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Le Lac des Cygnes [ONP Bastille 16/02/2019-19/03/2019]
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haydn
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MessagePosté le: Sam Fév 23, 2019 3:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas que l'on puisse, sur une représentation qui a suscité des réserves, porter de jugement général sur l'avenir d'une compagnie. Dans ce cas, la prestation de Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, qui a été saluée de manière quasi-unanime, devrait au contraire pousser à l'optimisme...!



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Marie-A



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MessagePosté le: Sam Fév 23, 2019 4:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, haydn, mais justement, c'est quand même assez étrange que Dorothée Gilbert et Hugo Marchand qui sont toujours salués par la critique n'aient pas été choisis pour la captation... la surreprésentation médiatique du couple Louvet/Baulac m'étonne énormément... je n'ai jamais trouvé ce partenariat passionnant, bien que, séparés, ces deux artistes aient des choses intéressantes à montrer.
Les discussions s'enflamment vite quand on parle de fouettés, et je peux comprendre que ça arrive à tout le monde de les rater, mais chez certaines, c'est quand même assez systématique... Il y a une sorte de non-sens à cette distribution.
Voir Hannah O'Neill, une danseuse impériale à la technique affutée, en troisième rôle, cela me fait mal.


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CatherineS



Inscrit le: 09 Mai 2015
Messages: 1487

MessagePosté le: Sam Fév 23, 2019 6:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Je ne pense pas que l'on puisse, sur une représentation qui a suscité des réserves, porter de jugement général sur l'avenir d'une compagnie. Dans ce cas, la prestation de Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, qui a été saluée de manière quasi-unanime, devrait au contraire pousser à l'optimisme...!


Oui, mais ce n'est pas Gilbert/Marchand qui ont été filmés, ce couple reste la version réservée à ceux qui sont à Paris et qui connaissent les mérites respectifs de toutes nos étoiles.

Par ailleurs curieusement Dorothée Gilbert n'est jamais filmée pour aucune représentation, à croire qu'on a honte de son talent ! Ce n'est pas l'avenir de la compagnie qui a fait bonne impression dans le cdb, mais l'impression de nos étoiles qui ne vont pas aller courir la scène internationale.
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JMJ



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Messages: 675

MessagePosté le: Sam Fév 23, 2019 7:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Je ne pense pas que l'on puisse, sur une représentation qui a suscité des réserves, porter de jugement général sur l'avenir d'une compagnie. Dans ce cas, la prestation de Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, qui a été saluée de manière quasi-unanime, devrait au contraire pousser à l'optimisme...!



Mais ce n'est pas du tout ce que je voulais dire. Au contraire j'ai commencé par souligner que l'avis unanime sur Mlle Gilbert montrait qu'il y avait de grandes Odette/Odile à Paris.

Mais au moment des décisions, "quelqu'un" a jugé que la distribution de la première était celle à enregistrer, plutôt que celle de la deuxième représentation. C'est cela qui m'inquiète.

Et encore une fois je parle pour ceux qui ne peuvent juger l'onp que par l'intermédiaire des vidéos. Oui ils existent aussi. Et ils font des comparaisons. Et ces comparaisons amènent à de nombreuses questions.


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Katharine Kanter



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Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Fév 23, 2019 10:48 pm    Sujet du message: Dance without makeup? Might as well go out starkers! Répondre en citant

Compare and contrast - these, er, exquisite dancers without a smidgen of makeup in G & S' IOLANTHE

https://www.youtube.com/watch?v=D_-lmvXO2dE

to the Real McCoy in full slap

https://www.youtube.com/watch?v=c_DlC4n9CFQ

The Mikado

The Mikado happens to be one of the very few films ever made of the original D'Oyly Carte troupe, which - until disbanded owing to Thatcher's budget cuts in 1982 - is a window onto a theatrical tradition unbroken for well over a century.

As few if any theatre companies have ever survived that long, watching the above film gives one a fairly good idea of how stage-artists in the 1880s moved, blocked the stage, and used gesture and make-up to create an stage-face. Rather like seeing a Bournonville production from the early 1950s.

