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Soirée Bel/Millepied/Robbins [05-20/02/2016]-Adieux B. Pech
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CatherineS



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Messages: 1487

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 11:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

Benjamin Pech était un danseur que j'appréciais au plus haut point. Il était élégant, musical et avait un sens de l'interprétation unique. Son interprétation était unique et personnelle. Dommage qu'il ait été nommé si tard et ai du souffrir de sa non-nomination le soir de la nomination de Laetitia Pujol. Je suis sûre qu'il aurait été nommé en 2002, il aurait été une des plus grandes étoiles de l'Opéra. En tout cas, je me souviendrai de ses prestations dans les grands classiques ou de son Frédéri, sans oublier son Clavigo !
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sophia



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Messages: 22085

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 12:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Une autre interview, par Dominique Simonnet, sur le site de l'Opéra.

En revanche, pourquoi dit-il que l'Opéra est "la seule compagnie au monde à cultiver cette tradition [celle de l'Etoile] et cette composition du Ballet : Quadrille, Coryphée, Sujet, Premier danseur, Étoile? Les appellations peuvent varier, mais sur le fond, c'est inexact.


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Bernard45



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Localisation: Orléans

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 12:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En septembre 2013, il m'a fasciné dans le rôle d'Armand dans la Dame aux Camélias, en compagnie d'Abbagnato et Ould-Braham.

Souhaitons qu'il reste à l'ONP afin de transmettre le répertoire.


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chien en peluche



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Messages: 1873

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 7:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Benjamin Pech est un des danseurs étoiles qui me sont les plus familiers. Je l'ai beaucoup vu danser sur scène soit à Paris soit au Japon. Il est vraiment dommage que je ne sois pas à Paris ce soir. Espérons qu'il restera à l'ONP pour la transmission du répertoire. Pour le moment, j'attends sagement ce que vous posterez après ses adieux, belles photos, quelques messages plein d'émotions etc.


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JMJ



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Messages: 675

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 8:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
Reportage d'I-Télé sur les adieux de Benjamin Pech (qui, au passage, a la décence de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain...).


on y dit que le prix des places commence à baisser. Ce n'est pas ce que j'avais compris.


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EmmaHK



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Localisation: Hong Kong

MessagePosté le: Sam Fév 20, 2016 10:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Plus revenue à l'ONP depuis 2002 et un autre Robbins, The cage, j'ai assisté à la représentation du 18 et j'en suis ressortie avec la même impression globale que Rodolphe.

"Uppercut émotionnel" est le mot qu'a eu la proche qui m'accompagnait pour résumer la pièce de Jérome Bel. Touchées par la présentation (et la voix, un peu à la Daniel Auteuil) de Grégory Gaillard, puis par la Giselle de Sébastien  Bertaud et de sa partenaire, nous avons été émues aux larmes par le duo de Benjamin Pech et Sylviane Milley, petit oiseau fragile au regard éperdu.

Non ce n'est pas de la danse, non Bel n'est pas un chorégraphe, non le risque d'auto complaisance émotionnelle n'est pas écarté, notamment du point de vue du spectateur chez qui la pièce éveille des résonances personnelles, et non, ce genre de pièce ne pourrait être programmé régulièrement sans risquer de tomber dans le démonstratif moralisateur.
Et pourtant sa rareté fait de cette démarche une merveilleuse proposition incongrue. Nous n'y avons perçu aucun voyeurisme, mais nous avons trouvé une bienveillance et une tendresse presque douloureuse dans le regard du beau Benjamin que nous n'oublierons pas de sitôt. Bravo au trio Millepied / Bel / Pech pour cette initiative.

Je ne peux malheureusement en dire autant de "La nuit s'achève", saluée par des ovations qui nous ont franchement surprises tant la pièce nous a fait l'effet d'une banalité néo classique léchée de plus, où ni l'originalité chorégraphique ni l'émotion n'étaient au rendez vous. Quant à la chemise blanche portée dans la seconde partie par Laetizia Galloni, cheveux lâchés, l'évocation du Parc était si flagrante qu'elle invitait fatalement à la comparaison ironique: comment Alessandro Sartori le costumier n'en a t'il pas été averti? 

