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Martha Graham Dance Company [ONP Garnier 03/09-08/09/2018]

 
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haydn
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MessagePosté le: Dim Aoû 26, 2018 5:11 pm    Sujet du message: Martha Graham Dance Company [ONP Garnier 03/09-08/09/2018] Répondre en citant

La Martha Graham Dance Company débarque à Paris le 3 septembre prochain, avec un programme comportant deux variantes.



3, 4 et 5 septembre :


Cave of the Heart (Martha Graham / Samuel Barber)

Ekstasis (Virginie Mécène d'après Martha Graham / Ramun Humet)
Virginie Mécène est une danseuse française, qui fut soliste à la Martha Graham Dance Company avant d'entamer une carrière de pédagogue et de chorégraphe. Aurélie Dupont devrait (?) y faire une apparition.

Lamentation variation (Nicolas Paul, d'après Martha Graham)

The Rite of Spring / Le Sacre du Printemps (Martha Graham / Igor Stravinsky)



6, 7 et 8 septembre :

Appalachian Spring (Martha Graham / Samuel Barber) remplace
Cave of the Heart. Le reste du programme est identique.




Un conseil : préférez la fin de série, avec Appalachian Spring. Même si la chorégraphie, inspirée du folklore des Quakers, a vieilli, il s'agit d'une œuvre majeure de la danse américaine du XXème siècle. Créée en 1944 à la... Library of Congress, à Washington, elle s'appuie sur une partition très colorée d'Aaron Copland, qui vaut cent fois mieux que la mélasse bruyante et indigeste de Samuel Barber (Cave of the Heart, 1946).


La Library of Congress (en quelque sorte la bibliothèque nationale américaine) où eut donc lieu la première d'Appalachian Spring, a mis en ligne toute une série de photos et de documents historiques du plus grand intérêt. Au total, plus de 150 références sont accessibles en ligne, allant du scénario manuscrit rédigé par Martha Graham à la correspondance entre la chorégraphe et le compositeur, Aaron Copland donc. Y figurent aussi de nombreux clichés de la création, ainsi que des coupures de presse documentant la réception de l’œuvre en 1944. Appalachian Spring était une commande d'Elizabeth Sprague Coolidge, riche mécène originaire de Chicago, dont l'un des titres de gloire fut d'avoir convaincu Stravinsky de venir s'installer aux USA.


Pour l'anecdote, lors de la création, la distribution d'Appalachian Spring comprenait, dans le rôle du Revivalist (fondamentaliste chrétien adepte de l'église dite du "réveil"), un certain... Merce Cunningham, alors à l'aube d'une brillante carrière.


https://www.loc.gov/search/?fa=partof:appalachian+spring&sp=1

https://blogs.loc.gov/loc/2014/10/documenting-dance-the-making-of-appalachian-spring/










Le ballet entier a été filmé en 1959 et est disponible (légalement, la captation est dans le domaine public sur Y) :

Première partie :


https://youtu.be/XmgaKGSxQVw

Deuxième partie :


https://youtu.be/PTdyDOWtE2Q

Troisième partie :


https://youtu.be/91y-NEdTj-g

Quatrième partie :


https://youtu.be/6KIn6xHbSZg


A noter que c'est la version originale de la partition d'Appalachian Spring - telle qu'elle fut créée en 1944 - pour ensemble de chambre, et non la version pour grand orchestre réalisée plus tard par Aaron Copland qui est utilisée ici.



