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Onéguine (Cranko) - [ONP Garnier, 10/02 - 07/03/2018]
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Eva



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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2018 10:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois que la dernière fois que j'ai vu Oneguine, c'était lors des adieux d'Isabelle Ciaravola, difficile de faire mieux donc.
Toutefois, j'ai beaucoup aimé l'interprétation de Ludmila Pagliero hier soir lors du dernier acte.

Je suis curieuse de voir Sae Eun Park.


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Sam Fév 17, 2018 9:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Onéguine dans la presse :
Financial Times
Les Echos


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Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
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MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 12:33 am    Sujet du message: Need to buy in more socks! Répondre en citant

Je dois dire que je partage l'impression de M. Haydn, écrite le 11 février, concernant le couple principal, c'est à dire Mlle Pagliero et M. Ganio.

Ces rôles sont difficiles et très éprouvants physiquement. Leurs interprètes méritent tout notre respect.

Néanmoins, j'ai du mal à adhérer à leur interprétation. Cela a commencé à l'ouverture de rideau, lorsque l'on aperçoit le pied en chausson, tendu à l'extrême, de Tatiana étendue par terre en train de lire.

Non! Oublions les pieds! Le spectateur doit voir son visage, en train de lire.

De même, la démarche par trop "ballétique" de M. Ganio lorsqu'il entre ou sort de scène, ou porte le cape. C'est le mouvement que doit primer sur le pied!

Il me semble qu'il faille, dans des rôles qui se réfèrent à un chef d'oeuvre littéraire, permettre que le rôle s'empare de vous, et que des choses arrivent, pendant la représentation, auxquelles peut-être vous, en tant que danseur, ne s'y attendait pas.

Raison pour laquelle je suis époustouflée par Mlle Gilbert dans ce rôle. Lorsque le rideau s'ouvre, ON NE SAIT PAS ce qu'elle va faire, ou devenir. Et peut-être elle-même, ne le sait pas. Les dés ne sont pas pipés. Elle permet au rôle "de lui tomber dessus". On le voit à l'abandon incroyable des pas de deux, ou Mlle Gilbert ne donne pas une seconde, l'impression de compter le nombre de pas avant de sauter pour le porté.

C'est là où l'on reconnaît la grande artiste qu'elle est.

Or, je crains que Mlle Pagliero n'ait un peu trop balisé le chemin pour ce rôle. Et M. Ganio aussi. Connaissant un peu la personnalité de John Cranko, il voulait toujours, que tout soit "open ended". Let it happen.

Ainsi j'ai trouvé inquiétant le dernier pas de deux. Si on s'abandonne, il n'est pas nécessaire d'aller vers l'expressionnisme, alors que Mlle Pagliero l'a frôlé. J'ai vu récemment des Juliette à Covent Garden pousser un cri en découvrant Roméo inanimé et Edward Watson se laisser régulièrement aller à des choses comme cela. Il ne faut JAMAIS. La danse classique contient en elle-même tout. L'expressionnisme est superflu.

Quant à Heymann, That is why I need New Socks.

A chaque fois que je suis au théâtre, "he knocks me socks off".

Il y avait beaucoup de Russes dans la salle. Espérons qu'ils fassent un rapport détaillé de ce que Heymann a fait. Y-a-t-il cinq autres danseurs de ce niveau dans le monde?

En tout cas, Heymann exemplifie tout ce qui fait la gloire mondiale de la danse française: aucune tricherie, aucune trace de "fake emotion", chaque pas exécuté avec rigueur et réflexion. Tout est dans le dos, aucune déperdition d'énergie dans le pied. Des ports de bras d'une correction inouïe.

Le Grand Adage de Lenski avant le duel! Did I see that? Est-ce possible de le danser aussi bien? Avec une telle maîtrise du plié? Une plastique aussi ciselée, alors qu'il s'agit d'un danseur marquément de demi-caractère?

Et partant, une interprétation au niveau d'Egon Madsen ou d'autres grands du vivant de Cranko.

Chapeau bas à James Tuggle: il a réussi à rendre une partition inécoutable, écoutable. Il mérite largement l'appel devant le rideau.


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Ombeline



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Localisation: Essonne

MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 10:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mathieu Ganio est absent ce soir. C'est Audric Bezard qui le remplace au pied levé (et sans moustache, s'il vous plait). En espérant que ce ne soit rien de grave...


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26513

MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 10:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moi je trouve plutôt que ça commence à sentir la nomination. Mais la moustache ne vient qu'à l'acte II il me semble...



