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Ballets suédois

 
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haydn
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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2004 11:15 am    Sujet du message: Ballets suédois Répondre en citant

Encore un événement parisien, malheureusement, mais n'hésitez pas à venir nous parler de ce qui se passe en région ou à l'étranger!

Le Comité Français de la Danse et le Conseil International de la Danse auprès de l'Unesco organisent une

Conférence-Débat

Les Ballets Suédois de Rolf de Maré et les ballets contemporains

Conférencier : Olivier Marmin
Invités : Caroline Marcadé et Quentin Rouillier

Théâtre de la Ville (Coupole)
Jeudi 29 janvier 2004 à 17h30
Entrée par le 16 quai de Gesvres (côté Seine), Paris 4ème
Gratuit dans la limite des places disponibles. Il faut réserver au 03 44 72 08 77


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haydn
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MessagePosté le: Ven Jan 30, 2004 3:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dansomanie est sur tous les fronts, et vos serviteurs Aurélie et Haydn étaient présents à la conférence du 29/01/2004 au Théâtre de la Ville, à Paris. Very Happy Very Happy Very Happy

___________________________________________________________


Caroline Marcadé, qui devait y participer, s'est faite excuser Crying or Very sad

La soirée, organisée par le Comité Français de la Danse était placée sous la présidence de Jean Robin, qui fut directeur des Ballets des Champs Elysées, au TCE, de 1945 à 1951. Les autres intervenants étaient comme prévu Olivier Marmin et Quentin Rouillier.

Les choses ont commencé de manière un peu fastidieuse, et l'on a tardé à entrer dans le vif du sujet. On avait l'impression de se trouver face à quelques dinosaures rescapés de Mai 68 soucieux de s'auto-congratuler, mais, surtout grâce à Olivier Marmin, l'on a eu ensuite droit a une évocation historique des ballets suédois passionnante et solidement documentée.


Jean Robin a ouvert la séance en rappelant le rôle du Comité Français de la Danse, instance représentative auprès du Conseil International de la Danse, à l'UNESCO. Fort de 3000 membres, le Comité Français de la Danse compte environ 1000 professeurs de danse parmi ses adhérents, regroupés dans une trentaine d'associations. M. Robin a ensuite évoqué ses fonctions de directeur des Ballets des Champs-Elysées, en établissant un parallèle entre cette compagnie et les Ballets suédois, tous deux nés d'une initiative individuelle, et qui n'ont pas bénéficié de subventions publiques. Suivait une énumération des actions menées par J. Robin en faveur de la danse, avec notamment la création du Festival International de Danse Contemporaine de Paris, où se produisirent pour la première fois en France des artistes tels Paul Taylor, Merce Cunningham ou Alvin Ailey. Jean Robin a également porté sur les fonts baptismaux le Concours International de Danse de la Ville de Paris, dont les premiers lauréats furent Marie-Claude Pietragalla et Wilfried Romoli.

La parole est ensuite revenue à Quentin Rouillier, qui a longuement narré ses souvenirs professionnels, en insistant sur le foisonnement créatif des années qui ont immédiatement précédé et suivi Mai 68.
Formation classique, et débuts, à l'age de 12 ans, avec Raymond Franchetti et Nina Vyroubova. C'est après un passage de deux ans au Jeune Ballet de France que s'est éveillée son attirance pour la danse contemporaine.

M. Rouillier a ensuite insisté sur l'importance de l'action d'André Malraux et de Jean-Albert Cartier, lorsqu'ils étaient respectivement Ministre de la Culture et Directeur de la Danse. Il a également relaté son passage au Centre Chorégraphique National, à Amiens, et sur l'esprit d'innovation et de liberté qui y régnait alors. L'on essayait d'y présenter des ballets composites, où une soirée était réalisée par 4 ou 5 chorégraphes différents, et ou l'on faisait, dans un but d'ouverture, venir de nombreux créateurs étrangers. Il s'en est suivi une rencontre déterminante avec Jacques Garnier, qui aboutira, avec la complicité de Brigitte Lefèvre, à la création du Théâtre du Silence, à Villejuif. Puis, c'est la création du Cercle, à l'American Center de Paris, ou les danseurs trouvent un terrain de confrontation avec d'autres disciplines artistiques, notamment le Jazz.
Cette vague expérimentale touche aussi l'Opéra de Paris, où Rolf Liebermann fait venir Carolyn Carlson. On modifie les horaires des spectacles de ballet, qui débutent alors à 18h30, et qui proposent un grand nombre de créations. Certaines représentations atteignent une durée de près de cinq heures! C. Carlson s'entoure de danseurs aux profils très différents, organise à leur intention des cours d'improvisation et de composition.