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haydn
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MessagePosté le: Ven Aoû 31, 2018 10:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

En prélude à la tournée de la Martha Graham Dance Company, Le Monde publie une interview (accès partiel seulement, la totalité de l'article est réservée aux abonnés) de Nicolas Paul. Le danseur de l'Opéra de Paris réalise en effet une chorégraphie qui sera présentée par la troupe américaine :


    Top chrono : quatre minutes. Lamentation, solo historique créé en 1930 par Martha Graham qui savait faire court et fort, met en scène une femme assise, serrée dans une ­robe-tube en tissu extensible. Concept solide, modernité intemporelle du costume, impact plastique direct. Depuis 2007, cette pièce fait l’objet d’un programme spécial intitulé La­mentation Variations. Pour commémorer le 11-Septembre, une commande de ballets courts, ripostes inspirées par le film de Martha ­Graham dansant Lamentation, avait été passée à trois chorégraphes. Le cahier des charges : pas plus de dix heures de répétition, pas d’accessoires, pas de décor ni de costumes, nombre de danseurs extensible, durée maximale de quatre minutes.

    Ce qui est devenu aujourd’hui une collection d’une dizaine de pièces, où l’on retrouve les noms de Richard Move, Lar Lubovitch et d’autres, va accueillir un nouveau chapitre signé par Nicolas Paul, danseur de l’Opéra national de Paris et chorégraphe depuis 2001. « J’ai vu pour la première fois Lamentation lorsque je n’étais pas encore à l’école de danse, se souvient-il. Je devais avoir 7 ans ou 8 ans. L’impression et l’émotion que j’ai eues me confortèrent dans mon envie de devenir danseur. Malheureusement, je n’ai jamais interprété une pièce de Graham. »


Le danseur Nicolas Paul pris dans le tourment grahamien, par Rosita Boisseau (Le Monde)



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sophia



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MessagePosté le: Lun Sep 03, 2018 6:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Deux nouveaux articles, signés Rosita Boisseau, dans Le Monde, réservé aux abonnés comme d'hab, et dans Télérama.


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haydn
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MessagePosté le: Mar Sep 04, 2018 6:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et présentation du spectacle par Sophie Jouve pour France Info / Culture box.

La journaliste ne semble pas trop enthousiasmée par la relecture de Lamentation, signée Nicolas Paul. Il n'y a aucune mention de l'interprète, étonnamment.


    Le ballet "Lamentations" démarre par des images de 1930 et 1940 de Martha Graham interprétant son solo sur le deuil. Enveloppée d’un tube de jersey, assise, la danseuse se balance et se plie de manière continue dans une danse de souffrance.

    Les images d’archives laissent ensuite place à des variations que la compagnie a initiées après le 11 septembre 2001, les proposant à différents chorégraphes. Le jour de la première, nous avons vu trois de ces variations qui durent quatre minutes. La création du danseur de l'Opéra de Paris, Nicolas Paul, dernière en date, pâtit un peu, hélas, de sa proximité avec les deux autres plus captivantes et mieux maîtrisées : celle du Taiwanais Bulareyaung Pagarlava et celle de Larry Keigwin.


En revanche, la prestation d'Aurélie Dupont dans Ekstasis l'a davantage convaincue :

    Vêtue d’une robe en jersey de couleur pâle, comme Graham en son temps, le corps de la danseuse s’enroule et se déroule avec calme et volupté. Ondulation subtile, mouvements lents ancrés dans le sol, alternent avec des torsions de certaines parties du corps. Martha Graham disait "avoir découvert par elle-même la relation entre la hanche et l’épaule (...) les extensions et les articulations de l’anatomie", lors de la création de ce solo.


https://culturebox.francetvinfo.fr/danse/les-ballets-mythiques-de-martha-graham-ouvrent-la-saison-a-l-opera-garnier-278697



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sophia



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MessagePosté le: Mar Sep 04, 2018 6:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un autre article de présentation dans Les Echos, un compte rendu de la première dans le FT, et la dépêche de l'AFP.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Sep 06, 2018 11:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je rendrai compte du spectacle en détail demain. J'ai été heureux de découvrir "en vrai" Appalachian spring, qui, bien que vieilli et ravalé au rang d'"objet de musée", n'en demeure pas moins un ouvrage mythique de la danse américaine. J'ai été plutôt agréablement surpris par la brève pièce de Nicolas Paul inspirée de Lamentation, et je suis en désaccord avec la critique "sévère" qu'en a fait Culture Box. Le Sacre du Printemps, que Martha Graham a chorégraphié alors qu'elle était déjà âgée de 90 ans, a en revanche mal vieilli, et était probablement déjà daté lors de sa création en 1984. Ce Sacre n'est qu'une kitscherie ridicule, mais heureusement, l'orchestre de l'Opéra de Paris était en grande forme, et on pouvait se délecter de la musique, à défaut d'apprécier la danse.