Like all G& S operas, The Mikado has a ludicrous plot, outrageous libretto and the music, though quite lovely really, is in the main a spoof. Nevertheless it is utterly gripping: the cast knows every trick in the trade, and is firing on all cylinders.

There may be a lesson for us there .... perhaps.


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Joelle



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Messages: 882

MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 1:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe soirée hier à Bastille : Dorothée Gilbert au sommet de son art (cela va finir par sonner comme un lieu commun...), Hugo Marchand a fait un superbe Siegfried et Thomas Docquir a bien endossé son costume de Rothbart. Les cygnes furent sublimes aussi...


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Alexis29



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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 1:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La compagnie ne va donc pas si mal que ça ! Wink


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haydn
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Messages: 26499

MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 4:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A mon tour de revenir sur le spectacle d'hier soir, que j'ai miraculeusement pu voir grâce à un billet acheté deux heures avant la représentation sur Boursopéra... Je n'avais pas pu assister au début de la série en raison d'obligations professionnelles.

Je n'ai en tous cas pas regretté mon investissement. La salle était archi-comble, et le spectacle à la hauteur des attentes, même si il y a toujours des "mais".

Le corps de ballet tout d'abord : tiré au cordeau dans les actes blancs, on se serait presque cru au Mariinsky. Cela changeait agréablement de certaines séries précédentes, où l'on déplorait des lignes ondoyantes et fluctuantes... Le placement était en revanche plus aléatoire dans les scènes dites de "palais", et l'ordonnancement de la Valse de l'acte 1 souffrait quelques approximations. Mais ne chipotons pas, le Lac des cygnes dans la version Noureev vaut d'abord par les deux actes des Cygnes. Les danses de caractère n'ont en revanche jamais vraiment inspiré le chorégraphe russe, que ce soit dans Le Lac des cygnes ou ailleurs.

L'attraction était bien sûr d'abord le couple principal : depuis une semaine, les réseaux sociaux bruissaient des exploits de Dorothée Gilbert et d'Hugo Marchand. La rumeur n'était pas infondée, et leur prestation fut à la hauteur des attentes. Cerise sur le gâteau, Mlle Gilbert était enfin débarrassée de son bandage à l'épaule qu'elle avait été obligée de conserver lors des représentations précédentes, suite à une blessure. On serait bien en peine de trouver quoi que ce soit à redire. Dorothée Gilbert nous a servi le meilleur de l'école française, et rappelait les belles heures que les plus anciens de nos lecteurs ont pu connaître avec une Claire Motte ou une Noëlla Pontois. Curieusement, alors qu'on attendait surtout Mlle Gilbert en Cygne noir, étant donné sa réputation de brillante technicienne, c'est en Odette qu'elle m'a le plus touché et le plus convaincu. Peut-être forçait-elle très légèrement le trait en Odile. Mais j'étais placé assez près de la scène, et la perception au fond du second balcon était sans doute très différente. Pour les amateurs de statistiques, j'ai, dans le fameux pas de deux / pas de trois (Noureev y fait aussi danser Rothbart) du Cygne noir, compté 25 (?) tours fouettés, sans bavure.