 Les monumentales Variations Goldberg de Jerome Robbins, ouvertes en costume baroque (très joli tableau) puis refermées en justaucorps par Katherine Higgins et Cyril Chokroun, pêchent malgré leur indéniable beauté par leur extrême longueur -une heure vingt-, surtout dans la première partie.  Mélanie Hurel fine et précise y remplaçait Muriel Zusperreguy initialement programmée, et l'on y distinguait également Charline Giezendanner et Heloïse Bourdon.
Cependant des quatre premières danseuses sur le plateau ce soir là -Léonore Baulac et Hannah O'Neill officiant dans la deuxième partie- c'est de loin Valentine Colasante au beau bas de jambe, superbe et à l'énergie très américaine qui m'aura le plus impressionnée, me rappelant Lourdes Lopez, ex principal du NYCB. Quelle présence!

Mais l'étoile, la vraie, de par son titre et naturellement, était Myriam Ould-Braham, absolument magnifique au bras de Mathias Heymann dans la deuxième partie, avec un petit côté fille mal gardée dans les pliés seconde rustiques et ce physique de Belle à laquelle on enverrait immédiatement un prince offrir une rose. Et quels fouettés ciselés. Il reste encore du chemin à parcourir aux deux muses de Benjamin Millepied qui l'entouraient, aussi douées soient-elles, pour parvenir à ce niveau de raffinement.

Une soirée contrastée donc, très (trop?) longue, mais extrêmement intéressante...


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 21, 2016 12:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci EmmaHK, je reviendrai aussi sur cette soirée, mais j'avoue - alors que j'avais défendu sa Véronique Doisneau, je ne partage pas votre enthousiasme pour Tombe, de Jérôme Bel.


En attendant, quelques souvenirs de la soirée d'adieux de Benjamin Pech. Il y avait pas mal d'étoiles sur scène, notamment Laura Hecquet, Dorothée Gilbert, Eleonora Abbagnato, Hervé Moreau, Mathieu Ganio, Clairemarie Osta et aussi Elisabeth Maurin, vieille complice de Benjamin Pech (avec qui elle avait dansé un Roméo et Juliette mémorable pour ses propres adieux à la scène). Benjamin Millepied était aussi là, tout comme Aurélie Dupont, qui est toutefois restée dans la salle et n'est pas montée sur le plateau.



















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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 21, 2016 12:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne vais évidemment pas me lancer dans une longue critique de la prestation de Benjamin Pech, qui n'aurait aucun sens s'agissant d'une soirée d'adieux. Deux remarques tout de même. On aurait pu, pour un événement tout de même festif, retenir un programme un peu moins austère - pour ne pas dire carrément sinistre. Une étoile, pour son ultime représentation, aurait mérité davantage de faste et de glamour. Autre regret : pas de Roland Petit à l'affiche, alors que Benjamin Pech fut quand même l'un des interprètes préférés du chorégraphe à l'Opéra de Paris. L'état de santé de Benjamin Pech interdisait sans doute une apparition en Frédéri (L'Arlésienne), mais un extrait de Clavigo, voire l'intégralité du Loup auraient peut-être été envisageables.

La soirée s'ouvrait sur l'ultra-politiquement correct Tombe de Jérôme Bel, qui alignait les poncifs sur la "diversité", les handicapés, les vieux.

Niaiserie, avec la "caissière" noire Henda Traoré, qu'on fait jouer les fausses ingénues découvrant l'Opéra (et qui passe de fait pour une nunuche, un comble alors que l'objectif visé était un "antiracisme" d'affichage), voyeurisme malsain avec la séquence filmé de la vieille dame balletomane (en fait, une critique qui écrivait dans le magazine Danse, ex-Danse-Conservatoire, pas vraiment une anonyme choisie au hasard donc).