Quentin Rouiller se décide alors à franchir le pas, et entamme une carrière de chorégraphe parallèlement à son activité de danseur. Il commence par fonder un collectif de 4 danseurs, Moebius Dance, puis s'installe à la Maison de la Culture de Châlon sur Saône. Il émigre ensuite à Caen, ou il convainc la municipalité de fonder une compagnie, qui, après des débuts modestes, devient Centre Chorégraphique National.

Sa vie professionnelle prend un nouveau tournant lorsqu'en 1984, Birgitte Lefèvre, alors Directrice de la Danse au Ministère de la Culture, le nomme Inspecteur. Il y retrouve Jacques Garnier, avec lequel il collabore au projet de Cité de la Musique et de la Danse à la Villette. A présent, Quentin Rouillier est en charge du Département des métiers au Centre national de la Danse, à Pantin.


Venait ensuite le tour d'Olivier Marmin, qui s'est lancé dans une présentation historique des Ballets Suédois, en commençant par un "Flash-Back" :

C'est le 17 mars 1925, à l'issue d'un spectacle donné à Epernay, que Rolf de Maré a annoncé à ses danseurs la dissolution de la troupe, créée quatre ans plus tôt.

La fin de la guerre de 1914-18 avait marqué un bouleversement total des valeurs, et facilité une transition en douceur vers des conceptions innovantes dans le domaine de la danse, et des arts en général. La fondation des Ballets suédois ne s'inscrivait plus dans une logique de rupture, comme celle des Ballets russes en 1911, mais dans un processus évolutif. Elle a néanmoins entrainé quelques tensions d'ordre diplomatique, car pour constituer leur compagnie, Rolf de Maré et Jean Börlin avaient largement débauché les membres des Ballets royaux de Suède. Au sujet de Börlin, O. Marmin précise qu'en dépit de transciptions souvent fautives, le prénom du danseur et chorégraphe est bien "Jean", car son père, officier de marine marchande à l'esprit très cosmopolite, avait souhaîté lui donner cette appellation française.

Techniquement, le niveau des Ballets suédois était bien inférieur à celui des Ballets russes, mais Maré et Börlin ont essayé d'en tirer le meilleur parti grâce à des chorégraphies qui sollicitaient essentiellement les qualités plastiques et expressives.

Rolf de Maré s'est comporté en "éthnologue de la danse", et a beaucoup voyagé en Afrique, Asie et Amérique du Nord et du Sud. Il s'est également intéressé aux danses traditionnelles de son pays. Börlin les intégrera souvent dans ces chorégraphies, et c'est sans doute l'une des explications de l'engouement du public pour les Ballets suédois. Il trouvait-là quelque chose de nouveau (la culture suédoise était, dans les années 20, pratiquement inconnue en France) et d'attrayant.

L'un des exemples les plus marquants de l'intégration d'élements de culture populaire suédoise à un ballet classique, est la Nuit de la Saint-Jean. Evidemment, Börlin en passe par une certaine stylisation, pour adapter les danses traditionnelles à la scène, et leur confère un caractère très expressionniste. Cet expressionnisme est également présent dans un ouvrage tel que Les vierges folles, et, pour Olivier Marmin, l'héritier le plus direct de cette esthétique est Kurt Joos.