Hugo Marchand n'est pas un partenaire inédit pour Dorothée Gilbert et, sur scène, le couple fonctionne bien. Les physiques sont assortis, et Hugo Marchand est un prince solide, à l'aise dans les portés, et lui aussi doué d'une technique hors pair. On appréciera au passage que lors des réceptions, Hugo Marchand ne "casse" pas le mouvement en fermant les cinquièmes avec trop d'application, ce qui contrarie la fluidité de la danse. Il a de la force, de l'élévation, et une belle batterie. Que demander de plus? Sur le plan du jeu, il manifeste une relative indifférence à Odette, mais, apparemment, les danseurs ont été poussés à travailler dans ce sens, afin de faire ressortir l’ambiguïté supposée de la relation qui lie le Prince à Rothbart. Rappelons tout de même que Noureev n'a jamais cautionné ouvertement une telle interprétation - l'existence ou la tentation d'une relation amoureuse entre le jeune prince et son précepteur -, même si, dans sa chorégraphie, il a donné une importance accrue aux deux rôles masculins. La variation lente de Siegfried (originellement dévolue à Odette), qui sert de transition entre les deux premiers actes, peut-être perçue comme une sorte de danse de séduction du Prince envers Rothbart, mais on peut, de manière plus classique, y voir l'expression d'une rêverie mélancolique d'un Siegfried déjà obnubilé par le Cygne, ou par son image fantasmé. Dans le cas présent, c'est la première option qui a été retenue. Ce choix réapparait à nouveau dans le Pas de trois du Cygne noir, et est poussé jusqu'à la caricature dans la scène finale de l'acte IV, avec un Rothbart qui paraît ivre de joie lorsque Siegfried, plus indifférent que réellement affligé, voit disparaître définitivement l'image fantasmée d'Odette qu'il s'est forgée tout au long de l'ouvrage.

Thomas Docquir, justement, s'avère, en dépit de son inexpérience dans un grand rôle, un Rothbart de première force, qui fait montre de beaucoup d'autorité, de sens théâtral et aussi d'assurance sur le plan technique. Son interprétation, diamétralement opposée à celle livrée par François Alu, s'inscrit parfaitement dans la logique dramatique que nous venons de décrire, même si l'on va ici sans doute au-delà des intentions de Noureev. Quoi qu'il en soit, si l'on savait à quoi s'attendre concernant Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, Thomas Docquir, qui n'avait jusqu'à présent pas eu l'opportunité de s'illustrer vraiment sur scène, s'est avéré digne de la confiance qu'Aurélie Dupont a placé en lui. Son Rothbart marquera sans doute le point de départ d'une carrière prometteuse.

Passons à présent aux seconds rôles. Dans le pas de trois, Paul Marque a montré de belles qualités dans la batterie et les sauts - son ballon est impressionnant. En revanche, le manège de coupés-jetés a été exécuté un peu à l'"arrache" et s'est achevé très près de la fosse d'orchestre. J'avoue avoir tremblé l'espace d'une seconde. A ses côtés, Hannah O'Neill a fait preuve de brio et d'abattage, mais s'est avérée moins soucieuse de musicalité (notamment dans les mouvements de bras) que sa comparse, Sae Eun Park, plus discrète mais plus attentive à la partition de Tchaïkovsky.

Le fameux pas de quatre des Petits cygnes est toujours un moment très attendu du public. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, tout chauvinisme mis à part, son aspect de mécanique impeccablement réglée n'est rendu aussi parfaitement dans nulle autre compagnie que l'Opéra de Paris. Le quatuor était ici fort bien servi par Mlles Ganio, Verdusen, Philbert et Scudamore.

Les Français sont en revanche moins à leur aise dans les danses de caractère (qui ne sont il est vrai pas enseignées avec la même attention qu'en Russie notamment). On retiendra tout de même le joli duo "napolitain" campé par Alice Catonnet et Simon Valastro, et la jolie complicité de vaillants piliers de la troupe qui unissait Sabrina Mallem et Yann Chailloux dans la danse espagnole.

On s'étonnera du choix de Sophie Mayoux pour personnifier la Reine. Non pas que l'artiste ait démérité le moins du monde, mais il s'agit là d'un rôle non-dansant que l'on réserve d'ordinaire aux "anciennes" du corps de ballet. S'il n'est pas indispensable d'y distribuer systématiquement des ballerines arrivées à quelques mois de la retraite, il est tout de même dommage, pour des raisons de crédibilité dramatique, d'avoir retenu une interprète qui paraît plus jeune que le Prince dont elle est censée être la mère...

