Don Quichotte - du 21 mars au 24 avril 2024

[Enya]

Cher Haydn, je suis très contente de voir le retour de votre compte-rendu d’un spectacle qui est absent depuis trop longtemps.

Je suis contente aussi de savoir que Pablo Legasa achevait un excellent Basile, notamment ses portés à une main (car j’avais un peu de soucis pour son énergie et sa capacité pour les portés, il était trop maigre avant, malgré il est un danseur exceptionnel). En surmontant ces obstacles des portés, j’espère que le chemin vers étoile pour lui est à la portée de la main.

Depuis la dernière tournée de l’ONP en Chine en 2019, beaucoup de choses ont changé, il y a trop de nouveaux visages (ou de nouveaux noms) chez la compagnie que je ne les sais pas, une nouvelle génération à découvrir...

[paco]

C'est intéressant votre remarque sur l'orchestre, Haydn. J'ai toujours été frustré que l'ONP, qui dispose d'un des meilleurs orchestres qui soit, "sous-traite" la majorité des spectacles de ballets à des orchestres de qualité très inférieure.

Ailleurs ce n'est pas le cas. Or, entendre Giselle par l'Orchestre de la Scala, Romeo & Juliet par l'orchestre du ROH ou Sleeping Beauty par un des fabuleux orchestre hollandais au Dutch National Ballet, est un luxe dont je ne me lasse jamais !
Je me souviens aussi d'un Lac des Cygnes au ROH par l'Orchestre du Mariinsky dans le cadre d'une tournée, c'était à se pâmer...

D'ailleurs j'avoue qu'il m'arrive d'aller voir un ballet à Amsterdam rien que pour l'orchestre, quand bien même je devine par avance que le corps de ballet n'atteindra jamais les cimes de ce que je vois au RB.

Je verrai DQ à Bastille demain soir, et me réjouis par avance du régal musical auquel je vais assister (et compte tenu de la distribution je me doute que ce sera aussi un régal côté danse

[Gimi]

À noter que sur son site, l’Opéra a modifié (a posteriori) la distribution du 13 avril .

[Sun]

Bonjour,

Je n'écris presque plus sur ce forum mais comme je viens de voir à la fois Don Quichotte et le Spectacle de l'Ecole de Danse, je me suis dit que c'était l'occasion de partager mon avis.

J'ai vu Don Quichotte vendredi 12 mai avec Hannah O'Neil et Hugo Marchand.

Don Quichotte est un ballet que j'ai adoré regardé en DVD des dizaines de fois durant mon adolescence avec Aurélie Dupont et Manuel Legris, puis sur diverses captations de compagnies diffèrentes...c'était la première fois que je voyais ce ballet "en direct".

L'ensemble de la production tient encore bien la route, sauf le prologue qui parait extrêmement vieillot. L'acte des dryades me parait très pauvre chorégraphiquement à côté des "ombres", des "cygnes" ou des "wilis".

En ce qui concerne les danseurs, si je devais résumer la soirée en deux mots, ce serait propre mais sans panache.

Nous avons été assez déçu par les rôles principaux, réputés fort techniquement tous les deux. En particulier, Hugo Marchand a eu beaucoup de déséquilibres, de tours désaxés, des réceptions approximatives. Coté jeu, il n'était pas très convainquant non plus. J'ai trouvé qu'il a incarné un personnage un peu trop en surface, "je suis le beau gosse du village et je le sais". Peut-être n'était-il pas dans un grand soir. J'ai appris, après avoir vu le spectacle, que c'était son premier grand rôle depuis ses problèmes de santé/blessures récents.

Hannah O'Neil a assuré tout ce qu'elle devait faire mais sans grand brio. Ce n'était vraiment pas "fou" comme on dit. Propre mais pas wahh (ce qu'à mon sens on attend d'Etoiles, surtout quand on a seulement la chance d'aller à l'Opéra tous les 4-5 ans, n'habitant pas en France). Les équilibres en attitude à la fin du 3ème acte était tenu à 45 degrés, jambe vraiment basse. Petite frayeur au milieu des fouettés même si elle les a finis avec 3 ou 4 pirouettes. Grand jeté pas complètement à 180 degrés. Cela faisait plus bonne danseuse qu'Etoile. Côté jeu, elle était en revanche très très bien, on la suit, c'est crédible, elle m'a même fait rire, c'est une très belle et bonne actrice.