Olivier Marmin insiste également sur l'influence d'Emile Jacques-Dalcroze, que Börlin va voir à Hellerau pour prendre ses conseils, ou de personnalités de la danse contemporaines de l'époque telles Mary Wigman. Jean Börlin est un esprit remarquablement ouvert, qui ne se focalise pas sur les seuls aspects techniques du ballet classique.
Cette largeur de vue, et sa connaissance "éthnique" de la danse se retrouvent dans des chorégraphies telles Offerlunden (une sorte de "Sacre du printemps" à la mode suédoise) ou Dansgille. Les horizons de Börlin ne se limitent d'ailleurs pas au seul patrimoine populaire suédois, ainsi qu'en témoignent Ibéria (sur la musique d'Albeniz) et La Jarre (d'après Pirandello, musique d'Alfredo Casella). L'Afrique tient aussi une place importante dans l'activité créatrice de Börlin :
Sculpture nègre (1920) et surtout la Création du Monde (1923), d'après Blaise Cendrars sur une musique de Darius Milhaud, qui contient de nombreuses références à la culture afro-américaine et au Jazz, Jazz que l'on retrouve dans Within the quota, un ballet ayant pour sujet l'arrivée des immigrants aux U.S.A., et dont Cole Porter a réglé la partition. Dans Derviches (1920), c'est la culture turque qui est mise à contribution pour faire éclater les canons de la danse classique. La danse elle-même tend, chez Börlin, à s'effacer au profit de la plastique, du décor, de la peinture, au point que les interprêtes finissent par se plaindre de n'avoir "plus rien à faire". Les Mariés de la Tour-Eiffel (1920) constituent à cet égard un exemple extrême, où les masques "grossiers" de Jean Hugo dont sont affublés les exécutants viennent "déshumaniser le danseur et humaniser la danse". Le dispositif est complété par deux commédiens et des phonographes qui débitent de manière monocorde un texte privé de signification. Jean Cocteau avait déjà souhaîté recourir à un tel procédé pour Parade (destiné aux Ballets Russes), mais Diaghilev s'y était opposé.
Dans El Greco (1920), le chorégraphe, s'inspirant des corps tortueux, aux bras torsadés que l'on trouve dans la peinture du Greco, créé un ballet où seul le haut du corps des danseurs est en mouvement, tandis que le bassin et les jambes restent immobiles. Cas exceptionnel, la musique, dûe au chef d'orchestre et compositeur Désiré-Emile Inghelbrecht a été écrite après la chorégraphie.
Dans de tels ouvrages, il ne s'agit ainsi plus de délivrer un message, un sens, mais de stimuler l'intellect du spectateur. Le public ne suit d'ailleurs pas toujours, et André Lévinson ou Emile Vuillermoz publient des critiques très acerbes sur les Ballets suédois, accusés de "désacraliser" la danse. Curieusement, ces Ballets suédois remportent un vif succès en Allemagne, pays qui, contrairement à la France ou à la Russie, n'est pas marqué par une grande tradition de ballet classique, et où les esprits sont ainsi plus "vierges" de préjugés et enclins à accepter ce genre d'innovation.
Olivier Marmin insiste également sur le rôle primordial du décor dans les créations de Börlin ; leur réalisation est souvent confiée a des grands noms de la peinture d'avant garde : Paul Colin (Sculpture nègre), Pierre Bonnard (Jeux), Georges Mouveau (El Greco, Derviches), Fernand Léger (Skating Rink, La création du Monde) ou encore André Hellé (La boîte à joujoux), un artiste de premier plan un peu oublié aujourd'hui.

Olivier Marmin souligne ensuite les interactions entre la danse et le sport, au travers de l'exemple de Skating Rink (1923, musique d'Arthur Honegger) et du Tournoi singulier (1924, musique de Claude Roland-Manuel). Ce dernier ouvrage, peu connu, met en scène un match de golf ou deux joueurs s'affrontent pour les beaux yeux d'une demoiselle. Cette intrusion du monde du sport dans le ballet se retrouve avec Laban, qui règle des chorégraphies pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 (le parallèle est audacieux mais c'est O. Marmin qui le fait...). On retrouvera une telle démarche chez Michel Descombey en 1963, avec le ballet But, stylisation d'un tournoi de basket.

Dernier thème abordé, les liens danse-cinéma. A la différence de Diaghilev, qui ne manifeste aucun goût pour le Septième art, Rolf de Maré et Jean Börlin font appel à des images animées pour certaines de leurs créations : Relâche (1924), par exemple, comporte un entracte cinématographique rélaisé par Francis Picabia et René clair.