L'orchestre de l'Opéra de Paris était bien conduit par Valéry Ovsianikov, dont la compétence contraste agréablement avec certains batteurs de mesure impénitents que nous avons connus par le passé. Il impose des tempi moins alanguis (sauf, étrangement, dans la danse napolitaine), qui redonnent du tonus à une production par ailleurs assez austère. Seul regret, le solo de violon, complètement manqué, au troisième acte.

A noter que l'Opéra de Paris a choisi de supprimer la pause qui séparait les 3ème et 4ème actes. Il n'y a donc plus qu'un seul entracte, entre le II et le III (le I et le II étaient de toute façon enchaînés pour des raisons artistiques).

Enfin, les éclairages m'ont semblé conformes aux habitudes, et si la captation vidéo paraît anormalement sombre, c'est vraisemblablement un problème de prise de vue.



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alila



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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 8:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Difficile de passer après notre cher moderateur qui a très bien rendu compte de la soirée d'hier. Comme lui, j'ai également pris mon billet le vendredi après avoir lu de commentaires louant le couple Marchand-Gilbert. À l'entracte, en discutant avec ma voisine j'ai appris qu'elle avait fait pareil, le bouche à oreille a donc bien marché. J'ai également repéré Brigitte Lefèvre au parterre, il s'agissait bien du couple à ne pas rater dans cette serie du Lac et on n'a pas été deçues (enfin, si, quelque part je suis déçue qu'on n'a pas pu voir Dorothée Gilbert en cygne avant!)

Je suis d'accord avec Haydn que Dorothée Gilbert était d'autant plus convaincante en cygne blanc, lá où on l'attendait moins. Les ports de bras et de tête était extrêmement bien réussis, avec de la poésie et beaucoup de sens, au service d'une histoire qui était lisible à merveille. De même, depuis la gallerie je n'ai pas senti son Odile trop forcée (j'aurais même attendu un poil plus), mais impériale, dans une facilité technique qui permettait de se concentrer sur l'histoire. Les longs équilibres à la fin de la coda ne faisaient pas tour de force, mais montraient que c'était Siegfried qui suspendu en équilibre, completement hypnotisé par ce cygne noir. Par conséquent, le dénouement est compréhensible. J'ai pas compté les fouettés, mais ils étaient maitrisés, y compris avec des doubles.

J'ai pas compté non plus les nombreuses pirouettes parfaites d'Hugo Marchend, qui tout comme D. Gilbert utilise son talent pour passer outre la technique. Ses sauts voyagent et les réceptions sont moelleuses et sans un bruit. Que demander de plus? Même si Siegfried est un personnage ingrat dans la version Nureyev, surtout au dernier acte - j'ai envie de le secouer à chaque fois, qu'il se batte davantage! "ah mince... mon cygne n'est plus là... boohooo je suis triste" - Hugo Marchand était convaincant dans son personnage et sa danse était bien au delà du seul techniquement impeccable, elle était belle à voir.

Thomas Docquir fut une bonne surprise aussi pour moi, au début je trouvait que son expression de visage était trop fermée, toujours la même, mais cela a fini par avoir du sens lors du pas de trois. C'était un parti pris cohérent de faire le méchant du début à la fin. Sa variation lors du pas de trois était bien assurée techniquement, il va certainement peaufiner encore certains mouvements comme le port de bras et tête lors des développés après les tour en l'air, mais c'est très bien pour une prise de rôle.

Je plussoie sur le corps de ballet, cygnes magnifiques, actes de palais beaucoup plus brouillon, mais en même temps ce sont de chorégraphies pas terribles pour les danses de caractère. J'ai également beaucoup aprécié la danse espagnole de Fanny Gorse et Sabrina Mallem et le couple de la danse napolitaine, Alice Catonnet et Simon Valastro. Ce dernier est toujours très genéreux dans sa danse, on le remarquait bien dans le corps de ballet du premier acte et c'était un plaisir de le voir danser.

Le pas de trois du premier acte était magnifiquement interprété par le casting de luxe Hannah O'Neil, Sae Eun Park et Paul Marque. Je n'ai pas remarqué la fin du manège de Paul Marque, mais mon angle était peut être pas le meilleur.