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Alexis29



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MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 10:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui cela fait un bon mois que personne n'a été nommé Wink


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sophia



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MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 10:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai ça, on est en manque! Shocked Cool


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Ombeline



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MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 10:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai écrit juste avant l'acte III mais il s'avère que la moustache n'apparaît par magie qu'avec des jumelles Laughing. Je n'étais pourtant pas si loin cette fois !


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Mer Fév 21, 2018 11:00 pm    Sujet du message: La Stupidité peut-elle exister en danse classique? Répondre en citant

J'en viens maintenant à la question d'Olga ... et d'Onéguine lui-même.

Pouchkine n'est pas tendre avec eux. On tend à oublier que son poème n'est pas un drame, mais un satire au vitriol, qui a aiguisé la haine de ses déjà nombreux ennemis.

Onéguine, il décrit comme

"l’enfant du luxe et du plaisir qui du jour a fait la nuit".

Et

"Son cœur, vide de grandes passions, était sourd aux voix de la poésie, et malgré tous ses efforts, il ne put jamais distinguer le vers iambique du vers choréen. Homère et Théocrite excitaient ses dédains, mais il lisait Adam Smith et s’occupait d’économie politique, c’est-à-dire qu’il pouvait expliquer comment un empire augmente ses richesses, comment il se soutient, et pourquoi il n’a que faire de l’or s’il possède un sol productif et abondant."

Et encore,

"les rapports des peuples entre eux, les progrès de la science, le mal et le bien, les préjugés des siècles, les mystères de la tombe, la vie, la destinée ... Comme solutions à tous ces problèmes, Lensky lisait des pages des auteurs du Nord qu’Eugène écoutait avec attention, bien qu’il n’y comprît pas grand’chose."

Flatteur pour l'intelligence de notre héros, n'est-ce pas?

Quant à Olga, Pouchkine la décrit comme ayant un gros visage rouge rond comme la lune, telle une "Vierge du Nord" ... qui le fait bailler d'ennui.

Mais le pauvre Lenski du haut de ses 18 ans, dit à Onéguine, "Oh ! si tu savais, mon cher, comme les épaules d’Olga sont devenues belles ! Quel cou !"

Or, la Stupidité crasse n'est pas chose facile à représenter en danse - d'autant plus que les danseurs classiques tendent à être dotés, en raison de la complexité de leur art, d'une intelligence très au-dessus de la moyenne. "They don't do Stupid, Stupid."

En un mot, Onéguine n'est pas une lumière, et Olga non plus. Ces deux-là eussent sans doute pu être charmants ensemble.

Et dans la Russie rurale des années 1820s, un seul faux pas - comme un flirt - pouvant entraîner l'éviction sociale définitive, il fallait qu'une Olga soit particulièrement obtuse pour ne pas comprendre les codes de la bienséance à ce point.

Donc, pour qu'une "Olga" fonctionne, il faut que son interprète épouse sa bêtise.

Quant aux parties "dramatiques" dans le satire, elles sont là pour que la (haute) classe sociale à laquelle appartenait Pouchkine lui-même, comprenne qu'il y aura un jour des conséquences lorsque l'on on papillonne dans la vie au dépens des autres. Et aussi, que l'oisiveté à ce point est pire que la vulgarité. Elle tend à revêtir un aspect carrément criminel.


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Sarra



Inscrit le: 29 Sep 2009
Messages: 263

MessagePosté le: Jeu Fév 22, 2018 3:12 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sans vouloir ni croiser le fer avec Mme Kanter ni diriger vers elle, à quinze pas, un pistolet de duel (qui suis-je, pour m'y risquer !... Very Happy), je me permets toutefois -abrité par mon insignifiance même- de faire remarquer :

a) que de plusieurs autres citations antagonistes l'on pourrait déduire qu'Onéguine n'est pas le crétin qu'elle dit (à supposer d'ailleurs que l'on puisse inférer une telle stupidité des trois passages choisis...) ;

