagePosté le: Ven Oct 11, 2024 11:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Début de saison au Royal Ballet avec une reprise d’Alice’s Adventures in the Wonderland de Christopher Wheeldon, sur une partition de Joby Talbot. Créé il y a désormais 13 ans et repris trois fois depuis, ce ballet a été reformaté lors de sa première reprise, passant de deux à trois actes, avec ajout d’un superbe pas de deux au 3e acte, qui ne figurait pas dans la toute première version. C’est donc cette version « définitive » que l’on voit désormais.

En 2011 cette création fut un événement : la première partition musicale composée pour le Royal Ballet depuis 20 ans, et le premier grand ballet narratif commandé par la compagnie depuis 15 ans. Depuis, d’autres ballets « full length », plus ou moins narratifs, ont été commandés et créés par le Royal Ballet, les plus marquants et repris régulièrement étant Winter’s tale (Wheeldon) – également entré au répertoire du Bolshoi-, Woolf Works (probablement le chef d’œuvre de McGregor, qu’il n’a pas égalé depuis), Dante (McGregor, également entré au répertoire de l’ONP) et Like water for chocolate (Wheeldon).

Force est de constater, aujourd’hui comme lors de la dernière reprise, qu’Alice n’a pris aucune ride et fonctionne à merveille (sans jeu de mots). Il pourrait être désormais considéré comme un pilier du répertoire néo-classique, mais curieusement on peut finalement le voir plus souvent ailleurs qu’au Royal Ballet (Scandinavie, Australie, Allemagne, Canada …), alors qu’il a d’abord été conçu pour cette scène et semble si bien taillé pour l’ADN de la compagnie, tant il repose à part égale sur les dons d’acteurs et la virtuosité chorégraphique. Peut-être faut-il voir, dans la rareté de sa programmation, le défi technique de faire alterner, dans un calendrier de répertoire, ces décors et machinerie impressionnant avec un opéra la veille et/ou le lendemain, ce ne doit pas être simple.

Même en connaissant les ficelles des effets spéciaux, on reste émerveillé par ces murs qui se rétrécissent ou s’élargissent, ce chat désarticulé, ces cyprès glissant comme sur une patinoire, ces humains se métamorphosant en lapin sous nos yeux, … sans oublier les numéros de magie au premier tableau. Toutefois Alice ne s’arrête pas à de la pantomime et des effets « alla Disney », c’est aussi un vrai ballet, avec ses ensembles mobilisant le corps de ballet de la compagnie, ses pas de trois, pas de deux, ses variations, le plus souvent dans une écriture néo-classique.

A chaque réécoute, la partition fait mouche : petite merveille de parodies (Sleeping Beauty, Tableaux d’une exposition, mais aussi une valse typique des opérettes des années 20 …). Elle déroule un tapis musical parfait pour un chorégraphe (il en sera de même, dans un style musical cette fois plus "contemporain", dans Winter’s tale du même Talbot), avec ses rythmes tantôt endiablés tantôt langoureux.

Pour cette reprise, j’ai assisté à deux représentations, deux distributions, chacune réjouissante mais avec des qualités différentes. Le premier soir, comme à chaque fois qu’elle est sur scène, Mayara Magri « stole the show » avec le numéro irrésistible de la Dame de cœur (où Zenaïda Yanowsky, puis Laura Morera firent merveille avant elle). Comme d’habitude, la jeune Principal brûle les planches et fait sienne ce rôle taillé sur mesure pour des fortes personnalités. A la représentation suivante, Lauren Cuthbertson brillera elle aussi en s’investissant à fond dans cette parodie de Sleeping Beauty.

Mais Mlle Magri c’est une autre planète. Cette artiste exceptionnelle provoque des étincelles enchantées à chaque pas de danse, enflamme la salle, apporte toujours sa touche personnelle aux rôles qu’elle aborde. Au Royal Ballet, il y a les soirées « avec Osipova » ou « sans Osipova », et désormais il y a également les soirées « avec Magri » et « sans Magri » : ce sont des transports, des sensations, des émotions uniques que l’on ne retrouve dans aucune autre représentation, quel qu’en soit le niveau d’excellence.

