Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
|
Posté le: Sam Jan 07, 2017 1:01 am Sujet du message: |
|
|
Et passé par le SFB entre temps, il me semble.
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
|
Posté le: Sam Jan 07, 2017 9:44 am Sujet du message: |
|
|
Critiques dans L'Obs et sur Webthéâtre.
|
|
Revenir en haut |
|
Alexis29
Inscrit le: 22 Avr 2014 Messages: 1245
|
Posté le: Sam Jan 07, 2017 12:23 pm Sujet du message: |
|
|
Merci pour les distributions Haydn !
R. de Gubernatis parle dans son article de Kanako Fujimoto dans le rôle créé par Sylvie Guillem alors que je pensais y avoir vu Alice Mariani. Quelqu'un connait-il les danseurs de la compagnie ? Qu'en pensez-vous ?
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 12:00 am Sujet du message: |
|
|
A mon tour de m'y coller. je ne vais évidemment pas porter de jugement sur les prestations individuelles, car je ne connais pas les danseurs du Ballet de Dresde et je ne dispose d'aucun point de comparaison valable. Le seul morceau d'Impressing the Czar que je connaissais autrement qu'au travers de quelques extraits vidéo était bien entendu In The Middle Somewhat Elevated, créé par le Ballet de l'Opéra de Paris, et qui figure toujours au répertoire de la compagnie nationale.
Impressing the Czar s'ouvre sur sa section la plus passionnante à mon sens, Signature Potemkine (on devrait plutôt dire :"Signé Potemkine", ou "La Signature de Potemkine", puisque le titre allemand originel est Potemkins Unterschrift. Selon Forsythe, il est ici fait référence aux villages factices, dits "villages Potemkine", que le maréchal Grigory Potemkine faisait construire lors des déplacements de Catherine II, pour faire croire à sa Tsarine et maîtresse que la Russie était un pays prospère peuplé de moujiks heureux (le Petit père des peuples n'a rien inventé). Divertir le souverain (ou la souveraine) donc, quitte à lui mentir un peu (ou beaucoup). Le décor en forme de jeu d'échec fait pourtant penser à un autre Potemkine, l'écrivain Piotr Potemkine, par ailleurs champion de ce jeu cher aux Russes. L'ambiance déjantée, dépravée, évoque d'ailleurs celle du Café "Au Chien errant" (Бродячей собаки), où se réunissait l'avant-garde artistique pétersbourgeoise (dont Piotr Potemkine, qui émigra par la suite en France) dans les années qui précédaient la Première Guerre mondiale.
Mais l'intérêt principal de Signature Potemkine réside dans la combinaison très savante de la chorégraphie avec la musique, en l’occurrence le cinquième mouvement du Quatuor opus 131 de Beethoven. Dans cette page célèbre, le Maître de Bonn pousse à son paroxysme une technique de composition qui lui est chère, et dont il est plus ou moins l'inventeur : la fragmentation, le démembrement littéral du thème. Forsythe fait exactement la même chose avec la danse : la gestuelle, les pas, s'atomisent, et c'est toute l'histoire du ballet occidentale de Noverre à Petipa qui s'effrite sous les yeux du spectateur incrédule.
La seconde partie est donc, elle constituée de In The Middle..., créé initialement pour l'Opéra de Paris en 1987, et intégré l'année suivante dans Impressing the Czar. Quelque part, on se demande ce que cette pièce - remarquable en elle-même - vient faire ici. Le lien avec le reste du ballet (qui fait tout de même appel aux ressorts de la narration) est plus que ténu, et ne repose finalement que sur le rappel presque anecdotique de l'unique élément de décor, la paire de cerises "au milieu, un peu en hauteur". Parenthèse pour montrer ce à quoi peut / doit mener ou "a malheureusement mené" (Forsythe n'est jamais parfaitement limpide et univoque sur ses intentions et pensées profondes) la démolition dans une ambiance orgiaque de l'héritage chorégraphique du classicisme et du romantisme.
