Le Songe d'une nuit d'été, ONP Bastille 9-29/03/2017

[sophia]

Critique dans le Financial Times (+ quelques mots sur A-bras-le-corps).

[Bernard45]

J’étais à Bastille pour la soirée du mardi 21. Comme ça, en vrac, mes impressions.

Décors et costumes fabuleux, en rien Disney comme j’ai pu le lire, mais tout à fait féeriques. Pour une entrée au répertoire, on a mis le paquet si j’ose dire, on n’a pas lésiné sur les moyens et Christian Lacroix a visé très juste.

On suit parfaitement la plupart des ingrédients de la comédie de Shakespeare, sans problème. Encore faut-il la connaître, et je ne suis pas sûr que beaucoup de spectateurs aient été dans ce cas. En me mettant à la place de quelqu’un qui ne l’a jamais vue au théâtre, je me dis qu’on doit se poser des tas de questions, tant la pièce du grand William recèle de carrefours composant un vrai dédale. En fait, il y a trois histoires en une, même si les comédiens apparaissent relativement peu, leur pièce de théâtre jouée devant la Cour étant remplacée par un très bel acte II réellement dansé.

Emmanuel Thibault campe un Puck absolument adorable par toutes ses mimiques qui m’ont vraiment réjoui. C’est peut-être la dernière fois où je l’aurai vu sur scène, la fin de sa carrière à l’ONP approchant. Il laissera un sacré souvenir ! Sae Eun Park en Héléna a survolé véritablement les deux couples de jeunes amants. Marion Barbeau dans le divertissement du second acte a été superbe de présence, bien aidée par un Florian Magnenet très attentionné pour sa ballerine. Mais celui qui m’a véritablement scotché, c’est Fabien Révillion en Obéron, d’une justesse dans tous ses sauts et d’une élégance princière. De la graine d’Étoile !

Un conseil : si vous n’avez pas compris l’histoire, le Songe est présenté à Berthier à partir du 21 avril. Pour l’avoir vu en février dernier, c’est du grand art !

Enfin, à ceux qui n’ont pas aimé, rappelons les dernières paroles de Puck : « Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement que vous n’avez fait qu’un mauvais somme. »

[Gimi]

[céline]

Un mot sur le songe filmé, Mlle Pujol semble toujours à sa place sur scène, une présence incontestable. Je ne sais pas si elle en a envie mais peut-être, après ses adieux officiels, une invitation à danser Onéguine serait une bonne idée. Tant de paramètres peuvent l'empêcher que j'ai peu d'espoir mais c'est une évidence que cette danseuse a toujours des choses à dire. Alors, voici un petit mot d'admiration...

[Bill Des Loges]

Merci Céline pour votre petit mot concernant Laëtitia Pujol. J'étais à la représentation du 14 mars et, personnellement, je n'ai vu qu'elle. Totalement investie dans son "petit" rôle. Les autres étaient très bien, mais je pense que Mr B. n'a pas été très inspiré sur ce ballet. Heureusement, Lacroix ravive les couleurs!

[sophia]

Le ballet sera diffusé à partir du 27 mars sur Culture Box.

[LucyOnTheMoon]