Bref, une soirée comme on aimerait voir plus souvent! Merci aux artistes!


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Math



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Messages: 72

MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 8:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L'histoire du Lac des Cygnes de Noureev est racontée sur France Inter: https://www.franceinter.fr/emissions/classic-co/classic-co-24-fevrier-2019


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 9:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a quelques raccourcis expéditifs dans les propos d'Anna Sigalevitch. Ce qui est intéressant, toutefois, c'est que justement, il n'est pas question de relation "amoureuse" entre Rothbart et le prince, mais de pendant masculin à Odette/Odile, de personnages plus ou moins schizophrènes : d'un côté Odette/Odile donc, et de l'autre Le Précepteur/Rothbart, et au milieu, le pauvre Siegfried qui ne sait plus où il en est dans cette histoire de fous. Dans les années 1970-1980, le lacanisme triomphant est très "tendance" et on accommode la psychanalyse à toutes les sauces. Le Lac des cygnes de Noureev était alors tout simplement "dans l'air du temps", et de ce point de vue, il a vieilli.



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paco



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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 11:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La représentation de samedi est la seule que j'aie prévue de voir cette saison à l'ONP, pour le couple Gilbert-Marchand, et je n'ai pas été déçu en ce qui concerne ces deux-là (pour le reste en revanche...).

Je plussoie à l'essentiel de ce que Haydn a décrit dans le détail et avec tout ce que les autres en ont dit. Ce tandem est digne des plus grands et a délivré une interprétation absolument magnifique.

Quelques ajouts de ma part à tout ce qui a été dit :

- l'entrée de Dorothée Gilbert, au 1er acte : sa façon, en moins de dix mouvements des bras, d'expression du visage, des jambes, de nous faire tout de suite comprendre l'histoire, la genèse du personnage, qui elle est, ce qu'il lui est arrivé. Un moment théâtral sidérant !

- le spleen de Siegfried si bien rendu par Hugo Marchand. Pour moi, dans ce Lac de Nureyev le Prince de référence a toujours été J.G. Bart, le seul à avoir su exprimer la nostalgie du personnage par sa simple présence dès le 1er tableau. Hier soir j'ai eu l'impression d'avoir revu cela.
Et puis, même si Haydn l'a déjà dit, je plussoie : la façon qu'a Hugo Marchand d'être constamment dans le lyrisme du mouvement, de ne jamais retomber sèchement de ses sauts mais de toujours les enchaîner dans un mouvement ample, dans une phrase, ... est absolument extraordinaire. Pour moi il fut hier un Prince d'exception, bien supérieur à ce que Muntagirov et même Bonelli ont fait au RB la saison passée.

Belle surprise concernant Thomas Docquir, que j'ai trouvé techniquement très au point et dramatiquement intéressant.

Je suis en revanche beaucoup plus réservé sur tout le reste... :

- les Cygnes sont impeccablement alignés et parfaitement propres techniquement. Mais où est l'histoire ? Où sont les personnages ? Si la danse classique doit se résumer à "un travail bien fait", alors je comprends que l'on trouve cela ringard et ennuyeux... Quel choc après avoir vu les Lacs du Royal Ballet, du Mariinsky, du Bolchoi (malgré la version Grigorovich...), et d'autres. On a ici l'impression d'avoir une belle image d'un musée de cire. Mais que diable, le Lac est probablement le ballet classique dont l'histoire est la plus profonde et la plus dense, c'est tout sauf un exercice académique !!

- même remarque concernant à peu près tout le reste de la représentation : quel ennui !! Dans les variations évidemment, comme vous l'avez à peu près tous souligné, mais dans l'impression globale. Il ne se passe rien. On assiste à un enchaînement de numéros bien faits (plus ou moins) et c'est tout. D'ailleurs j'ai trouvé, à juste titre, la réaction du public bien tiède par rapport aux délires auxquels on peut assister, même pour de simples variations, à Londres ou ailleurs.