Mais le plus dérangeant était à mon sens la Giselle en fauteuil roulant de Sandra Escudé. Sandra Escudé est une jolie jeune femme, qui pratique l'équitation à niveau professionnel, et qui n'est pas non plus une "newbie" dans le domaine de la danse, puisqu'elle fait partie d'une compagnie qui regroupe des artistes handicapés et valides ( http://compagnietatoo.wix.com/danse#! ). D'ailleurs, ses bras en couronne, ses ports de tête trahissaient sa bonne connaissance de l'art chorégraphique. Et lorsqu'elle se tenait debout, sur sa jambe unique, on ne voyait plus en elle que la danseuse, et une Giselle parfaitement crédible. Alors pourquoi, avec ce fauteuil roulant ostentatoire, la ramener systématiquement à son "statut" de "handicapée"? N'eût-il pas été plus judicieux de créer pour elle une chorégraphie spécifique - et pourquoi pas basée effectivement sur un fragment de ballet romantique tel Giselle ou La Syphide, pour lui permettre de prouver que tout en étant privée de l'usage d'une jambe, Sandra Escudé était tout à fait à même d'incarner la poésie, le rêve, la beauté. Car c'est bien cela, la danse.

C'est un peu - mutatis mutandis - ce qu'avait fait Benjamin Millepied avec la "danse des négrillons" de La Bayadère, où tous les petits rats furent blanchis d'autorité (alors que pour eux le maquillage intégral était toujours une source d'amusement), à l'exception d'un jeune noir, qui se voyait bien malgré lui renvoyé à sa supposée "différence". Un comble alors qu'il s'agissait a priori de brandir au vent l'étendard de la lutte contre les discriminations.

In The Night, que les habitués de l'Opéra de Paris connaissent bien, était l'occasion pour Benjamin Pech de s'exercer une dernière fois sur la scène de l'Opéra Garnier à l'art des pas - presque - classique. Il était bien entouré par Dorothée Gilbert, Laura Hecquet, Eleonora Abbagnato et surtout Mathieu Ganio et Hervé Moreau, d'une remarquable élégance. Seul manquait l'humour un peu distancié d'une Agnès Letestu, qui savait ici si bien arborer un air de grande bourgeoise un tantinet désinvolte et égrillarde.

On se serait en revanche fort bien passé des Variations Goldberg : un vrai pensum commis ici par Robbins, qui s'octroie - à son corps défendant - le rôle du vieux Johannes Kreisler des Contes d'Hoffmann, faisant fuir les invités du Conseiller Röderlein - qui ne demandaient qu'à se divertir - en leur assénant de force les trente-deux variations de Bach (Kreisler se vengeait ainsi d'avoir été obligé de jouer les amuseurs alors qu'il ne pensait qu'à travailler à la composition de sa nouvelle sonate, un épisode que Robert Schumann a traduit en musique dans ses Kreisleriana, justement).

Les Variations Goldberg font étalage de virtuosité et de technique des jambes et du bas du corps. De ce point de vue, c'est un ouvrage qui sied parfaitement aux danseurs de l'Opéra de Paris. Parmi les solistes principaux, Myriam Ould-Braham et Mathieu Ganio se sont montrés particulièrement brillants. Chez les comparses, on notait également de belles prestations : Mélanie Hurel, qui, à l'approche de son départ, ne cesse de rajeunir, Héloïse Bourdon, Fabien Révillon, Florimond Lorieux - superbe -, Antonio Conforti ou encore l'excellent Paul Marque, héros du dernier concours de promotion.

Laure-Adélaïde Boucaud et Bruno Bouché ont eux aussi formé un joli couple de maîtres de cérémonie, chargés d'ouvrir et de refermer le bal.