Sur le plan de l'inspiration, la troisième section, "La Maison de Mezzo-Prezzo" est la plus faible. Non que Forsythe ait mal mené son affaire. Mais il fait ici un peu trop usage des poncifs du "théâtre de l'absurde", de la perversion ludique vue et revue des codes de la Commedia dell' Arte, du "grand-guignol" ou tout simplement du "théâtre à papa". Rien de neuf depuis Georges Méliès. Tout ceci donc, pour nous montrer la mise à l'encan du ballet (ou plus généralement de l'art) classique et académique, par des procédés eux-même devenus... académiques. On remarquera tout de même la bonne idée qu'ont eue Forsythe et le Ballet de Dresde (à la demande de l'Opéra de Paris?) de traduire - partiellement - le texte déclamé par Helen Pickett, dont l'accent américain donnait un chic très "Rive droite" à l'affaire.
"La Maison de Mezzo-Prezzo" est suivie de la quatrième et dernière partie, elle-même divisée en deux tableaux, "Bongo Bongo Nageela" et "Mr. Pnut goes to the Big Top".
Comme rien ne semble pourvoir rassasier Mr. Pnut, ce Tsar confit dans la luxure, il devient nécessaire d'employer les grands moyens, et de s'attaquer avec un corps de ballet entier à l'incarnation de la danse romantique : Giselle. Le texte de présentation qui figure dans le programme diffusé par l'Opéra de Paris parle évoque avec une insistance suspecte (mauvaise traduction?) de "jeunes filles de pensionnat catholique" pour évoquer ces Wilis de pacotille en chemisier blanc et jupe plissée. Il ne me semble pas que Forsythe ait jamais mentionné une quelconque intention de critique religieuse à propos de cet ouvrage (et de son œuvre en général d'ailleurs), et cela ressemble davantage à l'étalage des obsessions actuelles d'une certaine intelligentsia qu'à une volonté avérée du chorégraphe américain.
Forsythe fait plutôt usage des clichés du cinéma pornographique (les midinettes faussement sages des boarding schools anglaises ou japonaises) pour avilir, détruire un peu plus ce qui restait encore de Jules Perrot et Jean Coralli dans la mémoire collective. Rien ne nous dit d'ailleurs que Forsythe approuve cette direction prise par l'art au XXème siècle et perpétuée au XXIème... Il montre tout simplement, de manière crue, le résultat d'une telle démarche. Au spectateur de décider, si c'est bien à cette sinistre parodie, à cette bacchanale d'une dépravation paroxystique qu'on veut aboutir. Quant on en est à brûler ses vaisseaux, l’anéantissement n'est en généralement pas loin.
Et le Ballet de Dresde dans tout cela? Comme dit d'emblée, il m'est difficile de juger d'une interprétation lorsque je ne dispose pas de références sur lesquelles m'appuyer. Toujours est-il est que la compagnie saxonne est apparue dans une excellente condition, et si j'ai vu par le passé des In The Middle Somewhat Elevated plus fulgurants, plus plastiques, je ne suis pas certain qu'aujourd'hui le Ballet de l'Opéra de Paris écraserait de sa supériorité les danseurs de la Semperoper.
Il faut aussi porter à leur crédit beaucoup de sens théâtral, une belle présence scénique, et un sens de l'occupation de l'espace - ils n'hésitaient pas à danser "grand" chaque fois qu'ils en avaient la possibilité) d'autant plus remarquable qu'ils n'étaient absolument pas habitués à la scène en pente de l'Opéra Garnier. Les grands ensembles de la "Giselle au pensionnat" conclusive - auxquels venaient se joindre des danseurs masculins travestis, ce qui compliquait la tâche en matière d’homogénéité - étaient tirés au cordeau. William Forsythe résidant maintenant à Hellerau, juste à côté de Dresde, il a eu la possibilité de travailler de manière intense avec la troupe (il a fait, tout comme son complice le compositeur Thom Willems, le déplacement à Paris), et cela se sent. |
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 12:58 am Sujet du message: nouvelle du ballet de dresde |
|
|
Les images que vous évoquez me troublent, car j'ai toujours pensé que In The Middle était une mise à nu de la puissance physique de la ballerine. En comptant que les grands ballets romantiques du 19ème sont toujours le parcours initiatique d'un homme qui va se découvrir ou évoluer grâce à une femme sacrificielle, et puis les réalités de la vie des danseuses à cette époque, il est possible qu'Impressing the Czar soit une critique assez féroce de la condition féminine et de la représentation des femmes. Autant d'avis sur le sens que de spectateurs...