Au niveau des rôles secondaires, Camille Bon était une reine des dryades très propre. Mais elle faisait un peu scolaire et manquait d'aura pour un rôle qui demande autorité et respect. Bianca Scudamore était charmante en demoiselle d'honneur mais à nouveau sans plus non plus, pas de quoi retourner à la maison avec des images plein la tête en se disant "c'était super". Et pourtant j'étais impatiente de la voir car il me semblait qu'elle rayonnait beaucoup à ses débuts dans la compagnie.

En revanche, les deux amis de Kitri étaient top! Célia Drouy en particulier et Katherine Higgings. Pout le coup du panache, de la malice, beaucoup de complicité. Assurance technique avec un jeu de charme parfait. Mon amie et moi avons trouvé qu'elles avaient ce brio et cette audace qui manquait justement aux autres interprètes des rôles. Un bonheur.

Pour le coup, je ressors un peu déçue de la soirée. Je m'attendais à mieux. Je m'attendais à ressortir avec le sourire et des images plein la tête. C'est dommage car la Maison est Belle, Gargantuesque même en terme de possibilités (décors, costumes, vivier de danseurs) mais il m'y a manqué beaucoup d'âmes, de personnalités, de dévotion artistique.

En voyant le spectacle de l'Ecole de Danse le lendemain avec tous ces jeunes danseurs s'exprimer sur scène avec avidité et charisme, je me suis demandé où était passé toute cette fougue? Pourquoi l'Opéra de Paris n'arrive pas à cultiver les personnalités, qu'il n'y a aucune raison qu'elle n'ait pas, à l'instar de compagnies comme le Royal Ballet, Hamburg Ballet etc... Tout est là mais on dirait que tout est sclérosé. Il y a bien des personnalités mais à mon sens ce n'est amplement pas suffisant pour une compagnie de ce prestige.

Ou alors, encore une fois, ce n'était pas le soir...

J'y retournerais pour ne pas rester sur cette impression, avec l'espoir que la prochaine soirée marquera mon esprit.

[fandorine]

[paco]

Motivé par le projet artistique de José Martinez, je reprends progressivement le chemin du Ballet de l’ONP après l’avoir délaissé pendant plusieurs saisons, même si je me doute bien que l’empreinte de son mandat ne sera perceptible qu’après une saison ou deux

A dire vrai le Don Quichotte de ce mardi soir, dont j’attendais beaucoup, m’a laissé sur ma faim. Tout à fait en phase avec les impressions de Sun ci-dessus.

En cause, la production qui n’a plus rien à voir avec celle d’origine à Garnier, ni même avec les reprises à Bastille d’il y a une décennie. Eclairages minimalistes, tristounes, reléguant des danseurs dans la pénombre au moment où il faudrait au contraire les valoriser. Véritable flop à cet égard fut la danse des gitans au 2e acte, pourtant bien dansée et généralement un moment euphorisant, mais ce soir il était difficile d’être captivé par des danseurs à peine visibles dans la pénombre, sans le moindre éclairage pour faire briller le groupe. Pareil pour le dernier tableau du 3e acte, habituellement flamboyant, ici plombé par une sorte de crépuscule qui atténue beaucoup trop l’esprit festif de ce moment.
Il existe pourtant des vidéos de la production (il suffit de taper Don Quichotte + Guillem + Le Riche sur Youtube), j’imagine donc que ce parti pris est purement économique et n’a rien à voir avec l’artistique. C’est dommage car l’œuvre y perd beaucoup en flamboyance et brio.

Au chapitre des bonnes surprises, j’ai été épaté par les progrès considérables accomplis par le corps de ballet, pour une fois parfaitement synchronisé, avec des alignements parfaits (notamment dans la scène des Dryades, mais aussi dans les scènes de divertissement). Il y avait longtemps que je n’avais pas vu le Ballet de l’ONP aussi bien préparé et dansant avec autant d’harmonie. J’imagine que ceci est à mettre au crédit de Sabrina Mallem, en tous cas c’est une bonne nouvelle pour aborder l’orientation plus classique de la programmation de l’ONP les prochaines saisons !

