Delly
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Posté le: Mar Nov 13, 2018 12:43 am Sujet du message: |
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Quelques impressions de la représentation d'hier après-midi. Un beau programme, avec une qualité d'interprétation qui est allée, à mon sens, croissant. Je découvrais les chorégraphies de Robbins, à ce stade mon chorégraphe favoris... et qui va le rester Quel génie !!
Fancy Free ouvrait le bal, avec humour et simplicité du propos, et le style inspiré des comédies musicales, avec le pep's américain. L'orchestre ainsi que les trois danseuses (Eve Grinsztajn, M. Zusperreguy et Roxane Stojanov méconnaissable), s'ils n'ont pas le pep's américain, ils ont le "pep's" français, joueur, dynamique et élégant, et tout à fait crédible. Du côté des messieurs (M. Contat, A. Magliano et A. Couvez), hélas, le piquant s'était perdu en route : impliqués, réussissant assez bien à marquer les tempéraments de leurs personnages, énergiques et en place, les trois danseurs bougeaient comme des princes de la Belle. Trop lié, trop fluides, trop silencieux, notamment dans les ensembles. Un peu scolaire, bref, ça manquait de mordant. Comme je regrette de ne pas avoir vu la distribution "étoilée", avec des danseurs plus matures !!
Hugo Marchand prenait la suite, et on montait déjà d'un bon cran. Joie tout d'abord de voir Bach magnifiquement chorégraphié. (J'ai plus de réserves sur le pyjama rouge ). L'interprétation par la violoncelliste, sans couacs, et pas trop grinçante, surprenait par quelques notes inhabituellement longues sur la 1ere variation. Le "dialogue" entre elle et le danseur ne m'a pas semblé évident (heureusement que j'avais lu ici que c'était l'idée....), et ce n'est pas faute d'avoir un danseur communicant. 15 minutes c'est long aussi pour le public manifestement, car toute la pièce fut parsemée de quintes....de toux.
Cependant, il il y a encore une marge de progression sur la musicalité, et sur l'interprétation : Hugo Marchand a un visage très expressif mais je n'ai pas souvent compris son propos, sauf sur la Gigue, à mon sens la plus réussie. Tout le monde n'a pas les épaulements de Ganio et c'est parfois, dans le haut du corps, encore un peu trop marqué.
Mais c'est peu de choses, Hugo Marchand est assurément un danseur pour Robbins, il en a l'esprit, le mouvement. Il occupe extraordinairement la scène, par son grand gabarit certes mais aussi par son regard, son amplitude gestuelle et d'expression. Du reste il aime danser Robbins... et Bach, il le montre et on le sent. Voilà un danseur qui, à chaque fois, se donne corps et âme, se met à nu. Il termine d'ailleurs la pièce manifestement épuisé mais aussi bouleversé. Nul doute qu'avec le temps il approfondira ce rôle qui lui va magnifiquement bien.
Venait ensuite l'après-midi d'un Faune par Audric Bézard et Myriam Ould-Braham. Quelle oeuvre !!! Le duo physiquement très contrasté me semble très bien trouvé. M. Bézard poursuit une carrière de mannequin et son entrée en mouvement ressemble plus à une marche sur un podium qu'à un ballet, c'est assez troublant mais assez approprié ici. Il propose ensuite un jeu très animal, plus que narcissique. L'entrée en scène de MOB, frêle, légère, timide et pourtant assurée, ouvre un échange où on voit cet homme incarnant la force brute comme impressionné, et troublé par cette femme frêle et solide à la fois, et cherchant donc les voies de la délicatesse. A. Bézard réussit ce mariage du toucher très doux et du geste puissant, MOB maîtrise complètement ce rôle, elle y a un charisme qui manque un peu à son partenaire, lequel finit par sembler de papier glacé. Les quelques regards croisés sont prenants et le reste du temps cet échange sans contact semble très harmonieux. Je n'y ai pas vraiment vu deux danseurs qui se cherchent sans se trouver parce que trop préoccupés d'eux-mêmes. Ici on a plutôt affaire à un pas de deux à distance et c'est très beau.
Last but not least, Glass pieces. Enfin le corps de ballet !!! Ici on retrouve particulièrement le génie de Robbins pour "mettre la musique en Hommes". Le mouvement de foule, les trois couples (beaux duos "piliers du ballet" Révillion/Robert, Giezendanner/Valastro, Westermann/Bertaud qu'on est heureux de voir ainsi mis en valeur) qui jaillissent. J'ai trouvé cette "foule" manquant d'esprit de corps, certes il s'agit bien de montrer des individus qui se croisent mais c'était à la limite de l'hostilité...est-ce le propos? Ou l'après Concours?
Le 2e mouvement et ses "Ombres", est fascinant. Elles sont loin de faire tapisserie, ces ombres. Entre elles et le duo Bullion/Hequet, on croit voir la musique écrite par les corps, l'ostinato au fond et la mélodie devant. Très beau duo, assorti physiquement, très harmonieux et en symbiose, avec un style sobre mais expressif. Le dernier mouvement m'a à nouveau fascinée, et le CdB, particulièrement masculin, est dans son élément (quelques décalages chez les filles...).
Beau programme donc, avec une troupe qui, si elle n'a pas le style américain, propose dans Robbins quelque chose qui lui est propre, la met en valeur surtout dans son collectif, le fait avec un plaisir manifeste et une aisance qui font plaisir à voir !! Beaucoup de danseurs sortaient du concours, reprenant leur place pour une nouvelle année ou malgré leur promotion, et il n'y a eu ni sentiment de fatigue ni de lassitude (sans doute même le plaisir de retrouver le vrai sens de leur métier....), merci à eux.
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