La séance s'achevait par une brève série de questions.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 01, 2004 1:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques liens et sources bibliographiques sur les Ballets suédois



http://www.dancemuseum.com/

http://ballets.suedois.free.fr/

http://www.mary-wigman.de/

http://carina.dancelex.net/eabout3.htm

http://www.dalcroze.ch/

http://www.rhythmik-hellerau.de/



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Idamante



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MessagePosté le: Lun Aoû 21, 2017 9:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ma curiosité vagabonde en ce mois d’août me conduit vers Germaine Taillefer, la seule femme compositrice du groupe des Six ( F. Poulenc , G.Auric, G . Milhaud, A. Honneger, , C. Durey, G. Taillefer.) Je découvre ainsi les commandes qui lui furent faites par Rolf de Maré , le producteur , directeur, « inventeur », bon génie ( ? ) , bref le « Diaghilev » des Ballets Suédois . Petit coup de coeur pour cet étonnant ( et à mon avis délicieux) pastiche des suites de danses de Bach, Scarlatti et autres Couperin, ressuscité au disque et au concert - pas chez nous , hélas ! - https://www.youtube.com/watch?v=LKGNF3G7FZ8 , "Le marchand d'oiseaux" , un ballet donné en 1923 par les Ballets Suédois, entre les créations originales polémiques et les ballets traditionnels de leur tournée. Une oeuvre néo-classique qui combine les formes classiques avec des dissonances qui fleurent bon Ravel et Stravinsky .

Internet est bien pauvre en images et surtout en photographies de cette oeuvre à plusieurs mains ( musique Germaine Taillefer, chorégraphie Jean Börlin, livret & décors Hélène Perdriat). J’ai retrouvé dans les archives de Dansomanie de 2004 le compte-rendu d’une conférence du Théâtre de la Ville par haydn , sur le thème des Ballets suédois mais rien sur le « Marchand d’oiseaux ». Germaine Taillefer n’y est même pas citée malgré 2 commandes et deux succès . Je me demandais cependant si certains lecteurs de Dansomanie n’avaient pas croisé sur Internet ou ailleurs des photos et pouvaient me guider à l’entrée du labyrinthe d’une recherche … de pure fantaisie .

Rare document un peu précis sur le « Marchand d’oiseaux » ( 1923), une thèse éditée à l’Université de Standford , USA. en 2011. La thèse tourne autour du discours masculin ( critiques, chefs d’orchestre, musiciens ) sur une oeuvre de femmes, étiquetée d’office « féminine » ( je ne m’aventurerai pas dans les méandres de l’analyse féministe qui montre tous les sous -entendus associés quelque peu méprisants ) . J’ai retrouvé quelques commentaires de critiques musicaux : un Vuillermoz, admiratif mais un peu condescendant, un Georges Auric éloquent, mais peu de choses sur la danse , même si Colette crie au « triomphe »
En explorant les archives du fond Rolf de Maré à Stockholm , l'étudiante a retrouvé le synopsis du livret d’Hélène Perdriat , plus connue comme artiste peintre et donc inspiratrice des décors et costumes ; Une histoire très linéaire à la façon des contes en vogue dans les gravures d’époque - ou des images d’Epinal- : Deux soeurs, l’une ingénue et modeste, l’autre arrogante et avide de promotion sociale s’énamourent l’une d’un simple marchand d’oiseau, l’autre d’un riche homme noir masqué … Qui s’avèrera être un imposteur … Référence à Mozart ? Papageno et Monostatos semblent avoir inspiré les deux hommes du ballet. A l'évidence " Petrouchka" (et son Maure ) aussi ...
Rien ou presque sur la chorégraphie qui semble ne pas avoir été remarquée faute de ces pas et mouvements exotiques marquants dans les ballets d’avant-garde .) Sauf peut-être la scène des Ecolières , parodie burlesque ( sur la reprise de la parodie de l’ouverture d’un Brandebourgeois mâtinée de « Il court, il court le furet » ! ) dont je joins les dessins des costumes ( issus du Dansmuseet , Stockholm, Suède ( Merci à l’administrateur de les ôter si le copyright n’est pas respecté…)



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Idamante



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MessagePosté le: Lun Aoû 21, 2017 9:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Germaine Taillefer Le marchand d'oiseaux https://www.youtube.com/watch?v=LKGNF3G7FZ8
Suite de danses = Ouverture, valse "à la Chopin", forlane, chorale, reprise de l'ouverture, passe-pied, Pavane 1, Pavane 2, Valse " viennoise", gigue.