Quant au décor, quelle tristesse ! Il serait temps de le rafraichir un peu. Et ce portique "imitation béton" au premier plan, je n'en avais aucun souvenir. Il est probablement d'origine, mais devait être éclairé différemment car là il est d'une laideur épouvantable et masque fortement la perspective du reste de la scène.

Bref, une représentation pour Gilibert-Marchand, qui méritent vraiment leur réputation, et pour un ensemble de cygnes qui a bien travaillé en amont, mais une représentation à laquelle il a manqué l'essentiel : du théâtre, une histoire, de la danse, de l'émotion (mis à part le tandem principal).


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2019 11:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ce que vous dites n'est pas faux, paco, mais je pense que c'est vraiment imputable à la production, et pas aux danseurs. Le Lac de Nouréev ne laisse pas beaucoup de place aux épanchements, surtout si on en accentue encore le côté "psychanalytique" évoqué plus haut. Les actes blancs sont quand même très beaux (le II, c'est en fait largement du Petipa / Ivanov, dans le IV c'est du - bon - Noureev). Le décor n'a pas été refait depuis un bout de temps, et il semble en effet usé jusqu'à la corde. Mais là aussi, il a toujours été passablement sinistre, avec les marches en "béton" qui mènent au rivage. L'image de "musée de cire", elle vient surtout de la scénographie (je me rappelle d'un acte II absolument glacial - effrayant presque - lors du gala en hommage à Claude Bessy, en mars 2004. et pourtant, Odette était incarnée par Sylvie Guillem...).

Là où je ne vous suivrai pas, c'est sur les alignements. J'avoue préférer la perfection géométrique d'hier soir au laisser-aller qui régnait dans les rangs lors de précédentes reprises du Lac des cygnes. Tout n'était pas forcément "mieux avant"...

De même, j'ai trouvé le public plutôt chaleureux. Il n'est pas d'usage à Paris de manifester bruyamment à chaque entrée de soliste, et à la fin de chaque variation, contrairement à ce qui se pratique à Londres ou en Russie. Il y a vingt ans, c'était même le silence total. A la fin, les applaudissements et les bravos ont été très nourris, et il aurait pu y avoir bien davantage de rappels si le régisseur n'avait pas baissé le rideau aussi rapidement.



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paco



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MessagePosté le: Lun Fév 25, 2019 10:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Là où je ne vous suivrai pas, c'est sur les alignements. J'avoue préférer la perfection géométrique d'hier soir au laisser-aller qui régnait dans les rangs lors de précédentes reprises du Lac des cygnes.

Ah mais là je vous rejoins : les alignements étaient parfaits et heureusement ! Mon "oui mais" provient du fait que, pour moi, c'est très beau mais c'est "normal" (ou ce devrait être normal) pour une compagnie d'élite comme l'ONP. En revanche, dans d'autres compagnies comparables, les cygnes sont alignés et en plus ils incarnent vraiment des cygnes, il y a une émotion, une sensibilité qui émane de l'ensemble. C'est cela qui m'a manqué samedi, on n'a pas dépassé la prouesse technique.


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paco



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MessagePosté le: Lun Fév 25, 2019 11:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
avec les marches en "béton" qui mènent au rivage.
Vous avez donc bien souvenir de cette "imitation béton", qui ne m'avait pas à ce point frappé lors des reprises précédentes. Samedi, c'est surtout le portique à l'avant-scène que j'ai trouvé particulièrement disgracieux et envahissant. Je me demande si le côté "béton" apparaissait aussi crûment ou s'il n'y a pas eu modification de la typologie d'ampoules pour les éclairages (développement durable oblige) qui aurait rendu ce "béton" encore plus froid et "brut".
Ma remarque fera sans doute pouffer de rire, mais je connais un théâtre parisien qui a des problèmes depuis un changement d'ampoules d'éclairage, lequel a rendu le plafond de la salle particulièrement terne et grisâtre alors qu'il venait d'être rafraichi pour lui rendre toutes ses couleurs flamboyantes d'origine...


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