Play (A. Ekman) [ONP Garnier 06/12-31/12/2017]

[sophia]

Oui, enfin, rien ne dit qu'il n'y reviendra pas un de ces jours. La "chose" existe en tout cas et fait honneur au théâtre.

[sophia]

Je suis d'accord avec Lauriston pour dire qu'il y a toujours cette crainte, en France, d'être vu comme un ronchon ou, pire encore, comme un adversaire de la modernité, autrement dit comme un "vieux con".

[tuano]

Est-ce que vous savez pourquoi Play se joue certains soirs à 19h30 et d'autres à 20h ?

[haydn]

C'est pour répondre, paraît-il, à une demande d'une partie du public, qui avait du mal à arriver à 19h30 après une journée de travail. Il est vrai que vu l'organisation de la circulation automobile et des transports publics dans Paris, les temps de trajet n’arrêtent pas de croitre.

Dans certains cas, c'est aussi dû à la programmation d'une autre représentation (là, principalement les démonstrations de l'école de danse, par exemple le samedi 16/12) en matinée, et qu'il faut laisser un minimum de temps aux machinistes pour remettre le plateau en état et au personnel de ménage pour nettoyer les espaces publics.

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[Stefania]

L'émission La Dispute sur France Culture a un peu rompu cet unanimisme médiatique puisque l'un des trois critiques invités n'a pas hésité à dire tout le mal qu'il pensait du spectacle. Les deux autres étaient plus enthousiastes mais ont tout de même exprimé des avis nuancés qui ne se contentaient pas de reprendre des éléments fournis par un dossier de presse. Dans les deux cas, les opinions étaient argumentées.
Dans cette émission, j'aime bien les interventions enthousiastes d'Anna Sigalevitch. Cette fois, elle prend notamment la peine de citer les noms des danseurs. Et j'ai été un peu troublée par une remarque qu'elle fait en passant sur la virtuosité libre et assumée dans laquelle les interprètes semblent s'épanouir. Mais les danseurs de l'Opéra de Paris pourraient donc aussi s'épanouir dans les grands ballets classiques qui leur laisseraient tout autant l'occasion de se montrer virtuoses, non ?!
Le débat sur Play commence à peu près à la 40ème min.:
https://www.franceculture.fr/emissions/la-dispute/danse-deux-mille-dix-sept-unwanted-play

[sophia]

Olivier Brunel, sur Concerto.net, s'interroge lui aussi sur la programmation de Play - une "production-gadget" selon ses termes - à l'Opéra de Paris.

[paco]

[tuano]

Merci pour ces explications sur les horaires.

[haydn]

Dézingage de Play à la mitrailleuse lourde par Raphaël de Gubernatis, l'ancien critique chorégraphique de L'Obs (ex - Nouvel Obs) et qui sévit maintenant sur le magazine en ligne "Toute la culture". Au moins, on ne pourra pas l'accuser de langue de bois :

Le propos ? Quel propos d’ailleurs ? A en croire les contributions rédigées pour le programme qui commente ou, plus justement, encense par avance le spectacle, dans « Play » la notion de jeu revêt une dimension toute philosophique : de fait, on ne découvre sur scène qu’une succession sans queue ni tête de tableaux présentés dans une impressionnante scénographie d’une blancheur immaculée. Des tableaux ludiques, certes, mais d’un vide désolant. Plus metteur en scène que chorégraphe à proprement parler, Ekman, sans vergogne aucune, déploie dans « Play » une multitude d’images imaginées par d’autres au fil des dernières décennies. Très séduisant au premier abord, le premier volet du spectacle apparaît bien vite comme une anthologie du répertoire contemporain où une esthétique à la Robert Wilson par exemple est abondamment pillée. Onirisme facile, figures emblématiques, donc déjà vues, comme celles de ce garçon dont le torse nu émerge d’une monumentale jupe à traîne, de ce clown blanc ou de ce cosmonaute arborant un drapeau destiné à être fiché dans le sol de quelque planète lointaine, ou encore de ces hommes dont le chef est une sphère démesurée ; comme celle de ces femmes couronnées de bois et lancées sur le plateau comme une harde de cervidés dans la « Sylvia » de Neumeier, comme cette fille qui très lentement traverse le plateau, un peu à la façon de Lucinda Childs dans « Einstein on the Beach ».

« Play » : un divertissement racoleur et sans grande originalité, par Raphaël de Gubernatis ( www.toutelaculture.com )

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[Stefania]