Malheureusement, les Variations Goldberg trainent en longueur, et Robbins bavarde, se répète et finit par ennuyer profondément avec cette resucée trop délayée de Dances at a gathering. On est trop souvent dans le gentillet, le mièvre, la bluette, et seuls les ensembles aux relents balanchiniens, viennent rompre la monotonie générée par des adages si lents qu'on a l'impression que le clavier est tenu par quelque Cortot abruti au lexomil. Cela dit, la pianiste Simone Dinnerstein n'a certainement pas eu de latitude en matière de tempi, et a dû se conformer à la conception très romantisée qu'a Robbins de l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Chopin l'inspirait manifestement davantage.

La soirée s'est achevée sur le "Pas de deux du baiser" du Parc, d'Angelin Preljocaj - "immortalisé" par... Benjamin Millepied dans une publicité pour une compagnie aérienne -, dansé avec fougue et passion par Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech, de retour une ultime fois sur le plateau. Là, la musique était enregistrée, mais au moins, l'interprétation (non précisée) ne traînait pas en longueur.

M. Pech, entouré de nombreuses étoiles, a ensuite pris congé du public de manière sobre et digne. On remarquait la présence, mentionnée dans un précédent commentaire, d'Elisabeth Maurin, avec qui le désormais retraité nous avait légué un superbe Roméo et Juliette à l'Opéra Bastille. Parmi les grands souvenirs que je garderai personnellement de Benjamin Pech, il y a aussi une magnifique Sylphide, en 2004, à l'Opéra Garnier, avec Delphine Moussin. Aucun des deux artistes n'était à l'époque étoile. Pour les amateurs d'archéologie dansomaniaque, j'écrivais alors :

Citation:
Je reviens d'une représentation fabuleuse de la Sylphide. Avec Benjamin Pech et Delphine Moussin, nous avions véritablement deux étoiles sur scène, émouvantes jusqu'au larmes. Ce qui est extravagant, c'est que pour ces deux danseurs, il s'agissait d'une prise de rôle (Mme Moussin n'avait jusqu'à présent dansé qu'Effie), alors qu'ils forment manifestement LA distribution idéale pour cet ouvrage. La technique de Benjamin Pech outrepasse tous les superlatifs, et relègue toute "concurrence" à des années-lumière. Et M. Pech domine tellement sa technique, qu'il s'affranchit totalement des contraintes terribles qu'elle impose, et peut se consacrer tout entier à l'interprétation, à la caractérisation de James, qui devient enfin un personnage de chair et de sang. Rien de commun avec la première, où cette Sylphide fut surtout une succession laborieuse de "pièces de concours". Au vu de sa prestation de ce soir, on se dit que Benjamin Pech aurait sûrement mérité la récompense suprême qui lui a été jusqu'à présent refusée.


http://www.forum-dansomanie.net/forum/viewtopic.php?t=258&start=30

(Qu'on me pardonnera le style assez pompeux et maladroit, c'était dans les tous premiers mois d'existence de Dansomanie, mais j'écrivais sincèrement, sous le coup de l'émotion).



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Oriane



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MessagePosté le: Dim Fév 21, 2016 2:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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Dernière édition par Oriane le Lun Fév 22, 2016 3:34 pm; édité 1 fois
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Messages: 577

MessagePosté le: Dim Fév 21, 2016 9:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

TF1 a diffusé un reportage sur les adieux de Benjamin Pech lors de son JT ce soir (à partir de 38:00).
http://lci.tf1.fr/jt-we/videos/2016/le-20-heures-du-21-fevrier-2016-8717133.html


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22085

MessagePosté le: Lun Fév 22, 2016 1:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le lien direct : http://lci.tf1.fr/jt-we/videos/2016/benjamin-pech-dit-adieu-a-l-opera-de-paris-mais-pas-a-la-danse-8717993.html

J'ai découvert ce mixed bill à l'occasion des adieux de Benjamin Pech. Des adieux sympathiques et sans chichis pour une étoile peu médiatisée, venant clôturer une looooongue soirée dont il faut quand même souligner le caractère outrageusement déséquilibré.