A ses côtés, Joseph Sissens brûle les planches lui aussi en Mad Hatter et son numéro de claquettes rendu célèbre par l’interprète de la création, Steven McRae, qui reprend le rôle dans l’autre distribution, avec toujours le même brio.

Les deux rabbit, Luca Acri le premier soir et James Hay l’autre soir, sont juste parfaits dans leur rôle, apportant une complicité fluide et bien menée au couple de tourtereaux. Le premier soir, celui-ci fut interprété par Akane Takada et Matthew Ball. Mlle Takada était très attendue par le public et ses nombreux fans car il s’agissait de son retour sur scène après une longue absence pour blessures. Si elle s’empara à la perfection du personnage, jouant celui-ci avec une juvénilité rayonnante, force fut de constater, sans lui faire injure, que la danse était timidement réalisée (la comparaison avec l’autre distribution sera sans appel sur ce point). De mon ressenti, elle n’était pas au mieux de ses capacités. Mais je n’insiste pas, car à l’évidence tant ses partenaires solistes que le corps de ballet et le public souhaitaient fêter son retour, ce qu’ils ont fait tant aux saluts (pluie de fleurs et de hourra) que post-représentation avec des vivats retentissants en coulisses. A ses côtés, le charismatique Matthew Ball fut un excellent partenaire, même si je l’ai trouvé lui aussi en-deçà de ce qu’il est capable de donner : je l’ai senti « trop » attentionné vis-à-vis de sa partenaire au point de s’effacer un tantinet, ce qui n’est pas son habitude.

L’autre tandem, Francesca Hayward et William Bracewell, nous a en revanche transportés sur une autre planète. Une explosion de jouvence, de poésie, de fraîcheur. La danse de Melle Hayward est fluide, légère, aérienne, vive. A ses côtés, Mr Bracewell, un des grands Prinicipals du Royal Ballet, danseur classique dans tout ce qu’il a de plus pur, campe un chevalier extrêmement juvénile, d’une douceur et poésie à faire chavirer les cœurs les plus endurcis. Dotés tous deux d’une technique impeccable, ils construisent un partenariat très naturel, en véritable osmose. Depuis que Alice a été créé au Royal Ballet, j’ai aimé tous les tandems proposés, mais Hayward-Bracewell est probablement celui qui jusqu’à présent m’a le plus marqué, le plus touché, le plus ému.

C’est cette distribution qui sera retransmise au cinéma (Hayward-Bracewell-Cuthbertson-Hay-McRae).

Prochain spectacle en novembre : le nouveau ballet narratif de McGregor, Maddadam, déjà créé au Canada au printemps dernier. Petite saison pour le reste, où en dehors d’un mixed bill contemporain il n’y aura que des reprises : Cinderella à Noël, une longue série de représentations d’Onegin cet hiver (mais avec des distributions intéressantes : les débuts de Matthew Ball en Onegin, Hayward en Tatiana, Bracewell en Lenski, et bien sûr une distribution avec « le » Onegin de la compagnie, Reece Clarke), puis un mixed bill Balanchine, une très longue série de Romeo & Juliet, et un mixed bill Robbins pour clôturer la saison. Les caisses sont vides et cela commence à se ressentir dans la programmation (mais c’est encore pire côté lyrique …), sans parler du prix des places …