Hier, j’ai vu à mon tour Play et j’ai été tellement déçue ! Après vérification dans le dictionnaire, je crois même pouvoir dire que je suis consternée. Pourtant, j’y suis allée vraiment curieuse de découvrir ce chorégraphe (ou metteur en scène) que je regrettais d’avoir manqué au Théâtre des Champs Elysées cet été avec son Swan Lake. Et j’avais même trouvé les vidéos diffusées par l’Opéra de Paris plutôt prometteuses. Tout au plus, j’avais compris que je devais moins m’attendre à un ballet qu’à un spectacle. Hélas ! La communication institutionnelle a été trop efficace et il ne reste plus rien d’autre à découvrir sur scène. Et malheureusement, il y a effectivement très peu de danse mais il n’y a pas non plus de raison de s’intéresser au reste d’un spectacle d’une très grande pauvreté créative. J’aurais sans doute mieux fait d’aller voir Momix qui a l’air tellement plus riche en images nouvelles, belles ou surprenantes !
Apparemment, les critiques et les spectateurs apprécient le plus souvent la première partie et se montrent plus circonspects devant le propos simpliste de la seconde partie. Pour ma part, le malaise s’est très rapidement installé et, sans doute conditionnée par l’idée que la situation ne risquait donc pas de s’arranger après l’entracte, j’ai finalement trouvé le deuxième acte moins pire, si on peut dire. Mais dans l’ensemble j’ai trouvé cette soirée très triste et on touche vraiment le fond avec l’épilogue interactif
J’ai trouvé qu’il régnait partout et tout le temps un tel vide que j’en aurais pleuré de dépit pour les danseurs. Toutes ces années de formation et toutes ces heures de travail pour être employés dans cette production indigente ? Mais quel gâchis ! Je ne sais pas sur quels éléments se fondent les spectateurs pour dire que les danseurs retenus pour cette création y trouvent du plaisir. J’ai dû manquer des déclarations sur les réseaux sociaux et j’étais bien trop loin de la scène pour apprécier leurs expressions. Tout de même, j’ai rapidement repéré François Alu dans ce collectif : il mettait tout son engagement habituel dans la pièce et il me semble qu’il y jouait aussi un peu un rôle de chef de troupe entrainant. Quel tristesse de voir cette énergie déployée vainement puisqu’il n’y a rien à danser et même rien à jouer ou à exprimer.
En lisant l’article de R. de Gubernatis je découvre en plus que le spectacle recycle beaucoup de scènes déjà vues. Même sans toutes ces références, l’absence d’idées me paraît éclatante. Les scènes se succèdent et les personnages se juxtaposent sans raison. Les filles défilent sur pointes coiffées de bois comme sur un podium lors de la Fashion Week. Les danseurs courent à droite et à gauche sans jamais former un groupe où il y aurait au moins un défi de coordination ou bien ils restent là à bouger en ligne ou en file indienne en répétant des gestes identiques.
Je me suis franchement crispée au moment où apparaissent des propos à prétention philosophique censés justifier le spectacle. A leur relecture dans le programme je les trouve finalement abordables : ils développent simplement l’idée que la vie tient plus du voyage que du but à atteindre. Mais justement le spectateur n’a rien vécu de substantiel pendant toute la représentation !
Comme il a été dit partout, le spectacle se termine donc sur le retour des danseurs qui lancent balles et ballons dans la salle. A l’amphithéâtre nous n’avons pas été épargnés puisqu’un ouvreur prend la peine de se mêler aux spectateurs pour leur fournir les moyens de participer à ce grand moment festif et interactif. On n’a même pas la satisfaction de se dire qu’on est pauvre mais qu’on conserve sa dignité et il faut en quelque sorte boire la coupe jusqu’à la lie ! C’est du niveau d’une fin de soirée dans une boîte de nuit. Ce qui pourrait être sympa dans un autre contexte est ici complètement hors de propos.
Par ailleurs, je ne suis pas anthropologue et je manque d’arguments pour défendre cette impression mais les enfants ne jouent-ils pas aussi portés par le désir de grandir et de comprendre le monde ? Continuer à jouer à l’âge adulte supposerait alors moins de reprendre ses jeux d’enfants que d’adopter une certaine disposition d’esprit. Rien à voir avec les jeux que nous offre l’Opéra pour clore la soirée ! Et le spectacle me paraît moins proposer de renouer avec le jeu qu’illustrer les excès ou l’agitation de la société de consommation avec un créateur qui a l’air plus intéressé par les accessoires que par ses interprètes et qui offre surtout au public des moments propres à alimenter leur compte Instagram ou leur page Facebook.
Bref, on l’aura compris je ne suis vraiment pas contente ! Hier, quand j’étais au pire de mes impressions, je me suis vraiment cru victime d’une arnaque où personne n’ose dire que le roi est nu. Aujourd’hui, je peux au moins me dire qu’au mieux il s’agit juste d’un spectacle râté : ça arrive et ce n’est pas grave.

[Delph']

Petite anecdote, liée à la médiatisation de ce ballet :
Je vais chez le dentiste la semaine dernière et en fin de rdv le dentiste me demande si je vais voir Play.
Je me demande s'il est écrit à ce point que je suis amatrice de danse sur ma tête...
Bref je lui réponds que non (je suis assez hermétique à la médiatisation et les premières "vraies" critiques lues, notamment sur Dansomanie, ont confirmé mes aprioris).
Je lui réponds donc que "non, je vais à Bastille". Devant ses yeux interrogatifs, je précise "voir Don Quichotte".
Il me répond "Ah vous allez voir l'Opéra." 😂😂
Cette réflexion a donc confirmé mon point de vue que finalement cette création n'était pas faite pour les balletomanes...

[Bill Des Loges]

Et oui Stéfania, "consterné" est bien le terme exact. Je suis très amateur de danse contemporaine et là...que dire? contemporain? peut-être, mais danse pas vraiment. Je partage les nombreux commentaires qui questionnent le pourquoi d'un tel travail pour les danseurs de l'ONP. Et franchement on s'y ennuie ferme et pour ma part je suis triste pour les artistes mis à contribution.