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MessagePosté le: Ven Sep 07, 2018 9:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ce Sacre a certes des côtés parfois risibles et kitsch, surtout vers la fin - on dirait un péplum en fait -, mais je l'ai trouvé intéressant et vraiment... surprenant. Nous sommes, je crois, habitués, avec Béjart, Bausch and co, à des Sacre très métaphoriques, à des "relectures" du mythe, libérées de l'ancrage slave du texte de Nijinski, et celui-ci frappe à l'inverse par son littéralisme - presque osé! : un Chamane noir athlétique et ultra-musclé déroulant une sorte de "cape" de sorcier pour y envelopper l’Élue (Lloyd Knight), une Vierge blonde, frêle mais fière, qu'on s'apprête à sacrifier (Charlotte Landreau), un ensemble de chasseurs et de prêtresses (je ne sais comment les appeler, mais pour parler un affreux sabir contemporain, on va dire que c'est très "genré") accompagnant ce qui n'est rien d'autre qu'une cérémonie rituelle. Autre aspect étonnant : l'esthétique pour le moins éclectique, très loin de Roerich, Bakst et les Ballets russes : un corps de ballet soumis à une chorégraphie énergique - beaucoup de sauts - et d'une géométrie presque classique - des lignes, des cercles, des symétries, des croisements.. - un parfum d'antique dans les poses et les costumes mêlé à une atmosphère de tribu africaine ou indienne, le tout emballé dans des effets cinématographiques (le ciel qui "change d'humeur" et se transforme au rythme de la cérémonie).

En ouverture du programme, Appalachian Spring, présenté comme la pièce la plus célèbre de Martha Graham (en tout cas l'une des plus emblématiques), m'a finalement paru beaucoup plus "pièce de musée". L'ouvrage n'en est pas moins, là encore, intéressant. Parce qu'on y retrouve une gestuelle - un art des poses aussi - qui a fait date et largement inspiré la modernité, et parce que c'est "écrit" de bout en bout, toujours "lisible", sans fioriture ni verbiage, à l'image d'une langue classique. En revanche, ce genre d’œuvre pose la question de l'interprétation et de l'appropriation. On se demande ce que les danseurs d'aujourd'hui peuvent faire pour donner une teinte personnelle au récit et aux personnages, à part (très bien) reproduire la gestuelle, parfois quand même très gnan-gnan - d'aucuns diront passablement "datée".

Aurélie Dupont s'était invitée à la fête pour un solo de 5'30 exactement. Un mélange des genres auquel on peut peut-être trouver à redire, mais *en même temps* on ne peut mettre en doute l'intérêt que la directrice de la danse a pour Martha Graham et sa compagnie, avec laquelle elle a travaillé. Ekstasis est un solo de 1933, ré-imaginé par Virginie Mécène à partir de photographies et de notes, que Martha Graham décrivait comme une exploration de "la relation entra la hanche et l'épaule". Enfermée dans un long tube de jersey, l'interprète est une statue qui prend vie, ondulant puis luttant, au sens propre (la gestuelle sensuelle se fait parfois guerrière) contre cette gangue de tissu pour "sortir d'elle-même". Aurélie Dupont m'a semblé faire du Aurélie Dupont : c'est sobre, juste et précis, mais c'est d'un formalisme qui ne remue pas vraiment.