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chien en peluche



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MessagePosté le: Ven Oct 11, 2024 1:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, paco, pour votre compte-rendu Very Happy
Tout en n'étant pas fan de ce spectacle, après avoir lu votre message, j'ai envie d'aller voir la retransmission en différé de cette Alice au pays des merveilles. Je ne le connais qu'en DVD (Cuthbertson, Polunin, Watson, Yankowsky et McRae, donc celui en deux actes), j'ai perdu l'occasions de le voir sur la scène---non pas celui du RB, mais au moment de l'entrée au répertoire du Nouveau Théâtre national de Tokyo en... hélas! 2020. O'Sullivan a été invité pour le rôle-titre, j'ai loué des places, puis on nous a remboursés, puisque tout a été annulée.
En DVD, le spectacle m'a ennyuée, mais les distributions sont tentantes, et peut-être que sur le grand écran dans la salle de cinéma, la mise en scène serait plus intéressante, je l'espère.
En tout cas, il faut attendre jusqu'au janvier 2025 au Japon.
Je n'ai malheureusement jamais vu Mayara Magri dans un grand rôle. Sinon, en vous lisant, il ne m'est pas difficile d'imaginer ce qui se passait sur la scène du Covent Garden🌰


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paco



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MessagePosté le: Ven Oct 11, 2024 1:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

chien en peluche a écrit:
Merci, paco, pour votre compte-rendu Very Happy
Tout en n'étant pas fan de ce spectacle, après avoir lu votre message, j'ai envie d'aller voir la retransmission en différé de cette Alice au pays des merveilles. Je ne le connais qu'en DVD (Cuthbertson, Polunin, Watson, Yankowsky et McRae, donc celui en deux actes), j'ai perdu l'occasions de le voir sur la scène---non pas celui du RB, mais au moment de l'entrée au répertoire du Nouveau Théâtre national de Tokyo en... hélas! 2020. O'Sullivan a été invité pour le rôle-titre, j'ai loué des places, puis on nous a remboursés, puisque tout a été annulée.
En DVD, le spectacle m'a ennyuée, mais les distributions sont tentantes, et peut-être que sur le grand écran dans la salle de cinéma, la mise en scène serait plus intéressante, je l'espère.
En tout cas, il faut attendre jusqu'au janvier 2025 au Japon.
Je n'ai malheureusement jamais vu Mayara Magri dans un grand rôle. Sinon, en vous lisant, il ne m'est pas difficile d'imaginer ce qui se passait sur la scène du Covent Garden🌰

J'ai fini par convaincre une amie de venir voir ce ballet, au départ elle n'était vraiment pas motivée, elle pensait que c'était une "sucrerie" en mode pantomime Disney. Au final elle est ressortie enchantée, ayant réalisé qu'il s'agissait d'un vrai ballet au même titre que n'importe quel autre grand ballet narratif. Et du coup elle pense revenir pour la reprise du mois de juin prochain !


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Katsu



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MessagePosté le: Sam Oct 12, 2024 11:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

12 octobre - Alice aux Pays des Merveilles.

Je ne ferai pas un compte-rendu aussi savant que paco (que je n'ai pas encore pris le temps de lire mais que je lirai à coup sûr), et me contente de faire part de quelques impressions.

Le ROH est un théâtre bien différent de l'ONP.
Je n'ai pas eu à montrer mon billet pour entrer dans l'enceinte, trente minutes avant le début du spectacle. A aucun moment un employé n'a scanné le QR code. Si le théâtre n'était pas comble, il y aurait des fraudes évidentes.

Au moment de l'achat du billet, je n'avais aucune idée de la visibilité de ma place. Sauf erreur de ma part, le site du ROH ne comporte pas de simulateur comme celui de l'ONP. J'ai donc pris une place suffisamment chère pour éviter une mauvaise surprise. Mais même avec une place à prix moyen, on sait que la visibilité peut être décevante dans des théâtres comme Garnier.
Cela semble moins vrai au ROH où la visibilité paraît globalement meilleure, comme le faisait remarquer une de mes voisines françaises. Peut-être est-ce un biais de spectateur non averti cela dit : elle aussi venait pour la première fois (je crois)...