b) que ce n'est pas le narrateur -Pouchkine, donc- qui fait le portrait d'Olga tel que le cite Katherine Kanter, mais un Onéguine boudeur, bougon, renfrogné parce que Lensky a voulu aller chez les Larine... Eugène s'est finalement décidé à l'accompagner, mais l'on pressent que c'est seulement pour que son humeur dépitée soit non loin de l'ami (voir chapitre III, strophes I et II) : et toujours ronchonnant au retour, il "charge" donc un peu -comme on dit... Et même beaucoup !* Car selon Pouchkine cette fois :
"Toujours modeste, toujours obéissante, toujours gaie comme le matin, des yeux bleus comme le ciel, un sourire naïf, des tresses de lin, une fine taille, une voix argentine, tout dans Olga..." Beauté indéniable, donc. Beauté stéréotypée certes, puisque : "prenez le premier roman venu, et vous y trouverez son portrait ; il est charmant ; autrefois je l’ai beaucoup aimé, et maintenant il m’ennuie à mourir, et permettez-moi, lecteur, de vous parler de sa sœur aînée."
Lensky voit très justement la beauté d'Olga : ce n'est pas par niaiserie ou par aveuglement amoureux qu'il vante la grâce du cou, des épaules d'une jeune fille qui serait sans charme... Mais il ne perçoit pas du tout, léger qu'il est, sa superficialité (peut-être écho d'une beauté trop convenue, trop "lisse") -Olga, comme on sait, après la mort du jeune "poète" se consolant vite avec le premier uhlan venu...
Onéguine, lui, a bien compris, et tout de suite, la profondeur de Tatiana...

c) J'aurais également deux ou trois petites choses à redire sur d'autres points de la note de Mme Kanter, mais il est bien tard... Smile

*Le lecteur le saisit fort bien puisque dans l'image d'Olga telle qu'Onéguine grognon la dépeint, la lune -comparant du visage- est idiote, et l'horizon aussi -ce qui tout de même signale la mauvaise foi assumée, ostensible...
"(...)V chertakh u Ol'gi zhizni net.
Toch'-v-toch' v Vandikovoy Madone: [Madone de Van Dyck plus que "Vierge du Nord", me semble-t-il...]
Krugla, krasna litsom ona,
Kak eta glupaya luna
Na etom glupom nebosklone".


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Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1413
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MessagePosté le: Jeu Fév 22, 2018 2:35 pm    Sujet du message: Regard frontal - regard en ricochet Répondre en citant

J'avais oublié de mentionner un léger problème avec le bal chez les Larine de l'Acte II.

En bon disciple de ses aînés parmi les chorégraphes anglais, John Cranko récusait trop de frontalité - les scènes de masse sont censées être touffues, et les interprètes principaux ne pas constamment focaliser le regard devant, c'est à dire vers et pour le spectateur.

Lorsque Olga danse avec Oneguine au bal, nous avons eu la soirée du 20 février l'impression qu'elle dansait pour nous, le public et donc qu'elle était pleinement consciente de ce qu'elle provoquait. Il me semble, au contraire, qu'il faudrait que son inconscience soit répercutée par son regard, qui fasse ricochet sur l'un et l'autre de ceux qui l'entourent car elle se PERD.


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26513

MessagePosté le: Ven Fév 23, 2018 12:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Petit reportage dans "les coulisses d'Onéguine" diffusé hier soir au 19/20 de France 3, en compagnie de Ludmila Pagliero, Mathieu "Gagnot" [sic] et Reid Anderson :



https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/art-culture-edition/opera-dans-les-coulisses-d-un-ballet_2624152.html



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Eva



Inscrit le: 26 Fév 2013
Messages: 356
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MessagePosté le: Ven Fév 23, 2018 12:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas de retour sur la première de Sae Eun Park ? Smile


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Constance



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Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Fév 23, 2018 8:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Retour sur la représentation d'hier, 22 février, avec des réminiscences de celle du 15 février.

Cette représentation voyait la prise de rôle des quatre solistes principaux, Hugo Marchand en Onéguine, Sae Eun Park en Tatiana, Léonore Baulac en Olga et Germain Louvet en Lenski.

