Raymonda [ONP Bastille 3/12-31/12/2019] / Grèves

[Ballerina]

Je partage votre avis Adagio...

Je me demande si l'école de danse est impactée dans son fonctionnement ?
Hormis les démonstrations qui risquent de subir le même sort que le week-end dernier.

[haydn]

Le gouvernement ne lâchera rien de substantiel sur le régime de retraite de l'Opéra de Paris. Soit il retirera sa réforme en bloc, sous la pression des syndicats et des manifestants, soit il passera en force. Les danseurs ne sont ici pas seuls, ce sont tous les salariés, du secteur public et du secteur privé (la retraite "à points" et le rallongement de la durée du travail ne sont pas des gâteries réservées aux fonctionnaires et bénéficiaires de régimes dit "spéciaux") qui sont touchés. Apparemment, pour l'heure, seule la maréchaussée a su se faire entendre et préserver ses droits...

L'école de danse n'est pas touchée par la grève à ce que je sache, et les cours sont assurés. Seuls les démonstrations en ont subi les conséquences, avec l'annulation des représentations.

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[Sarra]

Si je puis me permettre (bien que Haydn ait dit l'essentiel)... Le "pouvoir de nuisance" (comme il est écrit plus haut) lié à une grève montre surtout son exact inverse : le pouvoir de bienfaisance sociale de l'activité que la grève interrompt -et de ses acteurs... (Autrement dit : une intensité d'utilité sociale.*)
Le pouvoir de bienfaisance sociale des artistes n'est pas moindre que celui des conducteurs de train, de bus, des infirmièr(e)s, des urgentistes, etc.
Les danseuses et danseurs du BOnP, les musicien(ne)s de l'orchestre, les salarié(e)s des autres professions permettant l'exercice de l'art sont en nombre infime, et le sentiment de ce peu de levier retient souvent, sans doute, leur volonté de révolte quand celle-ci a un motif dépassant leur Maison...
Cependant ces artistes (et auxiliaires d'artistes) sont en quelque sorte -c'est évident- des psychopompes, mais de nos âmes de vivants, et cela leur donne un pouvoir de bienfaisance sociale égal à celui des autres salariés en grève. (Cf les mots de Germain Louvet, déjà évoqués)

Les "Amis du Louvre" viennent d'offrir au musée un tableau de Prud'hon, L'Âme brisant les liens qui l'attachent à la Terre, qui valait 10 millions**.... À chaque représentation, les artistes brisent les liens qui attachent notre esprit à la matière : s'il faut alors chiffrer leur pouvoir de bienfaisance sociale, il vaut autant !
Que ce petit nombre (154 danseurs, guère davantage de musiciens, etc.) rejoigne le grand nombre des salariés en grève contre ce qu'il faut bien nommer une malfaisance sociale est à mon avis un symbole tout aussi énorme de montant -un levier dont la puissance est à la mesure de l'inouï de ce symbole.

*Un salarié ne se résoud jamais à la grève (son dernier recours) pour "nuire", mais, excédé de mépris (quelque forme qu'il prenne***), pour rappeler -par abstention d'exercice, un peu de la même façon qu'en physiologie les x utilités d'un organe sont expérimentalement mises en évidence par "suppression de fonction"- que son activité est socialement indispensable -que le conquérant Alexandre (cf Brecht) avait au moins un cuisinier, que le train ne vient pas de lui-même à la gare, tout comme la rame à la station, le bus à son arrêt, l'eau au robinet, la lumière à l'ampoule, la propreté au trottoir, etc. -ni l'art à la scène.

"(...)Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
(...)
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
(...)
Auteur inconnu, La Chanson de Craonne, 1917

** Cf une brève d'aujourd'hui -19 décembre- de D. Rykner dans la Tribune de l'Art..

***Dont la plus inepte est certainement de dénier le droit de révolte à qui a plus mal loti que lui ; d'opposer aux confectionneuses de Roubaix celles de Tunis ; à elles celles de Dacca ; aux danseurs de Paris ceux de Bordeaux ; à eux les précaires d'un Opéra de Manaus s'ils existent ; à tous, le miséreux du Malawi ; -et à lui, un plus misérable souffrant sans doute sur une planète d'Alpha du Centaure, ou sur un autre monde encore plus extra-terrestre : la Villa Montmorency.

[Adagio]

[serge1 paris]

Tout cela est vieux comme le monde et nous serions tous les premiers à défendre nos privilèges ou avantages acquis !

C'est évidemment une mesure de simple justice que l'Etat honore le contrat social signé avec tous ceux qui sont déjà recrutés.

Par contre pour l'avenir, il n'est pas absurde de comparer les incontestables privilèges de l'ONP avec la situation des autres compagnies de danse françaises et étrangères et d'harmoniser tout cela de manière plus équilibrée...

Je serai curieux de connaitre le régime des meilleures compagnies sur le plan mondial : Royal Ballet, Bolshoi, Marinski, American Ballet, NYCB.