La visibilité était heureusement très bonne. J'étais dans l'amphithéâtre (plus grand, et avec plus d'espace entre les sièges qu'à Garnier : pas de risque de crampe). L'ouvreur a dû se charger de placer un grand nombre de spectateurs. Mais on trouve très facilement son strapontin : la numérotation est intuitive, et est bien mise en évidence. De même je n'ai eu aucune difficulté à trouver la bonne porte.

S'agissant du spectacle, j'avais un mauvais a priori.
Je me souviens avoir abandonné une captation de ce ballet dès le premier acte, il y a quelques années.
En effet, ce n'est pas une production très intéressante à voir virtuellement. En revanche, elle est tout à fait impressionnante à voir en vrai.
Son gros point fort, c'est la mise-en-scène et les nombreux effets spéciaux (peu intéressants à voir derrière une écran). On retrouve grâce à cela parfaitement la dimension merveilleuse de l'histoire d'Alice. D'ailleurs, dans l'acte 1, le spectacle a plus l'allure d'une mise-en-scène que d'une démonstration chorégraphique. Il y a un très beau moment, immersif, où des "pétales" tombent du plafond.

L'acte 2 est plus dansant. Je retiens la danse orientale et les ensembles qui suivent. Le corps de ballet est très harmonieux. L'entracte est annoncé d'une façon originale.

Pour ce qui est de l'acte 3, je retiens la parodie de la Belle et le solo de Marcelino Sambé.

Il joue un rôle plutôt falot mais sait se faire remarquer.

Alice est constamment présente et mouvante dans les deux premiers actes. Le rôle doit être épuisant. Elle est un peu moins sollicitéE dans le dernier acte, où elle danse notamment deux adages avec son partenaire (si ma mémoire est bonne).

Je ne sais pas qui interprétait Alice. Le programme papier n'était pas distribué, ou alors il fallait le récupérer à un endroit précis que je ne connais pas. C'est seulement après le spectacle que j'ai pris connaissance du QR code permettant de connaître la distribution du jour. Il paraît que ce n'était pas une Principal. Elle s'en est en tout cas très bien sortie.

Il y avait une plutôt bonne alchimie entre les deux protagonistes, qui se sont pris dans les bras lors des saluts devant le rideau. Marcelino Sambé a légèrement décollé sa partenaire du sol, laquelle a alors battu l'entrechat dans les airs comme pour manifester sa joie d'avoir dansé à ses côtés. C'était mignon.

Pour ce qui est de la partition, elle est plutôt réussie, et assez narrative. Après, il est certain que je n'aurais pas idée de l'écouter en dehors du cadre du spectacle.

Pour les applaudissements, le public a été très expressif, notamment sur le plan vocal. Durant la représentation, tout s'enchaîne naturellement, il y a donc peu de place pour les applaudissements. Le ballet n'ayant pas une forme académique, il n'y a pas de segmentation des danses se succédant.

En conclusion, c'est une belle oeuvre (interprétée par une compagnie en pleine forme, fière de danser un ballet fidèle à son identité) même si la chorégraphie, passable, me semble ici être d'une importance ici secondaire.

Je comprends désormais l'enthousiasme de paco pour cette compagnie pleine de vitalité.