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 1:42 am Sujet du message: |
|
|
Votre interprétation se tient, céline, mais la place d'In The Middle parait toujours aussi incongrue. Maintenant, Forsythe, dans ses grandes œuvres, est toujours passablement ambigu et laisse (probablement tout à fait délibérément) planer le doute sur ses véritables intentions. Il n'y a qu'à voir le vénéneux Artifact Suite : "hommage" pervers à Leni Riefenstal et Rudolf von Laban ou démonstration de la façon dont on peut manipuler les foules avec un spectacle quasi-hypnotique...
Alors Impressing the Czar, allégorie de la femme (la danseuse) jetée en pâture au mâle concupiscent (les balletomanes du 19ème siècle avaient la réputation d'être des obsédés du tour de cuisse), pourquoi pas, mais Forsythe n'a, me semble-t-il, jamais affiché publiquement d'opinions en ce sens.
Cela dit, cela m'intéresserait beaucoup si vous pouviez développer plus avant votre analyse d'In the Middle..., comme vous me semblez - pardon si je me trompe - davantage qu'une "simple" spectatrice (ce qui n'est pas pendable en soi d'ailleurs)... |
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 5:35 pm Sujet du message: nouvelle du ballet de Dresde |
|
|
Non je suis une simple spectatrice et récente en plus. Peut être un peu obsessionnelle, j'ai décortiqué presque tout les documents disponibles sur l'onp en constatant la différence de niveau tant commentée et me suis forgée ma propre opinion.
A propos d'in the middle, une archive montre Forsythe obliger physiquement Sylvie Guillem à prendre sa place, s'imposer (vous l'avez sans doute vu). Et comme je l'ai dit, le duo (ou trio) avec Laurent Hilaire montre la force et la puissance qu'exige un pas de deux d'une ballerine. Évident pour les balletomanes sans doute, pas pour les simples spectateurs. Vos commentaires prolongeaient assez bien ce point de vue, sans doute iconoclaste.
Merci de vos retours, toujours intéressants.
|
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 9:08 pm Sujet du message: |
|
|
Je ne pensais pas du tout à des liens avec l'ONP, céline, je trouvais simplement que vous portiez un regard de professionnelle et je me demandais si vous étiez danseuse vous-même (peut-être amatrice éclairée?). |
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 10:21 pm Sujet du message: nouvelle du ballet de dresde |
|
|
D'accord pour amatrice, mais éclairée est sans doute prématurée.
J'espère que ma remarque sur les ballets romantiques, que j'aime, n'a pas été mal reçue. Je vous lis depuis longtemps, nous voici donc présentés.
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
|
Posté le: Lun Jan 09, 2017 11:27 pm Sujet du message: |
|
|
Pas du tout, je me demandais juste si vous pouviez éventuellement développer. Forsythe ne s'est jamais beaucoup exprimé dans le domaine politique ou sur les questions sociétales - il n'a rien d'un militant à la Jérôme Bel - , mais la lecture que vous faites d'Impressing the Czar (évocation de la condition de la ballerine, et par extension, de la femme) n'est en tous cas pas absurde au regard de la chorégraphie. Ceci étant dit, il ne faut pas s'attendre à ce que Forsythe fournisse toutes les clés nécessaires à la compréhension de ses ballets. Il reste volontairement ambigu, pour laisser place à des interprétations très diverses, et ça, il l'assume ouvertement. |
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
Posté le: Mar Jan 10, 2017 12:37 am Sujet du message: nouvelle du ballet de dresde |
|
|
Mes commentaires en disent du coup plus long sur moi comme de juste.