Lamentation Variations est un projet initié par la compagnie Martha Graham à l'occasion de la commémoration des attentats du 11 septembre en 2007. Différents chorégraphes ont ainsi été invitées à chorégraphier des pièces inspirées par le solo fameux de Martha Graham, dont on nous livre, en ouverture, un extrait vidéo. Trois "variations" d'un répertoire qui en compte actuellement une quinzaine étaient présentées dans ce programme de tournée, dont celle de Nicolas Paul, créée à cette occasion (les deux autres étaient signées Bulareyaung Pagarlava et Larry Keigwin). Je ne dirais pas qu'elle se distingue particulièrement - le triptyque m'a paru homogène en qualité -, mais elle entre bien dans l'esprit de l'exercice.


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sophia



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MessagePosté le: Ven Sep 07, 2018 7:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ariane Bavelier dans Le Figaro.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Sep 09, 2018 8:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La venue de la Martha Graham Dance Comapany était en soi un événement, dans la mesure où la célèbre troupe américaine ne s’était plus produite à l’Opéra de Paris depuis 1991, il y a donc presque trente ans. A l’époque, la directrice et fondatrice venait tout juste de mourir, et les danseurs de la compagnie avaient tous été choisis et formés par Martha Graham elle-même. En 2018, c’est une tout autre génération d’artistes qui nous arrive de New York, et quasiment aucun d’eux n’a connu Martha Graham de son vivant. L’un des principaux attraits de cette tournée était donc bien évidemment de voir ce que cette formation mythique était devenue depuis la disparition de la grande prêtresse de la modern dance aux Etats-Unis, et comment le répertoire avait été transmis aux danseurs d’aujourd’hui.

Autre agrément, la présence à l’affiche du second programme d’Appalachian Spring, une œuvre mythique non seulement de la danse, mais aussi de la musique américaine. La partition pour ensemble de chambre conçue par Aaron Copland en 1944 allait ensuite faire une grande carrière au concert, sous la forme d’une suite symphonique. Les chefs d’orchestre les plus prestigieux, Serge Koussevitzky, Eugene Ormandy, Leonard Bernstein, Antal Dorati – sans parler du compositeur lui-même – l’ont régulièrement inscrite à leur programme.

Appalachian Spring se regarde aujourd'hui un peu comme un objet de musée, témoignage de ce que fut l'avant-garde chorégraphique étatsunienne. En fait, pas si avant-gardiste, du moins dans la thématique et la réalisation scénique. L'action est située chez les Quakers, fondamentalistes protestants établis Outre-Atlantique à la fin du dix-septième siècle. L'ouvrage se situe dans la lignée de deux autres ballets pour lesquels Aaron Copland a fourni la musique, Billy the kid (1938, chorégraphie d'Eugene Loring pour le Caravan Ballet de Balanchine) et Rodéo (1942), d'Agnes DeMille, tous fondés sur des thèmes issus de l'histoire américaine. A la différence des deux premiers, il n'y a dans Appalachian Spring aucun second degré, et il s'agit d'une lecture littérale de l'aventure des Quakers. La modernité est à chercher ailleurs, principalement dans la gestuelle, héritée de l'«ausdruckstanz» à la Mary Wigman.

Ekstasis nous fait remonter encore plus loin dans le temps, et nous ramène aux premières années d'existence de la Martha Graham Dance Company, alors constituée exclusivement de femmes. Les danseurs masculins n'y feront leur apparition qu'en 1938, cinq ans après la création d'Ekstasis. De ce solo, destiné initialement à Martha Graham elle-même, il ne reste plus rien, hormis quelques photographies. La musique aussi bien que la chorégraphie sont perdues, et ce qu'on nous donne à voir est en réalité une création librement inspirée de Martha Graham. La pièce, signée Virginie Mécène, Française établie à New York depuis trente ans et ancienne danseuse de la troupe, est plaisante, mais pas réellement marquante, en dépit de la présence d'Aurélie Dupont, qui semble regretter l'époque où elle montait tous les soirs, ou presque, sur scène. Elle se produira à nouveau devant le public dans quelques jours, à l'occasion d'une soirée de gala, aux côtés d'un autre «monstre sacré» du ballet, Diana Vichneva. Paradoxalement, le plus intéressant, dans cette entreprise, aura été la musique de Ramón Humet, compositeur espagnol né en 1968, mais qui a réellement commencé à se faire remarquer au début du XXIème siècle. La partition est subtile, finement ouvragée, un peu dans la veine d'un Toru Takemitsu.