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chien en peluche



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MessagePosté le: Dim Oct 13, 2024 7:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, Katsu, pour votre compte-rendu que j'ai lu avec un grand plaisir. J'ai cherché par curiosité quelle a été la partenaire de Sambé. Sambé a déjà dansé trois fois "Jack / The Knave of Hearts" pour cette série, et la partenaire a été toujours Viola Pantuso, First Artist. Voici la distribution (Cast Sheet) de la représentation du samedi 12 octobre :
https://www.cast-sheets.rbo.org.uk/cast-sheet/alices-adventures-in-wonderland/60222
La présentation de Viola Pantuso sur le site officiel du ROH :
https://www.rbo.org.uk/people/viola-pantuso
Elle avait déjà dansé aussi Perdita de Winter's Tale.
Une autre jeune danseuse a interprété Alice pour cette série : Ella Newton Severgnini.
Toutes les deux avaient participé à la tournée du RB au Japon en 2023.
Meaghan Grace Hinkis a aussi interprété Alice. Il est vrai qu'elle n'est pas danseuse principale, mais elle est très bien connue, je pense, parmi les habitués du RB.
Personnellement, si je ne suis pas fan de ce spectacle, ce n'est seulement pas à cause de la différence de l'effet de la mise en scène entre le "vrai" et le DVD. Je ne suis pas---même dans ma jeunesse---une bonne lectrice de Alice au pays des merveilles. Je préfère de loin Winter's Tale du même Wheeldon. Il s'agit tout simplement de la question du goût. Mais j'aimerais aller voir maintenant la retransmission en différé d'Alice, car le niveau de la compagnie a changé depuis 2011 (donc, l'année de l'enregistrement du DVD). En 2016, je m'étais fort ennuyée pendant l'Acte II de Roméo et Juliette (avec Osipova), mais en 2023, après la première, j'attendais avec un grand plaisir cet acte où le corps de ballet danse beaucoup (avec Osipova ou non).


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paco



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MessagePosté le: Dim Oct 13, 2024 7:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vous avez bien choisi votre distribution Katsu : Viola Pantuso faisait partie de mes "dilemmes" quand j'ai dû choisir mes dates pour Alice, car je l'ai vue l'an dernier dans Winter's tale et elle y a été formidable ! Sa carrière au sein du Royal Ballet semble très prometteuse : sa maturité artistique, ses dons d'interprète sont étonnants à son si jeune âge (elle a quitté l'école du Royal Ballet il y a seulement trois ans !), elle se distingue nettement au sein de la toute nouvelle génération. Reste à voir comment elle se débrouillerait dans un grand rôle classique (elle n'a pas encore abordé Odette/Odile, Giselle etc.).

Et oui, Chien en peluche a raison : le Royal Ballet entre 2011 et aujourd'hui, cela n'a plus rien à voir. C'est particulièrement sensible au niveau du corps de ballet, il suffit de comparer une représentation d'aujourd'hui à une vidéo d'il y a vingt ans pour se rendre compte que la compagnie se situe désormais sur des cimes qu'elle n'atteignait pas à l'époque.


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paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
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MessagePosté le: Lun Déc 02, 2024 1:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le Royal Ballet a consacré le mois de novembre à la création de Maddadam, le quatrième « full-length » de Wayne McGregor, et plus exactement son troisième ballet « narratif » écrit pour le Royal Ballet, même si la création a eu lieu au Ballet National du Canada (mais la chorégraphie et certains détails du scénario ont été revus pour la création londonienne).

Cette création a provoqué diverses réactions tant dans la presse que sur les réseaux sociaux : il y a eu les « contre » a priori avant même la première (ça c’était sur les réseaux sociaux, en mode « rendez-nous Margot et Ashton »), il y a eu les comptes-rendus ambigus de la presse dans une sorte de no man’s land – des contenus rédactionnels élogieux mais des notes autour de 3 ou 4/5-, et au final des réseaux sociaux de plus en plus enthousiastes et un triomphe public incontestable, tant en termes de remplissage (toutes les représentations ont affiché complet dès les premiers jours de réservations) que de standing ovations à la fin de chaque représentation.

Maddadam est un ballet inspiré du roman dystopique éponyme (best-seller) de Margaret Atwood – venue saluer lors de la dernière représentation samedi soir, provoquant une hystérie collective des 2 200 spectateurs de Covent Garden, on se serait crû dans une Arena un soir où auraient été réunis ABBA + Coldplay + des stars de hip-hop …

Ce roman, dont le ballet est inspiré, explore les conséquences d’une apocalypse biologique qui a décimé l’humanité. On suit les survivants humains et les Crakers, une espèce génétiquement modifiée créée pour être pacifique et adaptée à un monde post-catastrophe. Alors qu’ils tentent de reconstruire une société, ils font face à des menaces, notamment des prédateurs hybrides et des humains violents. Le scénario du ballet mélange survivalisme, réplication de jeux vidéo violents et réflexion sur la nature humaine, tout en proposant une conclusion poignante, très « Peace and Love », sur la résilience et la création de mythes.