La première fois que j'ai vu In The Middle, je l'ai jugé un peu gymnique et vain, témoin des années 80, bien que beau à regarder. Une meilleure connaissance du répertoire classique, et la vision de ce documentaire, où elle répète de concert ce ballet et Raymonda, m'ont fait changer d'opinion. Le répétiteur russe la reprend quand elle prend une position de repos parce que "ce n'est pas joli". A côté, il y a Forsythe qui rôde trop près pendant sa variation l'obligeant presque à cogner, en tout cas à être sûre d'elle, à s'imposer, à être puissante.
J'ai eu la sensation de comprendre son intention mais peut-être n'était ce que le contexte.
Pour compléter, je n'ai jamais vu plus belle variation de "la claque" (le peu qui reste, je le regrette) dû à ce répétiteur impitoyable et au talent de Sylvie.
Je ne peux pas mieux m'expliquer mais j'ai la sensation que les chorégraphes puisent souvent dans un ressenti de la compagnie pour créer: Le concours de Béjart, The season's canon de Pite...
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
|
Posté le: Mar Jan 10, 2017 1:08 am Sujet du message: |
|
|
Pour avoir revu Impressing the Czar, je peux dire que j'y ai pris beaucoup de plaisir (même si l'interprétation ne m'a pas paru tout à fait à la hauteur de celle du Ballet de Flandre il y a quelques années), mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que l’œuvre était à certains égards "datée" (mais n'est-ce pas là, partiellement, le propre de toute œuvre qui passe le temps?). Sinon, justement, ce n'est pas In the Middle que nous avons vu (entendu un spectateur outré, à la sortie, qu'on ait pu "ajouter" ce morceau "sacré" à l'ensemble...), avec son caractère très organique (si l'on peut dire), mais bien Impressing the Czar, une pièce qui revendique ouvertement son éclatement, et, à ce titre, comme je l'ai dit plus haut, je trouve que c'est une grossière erreur, stratégique et esthétique, que d'avoir introduit dans le spectacle un entracte.
|
|
Revenir en haut |
|
céline
Inscrit le: 21 Oct 2016 Messages: 404 Localisation: province
|
Posté le: Mar Jan 10, 2017 2:49 am Sujet du message: nouvelle du ballet de Dresde |
|
|
Mon intention n'était bien sûr pas de réduire la pièce à une de ses parties. D'accord avec le fait qu'elle soit rétive à une interprétation qui la rangerait sagement dans une case.
J'ai une question pour qui aurait le temps ou l'envie: L'Obs dit qu'In the Middle a été inséré dans Impressing (peut-être alors préexistante) quand je la pensais construite autour.
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
|
Posté le: Lun Mar 06, 2017 2:35 pm Sujet du message: |
|
|
La saison 2017-2018 du Ballet de Dresde :
https://www.youtube.com/watch?v=8_7OINPSOnM&t
Manon
Sir Kenneth MacMillan
4, 8, 15, 18 septembre, 11, 13 octobre 2017
Vergessenes Land
Symphony in C – George Balanchine
Forgotten Land – Jiří Kylián
Quintett – William Forsythe
19, 25, 28 septembre, 5 octobre 2017
Casse-noisette
Aaron S. Watkin/Jason Beechey
24, 26, 27 novembre, 3 (2x), 7, 10 (2x), 13, 17 (2x), 23 (2x), 25 (2x) décembre 2017
Impressing the Czar
William Forsythe
31 janvier, 3, 5 février 2018
Ein Sommernachtstraum
The Four Seasons – David Dawson
The Dream – Frederick Ashton
Première 10 mars 2018
12, 14, 17, 19 mars 2018
La Belle au bois dormant
Aaron S. Watkin
5, 7, 8, 13, 15, 20, 24, 27 avril 2018
100°C
Heatscape – Justin Peck
Gods and Dogs – Jiří Kylián
Création – Hofesh Shechter
Première 2 juin 2018
6, 10, 15 juin, 1, 5 juillet 2018
Tournées
New York City – Joyce Theater – novembre 2017
Ottawa, Canada – National Arts Center – novembre 2017
Ludwigsburg – Forum am Schlosspark – janvier 2018
Londres – Sadlers Wells – juin 2018
|
|
Revenir en haut |
|
|