Sur Tombe, je dois dire que je suis globalement d'accord avec Haydn. Le premier tableau m'a particulièrement exaspérée par sa démagogie et son ton paternaliste. Le malaise dominait en revanche devant le voyeurisme, presque indécent, du dernier tableau : la vieille dame balletomane, immuablement placée au premier rang de l'orchestre, réalise peut-être là son rêve secret - s'unir à ceux qui l'ont fait rêver depuis l'enfance - mais la vidéo laisse deviner qu'elle est déjà partie. On se demande du reste si le propos qui le justifie est vraiment sincère. La vidéo, tellement "parfaite", n'était-elle pas pensée d'avance comme élément de la mise en scène? Reste un plaisir unique, celui de découvrir, avec des yeux d'enfant, le merveilleux décor de Giselle d'après Benois, débarrassé de l'illusion théâtrale, et ces quelques minutes du génie de Perrot ressuscitées par Sébastien Bertaud. "Je dis ça, je dis rien", car il me semble néanmoins que la question n'est pas d'aimer ou de détester cette oeuvre. Nous savons tous ici à quoi nous attendre, plus ou moins, avec Jérôme Bel : non pas à un spectacle de danse, mais à une performance sur/autour de la danse - un méta-discours en quelque sorte, qui suscitera les gloses sans fin de khâgneux frustrés. Jérôme Bel nous prend par le pathos - un procédé systématique chez lui - et l'on y adhère ou pas. En revanche, la question se pose bel et bien de la place et de la légitimité de ce travail à l'Opéra, dans le cadre d'une soirée mixte ordinaire, au contenu déjà pointu. Mes voisins, spectateurs lambda, ni néophytes ni spécialistes, ni réac ni pas réac, étaient simplement consternés de ce qu'on leur offrait (et ils étaient d'autant plus déçus quand on leur a appris qu'il n'y aurait pas le Millepied, qui a au moins le mérite de donner à manger aux danseurs et au public) et je pense que ce sentiment, beaucoup le partageaient dans la salle. Je ne suis pas par principe opposée à des spectacles différents ou marginaux et il ne s'agit pas non plus de tomber dans une autre démagogie - celle consistant à ne programmer que du blockbuster "qui plaît au public" (qui n'est jamais qu'un certain public) - mais dans Tombe, j'entends malgré moi sourdre ce propos moralisateur, que je trouve à la fois extrêmement déplaisant et d'une arrogance folle : "si vous n'adhérez pas, c'est que vous n'êtes qu'un affreux réac (voire un sans coeur)". Les huées perçant (plus ou moins selon les soirs, j'imagine) sous les applaudissements font de toute façon partie intégrante du spectacle et bien naïf est celui qui s'en offusque.

Tout est millimétré dans In the Night, qui souffrait à mon sens d'un certain manque de répétition (et d'une exécution pianistique malheureusement bien scolaire). On y a toutefois apprécié l'élégance minérale du second couple formé de Laura Hecquet et Mathieu Ganio (malgré une malencontreuse chute de pointes de la danseuse qui a un peu terni la fin du pas), plein de promesses pour une future reprise.