Comparé à ses deux précédents full-length pour le Royal Ballet, Woolf Works et Dante Project, Maddadam est un ballet plus narratif, plus « littéral » par rapport au roman dont il est inspiré, tout particulièrement aux premier et troisième actes où l’on suit réellement une histoire avec ses personnages.

Le synopsis est complexe : je n’ai ici résumé que le concept global, mais il est ensuite décliné en multiples scénettes et situations avec une dizaine de personnages, beaucoup de flash-backs, des contrepoints avec une scène se déroulant en vidéo sur un écran pendant que des danseurs exécutent une autre histoire sur le plateau, etc. Il m’a bien fallu deux représentations pour bien comprendre et apprécier toute la complexité et la subtilité de ce ballet, une œuvre dont la puissance émotionnelle est absolument phénoménale et irrésistible.

Cette puissance émotionnelle résulte également de la partition composée par Max Richter, qui joue beaucoup des recettes hollywoodiennes avec ses mélanges d’orchestre live et de musique électronique, ses montées en puissance crescendo des cordes soutenues par les cuivres dans des mouvements très lents, sa musique minimaliste-répétitive qui finit par être obsessionnelle et irrésistible …

Dans la continuité de la rupture (par rapport à ses premières chorégraphies) abordée avec Woolf Works puis confirmée avec Dante, la chorégraphie de McGregor s’inscrit résolument dans l’ADN néo-classique dont les figures les plus « modernes » sont poussées à l’extrême, travaillant tout particulièrement l’élasticité du haut du corps, les portés ultra-sensuels, les manèges et toupies d’une virtuosité supersonique. Au Royaume-Uni les œuvres de McGregor provoquent des cris d’orfraie auprès de ceux pour qui la danse s’est arrêtée à Ashton, mais comparé aux créations contemporaines que l’on peut voir ici en France – y compris à l’ONP-, très franchement on est plus proche d’un néo-classique qui aurait évolué 50 ans plus tard avec quelques audaces, que de ce que l’on peut appeler de la danse contemporaine. On est vraiment très loin de ce que l’on peut voir à Garnier ou au Théâtre de la Ville ... Et pour notre plus grand bonheur, car quand on vient au Royal Ballet, c’est justement pour voir ce néo-clacissisme évolué ! Notamment, les personnages ont une réelle incarnation, ce que l’on constate en voyant à quel point « ils ne dansent pas la même chose » d’une distribution à l’autre, un peu comme la Manon de Nunez n’est pas la Manon d’Osipova.

Il faudrait des pages et des pages pour décrire plus en détails cette œuvre, d’une puissance exceptionnelle – probablement la plus réussie des trois opus Woolf Works, Dante et maintenant Maddadam-, le travail sur les éclairages, la scénographie, les interactions entre les personnages.

Deux distributions alternaient, toutes deux superlatives et passionnantes tant l’incarnation des personnages était différente : Marcelino Sambé, Matthew Ball, Yasmine Naghdi et Claire Calvert ont illuminé la représentation en matinée – tout particulièrement Sambé, phénoménal dans l’interprétation de la folie désespérée de Jimmy-. En soirée, le charisme ravageur et ultra-sensible de Joe Sissens a littéralement fait pleurer les chaumières (beaucoup d’yeux rougis dans la salle…), tandis que la merveilleuse Fumi Kaneko lui donnait une réplique fascinante en Oryx torturée, entourée des excellents William Bracewell et Melissa Hamilton. Corps de ballet stratosphérique, tout particulièrement les hommes – au deuxième acte il faut l’équivalent de dix Basilio extraterrestres pour pouvoir exécuter les manèges supersoniques …

Un triomphe, et une œuvre que je ne suis pas près d’oublier. Hâte de la revoir ! A priori pas de streaming prévu, je n’ai pas vu de caméras dans la salle. Peut-être pour la reprise dans une saison ou deux ?