Je dois dire en préambule que ce ballet m'a toujours paru ennuyeux, d'autant que, et cela a été abondamment souligné sur ce forum, la partition concoctée par K.H. Stolze n'est pas, à première audition, très...emballante! Même, et je risque ici de choquer, même l'interprétation conjointe d'Isabelle Ciaravola et de Hervé Moreau, au demeurant magnifiques l'un et l'autre, n'avait pas réussi à me tirer de ma léthargie et à éteindre mon irritation. La fougue, la passion de l'opéra de Tchaïkovski, l'ironie mordante et la complexité du roman de Pouchkine, je ne retrouvais rien. La scène dite "de la lettre", un des sommets de l'opéra russe, me paraissait particulièrement maltraitée, transformée en un songe un peu niais.
La soirée du 15 février, portée par de très grands artistes que j'admire beaucoup, n'avait pas levé mes préventions. C'était magnifiquement dansé, Mathias Heymann était absolument extraordinaire, une perfection indépassable -mais très seul car Myriam Ould Braham passait complètement à côté du rôle d'Olga-, Ludmilla Pagliero était magnifique dans la dernière scène mais cela ne prenait pas vraiment.
Hier, avec bien plus d'imperfections que la semaine passée, j'ai aimé Onéguine et je n'en reviens toujours pas.
Le premier mérite en revient à Hugo Marchand, irrésistible Onéguine. Tout ce que touche ce danseur s'enflamme! Il réussit à rendre parfaitement lisible la complexité du personnage, et donc l'intrigue, et sa présence brûle littéralement la scène. Certes, il pourra paraître très acteur, voire trop expressif dramatiquement, et la scène du bal du troisième acte est un peu moins subtile, mais c'est toujours parfaitement juste, en osmose avec le mouvement et non plaqué sur le mouvement. Et c'est magnifiquement dansé! Quelle maturité!
Face à lui, si solaire et dramatique, la délicate Sae Eun Park. On pouvait craindre une certaine difficulté à habiter Tatiana pour cette belle danseuse, souvent très retenue, même si elle évolue beaucoup ces derniers temps. A-t-elle réussi? Malgré tout, oui; malgré une certaine raideur au début du ballet, malgré certains gestes un peu "téléphonés d'avance" ou un peu convenus, elle campe une Tatiana vraiment jeune, qui évolue réellement -le début de la scène finale est magnifique, en femme faite, penchée sur la lettre d'Onéguine, en contraste avec son attitude de l'acte 1, avec sa propre lettre. Elle est particulièrement impressionnante dans la variation du bal de l'acte 2, dans laquelle une violence s'empare de sa danse, où la vitesse, grande qualité de Park, infuse à son mouvement la pression subie par le personnage, qui passe proche d'une certaine folie, révélant des abîmes, tant du personnage que de la danseuse. Les pas de deux sont bien sûr plus "couturés" que ceux de leur ainés Pagliero/Ganio, et on mesure en voyant la jeune génération aux prises avec les portés un brin délirants de Cranko, combien le duo Pagliero/ Ganio danse formidablement bien car la difficulté n'apparaissait jamais, quand ici, elle se voit; malgré la très belle technique du couple, c'est un peu plus heurté, mais cela ajoute au côté juvénile de l'ensemble, fort bien venu. S.E. Park, parfois précautionneuse, est ici, parfois, capable d'un totale abandon physique, qui rend son mouvement très sensuel, ce que l'on attend pas forcément chez elle. Finalement, le partenariat avec H. Marchand fonctionne bien, car la fougue de celui-ci la pousse et l'éveille, quand un partenaire plus sage l'aurait peut-être moins aidée. Le seul bémol vient peut-être de la scène finale, très belle au demeurant, mais dans laquelle Onéguine domine et "sadise" encore Tatiana pendant les trois quarts de la scène - ce que les pas de Cranko suggèrent assez d'ailleurs-, quand il est plus juste que le rapport de force soit davantage inversé. Cependant, cette scène finale emporte tout sur son passage, malgré les maladresses!
L'autre grand mérite, c'est celui de Léonore Baulac, parfaite en Olga, enfin! Là ou Myriam Ould Braham ne disait rien, rendant l'intrigue incompréhensible et même incohérente, L. Baulac, sans jamais rien forcer, rend à Olga une vraie consistance, dans la légèreté même de son caractère. Elle est vive, précise, rapide, ultra musicale, et, pour ce genre de rôle (à mon sens, ce n'est pas toujours le cas), elle est la partenaire idéale du sage et sérieux Germain Louvet. Leur pas de deux de l'acte 1, sur la fameuse Barcarolle, est un régal de luminosité et de fluidité. Germain Louvet n'est bien sûr pas encore à la hauteur de M. Heymann, mais il est un très beau Lenski, très attachant; quelques réceptions sont hasardeuses mais c'est tout de même très bien dansé, avec une ligne et un style impeccable. Son Lenski est jeune, idéaliste, un peu naïf, et ne fait clairement pas "le poids" face à Onéguine, surtout celui de H.Marchand, là où le duo des personnages campés par Heymann/ Ganio est plus équilibré. Dans le rôle ingrat de Grémine, Jérémie Loup Quer complète cette jeune distribution, moins bienveillant que Florian Magnenet, parfait, mais avec prestance.
Mention spéciale pour le Chef et l'orchestre; on se prend même à fredonner la musique, un comble!

Un Onéguine très prometteur, car les interprètes progresseront sans nul doute avec l'expérience, mais un coup de frais a soufflé sur le Palais Garnier, et paradoxalement, les braises de la passion se sont rallumées


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Swann



Inscrit le: 24 Mar 2007
Messages: 193

MessagePosté le: Ven Fév 23, 2018 9:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Constance pour ce très beau compte-rendu. J'ai hâte de les voir !


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