Même pas une heure de danse et déjà un deuxième entracte avant l'épreuve olympique - le marathon - des Variations Goldberg. Plaisir pour les danseurs, je ne sais, plaisir mitigé tout de même pour le spectateur, tant l'oeuvre paraît interminable (et comme disait je ne sais plus qui : "le plus dur, c'est sur la fin..."). Outre sa longueur, qui tient moins du bavardage que du défi (aller au bout de ces 32 satanées variations), cette pièce peut susciter quelques autres réticences. Son charme est quand même très calculé (jusqu'aux merveilleux costumes néo-baroques qui font un adorable bouquet final), tout comme sa fraîcheur - qui paraîtra sans nul doute vieillerie à certains. Robbins y accumule les tics et tend à s'y pasticher lui-même, au point que parfois vient à l'esprit le "Yes, Virginia, Another Piano Ballet" des Trocks. Les pas de deux "d'étoiles" en apparaissent du reste, en fin de course, comme la partie la moins intéressante. Malgré un certain nombre de réticences donc, cette oeuvre se laisse apprécier, d'une part parce qu'elle parvient à tirer quelque chose d'extraordinairement musical d'une musique absolument pas faite pour la danse, et, d'autre part, parce qu'elle est extrêmement bien dansée (je vais éviter le name-dropping, mais c'est vrai, Ould-Braham est une révélation dans ce registre - son partenaire un peu moins -, tout comme Marque, Lorieux, O'Neill, Bourdon...) et se prête idéalement aux qualités des danseurs de la compagnie. Pour cette entrée au répertoire et pour une reprise - un jour - donc.

On avouera après cela que la brièveté du duo aérien du Parc, mené avec fougue et passion (surtout de la part de madame) par deux vieux complices réunis pour un ultime tour de piste, aura été la bienvenue.


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juthri



Inscrit le: 31 Mar 2015
Messages: 65

MessagePosté le: Lun Fév 29, 2016 4:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'espère qu'il n'est pas trop tard pour rebondir sur le post de Sophia mais pitié, non, épargnez-nous une reprise des Variations Goldberg Laughing
Même si le public de la première est toujours plus froid que les suivants, à noter qu'il n'y avait pas eu un seul applaudissement avant que Ludmila Pagliero ne réveille tout le monde dans le deuxième duo de la deuxième partie (soit au bout d'une heure approximativement...). Paul Marque aurait mérité quelques bravos également mais peut-être était-il allé trop loin dans une désinvolture au huitième degré, et apparaissait trop fortement en décalage avec le reste de l'ensemble ce soir-là ? Je l'ai d'ailleurs trouvé un peu rentré dans le rang lors de la dernière, même si à titre personnel j'aurais préféré que ce soit à l'inverse l'ensemble qui s'harmonise à sa proposition au fil des soirées.

Sur Tombe je partage globalement le ressenti, mais avec quelques nuances : par exemple sur la première partie sur la différence sociale et les ficelles de la "mise en scène" (au sens le plus trivial), qui reprend avec humour là où Veronique Doisneau s'était arrêtée, du moins dans la partie théâtrale, car pour la danse, le coupé-décalé de Gregory Gaillard n'était pas très convainquant.
La "Giselle filante" qui suivra est effectivement bien plus intéressante sur ce plan-là mais se perd finalement au milieu du gué entre éloge de la différence et ode à la normalité.
Et dans ce dernier registre le constat est sans appel si l'on compare à ce que propose Rachid Ouramdane avec la danseuse Annie Hanauer. Si dans Tordre il évoquait directement sa particularité physique (absence d'un bras), il transformait son bras articulé en joyeux pantin de bois qui, loin de figurer un handicap, prolongeait son être et sa grâce de danseuse. Evolution logique, dans Tenir Le Temps son bras a autant d'importance dans la chorégraphie que la couleur du vernis de ses ongles de pieds, c'est dire... à tel point que je n'ai même pas songé à parler du prétendu "handicap" de l'interprète dans ma chronique, et pourtant l'œuvre est incroyablement physique, et le rôle d'Annie Hanauer n'est en rien adapté (elle court, porte, tombe ou enlace autant que les autres).
Sauf qu'ici lorsque le public siffle sous le prétexte absurde qu'il "a déjà vu cela 10 fois à Mogador", on se dit que rien n'est définitivement gagné, et on a envie de basculer dès lors dans le camp des "pour". Et ce malgré le choix de la projection pour la troisième partie, qui touche certes par l'éclat soudain dans l'œil de cette petite grand-mère lorsqu'elle réalise qu'elle danse avec son Benjamin, mais dont je ne partage pas le parti-pris, car la ficelle émotionnelle est bien trop grosse, et son pathos imposé gênant. Je ne ferais en revanche pas le même procès d'intention sur la "qualité" de la vidéo : il me semble juste normal qu'un documentariste professionnel sache se poster derrière une enceinte pour ne pas apparaître en reflet dans la vidéo qu'il filme.
Reste qu'au final si la différence est surtout dans le regard que l'on porte à l'autre, voir cette pièce sous l'angle de la normalité rend finalement assez banale les propositions de danse. Révélatrice d'une certaine roublardise de Jérôme Bel, qui connaît le public local et sait que les huées feront partie du décor, cette pièce est finalement un piège dans lequel tombe celui qui le veut bien, d'un côté comme de l'autre d'ailleurs, et invite plus à se positionner sur la réaction des autres, que sur son propre rapport à la différence. Il est dommage qu'il s'en soit contenté, au moins dans Gala il proposait des moments vraiment réjouissants et moins plombés, même si c'était pour une autre scène.