Dessins des costumes Hélène Perdriat






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haydn
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MessagePosté le: Lun Aoû 21, 2017 9:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Idamante! J'ai du voir il y a longtemps la partition de ce ballet de Germaine Taillefer, dont il est vrai je ne trouve pas la musique excessivement passionnante. D'ailleurs, avec Louis Durey, c'est sans doute la moins jouée du Groupe des six. C'était en revanche une personnalité haute en couleur (pas forcément ce qu'on appellerait "féministe" aujourd'hui), passablement libertaire (avec Durey et Milhaud, certaines virées dans le Sud de la France avaient tendance à "dégénérer", et les libations s'achevaient fréquemment au poste de police après plaintes du voisinage).


Sur Gallica, la base de données iconographique de la BnF, on trouve quelques documents au sujet de ce ballet oublié, créé en 1923 au TCE :



http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53112942f/f39.image



http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438390t

(Apparemment pas de problèmes de droits, ils sont signalés par la BnF comme relevant du domaine public)



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haydn
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MessagePosté le: Lun Aoû 21, 2017 9:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Nos messages se sont croisés Idamante.



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MessagePosté le: Mar Aoû 22, 2017 11:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci en retour haydn :
Une touche de fantaisie et de vérité à ajouter aux biographies circonspectes des sites consultés ( surtout anglo-saxons ! ). . C’est fascinant de voir combien nos artistes travaillent - et vivent - en réseau - réseaux d’amis, réseaux de collaborateurs, réseaux de communauté de vue ou d’esthétique, qui se superposent . Plus que jamais, à l’époque, « l’Art pour l’Art » cher aux américains était une vue de l’esprit .
Un commentaire en demi teinte sur la musique : Bien sûr, cela tient à une synthèse bien faite de « l’esprit » du moment plus qu’à une création très originale . Pourtant l’art du pastiche a au moins un intérêt : le temps passé à repérer les références évite l'ennui et l’exercice permet de repérer quelquefois des petites pépites inattendues. Je place Francis Poulenc et Darius Milhaud, pas GT, en haut du Panthéon des Six et j’apprécie beaucoup les compositions d’Auric et Honneger - au cinéma en particulier . Mais la thèse féministe présentée ci-dessus permet de se poser la question : Comme Berthe Morisot , Germaine Taillefer n’est-elle qu’une artiste secondaire qui « copie » ses Maîtres ? Se cantonne-elle dans le registre « féminin « que lui octroie le discours dominant masculin ? Ou, et cela est hélas bien partagé entre les 2 sexes, est-elle une artiste secondaire parce que « étiquetée » comme telle, qu’il faut réécouter ?
Merci surtout pour la photo. Au delà de l’illustration, on y voit l’amour de l’Art Déco pour la symétrie - les écolières/les enfants de Marie ; les 2 soeurs ; derrière l’exubérance et la luxuriance du décor , fenêtres, arbres, barques voire carreaux, volants des costumes par 2 ou en batterie . Et le décor fantastique d’ Offerlunden ouvre bien d’’autres curiosités ...


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haydn
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MessagePosté le: Mar Aoû 22, 2017 11:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas du tout que Germaine Tailleferre ait été une "artiste secondaire" qui ait "copié" de quelconques maîtres. Elle a sa personnalité, son style est celui qui s'est développé plus ou moins en commun dans le creuset "néoclassique" des années 1920-30. Après, contrairement à des musiciens comme Poulenc ou Honegger, elle n'a pas réussi à aller au-delà de ça, et sa musique est trop restée dans le domaine de l'anecdotique. On pourrait faire un peu le même reproche à Darius Milhaud (donc rien à voir avec le sexe), dont l'inspiration s'est progressivement tarie, et dont peu d’œuvres composées après la dernière guerre se sont vraiment maintenues au répertoire. Ce que l'histoire a préservé, ce sont, comme pour Tailleferre, les "œuvres folles" des années folles, Esther de Carpentras, Le Pauvre Matelot, Le Bœuf sur le toit, Les Mariés de la tour Eiffel, La Création du monde, Salade...