La production un peu tristoune n’a, à mon goût, malheureusement pas été compensée par la danse. Une danse de qualité, mais trop sage à mon goût pour une œuvre comme Don Quichotte. En comparaison du grain de folie et d’excitation permanente qui règne dans les représentations du Don Quichotte du Bolshoi (quand il venait en résidence d’été au ROH) et de celui du Royal Ballet, cette représentation de mardi m’a semblé un peu appliquée, sans brio.

Hugo Marchand, dont je suis un fan absolu, a démarré avec flamboyance, campant bien le personnage de Basilio (mais sans porté à une main, étrange quand on pense à sa technique superlative). Son PDD du 2e acte était doux et subtil à souhait. Mais sans que je sache pourquoi il a montré une certaine fatigue dans le PDD du dernier acte, bien propre mais sans souffle ni virtuosité, du moins en comparaison de ceux que j’ai pu voir ces dernières années (les Muntagirov et autres Sambé, sans même parler de Tsvirko lors de la dernière tournée du Bolshoi à Londres).

Hannah O’Neill danse magnifiquement et maîtrise de façon évidente sa Kitri, dont elle dessine bien les contours du personnage. Mais là aussi, les fouettés impeccables du PDD, d’une propreté académique irréprochable, manquaient totalement du feu et du brio que l’on attend dans ce tableau festif. Don Quichotte n’est pas la Belle au bois dormant ...

Sortant d'une série de DQ flamboyants au RB cet automne, j'ai eu ici l'impression de ne pas être sur une même planète, c'était sage, académique, mais pas à la hauteur du prestige d'une compagnie comme l'ONP. Même les Basilio et Kitri de moindre envergure du RB, face à qui je fais la fine bouche, étaient plus flamboyants que ce que j'ai vu ce soir.

L’orchestre a joué magnifiquement, mais comme souvent à l’ONP les tempi étaient bien trop lents pour un Don Quichotte, qui doit au contraire être un moment d’explosion de vie. En ce sens cela n’a sans doute pas aidé le plateau, resté dans une sagesse assez frustrante. Une danse propre, mais à mon sens hors sujet. D’aucuns rejetteront cette lenteur sur la chorégraphie diaboliquement difficile de Noureyev. Mais il suffit de regarder la vidéo de la Scala, dans cette même chorégraphie, avec Osipova et Sarafanov pour constater que cette même production peut être jouée avec davantage d’excitation.

Ceci étant j’ai passé une bonne soirée et je me réjouis de l’orientation que prend l’ONP, notamment quand je vois la forme actuelle du corps de ballet, qui est de bon augure pour la suite.

[Kao]

Concernant Hannah O'Neill, je me pose deux questions, vu ce que vous avez vécu, par rapport à ce que j'ai vu quand elle dansait avec Germain Louvet (qui était étonnant de présence et de technique stratosphérique !) :
N'a t'elle pas eu plus de facilités à danser avec Germain Louvet? Car elle avait une confiance, un don à l'autre très émouvant. Ça n'était pas le Don Quichotte "de la frime", mais ils avaient construit une très jolie histoire.

N'a t-elle pas beaucoup dansé ? Et avec beaucoup de partenaires ? ( Elle a dû faire une dizaine de dates avec 3 partenaires différents ?)

[paco]

[Jonquille]

Des nouvelles du front : Léonore Baulac est remplacée par Valentine Colasante auprès de Guillaume Diop. Pablo Legasa est blessé et est remplacé par Thomas Docquir aux côtés d'Héloïse Bourdon ce soir...

Si Gimi a le courage de modifier de nouveau son tableau... Mieux vaut peut-être le faire le 24 avril au soir. :)

[Gimi]

[Jonquille]

Et le 24 avril il n'y a pas d'Espada. Il va aussi falloir remplacer Pablo Legasa dans ce rôle...

[Gimi]

Pour l’instant, le 24 avril, dans Espada, j’ai Mathieu CONTAT, remplaçant d’Arthus RAVEAU depuis le 15/4/2024 - may be.

[Jonquille]

Ah oui, j'avais mal lu le fameux menu déroulant qui n'était pas entièrement déroulé... :oops:

[Gimi]

[haydn]

Et voilà le fameux tableau maousse de Gimi :

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