Quant au Millepied, j'avais trouvé le premier soir que La Nuit S'achève était le meilleur de ce qu'il nous a proposé dans ce style-là : au-delà de faire joli, une certaine simplicité et une légère pointe de vigueur dans le choix musical font que j'y ai ressenti du fond, assez diffus mais réel dans la première partie du moins, avant qu'un certain ennui ne s'installe dans le pas de deux central et ne subsiste lors de la dernière partie malgré son allant. Le problème majeur de cette création est la confrontation directe le dernier soir avec In The Night (3 couples dans la nuit, comme dans les première et troisième parties de La Nuit S'achève) et le PDD du Parc (en nuisettes blanches comme son PDD central) qui imposent une comparaison difficilement soutenable pour le Millepied.

Et puisque Bernard m'a piqué mon souvenir préféré de Benjamin Pech (ah ce port du haut-de-forme...), j'irais chercher ce qu'il avait proposé lors du Charmatz (seule étoile à s'y être risqué d'ailleurs), entre un pas de deux de Prince mimé et commenté où il révélait intact un vrai amour de la danse en général, et du lyrisme du classique en particulier (et quel plaisir de le revoir même par simple évocation dans ce type de rôle), et Good Boy d'Alain Buffard, improbable manifeste quasi immobile, qu'il rendait fascinant de présence.


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Delly



Inscrit le: 14 Juin 2016
Messages: 603

MessagePosté le: Ven Juil 01, 2016 11:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviens sur une soirée ancienne mais "de c'temps là" je ne fréquentais pas ce forum.... Du coup je reposte mon commentaire de l'époque (sur le 17 février, veille de la soirée d'adieux de Mr Pech) :

J'ai vraiment aimé Bel. Le 1er couple moyennement, mais les deux suivants vraiment. Plus que la question des amateurs, c'est la question du rapport technique/interprétation qui m'a touché. Bertaud et Escudé racontent très bien l'histoire de la Willi et du Prince, et pourtant la Willi ne marche ni ne vole. Pech et Mme Milley sont touchants (surtout Benjamin Pech, mais son départ imminent a contribué à mon sentiment), en raison de la tendresse et de la joie qui émane de lui, de son regard et son sourire extraordinaires. Qui nous montre que la danse, c'est (aussi) une histoire de relation, et quant la technique n'est pas là, il reste cela, et ça peut suffire. Même si la brave dame semble trop "éteinte" pour exprimer sa part de relation, ce qui est dommage. Mais il y a ces 30 ans d'un lien à la fois solide et basé sur peu de choses, et tout est là...