[Clelia]

Je suis bien d'accord avec vous serge1. Malheureusement l'exception culturelle à la française risque de souffrir car l’État se désengage de plus en plus en baissant les subventions et malheureusement ce genre de contestation ne va pas aider à ce qu'il ait envie de les maintenir.
Et en effet le pouvoir de nuisance des danseurs est relativement faible.

Je serais aussi intéressée de savoir quel pourcentage fait grève. Ceux qui ne font pas grève sont payés ?

[haydn]

Les salariés non grévistes sont évidemment payés, comme dans n'importe quelle entreprise publique ou privée. Le lock-out, sauf cas très exceptionnel, est interdit en France.

En revanche, le salarié qui n'est pas gréviste doit pointer et être présent sur son lieu de travail aux horaires qui lui sont assignés.

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[Alexis29]

C'est peut-être une question stupide mais les grévistes ne travaillent pas du tout ? Je veux dire qu'ils n'assurent, ni les spectacles ni les répétitions ?

Auquel cas cela pourrait avoir un impact sur la préparation des spectacles suivants (Balanchine / Giselle) ?

[Katharine Kanter]

Il me semble qu'il faille distinguer certains concepts.

La Nation est une réalité que l'on veut, pour ainsi dire, éternelle.

L'Etat, c'est l'ensemble des structures formelles destinées à assurer la perennité de la Nation. Du moins, on l'espère.

Et le Gouvernement ... They Come and Go. Thank God.

La notion de service public, qui a commencé déjà à être débattue à la Renaissance, concerne directement la perennité de la Nation - son peuple, sa survie physique, son bien-être intellectuel et moral.

Les hôpitaux, les écoles, les universités, la SNCF, les transports publics, les barrages ... ou l'Opéra de Paris ... n'appartiennent pas "à l'Etat", et surtout pas au membres du "Gouvernement" pour qu'ils en disposent à loisir, mais à la Nation.

Il s'agit du fruit du travail d'un peuple qui a voulu les instituer, financer, maintenir et développer POUR LE BIEN COMMUN.

Certains de ces services publics permettent la survie du corps, d'autres, la survie et le développement de l'esprit, mais c'est tout un.

Lorsque le Jury recrute un musicien, un chanteur, un technicien, un danseur pour l'Opéra ou un orchestre national, il sait très bien qu'il recrute un être destiné à représenter non pas une corporation, mais la nation.

En ce moment, défaitisme ambiant aidant, on accepte une définition du terme Réforme qui signifie "Privatisation des profits, étatisation des pertes".

Une toute autre notion de Réforme existe aussi.

Il y a trente ans, la France était capable de maintenir une dizaine de troupes de danse classique de haut niveau - trois ou quatre au moins étant de niveau mondial.

Ce qui contribuait de façon non-négligeable à ce que le niveau intellectuel du Français moyen était au-dessus de ce que l'on constate en ce moment - très au-dessus.

Il y a déjà 150 ans, à l'initiative d'August Bournonville, le Théâtre royal du Danemark a été le premier en Europe à proposer une retraite à vie à ses danseurs.

Ces mesures d'austérité sont un puits sans fonds. Le retour en arrière, vers le Moyen-Age, avec son mécénat privé, ses Pères Fouettards, ses dames de charité, sa peste noire, ses cadavres dans la rue le matin ... Non merci.

[Skywie]

Bonjour, pour ceux qui ont reçu des textos pour prévenir de l'annulation du spectacle, combien de temps avant le spectacle l'avez vous reçu ?

je devais voir les démos et Raymonda dimanche mais comme j'ai 3 h de route pour venir sur Paris ... ce serait un peu frustrant de faire la route pour rien ....

[haydn]

Pour les démonstrations, comme il y en a déjà le matin, je pense que la décision sera prise la veille, ne serait-ce que pour pouvoir avertir les parents des petits rats. Pour Raymonda, ça risque de ne tomber qu'entre 12h et 13h mais bon, l'annulation est quasiment courue d'avance.

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[Ninette]

Autant au début j'avais espoir d'une trève à Noël mais là plus les jours passent et plus l'espoir s'amenuise....
Cadeau de Noël de ma fille : un voyage à Paris pour aller voir Raymonda....
Je suis vraiment déçue, même si je comprends leurs raisons, je trouve que c'est un vrai gâchis, toutes ces semaines de répétition pour ne pas danser ce ballet que tout le monde attend depuis longtemps....

[sophia]

Les représentations du Prince Igor et du Parc du 20 décembre et les Démonstrations de l’École de Danse du 21 et 22 décembre sont annulées.

[Skywie]

ah, je viens de recevoir un sms m'informant de l'annulation des démonstrations ! (je suis concernées par celles de dimanche 10h30)

pour Raymonda pourvu qu'ils préviennent avant 12h pour le spectacle de 14h30 !!

[Adagio]