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Idamante



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MessagePosté le: Mer Aoû 23, 2017 12:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tout à fait d’accord avec vous haydn : L’inspiration de Darius Milhaud s’est étonnamment tarie. Germaine Taillefer n’a pas fait éclater d' oeuvre qui touche au delà du plaisir immédiat.
La chance des oeuvres « folles » que vous avez citées , c’ est d’être des oeuvres collectives où le génie des uns s’allie à l’audace ( et/ou la provocation ) des autres. Mon grand père racontait le choc de la Première de la « Création du Monde » sans jamais évoquer séparément thème, musique, chorégraphie, costumes mais bien comme une pièce « à la mode » qui avait rencontré un public parce qu’elle résumait bien l’air du temps de cet après-guerre où il fallait effacer bien des horreurs : formes nouvelles, couleurs primaires du décor de Fernand Léger, tableaux vivants plus que chorégraphie. Bref, à son sens, images plus que danse malgré le rythme de la musique . . .

Rolf de Maré soulignait ses/ces objectifs dans cette « profession de foi » tirée de La Gazette des 7 arts de novembre 1923 « Pourquoi j’ai monté l »La création du Monde » ?
" Comme je l'ai déjà écrit ailleurs, qu'est-ce donc un ballet, sinon l'association pour un résultat unique de la chorégraphie, de la peinture, de la musique et de la poésie ; aboutissement synthétique des arts les plus divers. Et voilà pourquoi il est permis d'espérer tout du Ballet moderne, association d'esprits. Lorsqu'on songe que pour un but final, quatre intelligences des plus audacieuses se sont unies, il faut être reconnaissant au Ballet de permettre pareille entente. «La Création du Monde» est une œuvre d'une homogénité parfaite, et pourtant on y trouve la formule type, l'expression de l'art particulier à chacun des créateurs. Biaise Cendrars, le jeune écrivain dont l'esprit incisif et la haute érudition ne sont plus à redire, Biaise Cendrars qui est un de ceux qui possèdent le mieux l'art si spécial et si subtil des nègres (voir son admirable Anthologie) m'a offert un thème de Ballet qui ne pouvait manquer de me séduire. Je n'irai pas dire ici ce qu'est exactement «la Création du Monde», mais il n'est point difficile d'imaginer comment Cendrars a pu traiter un sujet si fertile. Fernand Léger, dont l'autorité grandit chaque jour, incontestée, dans les milieux internationaux de peinture moderne, a conçu et réalisé en parfaite union d'idées avec Cendrars des décors où sa personnalité éclate plus en progrès que jamais. Ses idoles nègres, ses masques, ses costumes, et la couleur distribuée dans les décors, prouve avec «Skating-Ring» sur le poème de Canudo et la musique de Arthur Honegger, combien le théâtre pourrait gagner à acquérir définitivement Léger. C'est Darius Milhaud qui a écrit la partition de «La Création du Monde». Darius Milhaud représente à l'heure actuelle le mouvement musical moderne le plus vivant et aussi le plus sobre. Dans la musique contemporaine, il occupe déjà une place qui effraie les pontifes. Et comme Darius Milhaud n'a pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin, il sera bientôt un des chefs incontestés des groupements de la musique de demain. On se rappelle l'admirable composition musicale de «L'Homme et son Désir» et dans la «Création du Monde», Darius Milhaud, à mon sens, y a surpassé toutes ses œuvres précédentes. Je ne vous parlerai pas de Jean Borlin, chorégraphe de ce Ballet. Ici même en ont été faits les plus grands éloges, et je n'ai rien à ajouter à des plumes plus autorisées que la mienne. Quatre hommes cle la valeur de Milhaud, Cendrars, Léger et Borlin, réunis pour créer une œuvre ; comment dire après cela que le Ballet, synthèse des arts les plus divers, n'est pas la plus pure, la plus complète expression de l'état d'âim moderne? " ROLF de MARE.

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