Un petit mot aussi sur la représentation du 23 mars. Je m'étonne moi-même d'avoir pris une place pour ce ballet, n'étant pas particulièrement fan de Balanchine, mais j'étais curieuse de voir ce que cela pouvait donner dans un ballet "narratif". Et surtout, pour dire les choses franchement, Mlles Abbagnato et Renavand (deux danseuses que d'admire énormément, pas pour les mêmes raisons) sont désormais si rares sur les scènes parisiennes (pas pour les mêmes raisons non plus) que je ne pouvais pas manquer cette occasion. Et par chance cette fois il n'y a pas eu de blessure/défection de dernière minute me privant de leur prestation !
Point positif : malgré beaucoup de sommeil en retard je n'ai pas piqué du nez un seul instant, ce qui est très bon signe . Et pourtant la chorégraphie manque terriblement de relief : cela "danse" très peu dans la 1re partie, c'est très répétitif dans la seconde. Avertie par les commentaires et totalement ignorante des péripéties de cette pièce du grand Will, j'avais pris soin d'acheter le programme et de lire l'argument avant le spectacle, mais je pense que j'aurais pu m'en passer. Concernant la première partie, la pantomime est très claire et les couleurs de costumes tranchées rendent très explicite le chassé-croisé entre les deux couples. Elle l'est beaucoup moins sur la dispute initiale entre Obéron et Titania (même en ayant lu l'argument). Dans la deuxième partie en revanche, si la musique rend évidente la célébration de mariage, le changement de costume des trois couples (désormais quasiment identiques) complique grandement les choses pour savoir qui est qui.
Passons à l'interprétation. Le ballet n'est pas aussi drôle qu'il aurait pu, mais il faut pour cela que la chorégraphie s'y prête. Or à part Puck, Bottom et les "acteurs", qui bénéficient de cette partition comique, les autres danseurs récoltent une partition plus "académique" qu'il paraît bien difficile de transcender. Néanmoins tous ont fait des efforts louables en ce sens. Et je n'ai pu m'empêcher de penser que chacun était parfaitement distribué selon son "emploi". Emmanuel Thibault toujours bondissant en Puck. Hugo Marchand doté d'une présence et d'une puissance qui rappellent Nicolas Le Riche. Laëtitia Pujol infiniment touchante. Alice Renavand, vigoureuse amazone, qui illumine la scène dès qu'elle apparaît. Et Eleonora Abbagnato, la noblesse incarnée, star jusqu'au bout des ongles.
Donc pour résumer, malgré quelques longueurs j'ai passé une bonne soirée
A noter la présence dans la salle de l'ex-patronne, Brigitte Lefèvre.

[Delly]

[céline]

Le réalisateur du film était un peu trop envouté par le décor ou inquiet que les toiles peintes perdent de leur beauté filmées de trop près. Dommage, surtout pour le second acte, que j'aurais aimé admirer de plus près.
Dès le début du spectacle, la splendeur de la scénographie et des costumes des enfants imposent la vision artistique et esthétique de Christian Lacroix, que l'on sent parfaitement sienne lors du solo d'Obéron. Pendant les autres scènes, on peut sentir une frustration face à l'obligation d'utiliser de l'acrylique rose ou bleu layette. Comme il le dit dans un court entretien avec la directrice, Balanchine referait-il ces choix aujourd'hui? On apprend également que deux projets de décors ont été réalisés : un "historique", et celui qui l'a remporté, avec l'aide de AD.
Tout d'abord, Mlle Platel peut être fière, les élèves de tous âges étaient en place et impliqués: bravo à eux.
J'ai trouvé les Etoiles, à l'exception de Laëtitia Pujol et Karl Paquette, un peu absentes. La situation d'Hugo Marchand est différente, trop heureux pour paraître autoritaire ou en colère, Eleonora Abbagnato ne jouant pas trop son rôle non plus, j'ai plus profité de la présence du nouveau promu et oublié le rôle.
Emmanuel Thibault en Puck domine d'un bout à l'autre, véritable premier rôle, et Laëtitia Pujol, frémissante, émouvante et engagée, lui ont volé une partie de la lumière. Sae Eun Park danse avec Karl le plus beau pas de deux du ballet, typique du lyrisme de Balanchine, superbe et émouvant, tout comme les danseurs.
Alice Renavand en Hippolyte a paru soulagée une fois sa série de fouettés exécutée. Ce stress est regrettable car elle maîtrise les difficultés de son rôle.
Je retiens aussi Ida Viikinskoski et Letizia Galloni qui menaient le corps de ballet.
Finalement je pense que ce ballet est un cadeau pour la compagnie, surtout accompagné d'un aussi beau décor. Bien sûr, il faudra apprendre à le jouer autant qu'à le danser. Mais entre les grandes difficultés des Petipa/Noureev, les Lacotte, Etudes, Suite en Blanc, les Balanchine les plus classiques, les néoclassiques aux portés angoissants... ce ballet manquait peut-être à Paris.

[Delly]

Merci Céline. Il n'y a plus qu'à souhaiter qu'il soit repris avant ... dans 10 ans !!

[céline]

Je suis certaine que oui, l'investissement ne laisse aucun doute.

[sophia]

La critique de Luke Jennings dans le Guardian est mitigée.
Il évite de s'en prendre au ballet ou à Balanchine, comme le font (un peu lâchement) nos critiques parisiens, et pointe quelques défaillances d'école inattendues de la part de l'ONP :