Ekstasis était suivi de trois «vraies» créations, commandes de la compagnie auprès de chorégraphes actuels, pour l'essentiel des danseurs de la troupe. Un «intrus» s'est toutefois glissé dans le groupe : Nicolas Paul, de l'Opéra de Paris, qui trouve là une vraie reconnaissance international. Le propos était d'élaborer une pièce brève autour de Lamentation, autre ouvrage de Martha Graham passé à l'Histoire. Les deux plus jolies réussites furent, tout chauvinisme mis à part, celles signées Bulareyaung Pagarlava, sur les Lieder eines fahrendes Gesellen de Mahler, et Nicolas Paul, qui s'est laissé inspirer par John Dowland, le célèbre luthiste de l'Angleterre élisabethaine. Nicolas Paul, musicien lui-même, sait toujours montrer au travers de ses chorégraphies son excellente compréhension des partitions qu'il met en images, et on pourrait presque parler chez lui de la constitution d'une sorte de «solfège chorégraphique».

La seconde partie du spectacle était entièrement consacrée au Sacre du printemps. Paradoxalement, cette pièce de grande ampleur, datant de 1984 et qui est l'une des dernières qui ait été montée par une Martha Graham alors âgée de près de quatre-vingt dix ans, a mal passé l'épreuve du temps. En guise de danse tellurique, minérale, on se trouve face à une kitscherie qui évoque les productions cinématographiques de la RKO des années 1930, ou certaines horreurs du répertoire lyrique telles Le Dernier sauvage de l'inenarrable Gian Carlo Menotti. Cela permet, a contrario, de mieux comprendre pourquoi les réalisations de Maurice Béjart ou de Pina Bausch se sont, elles, maintenues au grand répertoire. Fort heureusement, si les yeux n'étaient pas forcément à la fête avec ce Sacre-là, les oreilles ont, elles, étés gâtées par un orchestre de l'Opéra absolument magnifique, avec des bois d'une richesse de coloris à se damner. Preuve que quand ils se donnent de la peine, les musiciens de notre théâtre national sont capables du meilleur. On louera également la direction claire, précise du chef américain Christopher Rountree, qui a rendu à la perfection toute la richesse harmonique et rythmique de la célébrissime partition de Stravinsky – tellement célèbre qu'elle en a presque occulté le rôle de Nijinski, un certain soir de mai 1913.



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Gimi



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MessagePosté le: Lun Sep 10, 2018 1:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
... certaines horreurs du répertoire lyrique telles Le Dernier sauvage de l'inenarrable Gian Carlo Menotti.
    je vous trouve un peu injuste. Certes Le Dernier Sauvage (créé le 21 octobre 1963) n'est pas le meilleur de Gian-Carlo Menotti, grâce entre autres à sa mise en scène (signée du compositeur) et aux décors et costumes (d'André Beaurepaire - là on était en plein Tarzan, époque Johnny Weissmuller).
    Mais la partition (médiocre - ce n'est ni Le Médium ni même Le Téléphone) était défendue par une distribution +++ : Solange MICHEL, Adriana MALIPONTE, Mady MESPLÉ, Xavier DEPRAZ et surtout, dans le rôle titre, un petit jeune que je découvrais ce soir là : Gabriel BACQUIER.


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haydn
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MessagePosté le: Lun Sep 10, 2018 1:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ma remarque ne concernait pas les interprètes, Gimi, mais l’œuvre elle-même (c'est d'ailleurs également le cas pour Le Sacre de Martha Graham, le problème, c'est la chorégraphie, pas les danseurs). Wink



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