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haydn
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Messages: 26616

MessagePosté le: Lun Déc 02, 2024 4:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci paco Smile

Pour ma part, j'ai toujours plutôt apprécié les créations de Wayne McGregor, même si le chorégraphe me donne parfois un peu d'urticaire avec certaines déclarations "bien pensantes". En tous cas, sur le plan artistique, je trouve cela plutôt intéressant et beau visuellement. En revanche, c'est assez violent physiquement pour les danseurs. Mais peut-être pas pire que du McMillan...



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paco



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MessagePosté le: Lun Déc 02, 2024 6:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Merci paco :)Mais peut-être pas pire que du McMillan...

C'est exactement ce que je me suis dit avec Maddadam. Il y a même des citations de Manon au premier acte !


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Ballerina



Inscrit le: 01 Juin 2016
Messages: 1666

MessagePosté le: Lun Déc 02, 2024 8:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Paco pour cet alléchant résumé et vos impressions enthousiastes.
J'aimerai vraiment voir cette œuvre.


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chien en peluche



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MessagePosté le: Mar Déc 03, 2024 3:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, paco, pour votre compte-rendu. C'est toujours un grand plaisir de vous lire. En attendant la retransmission dans la salle de cinéma qui, peut-être, aura lieu au moment de la reprise, j'ai trouvé ceci : https://www.youtube.com/watch?v=mIf2OJur_Cg (Insights : MADDADDAM : le chorégraphe, Sissens, Kaneko et Bracewell)
Il m'était difficile de tout comprendre en anglais. Est-ce que c'est uniquement le roman éponyme qui avait inspiré le chorégrpahe, ou l'ensemble de la trilogie de la romancière? Je ne connaissais pas cette auteure, j'ai un peu navigué sur internet hier soir tout de suite après avoir lu le compte-rendu de paco. La traduction en japonais existe pour tous les trois, mais pas de livre de poche pour aucun, forcément ça coûtera cher. J'ai fait aussi la recherche sur le site de la bibliothèque où je fréquente, mais il n'y a que la traduction en japonais de The Year of the Flood. Il ne m'est pas impossible de demander d'acquérir Maddaddam à la bibiliothèque en question. Ou est-il mieux de demander à la fois le premier roman de la trilogie Oryx and Crake? (Mais pour celui-ci, je n'ai pas encore confirmé s'il n'est pas épuisé.) Ou encore, l'anglais de cette écrivaine est-il difficile? (Je n'ai normalement pas de problèmes si nos amis sur ce forum écrivent leurs messages en angalis, sauf le long message de Mme Kanter pour lequel j'ai de temps en temps besoin du dictionnaire anglo-japonais.)
Merci par avance.


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paco



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Messages: 3610

MessagePosté le: Mar Déc 10, 2024 11:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

chien en peluche a écrit:
Est-ce que c'est uniquement le roman éponyme qui avait inspiré le chorégrpahe, ou l'ensemble de la trilogie de la romancière?

C'est la trilogie


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chien en peluche



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MessagePosté le: Mar Déc 10, 2024 11:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

paco a écrit:
chien en peluche a écrit:
Est-ce que c'est uniquement le roman éponyme qui avait inspiré le chorégrpahe, ou l'ensemble de la trilogie de la romancière?