Millepied, comme d’habitude. La danse « cool », « easygoing », c’est fluide, efficace, joli, mais…. Visuellement s’entend, car techniquement c’est dur et d’ailleurs sur la fin les danseurs étaient fatigués et ça se sentait. La distribution de ce soir ne m’a pas semblé raconter grand chose. Hugo Marchand et Laetizia Galloni étaient les plus marquants. Le pas de deux central reste le plus beau moment. Costumes des hommes terribles, réussir à mal habiller Marchand c’est presque une performance. J’en ai un peu conclu aussi que Beethoven c’était pas forcément fait pour danser… Planès était excellent alors parfois j’ai décroché pour me mettre en mode « concert ». Beaucoup d’applaudissements, mais c’était la dernière, alors pourquoi pas.

Robbins : j’adore Bach et j’aime Robbins alors c’était facile mais malgré quelques longueurs (le groupe en bleu au milieu….) ça pouvait durer encore longtemps, j’étais captivée. Les ensembles quasi parfaits, en particulier les garçons. Héloise Bourdon magnifique mais peu en communication avec sa binôme sur la partie à deux. Une distribution étoilée au top de la forme, un duo Gilbert-Hoffalt particulièrement éclatant, Paquette-Pagliero plus sobres mais très applaudis car parfaitement fluides et harmonieux (mais ils se connaissent bien!!). J’ai senti Pagliero un peu en retenue (effet du retour de blessure?). Ganio/O’Neill un peu moins bons. Globalement la pièce ne met pas beaucoup en valeur les hommes dans cette partie de pas de deux, dommage. Interprétation minimaliste, je ne sais pas trop ce qu’on peut « raconter » ici mais ce soir il y avait des moments où ça frôlait le cours de danse, d’autres très inspirés. Bref ça ne vaut pas « Dances at a gathering » même si ça y ressemble beaucoup (on retrouve des motifs familiers), la musique était plus difficile aussi, mais le final est extraordinaire, les ensembles à tomber.

Il manque un décor à ce ballet. Je n’en pouvais plus de ce fond gris et ce tapis noir. Avec les costumes tout simples on se demande si on est en répétition ou en représentation. J’ai aussi peiné avec les couleurs des costumes. Jusqu’à ce bouquet final où tout d’un coup elles prennent du sens, dans leur entrelacs !!

Clairement le public a aimé mais a trouvé long (surtout au paradis où j’étais), sans doute par manque de familiarité avec le morceau et ce qu’il a de répétitif, ça se « réveillait » à chaque variation plus rapide… 3 rappels, c’est peu.

Benjamin Millepied est comme de juste venu sur scène, pas d'émotion débordante pour une dernière avec sa dream team de jeunes très talentueux (et un peu fatigués sur le dernier mouvement). Mais il a une démarche unique, il danse quand il marche. C'est un détail mais ça me saute aux yeux à chaque fois, à la télé ou sur scène.

Bref, difficile d’aller se coucher après ça…


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keriluamox



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MessagePosté le: Mar Avr 19, 2022 5:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas trop dans quel sujet publier ceci… Benjamin Pech participe ce jeudi 21 avril à la maison de la Radio à un concert « L’Œuvre augmentée », consacré à Petrouchka.
https://www.maisondelaradioetdelamusique.fr/evenement/concert-symphonique/loeuvre-augmentee-petrouchka

Citation:
« L’œuvre augmentée » a pour but de faire découvrir une œuvre du grand répertoire d'une manière originale. Le 21 avril, le danseur étoile Benjamin Pech sera invité à nous en dire plus sur la chorégraphie imaginée par Michel Fokine pour Petrouchka. Lors de la première partie de la soirée, François-Xavier Szymczak donnera les clefs d'écoute nécessaires aux auditeurs. Puis il accueillera Benjamin Pech qui évoquera, au cours d'un bref entretien, son rapport à Stravinsky et au personnage de Petrouchka. Le ballet sera ensuite joué dans son intégralité par l'Orchestre National ; Benjamin Pech en dansera le deuxième tableau, qui représente une grande scène en solo de Petrouchka dans sa chambre.


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