C'est la trilogie

Merci, paco Very Happy
En ce cas-là, j'aimerais bien lire toutes les trois oeuvres. J'essyerai d'acquérir d'abord Oryx and Crake.
p.s. Malheureusement, la traduction en japonais de Oryx and Crake a été déjà épuisée, pas d'exemplaires d'occasion non plus pour le moment sur à peu près tous les sites des livres d'occasions. Je recourirai donc à l'emprunt inter-bibiliothèques. J'ai trouvé d'autre part un article sur ce roman écrit en japonais. Pour comprendre l'univers fictif de la trilogie et l'imaginaire de la romancière qui a inspiré le chorégraphe, cet article me sera utile, je l'espère, ainsi que deux autres romans de la trilogie, même si Oryx and Crake ne tombait dans mes mains. Après avoir vu en DVD Woolf Works et The Dante Project, son choix parmi des oeuvres littéraires du monde entier, à l'occasion de sa création, me semble très intéressant au point de vue de son rapport avec les caractéristiques de sa chorégraphie. C'est pour cette raison que je m'intéresse à la trilogie de Margaret Atwood. Par bonheur, je n'aurai pas si facilement une occasion de voir, même en retransmission en différé, Maddaddam de McGregor. Ainsi aurai-je encore beaucoup de temps à préparer le jour X😊


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paco



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MessagePosté le: Sam Déc 14, 2024 12:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

Melissa Hamilton (35 ans mais une fraîcheur technique de dix ans de moins !) a été nommée Principal.

Je n'ai pas trop d'avis sur la question. A mon sens elle est une superbe danseuse, dotée d'un charisme évident. Plus néo-classique que purement classique (en comparaison par exemple d'une Fumi Kaneko ou d'une Yasmine Naghdi), mais c'est un avis personnel. Il est vrai aussi qu'au RB elle est surtout distribuée dans McMillan, Wheeldon, McGregor, et je ne crois pas qu'elle y ait dansé des rôles plus "classiques" comme Giselle par exemple.
En plus grande taille, elle me fait parfois penser à Sylvie Guillem, en termes d'élasticité du corps, de facilité d'exécution des six o-clock, de virtuosité et de charisme.

Elle est surtout depuis plusieurs saisons une partenaire fréquente de Roberto Bolle dans les shows que ce dernier organise (les Roberto Bolle & Friends), notamment ses shows annuels sur Rai Uno en janvier. Mr Bolle n'a jamais caché son admiration pour cette remarquable artiste, et les liens professionnels très solides que celui-ci entretient avec le Royal Ballet et son directeur, Kevin O'Hare, ont probablement fini par rendre cette promotion évidente (ou plus exactement, le fait qu'elle ne soit pas encore Principal devenait un peu absurde ...).

Elle est aussi très appréciée de Wayne McGregor, qui la distribue dans toutes ses créations full-length.

Les nominations en cours de saison sont rares. Mais en l'occurrence Lauren Cuthbertson a annoncé en début de saison son changement de statut de Principal à Guest Principal (ce qu'était par exemple Alessandra Ferri en fin de carrière avant de quitter définitivement la compagnie pour prendre la direction du Staatsballett de Vienne, et ce qu'est toujours Roberto Bolle au Royal Ballet), ce qui, j'imagine, budgétairement ouvrait une place pour une nouvelle titulaire ?

L'équation budgétaire est compliquée pour Kevin O'Hare, car il y a actuellement toute une génération de Principals femmes qui a largement dépassé les 40 ans (Marianela Nunez, Sarah Lamb ...) mais qui a toujours la fraîcheur, la solidité technique et la joie de danser de trentenaires : il n'y a aucune raison qu'elles s'arrêtent demain, d'autant que ce sont de vraies stars qui assurent le remplissage au box office. Mais parallèlement il y a toute une nouvelle génération talentueuse qui pousse pour occuper les places de First Soloists puis Principals (Viola Pantuso, Sae Maeda, etc.). De fait, ça se bouscule pour les promotions dans un contexte de places disponibles quasiment gelé. C'est compliqué et je n'aimerais pas être à la place de "KOH"...


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